Les essais ont repris en World Superbike ! Réunis mardi et mercredi à Jerez (Espagne), les principaux pilotes ont retrouvé leur moto de course. Meilleur chrono le premier jour, le n°1 Rea termine finalement derrière son coéquipier Kawasaki n°66 Sykes. Baz et sa BMW n°76 pointent en 12ème position. Debriefing.
L'année 2017 s'était achevée fin novembre pour le WorldSBK, dans la pointe sud de l'Espagne, sur le circuit de Jerez. À l'issue d'une semaine de tests "automnaux", Jonathan Rea, fraîchement re-re-couronné (!) se trouvait logiquement en haut de la feuille des temps...
"Après une longue saison difficile, mon niveau d’énergie est plutôt bas", estimait alors le triple champion du monde. "Nous avons bouclé notre programme de la semaine et j"en suis ravi. Je vais désormais prendre un peu de repos, me détendre et me préparer pour 2018".
Pour rappel, le n°1 du team d'usine Kawasaki avait parcouru les 4423 mètres du tracé andalou en moins d'une minute trente-huit secondes. Or quelques semaines plus tôt sur le même circuit, Marco Melandri et sa Ducati Panigale avait remporté la Superpole en passant juste en dessous de la barre des 1' 39.
Auteur d'un 1' 37,986 très exactement, l'impitoyable "JR" s'était hissa en novembre dernier à trois dixièmes de secondes du vice-champion de MotoGP Andrea Dovizioso et de sa Desmosedici ! Contrairement à la Ducati de Grand Prix avec laquelle elle partageait la piste, la Ninja avait profité d'un pneu qualif pour boucler son tour record... La performance de Johnny n'en reste pas moins impressionnante.
Après deux mois de pause et à un mois seulement de l'ouverture précoce en Australie - ce sera encore l'été ! - de la nouvelle saison de World Superbike, les équipes majeures du Superbike mondial se sont retrouvé sur le même circuit de Jerez pour dégourdir les pistons de leurs Kawasaki, Ducati, Yamaha, Aprilia, BMW, MV Agusta, Honda... Ne manquait que la Suzuki du team Grillini !
Sans - bonne ni mauvaise - surprise, le team d'usine Kawasaki s'est de nouveau illustré en postant ses deux machines en tête des deux séances de six heures de roulage (mardi et mercredi). Même bridées à 14 000 tr/min, les ZX-10RR continue de casser le moral de leurs adversaires...
Deuxième le premier jour derrière l'invincible (?) Rea, Tom Sykes est toutefois parvenu à déloger son coéquipier de "sa" première place en seconde journée... en chaussant un pneu de qualification ! Le champion WSBK 2013 assure que sur pneu de course aussi, il était le plus rapide. Confirmation le dernier week-end de février, à Phillip Island ?!
La grande et excellente surprise des résultats de ce premier test hivernal en World SBK provient d'un pilote Yamaha. Dans le coup en novembre dernier (3ème chrono Superbike derrière les Kawa), Alex Lowes n'a pourtant obtenu que le 8ème temps ce mercredi, juste devant son coéquipier Michael van der Mark...
C'est Niccolo Canepa, pilote d'essai pour l'équipe officielle Yamaha Pata en WSBK et - surtout - champion du monde d'endurance 2017 avec la GMT94, qui s'est illustré en se classant troisième de ces tests : preuve, s'il en fallait une, que les pilotes les plus endurants du monde sont également parmi les plus rapides !
Le pilote italien a reçu de nombreuses et chaleureuses félicitations sur la toile : "Je ne comprends pas pourquoi Yamaha Pata ne t'engage pas à plein temps, leurs pilotes titulaires ne sont pas aussi rapides", encourage même Alex "Fair Play" Lowes sur Twitter.
Auteur de plusieurs quatrièmes places sur l'unique MV Agusta du plateau en 2017, Leon Camier achève ces premiers essais 2018 sur la Honda à la quatrième place également. Le n°2 anglais rêve de remonter sur le podium en course. C'est pour cela qu'il a passé en revue le châssis, l'électronique et un nouvel échappement sur la Fireblade !
L'autre nouvelle recrue de Honda cette année, Jake Gagne, termine à une lointaine mais logique 17ème place : venu tout droit du Superbike américain, le n°45 ne connait pas Jerez par coeur, contrairement à la majorité de ses concurrents européens. Il semble appliqué, travailleur et motivé. Donc digne de prendre la relève du regretté Nicky Hayden.
Chez les Rouges de Bologne cette fois, les pilotes n'ont pas changé cet hiver. En revanche, le directeur Ernesto Marinelli est parti, après 22 ans chez Ducati, s'occuper des pots Termignoni... Le sympathique et charismatique chef d'équipe WSBK ne vivra donc pas de l'intérieur la dernière saison de la Panigale "V2", ni la première de la V4 en 2019...
Désireux de jouer le titre jusqu'au bout cette année, Marco Melandri espère que l'usine italienne va tout de même continuer de bosser sur son "ancienne" machine, notamment sur son moteur. Cinquième de ces tests, le n°33 ne se trouve qu'à trois dixièmes de seconde de sa cible "Number One". Un bon début ?
De son côté, Chaz Davies termine à une 13ème place qui peut paraitre décevante, mais lui portera peut-être bonheur ? Largué à une seconde de son coéquipier, le "Lucky Number Seven" gallois dispute actuellement une autre course contre la montre : il dispose d'un mois pour se remettre complètement des blessures qu'il traine depuis deux mois...
À noter que dans l'aspiration et l'inspiration de "Davies-iozo", se trouve Michael Rinaldi : vainqueur de la coupe STK1000 2017 sur la Panigale R, le pilote italien de 22 ans participera cette saison à toutes les courses européennes du World Superbike au sein du team "Junior".
La 18ème place de Lorenzo Zanetti serait anecdotique si l'ancienne vedette du Supersport n'avait pas tourné sur une quatrième Ducati très spéciale : le prototype de la Panigale V4 "R" qui, comme tout 4-cylindres inscrit en catégorie Superbike, ne devra pas cuber plus de 1000 cc !
Chez les voisins Aprilia, la RSV4 qui a déjà largement fait ses preuves en compagnie de Biaggi (champion 2010 et 2012) et de "notre" cher Guintoli (champion 2014), ne parvient toujours pas à égaler les Kawasaki. Lorenzo Savadori surtout, échoue à une inquiétante 19ème place...
Selon le patron du team Aprilia Milwaukee pourtant, il n'y a justement pas de quoi s'angoisser, bien au contraire : Shaun Muir estime en effet qu'en tenant compte des chausses de pneus, ses deux poulains prétendraient aux 2ème et 4ème des essais. Dur à croire, n'est-ce pas ?
Détenteur du sixième meilleur chrono, à une petite seconde du leader Tom Sykes, donc à quatre dixième du triple champion du monde en titre, Eugene Laverty est plus mesuré que son "boss" dans sa déclaration (voir les traductions MNC des réactions des pilotes, ci-dessous).
Le n°50 irlandais estime qu'il doit encore peaufiner les réglages et l'équilibre de sa machine pour progresser. Il laisse aussi entendre que son petit gabarit l'a handicapé sur la piste espagnole un peu trop "verte". Sa femme Pippa et lui vont devoir se préparer de bons "gros" plats le reste de cet hiver !
Bien que Laverty considère que les pilotes plus grands et plus lourds que lui étaient favorisés dans la recherche de grip, surtout arrière, le plus grand des pilotes du plateau n'a pas particulièrement brillé lors de ces premiers tests de l'année...
Réduite en catégorie World Superbike à un seul pilote - certes, mais quel grand, beau et fort pilote ! -, l'équipe BMW Althea se réjouit néanmoins du travail accompli par "notre" Loris inter-national. Pour ses employeurs italiens, le chrono n'était pas une priorité... Mais il va vite le redevenir, attention !
L'ancien pilote BMW n°81, Jordi Torres peut pour sa part et pour le moment se féliciter d'avoir changé de monture : aux commandes de sa MV Agusta, le "Spanish Elvis" s'est faufilé jusqu'à la 7ème place du classement. Il devance ainsi Lowes et VD Mark, les deux seules pilotes à avoir partager le podium avec les pilotes Ducati et Kawasaki l'an passé.
Les essais hivernaux de la saison 2018 de World Superbike - la 31ème saison de l'histoire, la 14ème à suivre sur Moto-Net.Com ! - se poursuivront les 28 et 29 janvier prochains à Portimao (Portugal).
Tom Sykes, Kawasaki n°66 (1er) :
"C'est vrai que nous avons utilisé un pneu de qualification (arrière odnc, NDLR) pour notre meilleur chrono, mais nous l'avons utilisé avec un pneu avant usé. J'ai fait une petite chute et je dois féliciter les gars de l'équipe car ils ont transféré la suspension et tout le reste sur la deuxième moto (attention, une seule moto les week-ends de course en WSBK, NDLR) et je suis retourné sur la piste pour tester autre chose. J'étais tout de suite dans des chronos fantastiques. Je pense même que nous étions aussi les plus rapides sur pneus de course, mais ce n'était pas le but. L'objectif était de comprendre la moto, et je dois dire que je suis très content de notre performance, y compris sur de gommes très usées. Même si la moto bouge dans ces conditions, les temps au tour sont bons. J'ai clairement une meilleure idée de la façon de la piloter, et j'ai un état d'esprit différent cette année. J'ai vraiment hâte de terminer les essais et de partir pour l'Australie. Je pense que nous sommes plus préparés et prêts pour l'action".
Jonathan Rea, Kawasaki n°1 (2ème) :
"J'ai commencé à me sentir un peu mieux aujourd'hui. Ce n'est pas que j'ai oublié comment rouler, mais ça fait un peu bizarre d'aller très vite. Notre journée a de nouveau été positive. Nous avons réussi à confirmer beaucoup de choses et à reprendre confiance. Il y a encore un peu de travail à faire mais je trouve que notre rythme est plutôt bon. Je n'ai pas fait beaucoup de tours en dehors des 1' 40 aujourd'hui, ce qui est positif. Il n'y avait pas grand chose à essayer, c'était plutôt un test de préparation. En fait, il s'agissait de comprendre comment la moto fonctionnait parce que la piste n'est certainement pas aussi rapide qu'en novembre. Il a donc fallu s'adapter. Il était important pour moi de faire de longues sorties : c'est bien d'être toujours rapide, c'est encore mieux de se préparer pour la course".
Leon Camier, Honda n°2 (4ème) :
"Je suis vraiment content de la manière dont s'est déroulée de ce test : nous avons bien progressé et j'en apprends de plus en plus sur la moto. Il y a encore beaucoup de choses sur lesquelles j'aimerais travailler lors du prochain test à Portimao et je pense, à mesure que je roule sur différents circuits, que je vais pouvoir tirer le meilleur parti de notre ensemble. Je suis impatient de faire davantage de longues sorties lors des prochains tests car elles m'aideront à comprendre le comportement de la moto toute une course. Dans l'ensemble, j'ai beaucoup appris ces deux derniers jours, je me sens bien et je suis beaucoup plus à l'aise sur la Fireblade. Nous devons simplement continuer à bien travailler lors des tests à venir".
Marco Melandri, Ducati n°33 (5ème) :
"Ce test a été positif dans l'ensemble, même si nous avons encore beaucoup de travail à fournir. Nous nous sommes améliorés sur certains points, mais nous devons progresser encore plus. Nous avons roulé sur des pneus de course et avec eux l'écart n'est pas énorme, mais nous voulons gravir d'autres marches. Nous devons en particulier nous concentrer sur le moteur pour lequel nous espérons recevoir quelques mises à jour techniques avant le début de la saison, ainsi que sur la transmission. Il sera tout de même intéressant d'essayer les caractéristiques actuelles de la moto sur une piste aussi différente que celle de Portimao".
Eugene Laverty, Aprilia n°50 (6ème) :
"Ce fut un très bon test globalement. Le mardi a été frustrant car le chrono était respectable, mais je le grip arrière était mauvais : je savais que nous pouvions nous améliorer avec plus d'adhérence. Mercredi a été une belle journée, nous avons signé un bon temps et je suis vraiment content de la façon dont toute l'équipe a travaillé pour progresser. Tourner au final en 1' 39,876 était un grand pas en avant et nous sommes maintenant dans le coup. Il y a encore du travail à faire, nous sommes dans la place mais nous pouvons encore mieux faire. Ce qui a fait la différence pour moi, c'est le travail du pneu arrière sur la piste. Certains pilotes plus grands ne luttent moins car leur poids est une aide, mais pour moi qui suis petit, c'est plus difficile. Le pneu arrière nous a posé problème en 2017 : pas en termes d'endurance, mais au niveau de la traction dont nous ne profitions pas. Nous avons surmonté cela en modifiant la répartition de la moto et l'entrée en virage. J'ai confiance, nous pouvons devenir encore meilleurs. Je savais que Jerez serait la période la plus importante des essais de pré-saison car la moto doit être rapide ici pour travailler. Nous nous dirigeons vers Portimao, c'est un circuit que je connais très bien et j'y ai quelques secrets pour tomber les chronos. C'était une journée clé pour nous, nous avons réduit de moitié l'écart avec les avant-postes, et ce n'est pas fini".
Alex Lowes, Yamaha n°22 (8ème) :
"Mes deux motos ont été refaites à neuf cet hiver, nous avons donc du tout vérifier, ce qui veut dire que nous avons commencé lentement. Mais à la fin de la journée, nous avions fait beaucoup de bon travail. Nous avons cherché à améliorer l'entrée en courbe et ma confiance, et je pense que nous avons fait de bonnes choses. Ce fut une journée positive et j'ai pris plaisir à remonter sur la moto. Nous souhaitions continuer ainsi le deuxième jour, nous avions de nouvelles pièces à essayer. C'est bon de retrouver les gars. Tout va bien".
Loris Baz, BMW n°76 (12ème) :
"Le test s'est plutôt bien passé, il était bien rempli mais nous avons beaucoup appris. Je commence progressivement à comprendre la moto, les réglages, etc. Je suis très satisfait du travail que nous avons fait ici. Je me bats toujours avec les pneus neufs et les gommes tendres, mais je ne suis pas particulièrement inquiet : ce n'est que le début. Nous espérons encore nous améliorer à Portimao puis en Australie bien sûr".
Chaz Davies, Ducati n°7 (13ème) :
"Le genou et l'épaule abimés en novembre dernier ne sont toujours pas en parfait état, mais de toute façon, je savais avant de venir ici qu'il reste encore des progresser à faire sur le plan physique. Nous avons effectué la majeure partie du travail et nous avons réussi à tester des éléments importants, y compris quelque chose que nous n'avions pas essayé ici en novembre, or les retours ont été positifs. Malheureusement, Jerez n'est pas la meilleure piste pour évaluer certains des trucs essayés. J'ai un peu lutté avec la nouvelle surface. En termes de rythme, nous ne sommes pas loin, mais nous devons nous améliorer sur le tour rapide. Nous savons où nous devons nous améliorer, et nous chercherons les moyens de le faire à Portimao".
Jake Gagne, Honda n°45 (17ème) :
"J'ai constamment progressé à Jerez. C'était vraiment bien d'être de retour dans l'équipe et de travailler avec mon nouveau chef, Mick. Nous avons effectué quelques modifications sur la moto pour l'adapter à mon style de pilotage, et j'ai réussi à faire en sorte de tirer le meilleur parti de la Honda. J'ai vraiment beaucoup appris ces deux derniers jours. L'essentiel pour moi était de ne pas commettre de grosses erreurs et de me concentrer uniquement l'exploitation du potentiel de la moto. Bien que mes temps au tour ne soient pas tout à fait au niveau, je suis vraiment content de la façon dont Jerez est passé. L'équipe et moi continuerons d'avancer aux prochains tests".
Lorenzo Savadori, Aprilia n°32 (19ème) :
"Ce fut test a été très chargé et nous a appris quelques informations utiles sur la moto. Nous avons essayé de nombreuses configurations et différents pièces, en profitant de notre expérience de l'année dernière pour avancer sur notre projet pour 2018. Je trouve que le rythme est meilleur, je suis très à l'aise sur la moto et nous avons également amélioré nos entrées de virage. J'aimerais encore avoir plus de retours de la part de la moto, mais la RSV4-RF n'en est pas à sa configuration finale et nous avons beaucoup de données à exploiter. J'attends le prochain test à Portimao avec impatience. Nous avons un autre programme très chargé à boucler et de nouvelles choses à essayer. Il est important pour moi de préparer le plus de choses pour être dans la meilleure position possible à Phillip Island".
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