Dani Pedrosa repart de Thaïlande avec le meilleur chrono des premiers essais MotoGP organisés sur le circuit de Buriram. Le pilote Honda-Repsol précède de seulement 86 millièmes la Yamaha-Tech3 de Johann Zarco et les RC213V de Cal Crutchlow et Marc Marquez. Débriefing, déclarations et classements.
Johann Zarco y a longtemps cru : le français est resté en tête de la dernière journée de tests officiels en Thaïlande jusque dans les derniers instants, grâce à son tour en 1'29.867 bouclé avec un pneu arrière tendre. Mais à quatre minutes de la fin, Dani Pedrosa a sorti la grosse attaque pour le déloger avec un chrono de 1'29.781, soit 0,086 sec de mieux sur sa Honda en pneu médium !
"Nous repartons de Buriram avec un ressenti plus que positif", se réjouit l'officiel HRC. "Les conditions durant ces trois jours étaient pourtant loin d’être évidentes : nous avons parcouru beaucoup de tours et il faisait très chaud. Nous avons encore quelques tests à effectuer mais le plus important est ailleurs. Nous connaissons désormais l’asphalte, la cartographie nécessaire et les rapports à enclencher dans chaque virage".
Pour la première sortie des MotoGP sur le circuit de Buriram, situé à environ 400 km de Bangkok, les écarts sont assez serrés dans le groupe de tête puisque le Top 5 clos par Alex Rins se tient en 4 dixièmes : "nous sommes tous très proches", confirme Marc Marquez, quatrième le dernier jour mais troisième au classement combiné grâce à sa performance réalisée le jour de son 25ème anniversaire.
"Rouler sur une moto est la meilleure façon de célébrer mon anniversaire, je ne pouvais pas demander mieux !", sourit le catalan. "En plus, la journée s’est très bien passée car la vitesse était de nouveau là". Outre ces déclarations rassurantes, le HRC peut sourire après ces essais : Honda a dominé chaque journée à Buriram, d'abord avec Crutchlow, puis Marquez et enfin Pedrosa.
Le tenant du titre termine la dernière journée à 0,362 sec de son coéquipier, sans avoir pu le rejoindre sous les 1'30 comme il l'avait fait la veille. Comme plusieurs pilotes, Marquez a par ailleurs chuté sans gravité dans le virage n°12 de ce circuit qui compte trois lignes droites - dont une d'un kilomètre - et sur lequel les motos du World Superbike roulent depuis trois ans.
"Je suis très très content car même si ça ne se voit pas, nous avons été en mesure d’améliorer certains points", assure Marc Marquez qui apprécie particulièrement le milieu du tracé asiatique et qui a notamment testé différentes configurations moteur, des carénages et un bras oscillant en carbone sur sa RCV.
"Certes, mon chrono d’aujourd’hui était moins bon que celui d’hier, mais à vrai dire je n’attaquais pas", assure le n°93 qui a tourné en 1'29.969 samedi contre 1'30.143 dimanche. "J’étais occupé à tester certaines choses, j’ai également fait un long run et lors de ces 20 tours consécutifs, mon rythme était plutôt bon".
Cal Crutchlow, auteur de la première référence vendredi, a placé le dernier jour sa RC213V privée à la troisième position, entre les deux Honda officielles et à 0.197 sec de la Yamaha de Zarco. Ce dernier enregistre la meilleure performance du clan Yamaha, très loin devant les pilotes officiels : Valentino Rossi a fini la journée à une anonyme 10ème place à +0,730 sec, tandis que Maverick Viñales était 12ème à +0,809 sec !
L'espagnol fait mieux au classement combiné des trois jours (8ème à +0,493 sec), mais pas son coéquipier italien : Rossi termine 12ème à +0,730 sec, sans jamais avoir été en mesure d'approcher les avant-postes... Le Docteur espérait sans doute bien mieux la semaine de ses 39 ans !
Même si la découverte du tracé thaïlandais peut expliquer en partie des écarts - certains pilotes apprennent très vite un nouveau circuit, d'autres comme Rossi mettent plus de temps à prendre leurs repères -, de telles différences au chrono posent question... et inquiètent. A l'évidence, les officiels Yamaha n'ont toujours pas résolu tous les soucis qui ont plombé leur saison précédente.
"Ces trois jours de test ont été fabuleux, nous avons bien travaillé et je suis content de voir que ce circuit convient plutôt bien à notre moto", s'extasie pour sa part Johann Zarco, qui a préféré revenir à la configuration 2016 du châssis Yamaha. Le français bénéficie cependant d'évolutions très récentes sur sa M1, comme les nouveaux carénages avec ailerons qu'il apprécie et un régime moteur relevé de 500 tr/mn.
"Nous savions avec mon équipe que les chronos allaient progressivement descendre", explique le n°5 : "dimanche j’avais pas mal de pneus neufs à ma disposition et j’ai pu atteindre ce tour en 1’29.8. Comparé à hier, nous avons donc gagné 5 dixièmes avec le même pneu. Ce n’est peut-être pas le pneu que nous utiliserons en octobre, mais c’est plutôt encourageant. Nous avons désormais nos repères, la moto est bien équilibrée. Ça nous servira pour la course même si les conditions sont différentes".
Interrogé sur son évidente supériorité par rapport aux motos officielles, le double champion du monde Moto2 a poliment – et diplomatiquement - botté en touche : "je ne regarde pas trop les chronos des autres, à vrai dire j’ai suffisamment à faire de mon côté", commente Zarco en prenant garde de ne pas froisser qui que ce soit dans une équipe où il brigue une place : celle de Rossi quand le Docteur se retirera !
La dégringolade des officiels Yamaha est d'autant plus complexe à gérer que Viñales a fait illusion le deuxième jour, signant le 4ème temps à trois dixièmes du leader Marc Marquez. L'espagnol se disait alors satisfait des progrès enregistrés, même s'il reconnaissait s'être un peu fourvoyé dans un premier temps...
"Ça m’a pris du temps avant de comprendre la direction à prendre avec cette moto, peut-être un peu trop", avouait-il samedi soir. "Je ne me sentais pas à l’aise sur la moto, je n’avais pas forcément un bon rythme, mais en toute fin d’après-midi nous avons procédé à de petites modifications qui semblent avoir porté leurs fruits".
Pour Viñales, l'important était d'avoir réussi à trouver une bonne base de réglages sur sa M1, qu'il aurait déterminée seul pour adapter la moto à son style de pilotage. Autrement dit : l'espagnol cherche à suivre sa propre voie, sans se préoccuper de celles défrichées par son illustre coéquipier italien.
"Je n’ai fait que suivre mon feeling, mon propre setup, et je me sens bien : je peux enfin piloter comme je le souhaite", assurait-il le soir du deuxième jour. Hélas, cette belle émancipation a viré à la douche froide le dernier jour, qu'il termine 12ème à 7 dixièmes de Zarco... Soit Viñales s'est de nouveau perdu dans ses réglages, soit la Yamaha d'usine est toujours aussi versatile malgré son mélange de pièces 2016, 2017 et 2018 !
Autre pilote en difficulté à Buriram : Jorge Lorenzo, qui finit à la 22ème position le dimanche et au 16ème rang du classement combiné... Le contraste est total avec la précédente séance d'essais en Malaisie, que le majorquin avait totalement écrasée avec le nouveau record du circuit de Sepang à la clé !
"A Sepang, je me sentais nettement mieux que pendant ces trois jours de roulage en Thaïlande", indique le n°99 qui préfère "ne pas tenir compte de ma position au classement, car je n’ai pas fait de tour rapide : je réalisais une simulation de course".
Simulation de course ou pas, son rythme est loin d'être à la hauteur et certains signes trahissent une forme d'incompréhension et de fébrilité : Lorenzo a même délaissé la Ducati 2018 au profit d'une GP17 récupérée dans le team Pramac ! Comme son successeur chez Yamaha, Lorenzo tâtonne et hésite... alors que la saison démarre dans seulement un mois (le 18 mars, au Qatar) !
"L’objectif était par ailleurs ce dimanche de reconfirmer les points forts de notre nouvelle moto à Sepang, et comme toujours il y a des avantages et des inconvénients", concède Jorge Lorenzo. "Actuellement je placerais la GP17 à peu près au même niveau que la GP18, ceci étant cette dernière a un plus gros potentiel. Je pense donc que nous débuterons la saison avec la nouvelle".
"Nous verrons ce que les ingénieurs peuvent faire d’ici le prochain test à Losail (prévu du 1er au 3 mars, NDLR), s’ils peuvent m’apporter des solutions en récupérant certains éléments de l’ancienne. Je pense également que nous devons encore travailler sur les réglages, afin d’avoir plus de feeling avec l’avant".
Son coéquipier Andrea Dovizioso - ci-dessus prêt à prendre la piste sur une Desmosedici "hybride" 2017/2018 - a bouclé ses essais avec le 7ème temps au combiné, comme au classement du dimanche. L'italien assure s'être essentiellement concentré sur le développement de sa moto et se veut plus rassurant que son coéquipier : comme à son habitude, le n°4 travaille pas à pas sans chercher pour l'instant à affoler la pendule.
Du côté des débutants, c'est de nouveau Takaaki Nakagami qui s'illustre sur sa Honda-LCR comme il l'avait fait à Sepang fin janvier : 8ème chrono le dernier jour et 10ème au classement combiné. Le japonais finit à 0,675 sec du chrono de référence, quand Morbidelli (13ème au combiné), Lüthi (21ème) et Simeon (24ème) cherchent encore leurs marques en MotoGP.
Gare toutefois à ne pas trop tarder : le malaisien Hafizh Syahrin (22ème au combiné) semble lui très à l'aise sur la M1 Tech3, alors qu'il roulait pour la première fois en MotoGP pour remplacer Jonas Folger !
Enfin, la première Aprilia RS-GP, celle d’Aleix Espargaro, et la première KTM RC16, celle de Bradley Smith, se classent respectivement 14ème à 0,920 sec et 18ème à 1,140 sec au classement combiné. Des performances moyennes, même s'il manquait Pol Espargaro pour claquer un bon tour chez KTM : l'espagnol est blessé au dos à Sepang et s'est fait opérer la semaine avant les essais.
Quant aux conditions de ces essais, elles se sont montrées particulièrement éprouvantes : grosse chaleur et forte humidité dans l'air étaient au rendez-vous, même si les pilotes s'accordent à dire que les précédents tests en Malaisie étaient encore plus exigeants dans ce domaine. A cette moiteur s'ajoute aussi parfois des invités surprise : l'apparition d'un cobra sur la piste a ainsi provoqué une brève interruption de séance dimanche !
MotoGP's most famous snake moment, thanks to @AngelNietoTeam boss @Borsoi23! #ThaiTest pic.twitter.com/bgHZzy5TJ0
— Simon Patterson (@denkmit) 18 février 2018
Bonne surprise pour conclure : le public a largement répondu présent pendant les trois journées d'essais, se déplaçant en masse pour observer les MotoGP prendre leurs marques sur le site thaïlandais. Certains circuits - comme Losail au Qatar - drainent moins de monde les jours de Grands Prix ! De bon augure pour le premier GP de Thaïlande, prévu le 7 octobre pour entamer la tournée outre-mer !
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2024
10 mars : GP du Qatar
24 mars : GP du Portugal
07 avril : GP d'Argentine (annulé)
14 avril : GP des Amériques
28 avril : GP d'Espagne
12 mai : GP de France
26 mai : GP de Catalogne
02 juin : GP d'Italie
16 juin : GP du Kazakhstan (reporté)
30 juin : GP des Pays-Bas
07 juillet : GP d'Allemagne
04 août : GP de Grande-Bretagne
18 août : GP d'Autriche
01 septembre : GP d'Aragon
08 septembre : GP de San-Marin
22 septembre : GP d'Inde (annulé)
22 septembre : GP Kazakhstan (annulé !)
22 septembre : GP d'Emilie-Romagne
29 septembre : GP d'Indonésie
06 octobre : GP du Japon
20 octobre : GP d'Australie
27 octobre : GP de Thaïlande
03 novembre : GP de Malaisie
17 novembre : GP de la "Solidarité"
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