MNC porte depuis un an et sur tout type de moto l'airbag à déclenchement électronique Alpinestars Tech-Air 5 : quels sont les avantages et inconvénients de ce "gilet de sauvetage" du motard ? Bilan dans notre essai longue durée.
Le gilet Tech-Air 5 - découvert en 2020 - est l'airbag moto le plus polyvalent de la gamme Alpinestars "Tech Air" (jeu de mot avec l'expression take care : prendre soin). Il prend place entre les enveloppants Tech-Air 10 et Tech-Air Off Road - dédiés aux pistes de vitesse et de tout-terrain - et du léger Tech-Air 3 conçu pour la ville.
Cette protection passive renferme des coussins qui protègent dos, épaules, clavicules, buste et côtes. Deux cartouches d'argon - gaz inerte - assurent leur déploiement après une percussion pyrotechnique, elle-même déclenchée par une unité de contrôle électronique (ECU). Ce "cerveau" et sa batterie lithium-ion prennent place dans la partie supérieure de la dorsale intégrée.
Le Tech Air 5 fait partie des airbags moto dits "autonomes", comme le In&Motion aussi testé par MNC. Ce qui signifie que son fonctionnement repose uniquement sur ses six capteurs - trois gyroscopes et trois accéléromètres - qui renseignent un algorithme capable d'analyser "1000 situations par seconde". Pas besoin de câble ou de capteurs à fixer sur la moto ou le scooter.
Le déploiement complet des coussins interviendrait en moyenne "25 millisecondes" après l'impact : à comparer avec la durée d'un clignement d'oeil, comprise entre 100 et 150 ms ! Dans le détail, "20 ms" seraient suffisantes pour la plus petite taille (XS) et "40 ms" pour la version XXXL du Tech-Air 5. Écart logique compte tenu du volume supérieur à gonfler.
L'airbag Tech-Air 5 est livré dans un carton élégant voire classieux qui contient deux boîtes avec, s'il vous plaît, le manuel d'utilisation au format papier : une rareté à l'heure du tout dématérialisé ! L'ensemble respire la qualité et le sérieux, conformément aux attentes d'un équipement haut de gamme à 649,95 euros (prix 2022).
Exemple : plusieurs adaptateurs sont prévus pour convenir aux différents formats de prises secteur, tandis que le câble USB à raccorder au bloc chargeur est entouré de tresse textile solide au toucher. Le gilet lui-même profite d'une conception ultra-soignée qui fait honneur à la mention fièrement exposée "Dessiné, développé et fabriqué en Italie".
Coutures irréprochables, textiles qualitatifs, zip robuste et pratique, large recours au tissu maillé "Mesh" en faveur de l'aération : l'équipement Alpinestars ne prête le flanc à aucune critique. Plusieurs touches de sophistication tendent même à l'inscrire dans un registre luxueux, comme son ingénieux système de fermeture.
Le curseur de sa fermeture éclair est aimanté de façon à faciliter la jonction des deux extrémités du zip, même avec des gants : approcher le curseur de la glissière suffit à les faire s'enclencher l'un dans l'autre sous l'effet de la force magnétique. Sacrément malin et surtout bigrement pratique !
Alpinestars reprend le même principe sur sa connectique de recharge : l'embout du câble est aimanté de façon à être attiré par le port de recharge situé au sommet du bloc dorsal. Bonne initiative car cette prise n'est pas spécialement accessible faute d'être installée en façade.
Le chargement complet nécessite quatre heures sur prise domestique. MNC apprécie que cette recharge puisse aussi se faire via le port USB d'un ordinateur - beaucoup plus lent, mais utile pour dépanner -, ainsi que l'absence de manipulations fastidieuses : inutile de démonter quoi que ce soit pour le recharger.
L'airbag Tech-Air 5 se présente sous la forme d'un gilet avec de courtes manches, où se prolongent les coussins gonflables pour protéger l'intégralité des épaules. Il s'enfile sans précaution particulière, malgré un sensible déséquilibre sur l'arrière : ses 1,950 kg en taille M sur la balance MNC sont concentrés dans le dos.
Logique dans la mesure où tout le dispositif de détection et d'activation prend place sur la dorsale, qui apporte par ailleurs poids et rigidité supplémentaires. Le Tech Air 5 n'est cependant pas lourd à porter - au sens propre comme au figuré - grâce à l'agréable flexibilité de ses textiles et à sa coupe bien étudiée.
Bien que taillé près du corps, le gilet n'est pas excessivement cintré : notre modèle testé en taille "M" convient parfaitement à un pilote d'1m75 et de 68 kg. MNC le porte durant tous ses roulages à moto et en scooter, sans ressentir de gêne ni d'entrave dans ses mouvements. Il se fait oublier, que ce soit debout sur un trail, décontracté sur un custom ou déhanché sur une sportive.
Le Tech Air 5 est par ailleurs assez court pour faciliter le port d'un équipement par dessus, soit la configuration pour laquelle il se destine. Ce gilet airbag est effectivement conçu pour être porté sous une veste ou un blouson de moto, quelle que soit sa nature - cuir ou textile - et sa marque : Alpinestars ou non, peu importe !
Vous portez des blousons différents selon la saison ou la moto utilisée ? Pas de problème. Vous circulez à scooter la semaine et en trail le week-end ? Là encore, aucun souci : le gilet se glisse indifféremment sous un cuir urbain ou une veste de baroudeur… à condition toutefois d'avoir la place suffisante pour le déploiement de ses coussins !
Un espace vide de "4 cm autour du buste" est nécessaire à l'intérieur du vêtement pour permettre le gonflement des coussins. Autrement dit : impossible de le porter sous un équipement trop près du corps comme un blouson ou une combinaison "Racing". Le retrait de la doublure hiver est souvent indispensable pour respecter les recommandations du fabricant.
Optez pour des équipements un peu plus larges voire une taille au-dessus est une solution, mais qui oblige d'une part à renouveler sa garde-robe et de l'autre à composer avec les désagréments d'un vêtement trop grand (flottements des tissus, protections mal placées, aspect "sac à patates", etc.).
Autre option : se tourner vers les équipements Alpinestars dédiés au port de l'airbag, qui comportent des zones extensibles prévues pour préserver l'espace nécessaire lors du gonflement. Démarche là encore assez coûteuse en plus d'être restrictive…
Gare aussi aux couches supplémentaires pendant l'hiver : pulls, sweats et grosses doublures sont autant d'épaisseurs parfois problématiques ! Le gilet Alpinestars produit toutefois une isolation thermique suffisante pour pouvoir se dispenser d'une couche.
MNC le porte par exemple à la place d'un pull en hiver, de façon aussi à éviter d'être trop engoncé entre plusieurs superpositions. Mais l'absence de couverture sur les bras se fait alors ressentir par grands froids…
Le Tech-Air 5, comme tous les gilets airbags, tend logiquement à tenir chaud en raison d'une circulation d'air limitée par sa conception : la toile de ses coussins est obligatoirement étanche pour pouvoir être gonflée ! Aspect qui interdit la circulation d'air à travers ces coussins hermétiques, donc l'aération.
Le port du Tech-Air 5 par fortes chaleurs entraîne inévitablement la formation de transpiration, mais pas autant que MNC le craignait : Alpinestars n'a pas lésiné sur l'emploi de tissus respirants, notamment autour des aisselles ! Résultat : l'effet "K-Way" et ses désagréables dégoulinures de sueur est limité, à défaut d'être complètement évité.
Les odeurs corporelles finissent par apparaître sur le long terme, même en prenant soin de l'aérer aussitôt après l'emploi. Dommage que l'équipement ne soit pas lavable, même à la main, faute de pouvoir démonter par soi-même ses précieux composants (voir paragraphe ci-dessous sur l'entretien).
La mise en route du Tech-Air 5 est un modèle de simplicité : il suffit de remonter le zip central, puis d'accrocher le rabat en caoutchouc sur le scratch prévu à cet effet en haut de la glissière. Cette patte facile à manipuler dissimule un capteur qui commande la mise en tension du dispositif.
Des diodes colorées - verte, orange et rouge - en bas à gauche s'allument pour signaler de façon visible l'activation et le niveau de batterie. La confirmation de l'état opérationnel - LED verte - se vérifie par un bref coup d'oeil, sans passer par une application dédiée comme c'est par exemple le cas sur le concurrent In&Motion.
Alpinestars propose tout de même une application "Tech-Air" qui renseigne sur le pourcentage de charge, les mises à jour ou encore le temps durant lequel l'airbag a été porté. Autres fonctionnalités incluses de série : un suivi GPS des trajets et le choix entre le mode "route" - sélection par défaut - ou "circuit".
Gratuit, ce passage de "Street" à "Race" active un algorithme spécifique aux exigences du pilotage sur piste. Alpinestars dispose d'une solide expérience en la matière puisque le manufacturier italien peaufine ses airbags sans fil au plus haut niveau de la compétition moto, notamment avec un certain Marc Marquez en MotoGP !
Le Tech-Air 5 fait en revanche l'impasse sur un mode "Off-road", contrairement à certains rivaux. Mais il est possible de profiter de sa protection en "tout-terrain léger", précise Alpinestars qui décrit un champ d'action plutôt trail qu'enduro : chemins roulants et pistes en graviers, sans sauts importants.
MNC le porte fréquemment sur des motos trails, parfois dans des situations engagées : le dispositif ne s'est jamais fait piéger en interprétant le choc d'une bosse comme une situation de chute. Aucun déclenchement intempestif à signaler, y compris lors d'un "jump" en sous-bois.
L'algorithme est par ailleurs suffisamment performant pour distinguer une dérive volontaire et un catapultage de la moto suite à un high-side. Le Tech-air 5 reste par ailleurs parfaitement stoïque face aux wheelings, même reposés à la "va-comme-je-te-pousse" avec brutale compression de la fourche à la clé (si : ça arrive parfois) !
Son autonomie annoncée est de "30 heures" : cette donnée n'apparaît pas surestimée selon nos mesures MNC, puisque nous avons relevé une consommation d'environ 20% par journée complète de roulage. La batterie affiche par exemple 81% d'autonomie après 6h30 d'utilisation réelle (gilet en tension).
Les LED en bas du gilet signalent par ailleurs le niveau d'autonomie : entre quatre et huit heures lorsque les diodes orange et rouge s'allument pendant l'initialisation, puis inférieure à quatre heures quand seule la diode rouge est allumée. Cette LED rouge clignote ensuite en continu pour signaler l'urgence de recharger.
Suffisant pour l'utiliser au quotidien sur les trajets "boulot-dodo" sans être contraint de le recharger chaque soir. Le porter plusieurs jours de suite en roulant du matin au soir est également possible : MNC en a fait l'expérience pendant deux grosses journées à "bouffer de la borne", avec encore 27% d'autonomie à l'arrivée d'après l'application Tech-Air.
Alpinestars annonce que son Tech-Air 5 réduirait de "95%" la force d'impact sur les zones protégées par les coussins (dos, épaules, buste et côtes). Son absorption serait équivalente à "18 dorsales" superposées affirme même le fabricant ! A noter qu'il reste gonflé pendant cinq secondes après l'impact, puis se dégonfle en environ deux minutes.
Faute de chute à déplorer, MNC n'a pas déclenché l'airbag Tech-Air 5 : malgré tout notre professionnalisme, nous nous sommes dispensés de partir volontairement dans le décor pour vérifier ses capacités ! Comment ça : "dégonflés" ?!
Le Journal Moto du Net émet pourtant une critique en matière de protection : la dorsale intégrée au gilet est homologuée comme Équipement de protection individuelle (EPI) de catégorie 1. Soit le niveau minimum dans la nomenclature de normalisation.
Une dorsale de niveau 2 améliorerait significativement son degré de protection, notamment en cas de dysfonctionnement de l'airbag : si les coussins ne se gonflent pas lors d'une chute, quelle que soit la raison, la dorsale devient votre seule protection !
A ce niveau de prix, une dorsale catégorie 2 en résine D3O serait la bienvenue : tant pour la protection que le poids et le confort grâce à la flexibilité et l'absorption supérieures de ce matériau semi-rigide. C'est notamment le choix de Furygan sur sa version de l'airbag In&Motion.
Faite de pouvoir démonter ses composants électroniques, l'airbag Tech-Air 5 n'est pas lavable en machine et ne doit surtout pas être immergé dans l'eau en vue d'un nettoyage à la main. Alpinestars recommande de le nettoyer avec un "chiffon humide", ce qui limite grandement l'efficacité de ce toilettage…
Par ailleurs, "les solvants ou nettoyants chimiques ne doivent pas être utilisés car ils peuvent compromettre l'intégrité du système". En clair : le gilet peut simplement être aéré après chaque utilisation, ce qui s'avère insuffisant à la longue pour éviter l'apparition d'odeurs corporelles.
Comment procéder à un nettoyage complet ? Par ses propres moyens, c'est impossible. La solution consiste à le renvoyer dans un centre de révision Alpinestars ou agréé Tech-Air comme le constructeur le préconise dans le cadre d'un entretien à prévoir "au moins tous les deux ans ou après 500 heures de fonctionnement".
Au cours de cet entretien, tous les composants sont démontés et le gilet est lavé (ah !). Par ailleurs, les diagnostics de l'unité électronique sont "vérifiés et le logiciel est mis à jour, le cas échéant". L'airbag est inspecté de A à Z, puis remonté. L'opération - au frais du propriétaire - est identique lorsque les cartouches de gaz doivent être changées.
Contrairement à l'airbag In&Motion, remplacer soi-même les cartouches du Tech-Air 5 est exclu : chaque déploiement nécessite un retour au centre Alpinestars qui procède au changement. Après trois déploiements, les coussins sont également remplacés par mesure de précaution.
Bon à savoir : "même s'il est entretenu régulièrement, il est possible qu'après dix ans le système ne fonctionne plus", peut-on lire en page 48 du mode d'emploi. Manquent pas d'air les italiens !
MNC est globalement convaincu par les qualités du airbag Tech-Air 5, notamment la polyvalence offerte par son format "gilet" et son confort. Malgré ses presque 2 kg, il se fait totalement oublier après une courte période d'adaptation… hormis par fortes chaleurs faute de ventilation suffisante.
Plusieurs de ses fonctionnalités sont particulièrement intéressantes, comme ses géniales pièces aimantées qui simplifient la fermeture de son zip et le branchement du câble de recharge. Bon point aussi pour son activation simplissime via son rabat et pour sa petite fenêtre à LED qui renseigne lisiblement sur son fonctionnement.
Enfin, MNC apprécie que sa configuration "Circuit" soit gratuite et accessible à l'envie, quand certains la font payer en option. L'absence de toute forme d'abonnement est aussi à mettre au crédit du gilet Tech-Air 5, qui s'avère particulièrement complet puisqu'il couvre également des balades en tout-terrain.
Seuls bémols : son incompatibilité avec des vêtements trop serrés, qui peut imposer un renouvellement de sa garde-robe avec blousons et vestes plus amples. L'impossibilité de remplacer soi-même les cartouches d'argon est aussi regrettable, de même que sa dorsale de niveau 1.
Points forts Tech-Air 5
Points faibles Tech-Air 5
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