Duel Africa Twin Vs V85 TT : la référence Honda ou le renouveau Moto Guzzi ?

À l'instar des SUV auprès des automobilistes, les trails ont la cote chez les motards ! Que ce soit pour se donner une image d'aventurier ou effectuer des "sorties de route" sans se faire mal – et même en se faisant plaisir ! -, ce type de motos plaît énormément pour un tas de raisons...

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• Essai MNC Honda Africa Twin 2018 : Cherche nouveau modèle, Adventure Sports si affinités
• Ce duel en vidéo : Honda Africa Twin Vs. Moto Guzzi V85 TT

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Il faut croire leurs utilisateurs sur parole : ces machines sont aussi dégourdies qu'un roadster en ville, aussi rapides qu'une sportive sur départementale, aussi confortables qu'une routière sur nationale et aussi endurantes qu'une GT sur autoroute... Un seul mot suffirait à les décrire : polyvalence !

Pour répondre à l'importante demande, les constructeurs ont développé une offre très conséquente : V-Strom 250, Versys-X 300, G310GS, Himalayan 410, TRK502, V-Strom ou Versys 650, Ténéré ou Tracer 700, F750GS, 790 Adventure, Turismo Veloce 800, F850GS, Tracer 900, Multistrada 950, Versys ou V-Strom 1000, S1000XR, Tiger Sport, 1090 Adventure, Tiger et Super Ténéré 1200, R1250GS, Multistrada 1260, 1290 Super Adventure...

Il s'agit bien sûr d'une liste non exhaustive qui exclut notamment d'innombrables scramblers !

Au rayon trail de la seule gamme Honda, on trouve actuellement pas moins de cinq modèles : la sportive CRF450L, la CB500X tout juste mise à jour, la NC750X à double embrayage (DCT), la Crossrunner 800 au noble V4 et l'Africa Twin 1000 qui chapeaute le tout depuis l'arrêt de la grosse Crosstourer 1200.

Sortie en 2016, la "CRF1000L" a marqué un virage dans l'approche du "maxitrail" : contrairement à leurs concurrents embringués dans une incessante course à l'armement, les Rouges de Tokyo ont volontairement exploré une nouvelle piste en bridant la cylindrée de cette moto à 1000 cc et sa puissance à 95 ch, en favorisant le TT plutôt que le GT et en limitant le recours à l'électronique... jusqu'à l'an dernier.

Africa Twin : l'essentiel ou presque

Car en 2018, l'Africa Twin a fait l’objet d’une mise à jour qui comprenait principalement l'adoption d'un accélérateur électronique ride-by-wire, entraînant avec lui des assistances au pilotage plus poussées : modes de conduite, réglages du frein moteur et antipatinage plus fin. Mais rien de superflu, garantissait toujours Honda !

En prenant possession de "son" Africa Twin, Moto-Net.Com est instantanément et volontairement plongé dans une atmosphère de rallye raid. Le coloris sélectionné par Honda France y est pour beaucoup : il est très proche de celui de l'Africa Twin originelle de 1988 !

La présence de protections tubulaires supérieures nous fait d'ailleurs tiquer un instant : nous aurait-on par erreur confié les clés du modèle haut de gamme et très haut de suspensions, l'Adventure Sports ? Ce serait ballot, car pour ce duel face à la V85 TT, MNC comptait justement sur une "CRF1000L" la plus standard et la moins chère possible...

Fort heureusement, quelques coups d'oeil rapides et précis nous rassurent : bulle modérément haute, réservoir pas trop large, sabot moteur réduit, levier gauche caché derrière le pare-main. Nous sommes bien en présence d'une Africa Twin "tout court" à boîte mécanique. Ouf !

Moto-Net.Com prévient en passant que pour disposer de la jolie peinture bleu-blanc-rouge et de ses jantes dorées, le futur acheteur devra prévoir une rallonge de 300 euros (idem pour le tricolore rouge-blanc-noir à jantes noires). Sans compter les pare-carters (490 euros au catalogue Honda), la moto que nous testons aujourd’hui coûte donc 13 899 euros.

Croisée chez Honda France, l'Africa Twin peinte en noir mat a pour elle quatre avantages : son prix plancher de 13 599 euros, sa plus grande discrétion - mais n'est-ce pas plutôt un inconvénient dans la circulation ? -, ses belles jantes dorées et le fait de paraître plus compacte. Ce qui n'est pas une "mince" affaire, étant donné le gabarit de la bête !

Car l'Africa Twin est un trail, un vrai de vrai, avec des suspensions à grands débattements (voir les fiches techniques en dernière page), de hautes et fines jantes à rayons, des pneus "Tubetype" - à chambre à air - qui peuvent permettre de rouler avec une jante amochée mais sont moins pratiques à réparer sur le bord d'une route ou d'un chemin.

Le Journal moto du Net se permet d'ailleurs de souhaiter bien du courage au motard - ou à la motarde, nous sommes tous égaux face à la crevaison ! - qui part à l'aventure seul et sans la béquille centrale mesquinement proposée en accessoire à 220 euros. Le simple mais nécessaire entretien de la chaîne s'annonce joyeux...

Dans le même esprit baroudeur, le cadre tubulaire en acier - plutôt qu'en aluminium - se veut plus facile à ressouder en cas de très gros pépin. Pour parer aux plus petits chocs, l'Africa Twin dispose de série d'un sabot moteur en métal et de pare-mains en plastique.

Le massif pot d'échappement parvient à passer pour plus petit qu'il n'est, en jonglant habillement avec les habillages sombres ou inox et en se collant relativement haut et près de la boucle arrière. Cette dernière, partiellement carénée, dispose de supports de valises intégrés. Comme quoi, Honda sait se montrer prévenant !

Si le porte-bagages n'est pas bien grand, les poignées destinées au "copilote" sont au contraire immenses et lui plairont obligatoirement. Ce sera moins le cas des repose-pieds passager qui, contrairement à ceux du pilote, sont dépourvus de gomme (amovible). Comptez 99 euros supplémentaires pour bénéficier de modèles "confort".

Côté pratique, MNC note la présence d'un sélecteur à l'ergot rétractable et d'une pédale de frein à l'aspect basique et solide. À toute épreuve, donc ? MNC n'a pas testé la chute, désolé ! Sous la selle, c'est la consternation puisqu'il est difficile d'y glisser autre chose qu'un gilet jaune...

Au niveau des leviers, c'est une semi-déception puisque la commande d'embrayage n'est pas réglable en écartement. Elle devrait toutefois convenir à la majorité des utilisateurs. À droite, rien à dire : le frein dispose de réglages qui permettront à tous de trouver levier à son gant.

Les réglages de la grosse et haute fourche sont accessibles. Moto-Net.Com apprécie la présence d'une molette pour modifier la précharge du ressort d'amortisseur arrière. Un incontournable sur une moto de ce type ! Au passage, MNC se permet de critiquer la prise diagnostic qui pend juste à côté et mériterait d'être mieux rangée, comme certains autres câbles.

La Honda n'est donc pas irréprochable en termes de finition, mais le niveau général reste très satisfaisant. La qualité perçue des peintures et l'ajustement des plastiques sont bons, les teintes du bas moteur, de la fourche et du guidon apportent un brin de luxe quand les étriers radiaux et les disques à pétale se chargent de la touche sportive.

Fidèle à la philosophie "simple et efficace" de la moto, les commodos sont aussi sobres qu'ergonomiques. Celui de gauche permet de commander très simplement l'ordinateur de bord, dont les nombreuses données s'affichent sur un écran posé à la verticale, évoquant les compteurs surmontés de road-book utilisés sur les rallyes raids tels que le Dakar. L'ensemble est sans chichi… ni couleur. Et sur la V85 TT, qu'en est-il ?

V85 TT : braquage à l'italienne

En face de notre étalon Honda, Moto-Net.Com positionne une grande nouveauté 2019. Un renouveau même, espéré par Moto Guzzi et sa maison mère Piaggio : ce doit être décevant, limite énervant de voir la California végéter face aux références custom américaines, tandis que les gammes V7 et V9 se font dominer par la concurrence anglaise et allemande...

Pour se relancer, les italiens investissent le juteux segment des trails au moyen d'une V85 TT qui se distingue, comme l'Africa Twin, des trails de moyenne cylindrée souvent très typés (soit route, soit tout-terrain) et des maxitrails maxisportifs ou maxiconfortables...

À l'instar du géant de Tokyo contre qui Moto-Net.Com l'oppose aujourd'hui, le petit constructeur de Mandello del Lario a également abandonné son trail de grosse cylindrée : malgré ses indéniables qualités, la Stelvio 1200 n'a jamais réussi à s'imposer survivre sur le créneau occupé par la R1200GS...

Pour 2019, Moto Guzzi explore une autre piste, parallèle à celle empruntée avec succès par Honda : proposer une moto aux lignes baroudeuses, à l'esprit simple - et funky ?! -, à la cylindrée et à la puissance mesurées et au tarif bien placé. Sacrément bien placé, en l'occurrence !

Découverte par Moto-Net.Com en novembre 2018 sous les projecteurs du salon de Milan puis testée en mars sous un beau soleil italien, la V85 TT nous attend cette fois devant Piaggio France, sous une épaisse et grise couverture nuageuse... Changement de décor !

Pourtant, la circulation bien trop dense, la température un poil trop basse, les prévisions météo désespérément chagrines et le planning ultra serré de notre roulage se dissipent à la seule vue de cette petite bécane à tête de piaf. Et cela n'a rien de péjoratif, bien au contraire.

Des yeux ronds comme des billes, un grand bec blanc à pointe noire, de grosses joues jaunes... Les designers de Moto Guzzi ont réussi à donner une identité propre et charmante à leur échassier. Moto-Net.Com, pour sa part, a l'agréable sensation de retrouver son âme d'enfant...

MNC - qui vient de fêter ses 20 ans mais aime toujours autant faire "vroum vroum" avec ses motos ! - est en effet captivé par ce nouveau joujou qu'on croirait tout droit sorti d'une boîte de Playmobil. Cette analogie est particulièrement saisissante avec le coloris "Jaune Sahara" à cadre rouge.

Comme pour l'Africa Twin, une rallonge tarifaire est demandée pour cette craquante version tricolore ainsi que pour la version "Rouge Kahalari" : 200 euros de plus que les coloris unis plus passe-partout (bleu, rouge ou gris). Mais étant donné le prix de base, les clients auraient tort de se priver !

La V85 TT est effectivement proposée à 11 399 euros, soit deux milliers d'euros (selon les peintures) de moins que l'Africa Twin. À titre d'information, l'écart monte à environ 2500 euros avec la Triumph Tiger 800 XCx et descend à moins d'un millier d'euros avec une F850GS sans aucune option... toujours à l'avantage de la Guzzi !

L'italienne n'est pourtant pas un modèle au rabais ! Contrairement à sa rivale japonaise du jour par exemple, la V85 TT se dote de commodos résolument modernes et d'une "tablette" de bord TFT couleurs qui n'a rien à envier à celle des RSV4 et Tuono 1100... puisque c'est la même : "Grazie Piaggio" !

Bien qu'un peu petit, l'écran permet de faire défiler une quantité impressionnante d'informations notamment liées aux deux trips partiels (consos, autonomie, temps de parcours, vitesse moyenne... et maxi, etc. !). Les couleurs facilitent la visualisation des données mises à portée de pouce : appui court ou long, on se fait rapidement à la navigation dans les menus.

Petite critique concernant les commandes au guidon : le warning se trouve à droite, or de ce côté-ci la main a déjà souvent fort à faire dans les embouteillages, entre accélérateur et frein avant. MNC préfère le bouton de la Honda placé comme un buzzer sur le commodo gauche. On aime au passage la fonction de déclenchement automatique des feux de détresse sur la Honda, sur les freinages d'urgence et/ou lorsque l'ABS s'active.

Le bouton de navigation de la V85 TT se trouve à droite également. C'est moins gênant dans la mesure où l'on n’est pas censé trifouiller les infos en roulant... et que ce faisant, Guzzi a choisi de ne pas surcharger le commodo gauche qui accueille déjà le "cruise-control"... monté de série !

La Guzzi marque également un point grâce à sa prise USB logée sur le tableau de bord : très pratique pour brancher un GPS ou un smartphone (avec appli GPS anti "zones de danger"). Sur la Honda, il faut de nouveau piocher dans les accessoires... et dans le porte-monnaie : 65 euros la prise allume cigare, moins commode.

Sous ses airs plus rétro et basique, la Moto Guzzi se révèle donc parfaitement ancrée dans son temps et très bien équipée. Petits clignotants teintés, double feux stop ronds et profonds, veilleuse diurne en silhouette d'aigle qui s'étend sur les deux phares avant : l'italienne fait le plein de LED et de style !

L'aigle de Mandello déploie aussi ses ailes sur le réservoir. En comparaison, le badge "haut de gamme" de l'Africa Twin semble plat et terne. Sur la Moto Guzzi, on regrette que la bande centrale du réservoir ne soit pas peinte. On note au passage que l'on ne peut pas y fixer de magnets des pays visités… ni surtout de sac aimanté.

Le bicylindre en V transversal est par nature et naturellement mis en valeur : ces cylindres dépassent bien de chaque côté, leurs ailettes sont soigneusement polies et le carter frontal est joliment usiné... mais légèrement piqué aussi. Attention, il nécessitera sans doute un peu d'attention et de soins pour bien vieillir !

La selle de la V85 TT est elle aussi très réussie ! Elle est constituée de deux matières : lisse sur les côtés et en faux alcantara sur le dessus, pour plus de grip. Le tout est orné d'élégantes surpiqûres. Quant au marquage sur le petit dosseret, il donne l'impression d'avoir fait appel à un sellier garnisseur. "Ma qué, la classe !"

Moto-Net.Com note aussi les efforts en termes de finition, comme les caches des injecteurs en plastique brut qui ne font pas des plus "quali" mais ont le mérite d'exister. Idem pour les platines de repose-pieds en aluminium, jolies mais un peu trop massives.

Le porte-paquets au contraire aurait gagné à être plus étendu afin d'y harnacher un sac. La structure tubulaire complètement vierge est pourtant idéale pour passer des sangles. Les tubes sont aussi très faciles à saisir pour l'éventuel passager, qui profite en prime - et de série - de repose-pieds avec épaisse couche de gomme.

La V85 TT poursuit sur cette bonne lancée en proposant un espace de rangement sous la double selle capable d'accueillir un bloque-disque pour les utilisateurs urbains, ou une trousse à outils digne de ce nom pour les aventuriers. Ces derniers noteront la présence de filetages sous la boucle arrière pour installer des supports de valises !

Outre son châssis, l'italienne cultive savamment son image de trail avec son échappement haut et bien plaqué contre la moto. Elle dispose également d'un sabot moteur qui paraît costaud et de protège-mains qui le sont un peu moins. Tout est de série, à l'instar des habillages des pieds de fourche qui coiffent les beaux étriers radiaux Brembo...

Si ses jantes sont moins hautes et plus larges que celles de la Honda (relire les fiches techniques en dernière page), elles sont du même "Tubetype". Autour d'elles s'enroulent de tout nouveaux Michelin Anakee Adventure... Ceux-ci ont beau porter en gros la mention "Tubeless", les proprios de V85 TT ne devront toutefois pas oublier de glisser une chambre à air à l'intérieur ! Ils devront donc préférer les rustines aux mèches !

Sur le guidon, MNC retrouve une paire de leviers dont l'amplitude des réglages - des deux côtés ! - permettront aux grandes paluches comme aux petites mimines de se sentir à l'aise. Le Journal moto du Net repère aussi que les embouts de sélecteur et de frein sont montés sur excentriques : classieux, mais moins adaptés au tout-terrain que des modèles rétractables...

En terminant son tour du propriétaire, MNC regrette que la suspension arrière de la V85 TT ne soit pas équipée d'une molette de réglage. L'amortisseur déporté est très accessible, certes, mais il nécessite de sortir la trousse à outils.

Moto Guzzi confie en revanche un exceptionnel atout à sa nouveauté 2019 : une transmission par cardan, donc sans entretien ! Il s'agit d'une exclusivité sur un trail de moins de 1200 cc. L'absence de béquille centrale d'origine se fait moins cruellement sentir.

Après le premier contact concluant avec cette V85 TT sur les jolies routes de Sardaigne (Forza Italia !), Moto-Net.Com était curieux de vérifier ce que valait cette nouvelle Moto Guzzi dans la "vraie vie de tous les jours" et face à l'une des références en matière de trail : la Honda Africa Twin de Honda. En route...