Honda renoue enfin avec le succès sans Marc Marquez grâce à Alex Rins, solide vainqueur du Grand Prix des Amériques à Austin devant le remarquable Luca Marini et le tenace Fabio Quartararo. Nouvelle erreur pour Pecco Bagnaia, grandissime favori sur sa - trop parfaite ? - Ducati. Bilan, temps forts, déclarations et classements.
Quel contraste dimanche soir entre le stand Ducati et le box Honda-LCR. Du côté de l'équipe championne du monde en titre, l'abattement se disputait à une légitime exaspération suite à la nouvelle chute du favori Francesco Bagnaia… Chez LCR en revanche, joie et fierté irradiaient littéralement après la victoire d'Alex Rins !
Et pour cause : Rins, nouvellement arrivé dans le team de Lucio Cecchinello, ramène la structure italienne au premier plan après plusieurs années de vaches maigres. LCR n'était pas monté sur le podium depuis le GP d'Australie 2019, tandis que son apparition sur la plus haute marche remontait à la saison précédente et la victoire de Cal Crutchlow au GP d'Argentine 2018.
Ce succès, justement, était par ailleurs le dernier signé par un pilote Honda autre que Marc Marquez : Alex Rins met fin à cinq longues années de disette sur la RC213V, jusqu'ici jamais victorieuse sans le n°93. Rappelons que des pointures comme Jorge Lorenzo s'y sont cassés les dents - et pas mal d'autres os… - durant cette période la plus sombre de Honda-Repsol.
Trois épreuves seulement ont suffi à l'ancien pilote Suzuki, alors même que la dernière victoire de Marc Marquez remontait à déjà un an et demi : c'était au GP Prix d'Émilie Romagne en octobre 2021. Bouffée d'air bienvenue pour la HRC, surtout en l'absence de résultats de ses têtes d'affiche : Marquez était forfait à Austin à cause de sa fracture à la main, tandis que Mir finit la course principale à plat ventre…
Marc Marquez, longtemps imbattable sur le Circuit of the Americas, voit donc l'un de coéquipiers lui contester le statut de "King of the COTA" : Rins s'était déjà imposé sur la Suzuki GSX-RR en 2019 après la chute du n°93, mais aussi avant cela en Moto3 et en Moto2 ! L'espagnol est le seul à pouvoir se vanter d'un tel palmarès toutes motos confondues.
Ironie du sport : le n°42 regrettait justement de ne pas recevoir assez de soutien du HRC avant de signer sa sixième victoire en MotoGP. "Je me sens sous-exploité", déclarait-il vendredi soir, après avoir essuyé un refus à sa demande de tester le châssis de Joan Mir pour le comparer à celui de Marc Marquez qu'il avait brièvement récupéré suite au forfait du n°93 en Argentine.
"Après avoir essayé le châssis de Marc, je leur ai demandé de me laisser également tester celui de Mir, qui est différent, pour avoir une idée générale. (..). Mais ils ont refusé, alors qu'ils ont pourtant des unités de rechange", s'agace-t-il, tout en assurant que la Honda pouvait faire bien mieux que les résultats obtenus de ces dernières années.
"Sans vouloir sous-estimer les autres pilotes Honda, j'ai dit que la moto avait du potentiel quand je l'ai pilotée pour la première fois à Valence et elle en a encore", avait annoncé Alex Rins avant de mettre des résultats sur ses mots : le pilote-LCR s'est adjugé la 2ème place de la course Sprint avant de remporter l'épreuve principale.
Ravi mais lucide, Alex Rins sait que son aisance à Austin ne se reproduira pas sur tous les circuits, mais qu'importe : l'espagnol s'est malgré tout emparé d'une tondeuse pour raser la tête de ses mécanos suite à un pari sur sa victoire avec la Honda !
Cette victoire de Rins intervient après un duel à distance avec Francesco Bagnaia, sur lequel le pilote Honda avait déjà mis la pression lors du Sprint : Rins était en mesure de contrer l'officiel Ducati, mais a perdu le contact samedi suite à une petite glisse. Les deux protagonistes ont remis le couvert dimanche, roue dans roue à l'extinction des feux…
"Pecco" - un cran au-dessus de tout le monde en vitesse pure - s'est vite échappé pour se soustraire à une possible attaque de son rival Honda, qui ne lâchait pas grand-chose au chrono. Et là, comme trop souvent sous la pression, Bagnaia est une nouvelle fois parti à la faute dans le septième tour alors qu'il tentait d'abaisser son rythme pour accroître son avance.
"Je ne sais pas ce qu'il s'est passé", s'interroge le champion en titre, qui semblait se diriger vers un nouveau cavalier seul après sa domination sans partage lors du Sprint. "J'étais en total contrôle et je suis tombé : je suis très en colère, pas contre moi parce que je suis sûr à 100% que ce n'était pas de ma faute".
"En Argentine, j'ai reconnu que j'étais un peu trop à la limite, mais pas aujourd'hui", enrage le n°1, déjà auteur d'un "zéro" quinze plus tôt à Termas de Rio Hondo. "Nous devons comprendre car on a la meilleure moto, mais si on tombe sans savoir pourquoi, c'est inutile. J'ai perdu 45 points en deux week-ends : nous devons remédier à cela".
La cause de ses pertes de l'avant inexpliquées selon le champion ? La trop grande stabilité de la GP23 ! En clair : l'italien reproche à Ducati d'avoir conçu une MotoGP tellement "parfaite" qu'elle en devient piégeuse tant elle met en confiance !
"Peut-être qu'il nous faut une moto plus instable : je préférerais être un dixième plus lent mais tout comprendre, mieux ressentir la limite. Actuellement, j'ai une énorme confiance en la moto et l'impression d'être imbattable. Je préférais avoir plus d'alertes, perdre un petit "filtre" pour être plus sur les pneus : cette moto est parfaite, mais si on chute sans savoir pourquoi quelque chose n'est pas parfait".
MNC a une théorie : ce "quelque chose" d'imparfait, et si c'était le pilote ?! Blague à part, beaucoup d'adversaires du pilote Ducati aimeraient sans doute devoir composer avec une moto trop performante, à commencer par Fabio Quartararo qui se faisait humilier dans la longue ligne droite d'Austin sur sa Yamaha !
Le pilote niçois s'est cependant battu comme un beau diable pour reprendre au freinage ce qu'il perd à l'accélération et en V-max : belle réaction du n°20 après sa chute frustrante pendant la course Sprint. Fabio décroche la troisième marche du podium derrière Rins et Marini, auteur d'une irrésistible montée en puissance sur sa Ducati VR46. Quelle perf' du demi-frère de Valentino Rossi !
Ce podium inattendu s'explique aussi en partie par le spectaculaire nombre d'abandons dimanche : d'abord Jorge Martin qui a sorti Alex Marquez dans le premier tour, puis Aleix Espargaro et Raul Fernandez, piégés par des soucis mécaniques sur leur Aprilia au niveau du blocage des suspensions. Jack Miller est ensuite parti à la faute, suivi par Joan Mir, Brad Binder, Takaaki Nakagami et Stefan Bradl. Rins est le seul pilote Honda à l'arrivée !
L'origine des nombreuses chutes tient au caractère bosselé du bitume américain, qui suscite beaucoup de critiques des pilotes malgré un récent resurfaçage. La piste aussi utilisée pour les courses automobiles n'offre pas un grip constant, ce qui est par ailleurs probablement à l'origine de la chute "inexpliquée" du champion en titre Ducati…
Jonas Folger - qui remplace Pol Espargaro sur la GasGas-Tech3 - en profite pour marquer les points de la 12ème place malgré son rythme considérablement inférieur aux titulaires : le pilote d'essai KTM termine à plus d'une minute, devant le courageux Brad Binder qui est remonté sur sa RC16 pour les points de la 13ème place. 22 pilotes au départ, 13 à l'arrivée : vous avez dit "hécatombe" ?!
Samedi : qualifs et course Sprint
Dimanche : course principale
Alex Rins, Honda-LCR (2ème qualifs, 2ème sprint, 1er principale) : "La course a tout simplement été incroyable. Je suis tellement heureux aujourd’hui : c’est l’accomplissement d’une chose incroyable. Nous avons réussi à enchaîner des chronos rapides et stables avec une gestion des pneumatiques parfaitement cohérente. Ce fut un Grand Prix plutôt bon dans sa globalité et la satisfaction prédomine ce dimanche car le rythme était plus élevé que la saison passée avec une moto qui demeure plus ou moins la même. Nous allons donc poursuivre dans cette voie-là sur les prochaines épreuves et je tenais bien évidemment pour conclure à adresser mes plus sincères remerciements à l’équipe bien entendu, à ma famille, à mes partenaires et à toutes les personnes qui croient en moi".
Luca Marini, Ducati-VR46 (3ème qualifs, 7ème sprint et 2ème principale) : "Il y a beaucoup de choses à dire, mais la première est que ce podium est génial ! Je suis très satisfait de ma course et de mon week-end en général. Après mon erreur au freinage au départ de la course sprint (il a élargi au premier virage après un freinage raté, NDLR), j'ai essayé de faire attention parce que je savais que j'avais un rythme très fort. Je me sens super bien depuis le début de l'année, mais les étoiles ne s'étaient jamais alignées : cette fois nous avons fait en sorte que ce soit le cas".
Fabio Quartararo, Yamaha Factory (7ème qualifs, 19ème sprint, 3ème principale) : "C'était vraiment dur : j'avais du mal, mais j'ai pu me battre dans les premiers tours, sans cela je savais que le podium serait impossible. J'ai fait de mon mieux et je suis vraiment content parce que je reviens après quelques courses vraiment difficiles. Vous savez, l'équipe travaille si dur : ils essaient de me garder calme… et ce n'est pas une tâche facile. Ça fait du bien d'être de retour dans le parc fermé et j'espère y revenir prochainement !".
Johann Zarco, Ducati-Pramac (9ème qualifs, 11ème sprint, 7ème principale) : "Je suis content du rythme de course et des sensations, d’avoir pu me battre et de tenir le rythme de ces 20 tours hyper difficiles. C'était chaud : il y a eu des chutes, notamment de Jorge (Martin, NDLR) ou encore la moto d'Aleix Espargaro qui faisait des étincelles. À partir du 5 ou 6ème tour, j’ai eu un feeling que je n’avais pas eu avant : l’arrière de la moto accrochait, j’ai pu maintenir un rythme meilleur que ce que je pensais. Les sensations étaient meilleures que samedi : c'est positif sur cette piste qui semble toujours me "repousser" (cette 7ème place est son meilleur résultat à Austin, NDLR).
La prochaine course MotoGP, le Grand Prix d'Espagne, est prévu dans quinze jours le dimanche 30 avril à Jerez. Cette quatrième manche sera la première étape européenne et doit par ailleurs marquer le retour de Marc Marquez et d'Enea Bastianini. Restez connectés !
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2024
10 mars : GP du Qatar
24 mars : GP du Portugal
07 avril : GP d'Argentine (annulé)
14 avril : GP des Amériques
28 avril : GP d'Espagne
12 mai : GP de France
26 mai : GP de Catalogne
02 juin : GP d'Italie
16 juin : GP du Kazakhstan (reporté)
30 juin : GP des Pays-Bas
07 juillet : GP d'Allemagne
04 août : GP de Grande-Bretagne
18 août : GP d'Autriche
01 septembre : GP d'Aragon
08 septembre : GP de San-Marin
22 septembre : GP d'Inde (annulé)
22 septembre : GP Kazakhstan (annulé !)
22 septembre : GP d'Emilie-Romagne
29 septembre : GP d'Indonésie
06 octobre : GP du Japon
20 octobre : GP d'Australie
27 octobre : GP de Thaïlande
03 novembre : GP de Malaisie
17 novembre : GP de la "Solidarité"
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