Andrea Dovizioso - doyen du MotoGP à 36 ans - crée la sensation de la reprise du championnat en Grande-Bretagne avec l'annonce de son retrait au GP de San Marin, six courses avant la fin de saison. Le pilote italien capitule, lassé d'évoluer en fond de grille sur la Yamaha RNF…
Si le retrait de "Dovi" ne constitue assurément pas une surprise au regard de son manque de compétitivité sur la M1, son choix de jeter l'éponge en cours de partie surprend davantage : pourquoi ne pas terminer la saison - et son contrat - au lieu de s'arrêter dans un mois après le Grand Prix de San Marin (Italie), la 14ème des 20 courses du calendrier ?
"Quand vous êtes pilote et que vous n'êtes pas en mesure de figurer là où vous voulez être, votre esprit commence à penser à des choses et vous réalisez que c'est le moment : raison pour laquelle j'ai pris cette décision", s'est justifié Andrea Dovizioso en préambule du Grand Prix de Grande-Bretagne.
"Ça n'est pas très agréable quand vous pensez trop à ces choses-là car vous n'êtes pas concentré sur les courses.(...). Je sentais que cette décision devait être prise et, en sentant cela, j'ai commencé à penser que Misano serait la bonne occasion : ma dernière course à domicile, soit l'occasion de finir sur une fête avec de grands sourires pour tout le monde, avec mes amis et tous les fans".
Sa Yamaha RNF sera ensuite confiée au pilote d'essai de Yamaha : le britannique Cal Crutchlow, qui disputera le dernier tiers de la saison aux côtés du débutant Darryn Binder dans la structure malaisienne.
Andrea Dovizioso ne le précise pas, mais son départ sonne cette fois l'heure de sa retraite des Grands Prix moto : l'expérimenté transalpin n'aura plus d'autre occasion de revenir sur une moto compétitive à 36 ans, surtout après anticipé sa fin de saison sur une Yamaha aux spécifications d'usine, soit la même que celle avec laquelle Fabio Quartararo domine le championnat du monde…
Rappelons que "Dovi" s'était déjà retiré du MotoGP fin 2020, faute d'obtenir une proposition suffisamment séduisante à l'époque après son divorce - houleux - avec Ducati. Bon gré mal gré, le n°4 s'était tourné vers son autre passion pour occuper son année sabbatique : le motocross, avec quelques participations dans des courses régionales.
Après avoir écarté la proposition d'Aprilia suite à des séances d'essais de la RS-GP, Dovizioso est revenu aux affaires de façon inattendue : l'italien s'est vu proposer le guidon de la M1 de Franco Morbidelli, promu dans le team officiel Yamaha en cours de saison 2021 pour pallier le départ de Maverick Viñales.
"Dovi" espérait renouer sur la Yamaha avec son niveau de compétitivité qui lui avait permis de lutter pour le titre face à Marquez de 2017 à 2019 : l'italien espérait même, secrètement, être en mesure de franchir la marche supplémentaire pour accéder à la couronne sur cette moto qu'il avait déjà piloté chez Tech3 en 2012.
Hélas, ses ambitions ont vite tourné court : Dovizioso n'a jamais trouvé son rythme sur la M1, la jugeant trop "pointue" à piloter. "Seul Fabio est en mesure d'en tirer le meilleur parti, avec beaucoup de vitesse sur l'angle", estime-t-il. Selon l'italien, Yamaha aurait fait la même erreur que Honda : une moto développée pour et par un seul pilote, Quartararo pour la M1 et Marquez pour la RC213V.
Andrea Dovizioso, auteur d'une modeste 11ème place comme meilleur résultat, occupe la 22ème position au provisoire avec seulement dix points marqués sur onze courses disputées dont deux résultats blancs. L'italien est le dernier pilote expérimenté du classement : seuls les débutants Remy Gardner et Raul Fernandez sont derrière, respectivement aux 23ème et 24ème positions sur une KTM en net retrait cette saison.
Honnête, "Dovi" ne cache pas que cette situation en fond de grille l'a totalement démotivé : "étant donné que je suis quelqu'un de rationnel et de critique, je dois toujours avoir une motivation importante pour faire quelque chose", explique-t-il. "Et malheureusement, étant donné que je n'arrive pas à m'adapter suffisamment bien à la moto pour obtenir certains résultats, je n'ai pas réussi à améliorer cet aspect-là cette année".
Le pilote le plus âgé du plateau - titré en 125 cc en 2004 puis deux fois vice-champion en 250 cc - tient à souligner son excellente relation avec Yamaha (voir les déclarations ci-dessous), bien qu'il regrette de ne pas avoir pu "travailler sur certains aspects structurels de la moto : disons qu'il n'y a pas eu la possibilité de faire ces choses-là pendant la saison".
Andrea Dovizioso avait fait ses débuts en MotoGP en 2008 et cumule à ce jour 245 départs en catégorie reine. Durant cette période, il a piloté une Honda chez LCR puis au HRC, avant de brièvement rebondir chez Tech3 sur la Yamaha. "Dovi" est ensuite passé chez Ducati de 2013 à 2020, avec trois "titres" de vice-champion consécutifs de 2017 à 2019.
Andrea Dovizioso
"L’expérience avec Yamaha s’était avérée très positive en 2012 et depuis j’ai toujours pensé qu’un jour ou l’autre, ça me plairait d’avoir un contrat officiel avec eux. Fatalité, l’opportunité s’est présentée en 2021, certes de façon un peu audacieuse, mais j’ai sauté sur l’occasion, car je croyais fermement en ce projet et en la possibilité de bien faire. Malheureusement, ces dernières années, le MotoGP a profondément évolué. La situation est tout autre : je ne me suis jamais senti à l’aise sur cette moto et je n’ai jamais réussi à en tirer son plein potentiel, en dépit de l’aide intarissable de l’équipe, comme de Yamaha. Les résultats ont été négatifs. Malgré tout, je considère encore ça comme une importante expérience de vie. Quand vous faites face à autant de difficultés, vous devez être capable de gérer vos émotions au mieux. Nous n’avons pas atteint les objectifs désirés, il n’empêche que nous avons toujours entretenu une relation positive et constructive, que ça soit avec les techniciens de chez Yamaha ou avec les gens de mon team. Nous sommes restés loyaux et professionnels, même dans les moments les plus critiques. Je remercie Yamaha, ma structure, WithU et tous les autres sponsors impliqués dans ce projet. Les résultats n’ont pas été à la hauteur de nos espérances, mais nous nous devions d’essayer. Mon aventure s’arrêtera donc à Misano. Cela dit, pas de quoi entacher notre relation. Merci à tous".
Lin Jarvis, directeur du service course Yamaha Motor Racing :
"Avant toute chose, nous sommes tous tristes qu’Andrea quitte prématurément notre Championnat. C’est un grand nom du MotoGP et il manquera au paddock. On s’est estimés très chanceux l’an dernier, lorsqu’il s’est rendu disponible avec le départ de Franco vers le team officiel. Andrea est doté d’une grande expertise, d’une expérience. Des qualités avec sa nature très méthodique qui en faisait un véritable atout, pour Yamaha comme pour le team RNF. Et le projet s’étalait sur l’intégralité de la saison 2022… Malheureusement, il aura peiné à extraire le plein potentiel de notre M1. Les résultats n’ont donc pas été au rendez-vous, ce qui a créé une certaine frustration en lui. Au final, il nous confirmait durant la trêve estivale, son désir de se retirer avant cette fin de saison. Au fil des discussions, il est apparu logique que sa dernière course se fasse chez lui, à Misano. Naturellement, Yamaha continuera de lui fournir tout son soutien sur les trois prochaines courses. En attendant, profitons de ces Grands Prix à venir, avant de célébrer la fin de sa splendide carrière en Italie".
Razlan Razali, fondateur et directeur du team Yamaha RNF :
"En ce retour de trêve estivale, nous étions impatients de travailler avec Andrea, surtout au vu des découvertes positives faites durant les récentes courses. Néanmoins, il a décidé de se retirer : un choix que nous respectons. Bien évidemment, nous sommes tristes de voir un pilote du calibre d’Andrea, quitter ce Championnat et ne pas terminer la saison avec nous. Mais nous comprenons le fait qu’il ait eu du mal à se sentir à l’aise et qu’avec son style de pilotage ne convienne pas à cette M1. Bien qu’on n’ait pas obtenu les résultats escomptés, on est honorés d’avoir eu un tel nom dans notre équipe. Un grand merci à Andrea pour son soutien, son expertise et sa contribution. Nous continuerons quoi qu’il en soit de l’épauler sur les trois courses restantes".
Wilco Zeelenberg, team manager Yamaha RNF :
"Bien sûr, cette annonce de départ anticipé n’est pas vraiment ce qu’on aurait souhaité. Mais c’est aussi tout à fait compréhensible qu’il attendait bien plus de son retour en MotoGP™. Nous avons tenté de l’accompagner autant que possible. Ceci étant, il a décidé de raccrocher après Misano et nous devons l’accepter, car c’est quelque chose qu’il ressent au plus profond de soi. On peut dire ce qu’on veut… Il n’empêche qu’on ne peut qu’apprécier sa franchise dans une telle situation. Nous continuerons de nous donner à fond pour offrir au team les meilleurs résultats"
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2024
10 mars : GP du Qatar
24 mars : GP du Portugal
07 avril : GP d'Argentine (annulé)
14 avril : GP des Amériques
28 avril : GP d'Espagne
12 mai : GP de France
26 mai : GP de Catalogne
02 juin : GP d'Italie
16 juin : GP du Kazakhstan (reporté)
30 juin : GP des Pays-Bas
07 juillet : GP d'Allemagne
04 août : GP de Grande-Bretagne
18 août : GP d'Autriche
01 septembre : GP d'Aragon
08 septembre : GP de San-Marin
22 septembre : GP d'Inde (annulé)
22 septembre : GP Kazakhstan (annulé !)
22 septembre : GP d'Emilie-Romagne
29 septembre : GP d'Indonésie
06 octobre : GP du Japon
20 octobre : GP d'Australie
27 octobre : GP de Thaïlande
03 novembre : GP de Malaisie
17 novembre : GP de la "Solidarité"