Grâce à la victoire de Jérémy Guarnoni, David Checa et Erwan Nigon aux 24H Motos, la Kawasaki SRC n°11 prend les commandes du championnat du monde d'endurance EWC devant la Suzuki n°2 du SERT (3ème au Mans) et la Yamaha n°13 de Wepol Racing (4ème). Débriefing d'après-course avec les déclarations des pilotes et des teams managers.
76 000 spectateurs ont assisté dimanche au Mans à une arrivée digne d'un Grand Prix ! Après plus de 23 heures de course effrénée, les deux motos de tête se tenaient en seulement 6 secondes... La Honda n°111, remontée à la force du poignet de Randy de Puniet et de ses coéquipiers Sébastien Gimbert et Yonny Hernandez, a finalement dû s'incliner dans le dernier tour devant la maîtrise de Jérémy Guarnoni et de ses coéquipiers, David Checa et Erwan Nigon sur la Kawasaki n°11.
Comment les pilotes ont-ils vécu cette course ? Quels enseignements en tirer pour la suite du championnat du monde ? La parole aux principaux acteurs de cette 42 édition particulièrement épique, moins d'un mois avant le Grand Prix de France sur ce même circuit !
"J'ai complètement oublié que nous étions sur une course de 24 heures ! Lorsque j'ai vu que la voiture de sécurité entrait en piste (dans le tout dernier quart d'heure, alors que la Honda n°111 était passée en tête, NDLR), je me suis dit que c'était gagné et qu'il fallait que je double la Honda dès la relance. C'est ce que j'ai fait car c'était impossible pour moi de terminer deuxième. C'est sûrement le plus beau jour de ma vie !"
"La course a vraiment été incroyable. Le rythme était très élevé et nous avons fait une course solide. J'ai beaucoup de respect pour toute notre équipe. La moto a tenu le choc. Avec Jérémy et David, nous nous entendons très bien. Nous avons créé une unité durant les essais hivernaux et ça nous a permis d'évoluer dans le bon sens. Le niveau de compétition a rarement été aussi élevé pour une course de 24 heures. Nous avons dû piloter à 100 % tout le temps".
"Je dois remercier Gilles Stafler, notre team manager, car il a cru en moi. Au Bol d'Or, nous avions failli gagner. J'espère que lors des 8 Heures du Slovakia Ring qui auront lieu le 11 mai, la bagarre avec Honda et les autres équipes reprendra", déclare l'insatiable pilote espagnol qui signe sa troisième victoire au Mans après avoir gagné en 2005 et 2017 avec le GMT 94.
"Cette course a vraiment été particulière... Nous avons perdu du temps en début de course à cause des voitures de sécurité, mais j'ai une équipe de guerriers et ils savent aller au charbon. Nous avions imaginé un scénario à deux heures de la fin de la course. Lorsque Jérémy m'a dit qu'il était épuisé, je me suis un peu résigné puis j'ai demandé à notre kinésithérapeute de le remettre d'équerre. Cela nous a permis de l'envoyer au charbon pour les 40 dernières minutes de la course. Il a fait un relais fabuleux. Je ne voulais pas perdre cette course. C'est malgré tout la sixième victoire de mon équipe ici au Mans", se réjouit le team manager vainqueur en 2010, 2011, 2012, 2013, 2016 et 2019.
"Cette édition des 24H du Mans a été une nouvelle fois pleine de rebondissements. Bien sûr, l'abandon de mes amis du YART (victime d'un problème mécanique dans la nuit, NDLR) n'en est pas le meilleur moment pour moi. Ni les multiples abandons qui font la la course. Parti dans notre nouveau projet avec enthousiasme et envie (le World Supersport avec Jules Cluzel et Corentin Perolari, NDLR), toute l'équipe du GMT94 avait forcément une attention particulière pour David Checa qui a réalisé 16 saisons avec nous et qui nous a tant apporté. Je savais qu'il rebondirait. Il gagne dès sa première saison au guidon d'une nouvelle équipe et son palmarès s'étoffe encore un peu plus. Bravo à lui et à ses coéquipiers".
"Si on m'avait dit avant le week-end que les 24 heures de course se joueraient dans les trois dernières minutes, j'aurais dit que c'était impossible, mais c'est ce qui s'est produit... On repart avec la deuxième place, ce qui est un excellent résultat sur une course aussi mythique que les 24 Heures Moto, mais bien sûr on voulait gagner. On est tout de même heureux car la course en elle-même s'est déroulée presque sans faute, et si on a eu de la malchance on a eu aussi de la chance. Je suis désolé pour ma chute mais quand j'ai vu que rien n'était cassé, j'ai continué. C'était des relais difficiles et "perdre" à la fin sur quelques mètres est difficile à croire, mais on est content que la CBR1000RR Fireblade n'ait pas failli et de terminer sur le podium".
"Je suis content de la façon dont s'est déroulée ma 20ème et dernière course aux 24 Heures Motos. On a attaqué au maximum pendant toute la course et on termine deuxième sur le podium, donc on ne peut qu'être heureux. C'est un bon résultat pour toute l'équipe et c'est une excellente manière pour moi de quitter les 24 Heures Motos du Mans. La moto a été incroyable pendant toute l'épreuve et elle était tout simplement géniale à piloter. Bien sûr qu'on aurait aimé gagner, mais ce n'était pas possible aujourd'hui", résume Sébastien qui disputait ses dernières 24H Motos du Mans après 20 participations...
Interrogé par MNC, Sébastien Gimbert confirme qu'il continue cette saison sur la Honda n°111, Bol d'Or inclus : "je prendrai ma retraite après le Bol d'Or et après je vais travailler dans mon magasin Speedway Fréjus (accessoires motards, NDLR) et avec mon école de pilotage Race Experience School (une école moto pour enfants et pour motards, NDLR). Je vais aussi m'occuper de mon fils Johan qui a intégré le team Kawasaki officiel en CEV 300 (championnat espagnol, NDLR) cette année".
"Je n'ai pas beaucoup d'expérience en endurance car j'ai fait ma première course l'an dernier au Bol d'Or (abandon sur problème technique, NDLR) mais c'est la première fois que je termine une course de 24 heures. C'est vraiment long et dur, surtout la dernière partie qui a été très difficile pour moi car je voulais attaquer davantage pour rattraper nos concurrents qui étaient un peu plus rapides (la Kawasaki n°11, NDLR), mais je n'y arrivais pas. Au début on a perdu un peu de temps à cause d'un souci sur la moto (au freinage, NDLR), c'est dommage mais ce n'était pas un gros problème. Il faut voir les aspects positifs : on a mené la course, on s'est battu pour le podium et la victoire et on termine sur le podium. On a gagné de gros points et c'est important pour le championnat".
"C'était une arrivée de dingues ! On avait essayé d'évaluer toutes les possibilités et toutes les options dont on disposait pour les différents scénarios possibles. C'était un gros stress ! Pour l'instant je suis encore sous le choc car c'était vraiment très serré. Ce podium est particulier et on le regardera comme le meilleur de notre histoire, tant il était serré. C'était une course incroyable. Les pilotes ont été magnifiques, l'équipe a vraiment bien travaillé et on a eu un léger souci sur la moto au départ mais à part ça tout a très bien fonctionné".
"La moto était très bonne malgré quelques difficultés dans les relais de nuit, mais c'est le premier podium pour ce nouveau modèle et on en est très content !"
"C'était une course très incertaine par moments, mais finir avec un écart aussi petit entre nous et les vainqueurs est un point très positif. Je suis vraiment heureux pour Suzuki, pour Dominique (Méliand, NDLR) et pour moi car c'est mon premier podium avec le SERT!"
"J'étais très content de prendre le départ et de mener la course, puis on a suivi notre tableau de marche. Il fallait assurer et c'est ce qu'on a fait !"
"Ce podium a une saveur très particulière... Je prendrai ma retraite après les 8 Heures de Suzuka, donc c'était mes dernières 24 Heures du Mans. Terminer sur la troisième marche du podium est un très beau cadeau de départ !"
"Cette première course de l’année, la deuxième de la saison, a été brutale. Je n’aurais jamais pensé que je serais aussi ravi d’une 4ème place mais c’était dur et on a tout donné. Mes trois coéquipiers Danny Webb, Michael Laverty et ainsi que toute l’équipe du Wepol Racing Team ont travaillé d'arrache-pied toute la semaine et se sont parfaitement comportés, non seulement cette semaine de course mais aussi pendant tout l'hiver. L’équipe a tout fait pour nous fournir la meilleure Yamaha possible en configuration endurance et ça a porté ses fruits puisqu’on a été la seule équipe à terminer la course sans "drame". Des six courses de 24 heures que j’ai faites, c’était la plus exigeante physiquement".
"Heureusement, j’ai fait une bonne préparation d’intersaison (natation, vélo et running) donc j’étais en forme et j’avais un bon mental", poursuit le pilote sud-africain de 34 ans. "De mon premier à mon huitième relais, mes chronos se tenaient en 4 dixièmes. J’ai fait mon meilleur temps vers 2h du matin et c’est la performance la plus régulière que j’aie jamais faite. Cette saison est une saison d’apprentissage pour le team afin de se préparer pour l’avenir, mais on a déjà une troisième et une quatrième place sur les deux courses les plus difficiles du calendrier, ce qui nous met en troisième position au championnat. Ce week-end m’a encore plus motivé pour les 8H de Slovaquie !"
"On n'avait pas le rythme pour rouler avec les équipes officielles donc on est resté régulier, sans faire d'erreurs. On termine avec une quatrième place qui nous permet d'être troisième au championnat du monde".
"J'ai eu l'honneur de prendre le départ de cette 42e édition des mythique 24H du Mans… Nous partions en 20ème position. Nous avons connu une petite chute de mon coéquipier qui nous a fait perdre quelques positions, mais hormis ce petit souci nous avons effectué une course sans fautes et sommes remontés petit à petit sur nos concurrents pour terminer à une magnifique 9ème place au classement général et 2ème dans notre catégorie Superstock ! Il faut dédier ce superbe podium à mon équipe dans son ensemble, car nous sommes allés vite sur la piste mais aussi dans les stands où les ravitaillements et la mécanique ont été excellents ! Merci à Yamaha, l'équipe Moto-Ain, mes coéquipiers ainsi que tous mes sponsors pour leur soutien incroyable. Il reste deux courses au championnat et nous devons continuer sur cette belle lancée pour remonter au classement (4ème maintenant) et essayer de remporter cette Coupe du monde ! Encore un grand bravo à mes coéquipiers qui ont tout donné et prochain rendez-vous le 11 mai en Slovaquie !"
"Au terme d'une course passionnante et pleine de défis, nous montons sur le podium ! Nous sommes partis de la 20ème ligne après des séances qualif’ difficiles, bravé la chute du début de course, traversé le petit aléa de ravitaillement de cette nuit et vécu la safety car en fin de course alors que nous nous préparions au ravitaillement. Toute l'équipe a su redoubler d'efforts. Pilotes, mécaniciens, télémétristes, panneauteurs, ravitailleurs, sans oublier les ostéos et l'intendance. Un grand bravo, je suis fier de vous compter tous parmi notre belle famille Moto Ain ! Félicitations !"
"On l'a fait ! On termine les 24H du Mans 30ème place au général et 15ème de la catégorie Superstock ! Je remercie mes coéquipières Mélodie, Melissa et Amandine pour tous les rires, les chronos rapides et l'esprit d'équipe. Merci à Pierre qui nous a donné une moto parfaitement préparée. Merci à tous les mécaniciens pour leur gros travail sur cette course, avec des ravitaillements rapides pour faire le plein, changer les pneus et réparer la moto après ma chute. J'adore ! Je remercie aussi tous ceux qui nous ont aidées sur les pneus, la nourriture, le chronométrage, les blagues, pour nous avoir maintenues éveillées toute la nuit, les boissons, les nettoyages de casques et bien plus... On a passé une super semaine tous ensemble, c'était du boulot mais on a réussi à faire un bon résultat !"
"L'endurance est à peu près le seul sport collectif que j'aime et je suis très fière de mes coéquipières. On a disputé tellement de courses ensemble et elles m'impressionnent toujours. Mélodie Coignard, tu nous as motivées pour donner le meilleur de nous-mêmes en courant les 24H alors que tu étais souffrante. Faire un team "100% féminin" peut être dangereux car on peut facilement tomber dans le piège de "faire le show" autour des filles sans avoir le matériel approprié, mais la moto a toujours été parfaite et sécurisante au sein d'un team fiable. Merci à tous les membres du team : mécanos, kinés, cuisinier, manager, communicants, tout le monde. Merci à tous mes sponsors et à mon mari Josh Hayes pour me soutenir. Et maintenant qu'on a montré plusieurs fois qu'on pouvait finir cette course, continuons à travailler pour terminer encore mieux placées pour récompenser tous ceux qui nous aident".
"Je m’excuse auprès de mon équipe pour cette erreur qui nous fait perdre de nombreux points au championnat, mais tout cela appartient déjà au passé ! Le point positif c’est que la nouvelle moto est vraiment géniale. Rendez-vous en Slovaquie dans trois semaines où on n’aura pas d’autre choix que de gagner !"
"Je suis frustré et déçu évidemment, car ce n’était pas la course qu’on attendait ! Je pense toujours que je n'avais pas assez d'expérience sur cette nouvelle moto. Malheureusement on a chuté, mais on n’a jamais abandonné et on est revenu à la 6ème place avant d’avoir de nouveaux problèmes. J’ai hâte de reprendre le guidon en Slovaquie !
"C’était une course très difficile. Malheureusement on a chuté en début de course et on a dû remonter, mais la nouvelle moto est très bonne et on visera la victoire en Slovaquie"
"Ce n'était pas notre jour : après 10 heures de course, à 1h du matin, on a dû abandonner sur problème technique alors qu'on occupait la troisième position. On a tous beaucoup travaillé pour cette épreuve et on avait assurément le rythme pour finir sur le podium, donc c'est vraiment pas de chance. On a eu des problèmes de grip au début, mais ensuite quand il a fait moins chaud on avait de bonnes sensations et on remontait sur les leaders. Quoi qu'il en soit c'est comme ça, mais je remercie le YART, Yamaha et Bridgestone pour leur travail. On va se concentrer sur la prochaine épreuve au Slovakia Ring, dans seulement deux semaines, où on a de bons souvenirs avec notre victoire l'an dernier".
"J’avais vraiment un bon rythme dans tous mes relais et je me sentais très fort, mais notre course n’a duré que dix heures. L’endurance peut parfois être cruelle ! Il faut maintenant oublier cette déception du Mans et se concentrer sur la prochaine épreuve en Slovaquie, c’est un bon circuit pour nous sur lequel on a gagné l’an dernier".
"Malheureusement notre épreuve au Mans s’est terminée après seulement dix heures de course. La stratégie était de contrôler la course au début puis d’attaquer pendant la nuit. Dans nos dernières heures on était les plus rapides en piste et on visait la victoire, mais on a été obligés d’abandonner avant la mi-course. On va continuer à travailler pour les prochaines courses. L’équipe et mes coéquipiers sont forts et les résultats vont venir".
"Le Mans a été une course difficile pour nous. Il a fait plus chaud que prévu et en début de course on a eu un peu de mal à trouver du grip et on a eu des problèmes de freins. On n’a donc pas été aussi compétitifs que ce qu’on pouvait espérer au vu des qualifications, qui se sont déroulées dans des conditions plus fraîches. On a quand même essayé d’assurer en course afin d’être en mesure de se battre pour le podium à l’arrivée. On était constamment dans le top 4, mais Marvin a fait une petite chute alors qu’il était deuxième. On a réparé la moto et elle ne semblait pas avoir de problèmes, mais elle s’est arrêtée après dix heures de course et on a dû abandonner. Un premier examen a montré que le moteur pouvait avoir souffert de la chute. C’est dommage car l’équipe a fait un boulot fantastique, comme toujours, et les pilotes étaient parmi les trois plus rapides en piste dans toutes les conditions. Mais c’est l’endurance : on peut avoir la meilleure moto et les pilotes les plus rapides, mais il faut aussi avoir un peu de chance. Pas de chance, pas de trophée : c'était notre destin ce week-end au Mans".
"On n'a pas eu la fin espérée et méritée ! Après un mauvais départ, on remonte de la 53ème à la 15ème place (5ème en Superstock) jusqu'à ce qu’une panne nous oblige à abandonner à 4h du matin... Merci à mes coéquipiers et toute l'équipe Le Mans Deux Roues qui ont tout donné et assuré. Remarquable !"
"Je suis disponible pour le reste du championnat du monde d’endurance si une équipe cherche un pilote motivé, qui chute rarement et qui progresse vite. De préférence en EWC".
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