A partir de 5h30 demain lundi 17 mars 2014, pour tenter d'endiguer la vague de pollution " maximale " qui touche plusieurs régions de France depuis la semaine dernière, seuls les véhicules munis de plaques d'immatriculation au numéro impair seront autorisés à circuler à Paris et dans les communues limitrophes de la petite couronne, à l'exception…
A partir de 5h30 demain lundi 17 mars 2014, pour tenter d'endiguer la vague de pollution "maximale" qui touche plusieurs régions de France depuis la semaine dernière, seuls les véhicules munis de plaques d'immatriculation au numéro impair seront autorisés à circuler à Paris et dans les communues limitrophes de la petite couronne, à l'exception de l'A86 : Montrouge, Malakoff, Vanves, Issy-les-Moulineaux, Boulogne-Billancourt, Neuilly-sur-Seine, Levallois-Perret et Clichy (92), Saint-Ouen, Pantin, Le Pré Saint Gervais, Les Lilas, Bagnolet, Montreuil, Aubervilliers et Saint-Denis (93) et Vincennetrs, Saint-Mandé, Charenton-le-Pont, Ivry-sur-Seine, Le Kremlin-Bicêtre et Gentilly (94) .
22 euros, immobilisation du véhicule et mise en fourrière
Dérogations à la mesure de circulation alternée |
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Mardi 18 (jour pair), seuls les véhicules munis de plaques minéralogiques paires pourront circuler si l'alerte à la pollution atmosphérique n'est toujours pas levée. Les transports en commun et le stationnement résidentiel resteront gratuits pendant toute la période de circulation alternée qui touche naturellement les voitures mais aussi, plus curieusement, tous les motos et scooters à partir du moment où ils sont immatriculés.
Cette mesure - "impopulaire mais importante" selon l'expresion du ministre de l'écologie, Philippe Martin - est encadrée par l'arrêté interpréfectoral du 27 octobre 2011 relatif à la procédure d'information et d'alerte du public en cas de pointe de pollution atmosphérique en région d'Ile-de-France.
"Chantage démagogique"
Les contrevenants à la mesure de circulation alternée seront punis de l’amende prévue pour la contravention de 2ème classe (22 euros), assortie d’une mesure d’immobilisation du véhicule éventuellement suivie d’une mise en fourrière, conformément aux dispositions des articles L. 325-1 à L. 325-3 et R. 411-19 du Code de la route.
Le gouvernement affirme qu'il mobilisera "700 policiers" demain pour faire respecter cette circulation alternée, qui a déjà été appliquée une fois en France en 1997.
Comme on pouvait s'en douter, cette mesure de circulation alternée n'est pas du goût de l'association 40 millions d'automobilistes qui dénonce "la pression exercée par Europe écologie les Verts" et "l'amalgame entre pic de pollution et déplacement automobile".
"D'une efficacité contestable, cette mesure se heurte à d’autres problématiques qui la décrédibilisent totalement", s'offusque l'association qui estime que "seule une infime partie du parc automobile français est émettrice de particules fines. En effet, si les véhicules essence ne sont pas concernés, les véhicules diesel mis en circulation après 2005 ne le sont pas non plus".
"Centrales à charbon allemandes et chauffage au bois des pays scandinaves"...
"L'épisode de pollution qui sévit actuellement sur le territoire français est principalement dû aux émissions de particules fines issues des centrales à charbon allemandes et du chauffage au bois des pays scandinaves", estime encore l'association de défense des automobilistes : "emportée par les vents sur le territoire français, cette pollution stagne du fait d'un anticyclone et de la faible force des vents. Rappelons qu'il y a pollution quand les vents viennent du nord et de l'est, jamais avec des vents d'ouest".
PM10, NOx : industrie, trafic routier et chauffage... |
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L'association condamne aussi "la série de dérogations (voir encadré ci-dessus, NDLR) qui réduit quasiment à néant la possibilité de comprendre le dispositif et d'en saisir la portée. L'une d'elles porte sur l'autorisation de circuler dans le cas où trois personnes seraient présentes dans les véhicules : c'est oublier que les Franciliens n'ont pas tous les mêmes horaires de travail"...
L'association d'automobilistes tente logiquement de disculper la voiture en rejetant la faute sur le charbon allemand et les cheminées scandinaves, mais son argumentaire a du mal à tenir la distance face aux mesures réalisées par Airparif en Ile-de-France, qui montrent clairement que les zones de concentration maximale de PM10 se trouvent à proximité immédiate des grands axes de congestion automobile : A1 à Saint-Denis, RN2 à Pantin, Champs-Elysées, Alésia (lire encadré ci-dessous)...
Décrédibilisation ?
Dommage aussi que le président de 40 millions d'automobilistes prenne le risque de se décrédibiliser en feignant de ne pas savoir quel numéro de la plaque doit être pair ou impair : "s'il s'agit du dernier numéro de la plaque d'immatriculation, ce sont donc des départements entiers qui se verront interdits de rouler", fait semblant de s'interroger Daniel Quéro, alors qu'il s'agit naturellement du groupe de chiffres de la plaque et en aucun cas du numéro de département obligatoire sur les anciens modèles...
Enfin concernant les NOx (lire ci-contre), 40 millions d'automobilistes estime que "si les pics de pollution sont aujourd'hui de plus en plus nombreux, c'est que les seuils définis par la loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie (loi LAURE) ont été nettement abaissés, ce qui n'empêche pas le fait qu'en réalité, leur concentration dans l'air ne cesse de diminuer".
Seuil d'alerte largement dépassé sur les Champs-Elysées |
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La candidate UMP à la mairie de Paris, Nathalie Koscisko-Morizet, dénonce de son côté "un cache-misère de l'inaction de l'équipe sortante" PS et demande l'instauration d'une Zone d'action prioritaire pour la qualité de l'air (ZAPA), qui permet notamment à bannir des centres-villes les véhicules les plus anciens.
Quant au premier ministre, tout en se disant "conscient des difficultés que cette mesure risque d'entraîner dans la vie quotidienne des Franciliens", il souligne que "cette mesure supplémentaire est nécessaire" : Jean-Marc Ayrault "fait confiance à l'esprit de responsabilité et de civisme de chacune et de chacun".
Aucun responsable public n'a en revanche jugé bon d'expliquer pourquoi cette restriction de circulation s'appliquait aussi aux motos et scooters, alors qu'ils sont précisément une bonne alternative en cas de pics de pollution : non seulement ils sont très minoritaires par rapport aux voitures, mais ils circulent surtout beaucoup plus facilement sans rester bloqués dans les embouteillages, et se garent immédiatement en arrivant à destination sans faire dix fois le tour du quartier...
Interrogé par MNC, le ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie a même pris la peine de nous faire savoir qu'il ne souhaitait pas répondre à nos questions sur ce sujet.
"Inclure les deux-roues motorisés est stupide"
Pour la Fédération française des motards en colère (FFMC), qui a réagi en fin de journée à l'annonce de cette mesure, "inclure les deux-roues motorisés dans la circulation alternée est stupide".
La circulation alternée n'est pas reconduite mardi 18 mars |
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Se demandant si MM Ayrault et Martin ignorent "qu'il n'y a pas de motos diesel et que les vieux cyclomoteurs à moteur 2T de leur jeunesse ont quasiment disparu du parc roulant actuel", la FFMC rappelle que lors de la seule autre application de la circulation alternée, "en octobre 1997, la ministre de l'environnement de l'époque, Dominique Voynet, avait judicieusement exempté les deux-roues motorisés de cette mesure restrictive"...
"Les deux-roues motorisés représentent pourtant une solution"
Enfin, la Fédération française de motocyclisme (FFM) a publié lundi un communiqué dans lequel elle trouve "regrettable que nul ne rappelle que la qualité de l'air s'est régulièrement améliorée ces dernières décennies à Paris".
La FFM rappelle que "les deux-roues motorisés représentent pourtant une solution dans une ville de Paris déjà largement engorgée par les bouchons quotidiens et avec des transports en commun saturés" et estime qu'avant de "mettre en difficulté les centaines milliers de Parisiens qui ont besoin de leur voiture ou leur moto pour aller travailler, le gouvernement aurait pu prendre le temps de la réflexion d'autant plus que, dès hier, Airparif annonçait une amélioration de la qualité de l'air pour ce lundi, circulation alternée ou non".
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