Plébiscité par la profession, l'airbag électronique sans fil Bering apparaît comme une avancée majeure pour la protection des motards. Interview exclusive d'Olivier de Roaldes (président d'Holding Trophy) sur son premier bilan et réactions des assureurs.
Élu "Produit de l'année" par les visiteurs des Journées professionnelles de la moto et du scooter (lire notre Dossier spécial JPMS 2011), l'airbag électronique Bering a convaincu la majorité des professionnels français de la moto de son action positive en faveur de la protection active en deux-roues (lire MNC du 6 février 2011).
L'airbag électronique Bering |
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En revanche, avec 350 modèles vendus depuis son lancement en novembre 2010, ce gilet airbag sans liaison filaire ne rencontre pas encore la même adhésion auprès des motards et scootéristes (lire notamment MNC du 15 novembre 2010 et l'encadré ci-contre)...
Ce produit high-tech doit encore convaincre les motards de son utilité, sans parler des réactions suscitées par son prix et de l'appréhension qu'engendre sa technologie ultrasophistiquée. Autant dire que la mission n'a rien de simple, comme nous le confirme Olivier de Roaldes, président du groupe Holding Trophy, interviewé par Moto-Net.Com lors des JPMS 2011 (lire notre Dossier spécial JPMS 2011).
Moto-Net.Com : Que vous inspire le prix du "Produit de l'année des JPMS 2011" pour votre airbag électronique Bering ?
Olivier de Roaldes, président du groupe Holding Trophy : C'est évidemment très agréable de voir quatre années de travail récompensées par la profession. Ce prix est encourageant aussi bien pour nous que dans l'axe sécuritaire : cela conforte l'idée qu'il y a une véritable prise de conscience en matière de protection du motard et des progrès à réaliser.
M.N-.C. : L'airbag Bering est en vente depuis novembre 2010. Quel est votre premier bilan commercial ?
O. d. R. : Nous avons vendu environ 350 modèles depuis son lancement : c'est un résultat conforme à nos prévisions et qui conforte nos ambitions d'équiper 1% du parc roulant européen dans le futur, soit entre 120 000 et 150 000 unités.
M.N-.C. : Avez-vous rencontré des problèmes techniques depuis sa commercialisation ?
O.d.R : Dans quelques cas, les diodes d'autodiagnostic se mettent en défaut et restent allumées en rouge au lieu de passer au bleu une fois le "check-up" réalisé. Ce n'est qu'un souci de composant qui doit être résolu cette semaine, car nous travaillons dessus avec le fabricant concerné.
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M.N-.C. : Combien de modèles sont concernés et quelles sont les mesures prises par Bering ?
O.d.R : Ce défaut concerne environ 4% des modèles déjà vendus. Bering a pris position sur le sujet : les intéressés recevront un courrier dans les deux prochains jours pour les informer de la démarche à suivre.
M.N-.C. : Moto-Net.Com a eu vent de cas où l'airbag Bering se serait déclenché intempestivement, sans chute ou perte de contrôle de l'usager qui portait le dispositif : que pouvez-vous répondre à nos lecteurs à ce sujet ?
O.d.R : A ce jour ont été portés à notre connaissance deux cas de déclenchement non relatifs à une chute ou un accident. Ces deux cas ont bien entendu fait l’objet d’une investigation poussée de la part de nos équipes de recherche et développement API (Advanced Protection Industry, NDLR). Grâce à une très bonne coopération des utilisateurs qui nous ont mis à disposition leurs véhicules, nous avons corrigé le problème.
Dans les deux cas, nous avons déterminé un jeu anormal du capteur de perte de contrôle. Tout nouveau cas qui pourrait intervenir sera bien évidemment totalement pris en charge, analysé et corrigé avec le plus grand sérieux des équipes mises à contribution.
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M.N-.C. : Comment expliquez-vous le fait que l'airbag ait autant de difficultés à séduire le motard et le scootériste ?
O.d.R : Il y a tout d'abord la notion de liberté qui entoure la pratique du deux-roues. C'est pourquoi, dès le début de nos études, nous nous sommes dirigés vers un produit autonome et sans liaison filière. Mais il y a aussi un véritable problème de fond : le taux d'équipement de l'usager français n'est, hélas, pas très élevé au regard des usagers du reste de l'Europe. A titre d'exemple, nous estimons qu'en région parisienne, moins de 40% seulement des motards ou des scootéristes portent des gants pendant la période estivale. Dans ces conditions, démocratiser le port d'un produit comme l'airbag n'a rien d'évident... C'est d'ailleurs pourquoi nous pensons que notre airbag va rencontrer un succès plus marqué sur d'autres marchés européens tels que l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Angleterre.
M.N-.C. : Malgré sa généralisation en automobile, l'offre d'airbag moto reste confidentielle et vous êtes le premier manufacturier à proposer un dispositif sans fil. Comment l'expliquez-vous ?
O. d. R. : Les produits concurrents ne sont peut-être pas encore tout à fait au point... Quoiqu'il en soit, nous sommes très contents d'avoir fait "l'intérieur" à Dainese qui planche sur un projet d'airbag sans fil depuis de nombreuses années (lire notamment MNC du 16 octobre 2010, NDLR) ! D'une manière générale, l'offre va s'étoffer et c'est ce qui va concourir à accélérer la démocratisation de ce genre de produit. Enfin, le facteur économique est aussi à prendre en compte : dans notre cas, le budget consacré aux recherches et développements et à la conception de l'airbag Bering nous aurait permis de faire courir Valentino Rossi à nos couleurs pendant quatre ou cinq saisons de Moto GP ! Un tel parti pris sécuritaire prouve à mon sens que lorsque Holding Trophy prône une recherche constante de l'amélioration de la sécurité et de la technologie de ses produits, ce ne sont pas des paroles en l'air ou de simples arguments marketing...
M.N-.C. : L'airbag nécessite l'installation de capteurs sur le deux-roues. Ce processus, rendu complexe par les différences techniques entre chaque véhicule, n'engendre-t-il pas des difficultés ?
O. d. R. : D'une manière générale non, car l'installation est réalisée par des techniciens de Tecno Globe qui sont des professionnels et qui ont du recul dans ce domaine, puisqu'ils installent notamment des alarmes depuis de nombreuses années. Cela leur permet de trouver des solutions lorsqu'il s'agit d'installer les capteurs sur des modèles que nous n'avions pas forcément prévu d'équiper. Récemment, nous avons ainsi installé le dispositif sur deux Voxan et une Harley-Davidson Sportster ! A terme, nous serons évidemment en mesure d'équiper tous les genres et modèles, mais il est vrai que dans un premier temps le processus de pose avait été réfléchi pour les modèles les plus courants et les best-sellers du marché.
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M.N-.C. : Axa Club 14 et la Macif, ainsi que AMV depuis aujourd'hui (lire Page suivante) soutiennent l'airbag Bering en remboursant son remplacement ou sa réparation après une chute. Etes-vous satisfait de l'engagement des assureurs ? Avez-vous des projets avec d'autres assurances ?
O.d.R : D'une manière générale, nous sommes satisfaits de l'accueil du produit par les assureurs, mais je dois reconnaître que j'aimerais que soient mises en place des mesures plus incitatives, comme une augmentation des couvertures de l'assuré s'il fait l'acquisition d'un gilet airbag... Nous sommes actuellement en négociations bien avancées avec Allianz et je me réjouis qu'un assureur généraliste s'intéresse à un produit tel que l'airbag électronique moto.
Face à cette étonnante forme de "frilosité" de la part des assureurs toujours prompts à vouloir réduire les risques, Moto-Net.Com a voulu savoir pourquoi d'autres grands noms de l'assurance moto et scooter ne soutiennent pas l'airbag Bering.
Pourquoi la mise en place de mesures comme une réduction des cotisations d'assurance pour les usagers propriétaires d'un airbag Bering ne sont-elle pas systématisées ?
Enquête auprès de la Mutuelle des Motards, AMV (Assurance Moto Verte) et FMA (France Motos Assurance) en Page suivante.
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