Après onze ans d'absence, le GP des États-Unis fait son grand retour sur le mythique tracé de Laguna Seca en Californie. Les MotoGP s'apprêtent à se livrer bataille sur un circuit technique, éprouvant et impressionnant... Le rêve américain ?
En 1994, l'italien Luca Cadalora sur Yamaha remportait une victoire historique en 500 cc sur le superbe circuit de Laguna Seca : il reste à ce jour le seul pilote non américain à avoir remporté le Grand Prix des États-Unis dans la catégorie reine, même s'il est vrai que depuis, aucune course ne s'y est disputée... Car si les épreuves du championnat de Superbike américain ont eu lieu sans interruption depuis 1976 sur cette piste, les machines du Continental Circus étaient devenues trop puissantes pour continuer à y tourner en toute sécurité.
Onze ans et deux millions de dollars de travaux plus tard, le "Mazda Raceway Laguna Seca" rouvre donc ses portes aux monstres du MotoGP. Les aires de dégagements ont été agrandies, des murets reculés et certains virages remis aux normes. Kenny Roberts Jr, représentant des pilotes auprès de la commission de sécurité, assure que "Laguna est devenu un circuit très sûr". Les as du guidons devraient donc pouvoir s'en donner à coeur joie !
Le tracé : des montagnes russes aux USA !
Les images ne manquent pas quand il s'agit de définir ce circuit hors normes : Ducati qualifie la piste de véritable "rodéo", Yamaha de "montagnes russes", tandis que Checa et Barros s'accordent à la comparer à un terrain de Supercross !
Le circuit comporte en effet des dénivelés extrêmement importants, plusieurs virages en aveugle où il s'agit d'essorer la poignée sans arrières pensées et le fameux "Corkscrew", un virage en "tire-bouchon" qui est sans doute le plus impressionnant de tous et demande aux pilotes une bonne dose de bravoure !
Le dernier GP ayant eu lieu il y a onze ans et le tracé ayant été légèrement retouché, les données historiques sur le GP américain sont bien désuètes... Troy Bayliss prévoit d'ailleurs que "l'actuel record du tour ne tiendra que quinze minutes pendant la première session d'essai !".
La première difficulté pour les pilotes et leurs mécanos sera de gérer la puissance de leur machine sur un circuit bosselé et extrêmement vallonné. Colin Edwards, qui connaît bien le coin, confirme que "ce n'est pas une piste pour moteurs puissants. N'importe quelle moto du plateau aura trop de chevaux pour le tracé, donc le problème n'est pas la puissance". Les pilotes chercheront avant tout à avoir une puissance délivrée de façon linéaire, facilement dosable, afin de s'extirper au mieux des virages tortueux et techniques de Laguna Seca.
De son côté, Valentino Rossi met l'accent sur un deuxième facteur pour le moment inconnu : la qualité du revêtement. Sa Sainteté considère à juste titre qu'il est "important que le grip soit bon et qu'il n'y ait pas trop de bosses, car maintenant les motos sont très, très rapides..." Surtout la sienne !
Born in the USA !
A part la victoire de Cadalora, Laguna Seca a toujours été la chasse gardée des américains : Eddie Lawson en 1988, Wayne Rainey entre 1989 et 1991 puis Kocinski en 1993 (il n'y a pas eu de GP en 1992). Gageons que pour cette édition 2005, la nouvelle génération aura à coeur d'appliquer cette règle non écrite !
Kenny Roberts Jr et John Hopkins sont les deux véritables locaux de l'étape. Les coéquipiers du Team Suzuki, tous deux nés en Californie et habitant non loin du circuit, revêtiront pour l'occasion les couleurs du sponsor titre du GP des USA : la boisson énergisante à base d'hormones de taureau, Red Bull !
Suzuki et son team manager Paul Denning voient l'occasion ou jamais de sortir enfin la tête de l'eau ! Alors que leur dernière victoire en 2000 à Motegi est désormais bien loin, Denning se veut optimiste : "John a réalisé quantité de tours d'essai dans sa tête depuis que la date a été annoncée et Kenny courra aux Etats-Unis pour la première fois depuis qu'il est devenu champion du monde : observez bien sa décoration spéciale de casque !"
A ce sujet, Suzuki ne sera pas la seule écurie à revêtir une déco spéciale à l'occasion de cette étape américaine : Yamaha, qui célèbre ce week-end son 50ème anniversaire, a également décidé de changer de look. La firme, ayant retrouvé son lustre d'antan, ressort ses couleurs des années 70 : le jaune, blanc et noir rendu célèbre notamment par Kenny Roberts Sr alias "Le nain jaune" et ses trois titres mondiaux. Vale ne cache pas le bonheur et la fierté d'arborer ses coloris : "je suis très heureux de courir en jaune, blanc et noir ici aux Etats-Unis, surtout que le jaune est ma couleur préférée !"
Colin Edwards, la Tornade Texane, est donc impatient de courir à domicile, dans les pas de ses maîtres Kenny Roberts, Eddie Lawson ou Wayne Rainey, tous victorieux à Laguna sur Yam' (jaune, blanche et noire !). Colin a effectué la bagatelle de quatorze courses à Laguna Seca, remportant l'une des deux manches Superbike lors de sa dernière saison en 2002. Pour ce cinquantième anniversaire de Yamaha, qui aura lieu parallèlement au Grand Prix ce week-end, le texan ne veut décevoir ni son employeur, ni ses fans !
"Tout les gens que je connais viendront pour la course et je veux gagner, c'est la seule chose à laquelle je pense !" Colin profitera des "quelques trajectoires secrètes, que je ne partagerai avec personne. Elles nécessitent de l'expérience, on ne les retient pas en une nuit"...
Mais la victoire est également convoitée par le quatrième américain du plateau : Nicky Hayden ! Le pilote HRC tarde à confirmer les espoirs légitimes placés en lui, ce qui pourrait lui coûter sa place dès la saison prochaine... Le Kentucky Kid a donc intérêt à briller sur "un circuit que j'adore et me rappelle Jerez". Nicky pourrait bien faire sensation ce week-end : il était troisième cette année à Jerez avant de chuter, et en Superbike américain il a remporté par deux fois l'épreuve de Laguna Seca.
Enfin, si ce Hayden ne parvient pas à offrir une victoire à son public, ses deux jeunes frères s'en chargeront en AMA Superbike, championnat qui remplacera les 125 cc et les 250 cc qui ne font pas partie du voyage. Inscrits tous deux en catégorie Supersport dans le même team Kawasaki, Tommy cherchera à remporter sa troisième victoire à Laguna Seca tandis que Roger Lee visera une deuxième victoire consécutive sur la piste californienne !
Les bizuts
Parmi les pilotes qui débarquent pour la première fois aux USA figure le leader du championnat. Valentino Rossi (si si, c'est lui !) est très content "d'aller en Californie pour le soleil et les jolies filles !", mais ne limite pas la visite à ces futiles considérations ! Le Doctor sait que "c'est une piste étrange avec une première section difficile, ce sera très dur !"
L'italien ne connaît le circuit qu'à travers la télévision et s'est entraîné sur sa Playstation ! Il a donc pu déterminer les points délicats du tracé, "comme le premier gauche après la ligne droite et le Corkscrew". En grand ambassadeur du MotoGP, Rossi "espère que nous pourrons donner aux américains un grand spectacle. Ils aimeront, j'en suis sûr !" Par rapport à Formule 1 à Indianapolis, les MotoGP seront en effet un spectacle largement plus réjouissant !
Marco Melandri s'attend à une "piste surréaliste, bizarre, car elle ne cesse de monter et descendre.(...) Le tout réside dans Corkscrew. On y arrive par un long gauche, suivi d'une plongée sur la droite très serrée. Il faut être courageux car c'est un virage en aveugle"... Marco, qui a consolidé sa deuxième place au provisoire à Assen, devra sortir le grand jeu pour contenir les cow-boys... et le Docteur !
Malgré les nombreux séjours effectués chez son ami Kenny Roberts Jr, Sete Gibernau n'a jamais eu l'occasion de rouler sur le circuit américain. Il a cependant assisté à une course en 1993 et avait été très impressionné par la topologie du lieu et par Corkscrew...
Grande première également pour Makoto Tamada : "mes collègues qui ont roulé ici ont encensé cette piste, considérant que c'est l'une des plus fun au monde", explique le japonais qui a subi une nouvelle opération la semaine dernière et espère qu'il pourra piloter à 100% :"mon objectif est d'améliorer mon résultat final de l'année dernière". Mais avec un début de saison gâché par une mauvaise chute, la mission sera dure !
Les anciens
Vétéran du Continental Circus, Alex Barros fait figure de vieux sage dans les paddocks. Le seul pilote à avoir battu Rossi cette année est également le seul à avoir obtenu un podium en 500 cc (une deuxième place en 1993 !). Le brésilien est "enchanté de retourner sur le circuit de Laguna Seca parce que je l'adore et que je suis désireux de réaliser une bonne course après ma contre-performance d'Assen".
Troy Bayliss, concurrent d'Edwards en Superbike Mondial 2002, a remporté la deuxième manche cette même année. Lui aussi apprécie cette "vraie piste d'homme qui est superbe bien qu'elle soit dangereuse. Du moins, elle l'était". L'australien, habitué aux batailles en milieu de peloton, parviendra-t-il à se hisser parmi les hommes de têtes ?
Loris Capirossi, qui a remporté le GP américain en 1993 en 250 cc, se souvient : "j'ai vraiment aimé la piste avec une 250, mais je ne sais pas ce que ça va donner avec une MotoGP". D'autant que Loris coure sur une Ducati qui préfère les grandes lignes droites et les longs enchaînements, comme au Mugello par exemple... Réputée pour sa puissance moteur, la Ducat' sera délicate à manier sur le circuit californien : "le premier virage est très impressionnant, tout comme la montée sur Corkscrew où il faut utiliser le frein arrière tout en accélérant, afin que la moto ne se cabre pas trop"... Va y avoir du sport !
Son coéquipier Carlos Checa a lui aussi déjà rendu visite à Laguna Seca en 1993 et 1994, également en 250 cc. La deuxième année, il a fini en 7ème position devant plusieurs pilotes usines. Alors que selon la version Ducati Corse officielle, l'espagnol est confiant car sa moto "fonctionne plutôt bien en ce moment", sur son site perso, son discours est tout autre : "je veux sortir du trou dans lequel nous sommes tombés ! Nous sommes dans une passe difficile en ce moment mais Bridgestone, Ducati, mon team et moi-même travaillons tous pour améliorer et obtenir de meilleures performances des pneus"... Finalement, le joker Bridgestone, voué à faire briller la Ducati sur certaines pistes, était-il un bon choix ? La seconde moitié de la saison le dira...
Après un passage éclair à Lisbonne pour tourner une publicité Repsol, Max Biaggi a rejoint la Californie dès le 30 juin, afin de se préparer le mieux possible. L'Empereur romain n'a roulé qu'une fois à Laguna Seca mais il en garde un excellent souvenir. "Je veux vraiment obtenir un bon résultat à ce Grand Prix, je donnerai le meilleur de moi-même... soyez-en sûrs !". Un nouveau podium pour Max ?
Pour résumer, le week-end s'annonce particulièrement explosif : un circuit d'exception, des américains avides de victoire à domicile, des pilotes novices intrigués et excités (dont Rossi, toujours sur sa base de record de nombre de victoires de 2002) et des pilotes expérimentés légèrement avantagés, même si, dans un souci d'équité, la durée de la première séance d'essai du vendredi a été doublée...
Attention : pas de courses 125 et 250 cc ce week-end et avec le décalage horaire, la course MotoGP partira à 23h00 heure française. Rendez-vous dès lundi pour le tour par tour américain de J. Arsouille !
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