Les derniers résultats de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) sur la pollution des deux-roues montrent des progrès significatifs, même si des efforts importants restent à faire pour les émissions de CO2. Bilan.
"Les rejets de polluants des cyclomoteurs et des motocycles sont en baisse et sont désormais proches de ceux des voitures", a annoncé ce matin l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) en présentant les résultats de sa dernière étude.
Rattachée à trois ministères de tutelle (Ecologie, Industrie et Recherche), l'ADEME est un établissement public qui "participe à la mise en oeuvre des politiques publiques dans les domaines de l'environnement, de l'énergie et du développement durable. Elle est active dans cinq domaines : la gestion des déchets, la préservation des sols, l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables, la qualité de l'air et la lutte contre le bruit.
En 2001, la première évaluation de l'ADEME avait montré qu'un cyclo (moins de 50 cc) ou une moto émettait "4 à 10 fois plus de polluants au kilomètre qu'une voiture catalysée". Grâce aux normes européennes imposées aux constructeurs (Euro1 en 2000 et Euro2 en 2004), les deux-roues motorisés de dernière génération ont fait des progrès significatifs et "leurs performances environnementales en matière d'impact sur l’air et la santé se rapprochent désormais de celles des automobiles !", se réjouit Patrick Coroller, responsable de la direction Air, bruit et efficacité énergétique de l'ADEME.
Des résultats encourageants sur la réduction des émissions des polluants...
En raison d'un parc encore majoritairement non catalysé, les contributions des deux-roues aux émissions de monoxyde de carbone (CO) et d'hydrocarbures imbrûlés (HC) représentent respectivement "10 et 13% des émissions totales du secteur des transports individuels, alors que ces véhicules ne représentent que 1% des consommations d'énergie de ce même secteur", note l'ADEME qui mise sur le renouvellement du parc en ville pour "améliorer sensiblement la situation : un scooter mis sur le marché aujourd'hui émet en moyenne 6 fois moins de polluants qu'un scooter de l'année 2000 !"
...mais des progrès restent à faire sur les émissions de CO2
Les émissions de dioxyde de carbone (CO2) des deux-roues neufs restent inférieures à celles des meilleures voitures (50 à 80 g/km pour les cyclomoteurs dépollués et 80 à 100 g/km pour les 125 cm3), mais "les marges de progression demeurent importantes". Les grosses cylindrées jusqu'à 400 cc rejettent quant à elles 115 g de CO2 par kilomètre et 160 g/km pour les 600 et 900 cc, soit un peu plus que les 125. A titre de comparaison, la moyenne des émissions de CO2 des voitures vendues en 2004, toutes gammes confondues, s'élève à 153 g/km.
Contrairement à ce qu'affirme l'ADEME dans l'analyse de ses propres chiffres, la conduisant à recommander le contrôle technique pour les deux-roues, le débridage en lui-même n'augmente que très faiblement les émissions polluantes (hormis le bruit). En revanche, c'est le fait d'enlever carrément le catalyseur qui se traduit par une "très alarmante dégradation des performances environnementales" (multiplication par 3 pour le monoxyde de carbone et par 4 pour les hydrocarbures imbrûlés et l'oxyde d'azote).
Simulation de parcours : Auto Vs 125
A partir de sa base de données de cycles types (nombre d'accélérations, de décélérations, de freinages et vitesses moyennes constatées sur un parcours urbain donné), l'ADEME a également procédé à une extrapolation afin de voir qui de la voiture, du cyclo ou de la 125 polluait le plus en ville. Il s'agit donc bien d'une simulation en laboratoire, pas d'une véritable expérience in situ.
Une fois modélisé le parcours urbain de référence (Etoile - Nation par les quais, soit environ 10 km), les scientifiques de l'ADEME ont calculé le nombre de cycles (accélérations, vitesses, décélérations, etc.) et ont appliqué ces données à des véhicules tournant sur des bancs de puissance à l'UTAC (Union technique de l'automobile, du motocycle et du cycle). "Grâce à des sacs disposés sur les sorties d'échappement, nous avons ensuite pu recueillir et analyser les polluants rejetés", explique Patrick Coroller.
Vitesse | Durée | Co | HC+NOx | CO2 | Conso | ||
Auto |
17 km/h | 35 min | 4,4 g/km | 1,6 g/km | 2,8 g/km | 1,2 l | |
Cyclo | 2T carbu Non catalysé |
25 km/h | 24 min | 200 g/km | 140 g/km | 1,0 g/km | 0,4 l |
2T carbu Catalysé |
6 g/km | 4 g/km | 0,8 g/km | 0,3 l | |||
125 cc | Non catalysé | 25 km/h | 26 min | 165 g/km | 32 g/km | 1,5 g/km | 0,4 l |
Catalysé | 12 g/km | 3 g/km | 1 g/km | 0,4 l |
CO : Monoxyde de carbone
HC : Hydrocarbures imbrûlés
NOx : Oxyde d'azote
CO2 : Dioxyde de carbone (pas directement nocif pour la santé mais contribue à l'effet de serre)
Ces résultats ne prennent toutefois pas en compte le temps de stationnement une fois arrivé à destination, ce qui allongerait certainement la durée moyenne pour les voitures et augmenterait d'autant la quantité de polluants émis pendant le parcours proprement dit.
En outre, l'automobile type retenue pour la simulation était conforme à la norme Euro 3 (contre Euro 1 pour les deux-roues. D'où des résultats un peu faussés. Dommage aussi qu'une moto de grosse cylindrée n'ait pas figuré dans cette extrapolation de parcours urbain.
"Il s'agit simplement d'une première ébauche pour donner des ordres de grandeur ", reconnaît Patrick Coroller interrogé par Moto-Net. "Nous procéderons prochainement à des expérimentations plus poussées sur le terrain, car ce sujet intéresse beaucoup de monde ! Nous aimerions publier les premiers résultats au moment du Mondial. Mais vous avez raison, il faudra compter moins de temps de parcours pour les deux-roues motorisés, car ils se garent plus rapidement une fois arrivés à destination".
Les deux-roues sont une meilleure solution en ville
"En ville, les deux-roues motorisés sont une meilleure solution que la voiture à condition que les progrès enregistrés sur les niveaux de pollution se confirment", conclut M. Coroller. L'un des Khmers verts de la Mairie de Paris aura-t-il la curiosité de mettre son nez dans cette étude de l'ADEME avant la fin du mandat de Bertrand Delanoë ? Suspens...
Enfin pour Hubert Maillard, qui suit de près le dossier pollution des deux-roues à la Fédération française de motocyclisme (FFM), une moto qui se faufile dans les embouteillages à vitesse régulière pollue moins, car "son moteur est sur un cycle continu. Or ce sont les changements de rythmes qui polluent le plus, le moteur n'étant alors plus régulé convenablement". De quoi freiner les ardeurs des mêmes responsables de la voirie parisienne, qui multiplient les feux rouges à tour de bras partout là où une bonne vieille priorité à droite et un rapide coup d'oeil permettaient de conserver une certaine fluidité dans le trafic...
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