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INTERVIEW MNC
Paris, le 1er septembre 2016

Interview Sylvain Guintoli : "mes meilleures années, c'est maintenant !"

Guintoli en WSBK : mes meilleures années, c'est maintenant !

Éjecté du team officiel Yamaha Pata en 2017 au profit du plus jeune Michael van den Mark, Sylvain Guintoli recherche activement un bon guidon - d'Aprilia ? - pour jouer le titre World Superbike. Moto-Net.Com a pu s'entretenir avec le champion 2014...

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C'est officiel : Sylvain Guintoli se retrouve sans guidon pour la saison prochaine. Notre champion du monde WSBK 2014 (162 courses en Superbike au compteur, 41 podiums, 9 victoires, 12 meilleurs tours en course et 4 pole positions) cédera en 2017 le guidon de sa R1 d'usine à Michael van den Mark, champion WSSP 2014 (44 courses en SBK, 8 podiums et 1 pole).

La raison de ce remplacement est limpide : Yamaha tient dorénavant à aligner de jeunes pilotes en World Superbike (lire MNC du 31 août 2016). "Guinters" ne pouvait pas lutter : il a 10 ans de plus que "Magic Michael", son ancien coéquipier chez Honda Ten Kate.

Moto-Net.Com a décidé de revenir avec Sylvain sur ce point - un peu douloureux, mais tout le monde prend de l'âge, même les motards -, et sur d'autres points nettement plus enthousiasmants... Interview.

Moto-Net.Com : Hello Sylvain, tout d'abord, comment vas-tu à 15 jours de la reprise ?
Sylvain Guintoli :
Très bien, nickel. Enfin nickel physiquement, parce qu'en matière de compétition, ça a été long depuis Imola... Ca me démange vraiment de retrouver la piste, la compétition !

Ca me démange vraiment de retrouver la piste, la compétition

MNC : Tu as toutefois tourné à plusieurs reprises sur circuit dernièrement, au guidon d'une R1 stock.
S. G. :
Oui, c'est une moto complètement de route que j'avais et j'en ai profité pour faire quelques tours sur circuit. Je suis allé à Mallory, à Donington... je me suis bien amusé d'ailleurs !

MNC : On a vu ça sur tes vidéos !
S. G. :
(Rires) Oui, c'est sympa. Et puis ça permet de se remettre un peu dans le rythme. Même si ce n'est pas aussi exigeant que les motos de course, c'est l'occasion de se faire plaisir et de reprendre ses marques.

MNC : En termes de ressenti et de performances, comment se distinguent les R1 standard et WSBK ?
S. G. :
La configuration course est plus légère, plus réactive... Les pneus en revanche sont les mêmes car j'utilise des slicks Pirelli. Mais bien évidemment, les performances moteur, suspensions et freins diffèrent. La moto de Superbike est une vraie moto de course. Cela dit, au chrono, il n'y a pas une énorme différence. C'était d'ailleurs sympa de faire l'expérience.

MNC : Tu as mesuré les différences de chronos ?
S. G. :
Ouais. À Silverstone on était à peu près à 7 secondes. Et à Donington, à peu près 6 secondes aussi.

MNC : Parlons de choses encore plus sérieuses : Van den Mark te remplace chez Yamaha en 2017 et le communiqué officiel insiste beaucoup sur la volonté de faire "place aux jeunes"... Ils considèrent que tu es trop vieux pour ces conneries ?
S. G. :
(Rires) Bah écoute, je ne choisis pas les politiques des constructeurs. T'as un Rossi qui est encore très performant en MotoGP alors qu'il est bien plus vieux que moi. T'as un Biaggi qui gagne le titre WSBK à 41 ans, Checa en avait 40. L'âge n'est pas un problème pour moi. Après c'est une question de philosophie. Personnellement, je favoriserais la performance, mais bon, je ne suis pas décisionnaire.

MNC : En termes de performance justement, tu te sens au moins aussi fort qu'en 2014, année de ton titre en WSBK ?
S. G. :
Oui, je considère vraiment que mes meilleures années, en termes de pilotage, c'est maintenant. Effectivement, j'ai fait un petit faux pas avec la blessure à Imola et il m'a fallu du temps pour me remettre comme il faut. Les années Aprilia en Superbike m'ont permis de bien piloter, d'apprendre des tas de choses en travaillant avec un team "Full Factory".

L'âge n'est pas un problème pour moi

MNC : Il t'en reste donc dans la poignée !
S. G. :
Largement ! Avant ma chute cette année, alors que la moto était en développement, j'étais deuxième du classement Superpole et j'étais cinquième au championnat largement devant Lowes. Avec une moto décente, j'étais dans le ton. Mais les absents ont toujours tort, surtout dans notre métier... C'est comme ça, c'est la vie : un coup t'es bien, un autre moins. Mais depuis que je roule, j'ai toujours réussi à bien rebondir. Je suis donc optimiste pour la suite. Je me concentre sur la recherche du meilleur guidon possible.

MNC : Ton ancien coéquipier chez Aprilia, Eugene Laverty, a mis le gant sur une RSV4 officielle préparée par le team Milwaukee. Vu de l'extérieur, cela te semble être une bonne piste ?
S. G. :
Milwaukee a effectivement annoncé officiellement Laverty. Du côté d'Aprilia, il y a une moto qui est performante. Et il y a des équipes qui ont la volonté de l'exploiter.

MNC : La RSV4 a toutefois eu du mal face aux Kawasaki et Ducati dernièrement... Comment l'expliques-tu ?
S. G. :
Lorsque je roulais dessus en 2013 et 2014, la machine était une vraie moto d'usine, gérée par le pole Superbike à Noale. Depuis, les efforts de la marque se sont focalisé sur le MotoGP et la moto n'a pas vraiment progressé. Ils ont obtenu l'homologation en 2015 avec une moto très différente pour se conformer au nouveau règlement. Mais elle reste très compétitive. L'an prochain, Aprilia a la volonté de relancer le développement technique de cette moto.

Aprilia a la volonté de relancer le développement technique de la RSV4

MNC : C'est une volonté qui vient de Piaggio, des hauts responsables ?
S. G. :
Clairement. Il y a donc de grandes chances pour qu'il y ait un nouveau constructeur en bagarre pour le titre l'année prochaine, aux côtés de Kawasaki et Ducati.

MNC : Sinon, on t'a également vu sur l'épreuve de British Superbike le week-end dernier...
S. G. :
Oui, j'étais invité par le championnat et par Pirelli. J'y étais aussi dans le cas où je ne trouve pas de moto compétitive en Mondial Superbike. Or il n'y a pas beaucoup de machines compétitives. Je n'ai pas envie de me retrouver à faire de la figuration en WSBK... Je me suis déjà retrouvé dans cette situation à mes débuts en World Superbike. Mais j'ai ensuite signé chez Aprilia, j'ai gagné le titre. J'ai réalisé mon ascension et je ne veux pas rempiler pour une saison galère.

En ce sens, le BSB m'intéresse car c'est un championnat très relevé et disputé, très populaire ici en Angleterre. À Cadwell là, c'était vraiment impressionnant, il y avait 65 000 spectateurs ! Énorme. C'est un beau championnat, cela faisait longtemps que je n'y étais pas allé et que je voulais y faire un tour. Je voulais me rendre compte sur place. C'est donc une autre possibilité... En fait, je veux aller quelque part où je peux gagner. Sans cela, c'est inutile.

MNC : Et puis il y a peut-être un petit goût d'inachevé aussi ?!
S. G. :
Ah, c'est vrai que ma participation en 2009 avait bien démarré. Mais j'ai été victime d'un "freak accident" comme ils disent ici (l'accident de ouf, NDLR) : je me suis fait coupé en deux pendant le tour de chauffe et ma jambe n'a pas aimé... J'ai mis longtemps, longtemps, longtemps avant de me remettre ! Alors revenir en BSB, pourquoi pas. C'est sûr qu'il existe une hiérarchie dans les championnats. En British Superbike tu ne vas pas pouvoir aller chercher un championnat du monde, mais en tant que pilote, le plus important est de savoir que tu peux te battre pour la victoire. Si ce n'est pas le cas, alors que tu as ça dans le sang, tu n'es pas heureux, tu ne peux pas te dépasser... et éventuellement, tu peux te faire mal parce que ce n'est pas facile à accepter de prendre ton mal en patience et de ne pas pouvoir être devant. Cette année, je me suis fait mordre, ça ne l'a pas fait à Imola, mais maintenant que je suis remis physiquement et je tiens à me concentrer sur un challenge qui me motive !

MNC : Pour conclure, il reste encore quatre manches à disputer cette saison. Tu as des objectifs précis en Superpole où tu excellais en début de saison, puis en course ?
S. G. :
Non pas vraiment. J'ai envie de revenir, terminer le championnat comme il faut, me refaire plaisir sur la moto et...

J'aimerais bien faire quelque chose de spécial à Magny-Cours

MNC : ... et c'est déjà un chouette programme !
S. G. :
Ouais, et il ne faut pas oublier que j'ai été cinq mois sans compétition. Je suis conscient que ça ne va pas être facile. Mais on a des séances d'essais privés programmées la semaine prochaine à Magny-Cours, puis l'épreuve du Lausitzring. Encore deux "roulages" donc avant Magny-Cours où j'aimerais bien faire quelque chose de spécial. Ces quatre dernières années, en huit courses j'ai fait sept podiums dont deux victoires et j'aimerais bien briller devant le public français. Ca me tient à coeur, être performant en France.

MNC : On te suivra de près ! Merci de nous avoir accordé cette interview.
S. G. :
Je t'en prie, merci à vous. A+

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