L'analyse MNC du World Superbike en Australie

L'épreuve d'ouverture du championnat du monde 2016 de Superbike a tenu toutes ses promesses... Le fait qu'elle se déroule à Phillip Island n'y est pas étranger : la météo y est souvent agréable à cette période de l'année (fin de l'été en Australie) et le tracé favorise les pilotes aux "big balls".

En course cependant, les As du guidon ont été contraints de jouer les fins stratèges afin de ne pas pulvériser trop tôt leurs Pirelli. Très exigeant envers les pneumatiques, Phillip Island s'est également montré intransigeant envers les pilotes un peu trop motivés...

Tombés durant les essais, Fabio Menghi (Ducati VFT Team) et Xavi Fores (Ducati Barni) n'ont pas pu s'aligner en course. Même le local de l'étape Josh Hook (Kawasaki Grillini) s'est fait piéger par la piste australienne, tout comme son propre remplaçant Toprak Razgatlioglu - champion STK600 présent sur place avec son mentor Kenan Sofuoglu - d'ailleurs !

À l'inverse, Jonathan Rea a magnifiquement géré ce premier rendez-vous de l'année. Vainqueur de Davies dans la première manche sur un magnifique crochet du gauche - le virage gauche après l'épingle MG -, Rea a doublé la mise en seconde manche, faisant cette fois mordre la poussière au pauvre Gallois.

Cet hiver pourtant, "JR" ne s'était pas montré si impitoyable que cela. Aux essais de Jerez notamment, le champion du monde en titre s'était contenté d'un 7ème meilleur chrono. Mais Jonathan Rea et son chef mécano Pere Riba travaillaient le fond plutôt que la vitesse pure. Ce boulot s'est avéré payant.

Clairvoyant sur la haute nécessité de préserver ses pneus à Phillip Island, "Johnny" a laissé à ses adversaires le soin de d'ouvrir la piste, ou a lui-même imprimé un faux-rythme en tête sauf, bien sûr, dans les tous derniers tours où le Nord-irlandais a dégoupillé ses grenades !

Les victoires de Rea sur ses terres - les terres de sa femme Tatia, originaire de l'île ! - sont d'autant plus retentissantes que Van den Mark (3ème puis 2ème) aura du mal à être aussi fort sur l'ensemble de la saison, que son dauphin Davies (2ème puis 10ème) a chu et que Giugliano (4ème puis 3ème) doit confirmer sa métamorphose.

Constamment sur ses gardes en course, le "Number One" de la discipline a scrupuleusement veillé à ne laisser s'échapper aucun de ses principaux adversaires. Premier sur la liste naturellement : Tom Sykes, son coéquipier au sein du team officiel Kawasaki, dont on attendait un peu plus sur "sa" moto !

Pilote Kawasaki depuis 2010, Sykes est pourtant censé avoir modelé la ZX-10R 2016 en fonction de son style de pilotage. Croisé lors de la présentation presse de la nouvelle Ninja à Sepang, son chef mécano Marcel Duinker confiait à Moto-Net.Com qu'il avait bon espoir de voir "Major Tom" revenir à son plus haut niveau (lire notre Essai MNC de la ZX-10R 2016).

Auteur de la première Superpole de la saison 2016 - la 31ème de sa carrière ! -, le célèbre n°66 n'a malheureusement pas réussi à transformer son essai qualif' quelques heures plus tard en première manche. Et il a également échoué le lendemain...

Les plus grands fans de Sykes objecteront que leur pilote courrait ce week-end sur son pire circuit : 6ème et 4ème en 2015, 7ème et 3ème l'année précédente, deux fois 5ème l'année de son sacre... Phillip Island est la bête noire de Mister Sykes.

Cette année, le champion du monde 2013 a beau avoir mené 4 tours en première manche puis 10 tours en seconde, ses efforts n'ont pas été récompensés. Pas un podium, tout juste un Top 5 samedi. Il repart d'Australie avec 21 points au compteur, soit 29 de moins que Rea. Mais la saison est longue, observe-t-il !

Principal rival de Rea l'an dernier - notamment en fin de saison où il a retardé son titre de quelques semaines ! -, Chaz Davies débutait cette saison avec un handicap : une décevante 9ème place en Superpole, signifiant qu'il devait impérativement réussir ses deux départs.

Heureusement, le pilote n°7 et sa Panigale ont parfaitement décollé de la grille australienne - contrairement à Guintoli et sa R1 en première manche par exemple -, leur évitant de trop se cracher dans les gants et de trop taper dans leurs pneus pour accrocher le bon wagon...