Pour concurrencer un best-seller, le plus simple est de s'en inspirer pour créer une moto similaire mais encore plus performante. Yamaha poursuit cette démarche avec sa nouvelle MT-07, un roadster suffisamment fun pour bousculer la Kawasaki ER-6n ! Duel.
Grâce à sa nouvelle famille "MT", Yamaha se replace sur le segment des roadsters, une catégorie particulièrement cruciale sur le plan commercial, notamment en France. Confortable leader sur le marché français des motos de plus de 125cc, Kawasaki est le plus menacé par cette stratégie de (re)conquête : la sulfureuse MT-09 taille déjà des croupières à la Z800 et la MT-07 débarque avec la ferme intention de déboulonner la référence ER-6n...
Notre duel ER-6n Vs MT-07 en vidéo |
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Conscient que le défi est difficile - l'ER-6 est la meilleure vente moto depuis deux ans en France -, Yamaha ne se lance pas dans la bataille la fleur au fusil : notre prise de contact avec la MT-07 a révélé une moto aux multiples qualités, capable de satisfaire les motards débutants comme de donner le sourire aux plus confirmés.
La nouveauté Yamaha se pose donc comme une arme de destruction massive, susceptible d'atteindre une cible à côté de laquelle sont passés - parfois très près - tous les précédents "missiles" (lire notamment nos essais comparatifs ER-6n Vs CB500F Vs XJ6 et ER-6n Vs Gladius Vs NC700S) !
Cependant si la MT-07 vise juste, c'est aussi parce qu'elle s'est inspirée de son "ennemie" pour calibrer le tir : en comparant les deux motos, certaines similitudes esthétiques et techniques apparaissent immédiatement. A commencer par leur silhouette svelte et leurs dimensions contenues : 2110 mm de long et 770 mm de large pour la Kawa, 2085 et 745 mm pour la Yam'.
Toutes deux bâties autour d'un châssis tubulaire en acier (joliment dédoublé sur l'ER-6), elles emploient le même type de solutions stylistiques "à la mode" : un court silencieux en position basse, des disques de frein à pétales (300 mm à l'avant sur la Kawa contre 282 sur la Yam'), des clignotants blancs et une coque relevée abritant un feu à LED.
Et pour propulser le tout sur le devant de la scène, un bicylindre parallèle de cylindrée similaire (649 cc sur la Verte contre 689 cc sur la Bleue).
A l'arrêt pourtant, plusieurs différences s'observent : régulièrement relookée pour conserver les faveurs d'un public jeune - et plutôt versatile -, l'ER-6n apparaît plus "apprêtée" que la MT-07.
Des caches en plastiques descendent sur sa fourche télescopique (non réglable, comme celle de la Yamaha), de proéminentes écopes encadrent le radiateur, un sabot dissimule une partie des tubulures d'échappements, tandis qu'un petit saut de vent surmonte un phare lui aussi entouré de plastique.
A côté, la Yamaha paraît presque "à poil", dans le pur style roadster "naked", à l'exception des écopes grillagées placées le long de son réservoir. Revers de la médaille : la nouveauté offre au regard tous ses plus beaux attributs... mais aussi ses petites imperfections.
Ainsi, si l'on apprécie le soin apporté par Yamaha à sa présentation - à l'image des carters moteurs bronze finement ciselés, du beau bras oscillant ajouré à droite ou de l'intérieur poli des étriers de frein monoblocs -, il n'en va pas de même à la vue de la partie avant du cadre, sur laquelle un cache n'aurait pas été superflu au niveau des fixations sur le moteur. La finition reste cependant excellente pour une moto à moins de 6000 euros.
Même sentiment positif en détaillant la Kawasaki, qui a bien progressé dans ce domaine au fil des millésimes. Comme sur la Yamaha, quelques fils et certains câbles pourraient être mieux intégrés et des soudures sont parfois un peu "épaisses", mais pas de quoi se mettre la rate au court bouillon ! Surtout si l'on se remémore l'aspect "utilitaires du Pacherkistan" de certains roadsters d'entrée de gamme d'autrefois...
Statique : Yamaha connaît la musique !
En selle, l'écran digital monochrome choisi par Yamaha attire l'attention, puis suscite la satisfaction. Large et lisible (à l'exception des petites graduations du régime moteur), il se révèle extrêmement complet pour la catégorie, plus en tout cas que l'instrumentation mi-analogique, mi-digitale de l'ER-6n, sur laquelle l'indicateur de rapport engagé pointe toujours aux abonnés absents (voir la liste des aspects pratiques et des équipements en avant-dernière page).
Renseignant aussi sur la température du moteur et de l'air, l'instrumentation de la MT-07 se lit d'autant plus naturellement que la distance qui la sépare des yeux est moindre que sur l'ER-6n. Le guidon de la Yamaha, plus étroit (72 cm mesurés contre 74), est en effet installé plus près du buste, sans toutefois exercer de contraintes supplémentaires car son cintre est moins prononcé que celui de la Kawasaki.
Fines de taille et basses de selle (805 mm), les deux rivales jouissent d'une accessibilité remarquable, même pour les plus "courts sur bottes". La MT-07 prend un petit avantage en la matière, car son amortisseur taré plus souple que celui de la Verte s'enfonce de quelques millimètres supplémentaires sous le poids du pilote. Sa selle est de surcroît plus étroite et moins épaisse, ce qui diminue d'autant l'arcade appliquée aux cuisses.
Au détriment toutefois du confort, franchement passable sur la partie avant de l'assise de la Yamaha... Pourvue d'une selle remarquablement confortable pour une moto de ce type, l'ER-6n enfonce le clou en déployant des égards dont la MT-07 est dépourvue : un petit "U" entre dans son coffre (au mieux un bloque-disque pour sa rivale), ses deux leviers sont réglables (uniquement le frein sur la Yam'), tandis que des poignées de maintien et des garnitures en caoutchouc sur les repose-pieds soignent l'accueil du passager.
Dommage que la Kawasaki inflige un repli assez prononcé aux jambes - surtout aux plus grandes - en raison de repose-pieds fixés nettement plus haut et en arrière que sur la MT-07, sinon elle remportait haut le gant cette première confrontation moteur coupé. D'un autre côté, les plus sportifs apprécieront cette ergonomie plus dynamique, gage d'une bonne mobilité sur la moto à l'assaut des petites courbes !
Les esthètes loueront quant à eux la pureté visuelle perçue au guidon de la Yamaha, sur laquelle le contacteur est fixé devant le compteur pour dégager la vue : en se penchant un peu, il est même possible d'entrevoir le bout du pneu de 120 mm de large (même dimension sur la Kawasaki) ! La sensation de compacité dégagée par la moto s'en trouve renforcée, tandis que l'on s'habitude finalement assez vite au fait de mettre le contact "à l'aveugle".
Puis, lorsque les deux cylindres et les huit soupapes du twin vertical de la MT-07 se réveillent sous l'impulsion du démarreur, c'est auprès des mélomanes que la nouveauté Yamaha marque de gros points : rauque et profonde, sa bande-son donne la sensation d'émaner d'une plus grosse cylindrée.
Plus sèche et plus claquante, celle de l'ER-6n martèle moins agréablement les tympans, tandis que des vibrations s'insinuent dès les bas régimes dans les mains et les fesses. Une petite rotation de l'accélérateur de la Yamaha et un râle mécanique assez jouissif s'échappe de son silencieux à partir de 4000 tr/mn : constructeur renommé d'instruments de musique, la marque aux trois diapasons profite une fois encore de son savoir-faire acoustique pour régaler les sens !
Et quant on sait les sommes que déboursent certains motards, jeunes ou moins jeunes, pour troquer leur silencieux d'origine contre un adaptable à la sonorité plus mélodieuse, l'effort de Yamaha apparaît particulièrement pertinent. L'ER-6n accuse le coup, tandis que la MT-07 débute la seconde partie de ce match en roulant des mécaniques...
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CONDITIONS ET PARCOURS |
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POINTS FORTS KAWASAKI ER-6N |
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POINTS FAIBLES KAWASAKI ER-6N |
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POINTS FORTS YAMAHA MT-07 |
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POINTS FAIBLES YAMAHA MT-07 |
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