Avec 10 556 immatriculations en 2013, Suzuki affiche un repli de -13,2% sur le marché moto français. Dominique Li-Pat-Yuen, responsable marketing et communication Suzuki France, établit pour MNC le bilan 2013 et dévoile ses objectifs pour 2014. Interview.
Moto-Net.Com : Que vous inspire l'évolution générale du marché français du motocycle en 2013 ?
Dominique Li-Pat-Yuen, responsable marketing et communication Suzuki France : Malheureusement, 2013 n'a pas été un cru exceptionnel pour l'industrie moto car toujours teinté par la crise économique. Cette crise économique et morale continue de toucher notre coeur de cible qui a perdu du pouvoir d'achat. Il ne faut pas oublier que la clientèle moto n'est pas fortunée dans sa grande majorité et pour beaucoup, l'achat d'une moto entraine des sacrifices et est souvent concurrencé par d'autres biens (voyage, high-tech, voiture). A cela s'est ajouté une période de longs mois pluvieux en début d'année, alors que la saison aurait dû battre son plein. Tous ces facteurs combinés ont fait que la saison 2013 était loin de tenir ses promesses (-13% par rapport 2012) pour espérer renverser la tendance installée depuis ces dernières années. En synthèse : vivement 2014 !
MNC : Quel bilan dressez-vous de votre année en 125, et en gros cubes ?
D. L.-P.-Y. : En 125 cc, le marché continue de décroitre de façon presque exponentielle (-23%). Ce segment réunissant un peu moins de produits "passion", les 125 cc sont davantage soumis à des choix rationnels et normaux en temps de crise. A côté de cela, la formation de 7 heures, aussi légitime soit-elle, représente un frein à la vente par son coût engendré et le temps nécessaire. Suzuki a suivi l'évolution du marché mais a, malgré tout, conservé l'énorme succès de son Burgman 125. Renouvelé en fin d'année dans une nouvelle version 2014, le Burgman 125 a manqué aux concessionnaires entre août et décembre, nous pénalisant ainsi de très nombreuses ventes. Le Burgman 125 faisant partie de nos best-sellers, l'impact sur la performance globale de notre marque a donc été important en 2013.
Heureusement, certains concessionnaires n'ont pas baissé les bras dans cette période de transition de modèle et ont saisi l'opportunité pour dynamiser les ventes de VanVan, ce qui a ravi de nombreux clients. Avec principalement deux modèles (Burgman 125 et VanVan), nous finissons à un peu moins de 5% de PDM. 2014 devrait être meilleur avec l'arrivée du nouveau Burgman.
Sur le marché des gros cubes, la décroissance a été plus contenue avec "seulement" -10%. Toutefois, on peut distinguer deux périodes : le premier trimestre qui a été particulièrement mauvais pour Suzuki, puis le reste de l'année où nous sommes quasiment à l'équilibre. Nos nouveautés et nos opérations événementielles / promotionnelles ont permis de maintenir les volumes.
MNC : Êtes-vous pleinement satisfaits des résultats de vos meilleures ventes : Burgman 125 et 650, GSR750 ?
D. L.-P.-Y. : Concernant le Burgman 125, 2013 était une année de transition car les rumeurs allaient déjà bon train concernant son remplacement, ce qui a pour effet de diminuer les ventes d'un modèle en fin de vie. Malgré cela, les clients sont restés fidèles au modèle et nous avons manqué de stock du millésime 2013 pour attendre la version 2014, ce qui fait que nos concessionnaires ont manqué des ventes durant presque cinq mois. Dans de ce contexte, nous pouvons être satisfaits du "Baby Burgman" qui a eu une fin de vie plutôt honorable.
Pour le Burgman 650, le succès a été au rendez-vous également. La version 2013 arrivée en concession en mars reposait sur une excellente base et bénéficiait déjà d'une forte notoriété. Nous avons atteint nos objectifs sur ce modèle, donc la satisfaction reste entière.
Enfin, sur la GSR750, nous aurions aimé en vendre un peu plus. Nous sommes sur un segment ultra concurrentiel en offre et surtout en prix, où le succès récompense la nouveauté présentant le meilleur rapport design / prix / prestations.
MNC : En comparaison, les performances de vos Gladius, V-Strom 650, Inazuma 250 ou Bandit 1250 semblent en retrait. Comment l'expliquez-vous ?
D. L.-P.-Y. : Concernant la Gladius, nous faisons +31% sur l'année. Je ne crois pas que nous puissions parler de performance en retrait, bien au contraire ! Tout en sachant que nous avons été en rupture de stock à plusieurs reprises. La réforme du permis A2 et les changements opérés sur l'examen du permis de conduire ne sont pas étrangers à l'engouement pour la Gladius. Elle reste une des meilleures motos dans la catégorie des 35 kW grâce à son moteur V-Twin dont le caractère joueur reste intact malgré le bridage.
Au sujet de la V-Strom 650, le marché est très compétitif, autant que la catégorie roadster. Ce segment qui répond tout à fait aux attentes des clients un peu plus âgés - et n'incite pas à une conduite agressive dans un contexte répressif - est l'un des seuls à progresser. Il attire donc tous les constructeurs et entraîne des politiques tarifaires agressives. Ceci a donc certainement atténué les ventes de V-Strom 650 pour sa troisième année de commercialisation. Elle reste néanmoins la deuxième meilleure vente dans ce segment.
Pour l'Inazuma, nous devons reconnaitre que la France n'est pas le marché le plus propice pour les motos de faible cylindrée. Nous sommes sur un marché mature où l'image et les motos à forte valeur ajoutée ont davantage de succès. Alors effectivement, l'Inazuma 250 connait des ventes modérées mais elle se positionne toutefois comme l'une des meilleures ventes dans ce segment. Elle intéresse les motards souhaitant faire leur retour sur une petite moto, ou qui ont besoin d'une deuxième moto pour se déplacer en semaine.
Enfin, la Bandit 1250 a connu une carrière exceptionnelle. Aujourd'hui elle est plus proche de sa fin de cycle produit. Elle garde toutefois un excellent rapport prix / prestation et continue à satisfaire les fans de Bandit.
MNC : Comment s'est comporté le marché de l'occasion ? Quelle importance a-t-il eu cette année au sein de votre réseau ?
D. L.-P.-Y. : En cette période où il était difficile de vendre des motos neuves, nous avons discuté régulièrement avec nos concessionnaires pour les aider à travailler des activités profitables annexes. La vente de véhicules d'occasion en fait partie. Cette activité est de toute façon liée à la vente de véhicules neufs par les opérations de reprise. Pour 2014, nous étudions la possibilité de renforcer les outils existants et de proposer un véritable label Suzuki Occasion.
MNC : D'après vous, vos nouveautés 2013 (Inazuma, Intruder C1500T, Hayabusa ABS, Burgman 650) ont-elles réussi leur première année ?
D. L.-P.-Y. : Pour l'Inazuma, la réponse est positive car dans un marché réduit, nous avions des objectifs de vente raisonnables. L'Intruder C1500T méritait plus de succès, mais je pense que c'est plus en raison d'un manque de notoriété. Autant la M1800R possède une aura très forte par son design et ses performances, autant l'Intruder C1500T n'a pas encore fait sa place. L'Hayabusa reste une moto légendaire. Les ventes générées sont celles que l'on avait prévues, en progression de plus de 12%. Enfin, nous sommes très satisfaits des ventes du Burgman 650 qui a ravi un nombre important d'utilisateurs urbains visant un produit haut de gamme et performant. Nos ventes sont en très forte progression et sont le double de celles de notre principal concurrent.
MNC : Quelle a été la bonne surprise 2013 ?
D. L.-P.-Y. : Le retour annoncé de Suzuki en MotoGP. Même si nous savions que nos ingénieurs travaillaient toujours sur le projet depuis le retrait officiel, il n'était pas certain que notre retour soit confirmé en raison de la crise économique et de la perte de vitesse du marché des sportives. Mais la compétition est dans les gènes de Suzuki et cela s'inscrit dans la stratégie globale de renforcer notre image de marque et de proposer des motos élaborées à fort contenu technologique. Dans cette logique, l'apparition de nouveaux prototypes présentés au salon de Tokyo, Recursion et Extrigger, fut également une vraie surprise. Cela montre que notre service R&D ne s'est pas endormi !
MNC : Quelle a été la moins bonne ?
D. L.-P.-Y. : Cette crise de confiance qui perdure en Europe et surtout une météo exceptionnellement mauvaise sur quasiment toute la première partie de la saison.
MNC : Quel a été selon vous l'événement marquant de l'année 2013 dans le monde du deux-roues ?
D. L.-P.-Y. : En France, le retour du Salon de la moto de Paris a été très important. La majorité des constructeurs a joué le jeu de cet événement qui reste un important pour l'image, capitale pour notre profession et notre marché. Les stands présents étaient très qualitatifs et l'engouement pour ce salon était perceptible, aussi bien chez les visiteurs que chez les professionnels. La moto possède aujourd'hui une image très "sensible" dans les médias généralistes et un événement comme ce salon ne peut que faire du bien au monde du deux-roues.
MNC : Comment vos nouveautés 2014 (V-Strom 1000 et Burgman 125) ont-elles été accueillies par votre réseau et par l'ensemble des motards ?
D. L.-P.-Y. : La V-Strom 1000 était très attendue par le réseau et les clients. Nous manquions dans la gamme d'une moto routière de grosse cylindrée et notamment dans le segment des gros trails. Les concessionnaires attendaient une vraie nouveauté générant du trafic en concession et les clients espéraient une moto confortable et performante, après être passés par des Suzuki plus radicales. L'accueil a été unanimement positif ! Les premiers ont salué la qualité de la V-Strom 1000 et la pertinence du modèle, qui représente un gros potentiel de vente. Les clients ont été conquis par l'excellent rapport prix / prestations et la légitimité de Suzuki à reconquérir ce segment après la précédente génération de V-Strom 1000 largement appréciée (et notre histoire remonte au DR750). Depuis quelques semaines, nous mettons en exposition dans certaines concessions des V-Strom 1000 et les remontées sont excellentes, de même que celles recueillies au salon de Paris.
Pour le Burgman 125, le renouvellement de ce best-seller était également attendu. Le précédent modèle était encore très apprécié et les quelques points à améliorer ont été corrigés sur le modèle 2014, le tout avec un design beaucoup plus moderne. Le bon accueil ressenti dès le mois de décembre devrait encore se confirmer sur la saison prochaine.
MNC : Quelles sont vos bonnes résolutions pour l'année 2014 ?
D. L.-P.-Y. : En termes de vente, nous souhaitons progresser de 3 à 4% sur nos volumes de vente et assurer une quatrième place sur le marché, voire se rapprocher de la troisième. Concernant le réseau, nous allons poursuivre nos efforts pour les soutenir dans leurs affaires au quotidien et nous allons multiplier les actions pour attirer les clients en magasin. Enfin d'un point de vue image et communication, nous allons encore nous rapprocher de nos clients et leur faire vivre la passion de la moto avec Suzuki.
MNC : Quels sont vos grands rendez-vous 2014 ?
D. L.-P.-Y. : Nous relancerons le Suzuki Demo Tour pour faire essayer toute la gamme dans son intégralité. 20 dates s'échelonneront de mi-février à fin juin, quasiment toutes les semaines chez un concessionnaire Suzuki différent. Sur le même modèle, nous continuons aussi le Suzuki MX Demo Tour, d'octobre à mars chez les concessionnaires Diable Jaune pour faire essayer la gamme cross.
Nous continuerons aussi pour la deuxième année la Suzuki Académie : ce stage de pilotage 100% Suzuki encadré par le SERT verra une troisième date au calendrier : 21-22 mars à Lédenon, 19-20 juin au Vigeant et 17-18 juillet à Carole. Dernier rendez-vous, nous préparons pour l'arrivée de la V-Strom 1000, un voyage tout inclus qui sera proposé aux clients désirant rouler dans les paysages africains avec leurs motos. Ce voyage encadré, dont le but sera de se faire plaisir au guidon de sa Suzuki, sera lancé pour la rentrée de septembre, histoire de prolonger les vacances.
D'un point de vue sportif, nous pourrons toujours compter sur le SERT qui remettra son titre en jeu et tentera de décrocher un 14ème titre avec Anthony Delhalle, Vincent Philippe et Erwan Nigon, sans oublier le championnat de France Superbike et Promosport où Suzuki sera très bien représenté. Enfin en motocross, le Team SR défendra notre couleur jaune en championnat de France Elite.
MNC : Pour conclure, qu'a commandé Suzuki France au Père Noël cette année ?
D. L.-P.-Y. : L'arrêt de la crise, une excellente météo, des nouveautés, des victoires et des titres en compétition, des wild cards en MotoGP et encore plus de clients heureux !
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