Avec 6477 immatriculations en 2013, KTM affiche un repli de -2,6% sur le marché moto français. Eric Antunes, président de KTM France, établit pour Moto-Net.Com le bilan 2013 de la marque autrichienne et nous dévoile ses objectifs pour 2014. Interview.
Moto-Net.Com : Que vous inspire l'évolution générale du marché français du motocycle en 2013 ?
Eric Antunes, président de KTM France : Dans un environnement économique compliqué et avec un sentiment d'insécurité de nos clients quant à leur avenir, le marché est conforme à nos prévisions avec une baisse de pratiquement -14%. Le marché enduro racing a encore souffert cette année, ainsi que celui des 125. Cela a imputé nos résultats. Nous finissons à -2,5%, ce qui est satisfaisant au vu de la conjoncture.
MNC : Quel bilan dressez-vous de votre année en 125 et en gros cubes ?
E. A. : Notre 125 Duke ABS, malgré une baisse de -16%, réalise encore plus de 1200 immatriculations et se maintient donc sur le podium (2ème place) juste derrière la Honda CBF. C'est un beau résultat si l'on compare son prix de vente ainsi que le nombre de distributeurs KTM (moitié moins que les deux principaux acteurs du marché).
Concernant les gros cubes, nous sommes réellement satisfaits des ventes de nos nouveautés. 600 unités de notre 1190 Adventure ont trouvé preneur. C'est un résultat légèrement inférieur à nos prévisions mais pleinement satisfaisant, qui place KTM derrière les GS de BMW sur ce segment. L'introduction tardive de notre 390 Duke a pénalisé ses ventes, mais 350 immatriculations en cinq mois laissent augurer une année 2014 très intéressante pour ce modèle. Enfin, la 1290 Super Duke R est un vrai succès : toutes les unités de la première vague sont vendues ou pré-vendues. Cela représente un peu plus de 160 unités sur décembre.
MNC : Êtes-vous pleinement satisfaits des résultats de vos meilleures ventes : vos modèles tout-terrain naturellement, mais aussi vos 125 et 690 Duke, 1190 Adventure et Freeride 350 ?
E. A. : Comme expliqué plus haut, le marché du tout terrain et surtout celui de l'enduro est en régression. Nos clients vieillissent et les jeunes ne se tournent pas naturellement vers cette pratique. Nous avions anticipé cette baisse mais le marché baisse plus que prévu et par conséquent cela devient inquiétant pour le futur de cette discipline. C'est un marché qui va se rétracter autour des 5000 unités et il y a beaucoup d'acteurs. Le cross, quant à lui, reste stable.
Les résultats de notre 125 Duke et de notre 1190 Adventure, nous l'avons vu, sont bons. Pour les modèles 690 Duke et Duke R, nous avons manqué de motos donc nous sommes en léger retrait, mais c'était prévisible au vu des quantités mises sur le marché.
Quant à la gamme Freeride, nous proposons un concept abouti en relation avec la pratique de nos clients. C'est une nouvelle gamme : la 350 4T est dédiée aux amateurs et débutants ou à une pratique soft de l'enduro et la 250 2T est plutôt destinée aux adeptes du franchissement, même si la 350 s'y prête aussi. Cette gamme nous a permis de garder une partie de notre clientèle qui ne voulait plus utiliser nos EXC un peu trop "Ready to Race" pour eux.
MNC : En comparaison, les performances de vos 690SMC, 990 SMT ou RC8 semblent en retrait. Comment l'expliquez-vous ?
E. A. : Ce n'est pas la réalité des chiffres. En effet notre 690 SMC R est depuis des années l'un de nos produits phares. Toutes les unités produites sont vendues. Ainsi en 2013, nous progressons de +6% en immatriculation et nous avons beaucoup de demande de modification pour le nouveau permis A2. Les 990 SMT 2013 étaient les dernières produites. Une quantité limitée à été mise sur le marché et s'est très bien vendue. Il n'en reste plus que quatre en magasin, c'est vous dire ! La RC8 enfin, est un modèle à part sur un segment en perte de vitesse. Ce marché des sportives, je le compare de plus en plus avec le cross. De nombreux clients achètent ces motos uniquement pour faire de la piste car il est devenu dangereux, pour nos permis, de les utiliser sur route ouverte. Pratiquant moi-même la piste, ma RC8 n'a jamais roulé sur route. Et sur les circuits où je me suis rendu, j'ai pu voir quelques RC8 de l'année également. C'est une moto dont on peut encore maîtriser soi-même le pilotage car elle est dépourvue d'électronique de pointe. Pas d'anti-patinage, pas de traction control, mais même ainsi les essais de la presse prouvent qu'elle reste parfaitement exploitable. Nous ne rentrons donc que de petites quantités qui se vendent très bien pour cet usage.
MNC : Comment s'est comporté le marché de l'occasion ? Quelle importance a-t-il eu cette année au sein de votre réseau ?
E. A. : Ce marché, en période de crise, est l'un des plus importants, je pense. Certains de nos distributeurs le travaillent parfaitement et savent l'utiliser pour trouver de nouveaux clients. Pour les réseaux, il demande beaucoup de trésorerie, ce qui est compliqué à gérer en ces temps difficiles. De plus, la concurrence sur le prix est aussi intense que sur le neuf car le client va rechercher le meilleur prix, ce que je conçois. Maintenant, les occasions des réseaux de marque bénéficient la plupart du temps d'une garantie, ce qui n'est pas négligeable et peut valoir l'investissement des quelques centaines d'euros supplémentaires demandés par les professionnels.
MNC : D'après vous, vos modèles 2013 (1190 Adventure, 390 Duke, mais aussi 690 Duke R, ABS sur les 125 et 200 Duke) ont-elles réussi leur première année ?
E. A. : Oui sans conteste. Les détails fournis plus haut l'expliquent ainsi que le dynamisme de notre réseau qui s'est impliqué fortement sur ces lancements.
MNC : Quelle a été la bonne surprise 2013 ?
E. A. : L'accueil de la 1290 Super Duke R par la presse mais également par le public. Ils n'ont pas été déçus lorsqu'ils ont vu la version finale qui était quasi identique au prototype de Milan 2012.
MNC : Quelle a été la moins bonne ?
E. A. : J'avais un peu d'espoir, mais la baisse du marché a été fidèle à nos prévisions. Dans une période telle qu'on la subit actuellement, je pense que les clients devraient se faire plaisir et rouler en moto. Il n'y a rien de tel que de partir rouler une ou deux heures pour oublier le quotidien, surtout si c'est avec une nouvelle monture, qu'elle soit neuve ou d'occasion. Faites l'essai, vous verrez !
MNC : Quel a été selon vous l'événement marquant de l'année 2013 dans le monde du deux-roues ?
E. A. : Personnellement, la disparition de JCO m'a touché. Cela a été une perte pour le monde de la moto en France. Ensuite, le rachat par M. Pierer d'une marque emblématique du tout terrain, Husqvarna, afin de la faire renaître et de lui redonner sa place sur le marché du tout-terrain.
MNC : Comment vos nouveautés 2014 (1290 Super Duke R, RC125, RC200 et RC390) ont-elles été accueillies par votre réseau et par l'ensemble des motards ?
E. A. : Pour la 1290 Super Duke R, je l'ai déjà signalé, le réseau et les clients sont sur la même position : emballés par le produit. Concernant les RC125 et 390 (la 200 étant plutôt destinée aux pays émergents), l'accueil du public au Salon de Paris a été très bon. C'est très positif dans le sens où la majorité des personnes intéressées étaient de jeunes motards ou des motards en devenir.
MNC : Quelles sont vos bonnes résolutions pour l'année 2014 ?
E. A. : Nos objectifs de vente sont réalistes et liés à l'évolution du marché. Nous aurons une progression car nous aurons beaucoup de nouveauté sur 2014, et encore plus sur 2015. KTM développe sa gamme routière et l'avenir s'annonce Orange. Nous allons continuer à aider notre réseau à se développer, surtout sur le marché route qui, en 2014, devrait représenter 50% des ventes de KTM. Notre image et notre communication vont rester conformes à la marque. Nous sommes une marque fun produisant des motos funs. Pas de concessions !
MNC : Quels sont vos grands rendez-vous 2014 ?
E. A. : Pour 2014, nous démarrons sur les chapeaux de roue avec ce Dakar qui s'annonce passionnant au vue de la compétition très ouverte. Trois marques sont potentiellement titrables. Pour la 11ème année consécutive nous organisons le Trophée KTM Motocross. C'est un de nos Trophées fétiches et nous ne l'avons jamais arrêté malgré la crise. Nous lançons également deux nouveaux Trophées :
Bien entendu, nous avons également le Team Enduro avec Antoine Méo en E2 et Christophe Nambotin en E1 qui changent de catégorie, ce qui sera intéressant. Jérémy Joly rejoint l'équipe. Il évoluera aussi dans une nouvelle catégorie : le E3.
MNC : Pour conclure, qu'a commandé KTM France au Père Noël cette année ?
E. A. : Nous espérons un marché qui se stabilise avant de repartir à la hausse. Je pense que c'est le cas de tout le monde. Sinon, je souhaite également à tous les clients de prendre un maximum de plaisir au guidon de leur moto. Nous faisons tous de la moto pour le plaisir que cela nous apporte, et je pense que c'est le plus important.
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