Alors comme ça, la Victory Cross Country Tour serait capable de jeter de l'ombre sur les chromes d'une Harley-Davidson Electra Glide ? MNC fait toute la lumière sur ce défi grâce à un essai de 1300 km en duo sur l'autre custom-tourer américain. Verdict !
"Chéri, tu m'emmènes voir la mer ce week-end sur ta nouvelle moto ?". La question est à peine posée que déjà, votre rutilante Victory Cross Country Tour est sortie du garage. Depuis le temps que l'envie de faire goûter à Madame le confort et le raffinement de cette "autre" moto venue d'Amérique se fait ressentir, pas question de rater le coche !
Ni une, ni deux : quelques effets sont rassemblés puis bouclés à double tour dans l'immense top-case (deux casques intégraux y tiennent aisément) et dans les valises où un sac à dos de taille moyenne trouve sa place au-dessus d'un antivol en U. Avec 155 litres de capacité d'emport (en comptant les deux vide-poches sans serrure placés devant les genoux), cette déclinaison ultra-routière de la Cross Country tord le cou à l'association d'idées "voyages à moto = voyager léger" !
Ravie de pouvoir emporter le superflu en plus de l'essentiel, votre passagère apprécie du bout des doigts le moelleux de son siège surélevé et de l'épais rembourrage recouvrant l'avant du top-case pour former un dossier. L'occasion de découvrir deux interrupteurs sous son assise : moyennement accessibles, surtout avec de gros gants, ces boutons à trois positions ("chaud", "très chaud" et "off") commandent le chauffage de chaque selle. Madame voulait du confort ? Madame est servie !
En connaisseuse, elle note qu'il est possible de faire varier la position longitudinale des marches-pieds (pilote et passager) afin de s'adapter à toutes les morphologies. La présence d'un système d'assistance au freinage - révélée par l'autocollant "ABS" au-dessus du repose-pied passager droit - la tranquillise, tout comme celle de trois prises 12V (une dans la boîte à gants gauche, la deuxième au tableau de bord et la dernière dans le top-case).
Votre dernière balade s'étant achevée par une mémorable dispute causée par un tout aussi inoubliable égarement, la voilà rassurée : cette fois, un GPS sera branché tout au long du trajet ! Et au cas où, deux smartphones équipés d'une application "Cartes et itinéraires" peuvent être mis en charge dans ces espaces totalement étanches. Avec tout ça et le réservoir de 22 litres, pas question de lui faire le coup de la panne sèche en rase campagne !
Sous le charme de cet accueil cinq étoiles et de la douillette protection suggérée par les dimensions "monospace" du pare-brise fixe, votre moitié est toute disposée à écouter un petit descriptif de cette moto commercialisée depuis l'an dernier (lire notre Présentation de la gamme Victory 2012 et notre Point technique détaillé en avant-dernière page)...
"Regarde cet énorme V-twin "Freedom" de 1731 cc, ses magnifiques ailettes polies, ses carters amoureusement chromés et ses longs silencieux en forme de flûte : c'est une véritable oeuvre d'art ! Et laisse-moi te dire qu'avec ses 92 ch et surtout ses 140 Nm de couple, pas besoin de jongler avec sa boîte six vitesses : il reprend sans moufter dès 1500 tr/mn, voire un peu en dessous sur les premiers rapports si on le caresse dans le sens du poil. Puis ça pousse fort de 2000 à 4500 tr/mn".
Moyennement intéressée par toutes ces considérations techniques, Madame acquiesce distraitement pendant que vous lui faites l'éloge du châssis en aluminium et de la superbe et surprenante - pour un custom - fourche inversée. Sans oublier le dispositif de freinage généreusement taillé : avec ses disques de 300 mm, ses étriers 4-pistons à l'avant et ses durits renforcées, la Cross Country Tour ne mégotte pas sur la taille et la qualité des périphériques !
Spéciale ? Non : unique !
A l'instar de tous ceux qui découvrent la Cross Country Tour, son attention est désormais tout entière attirée par les lignes à couper le souffle de cette moto américaine hors normes. Car cette Victory, c'est avant tout un look très marqué, une "gueule" comme on dit. Un savoureux mélange d'arrêtes vives et de courbes délicieusement arrondies, dont l'association forme une passerelle réussie entre les codes stylistiques d'hier et d'aujourd'hui.
Pour son propriétaire, ce coup de crayon original est d'autant plus appréciable qu'il se démarque nettement de celui de sa compatriote et rivale, l'incontournable Harley Davidson Electra Glide. Plutôt que de singer la référence du genre custom, comme le font notamment certains constructeurs japonais, Victory trace intelligemment sa propre voie en direction du "biker" en quête d'alternatives à forte identité.
Coupée en deux par un feu étroit et étiré, la poupe de la Cross Country Tour rappelle l'arrière fuyant de certaines voitures américaines des années 1960. C'est tout juste si l'on se s'attend pas à découvrir des pneus à flancs blancs autour de ses jantes, comme sur la récente Boardwalk ! Les bords des jantes et les contours de la zone évidée des bâtons sont par ailleurs artistiquement polis.
L'ensemble produit un effet "boeuf", tant sur les motards que sur les badauds : tous se tordent le cou pour regarder passer cette moto longue comme un jour sans Budweiser... ou plutôt la regarder "défiler", car avec 2747 mm de long la Cross Country Tour mesure pas moins de 232 mm de plus que l'Electra Glide ! L'empattement n'est pas en reste, puisque 1670 mm séparent les axes des roues de 18 et 16 pouces de l'originaire de Spirit Lake (Iowa) contre "seulement" 1625 mm pour le vaisseau amiral de Milwaukee (Wisconsin).
Et puis, il y a cette "American Touch"... Grâce à sa classe naturelle et à l'attention apportée à l'assemblage de ses matériaux de qualité, la Victory dégage cette impression de robustesse et d'authenticité qui semble l'apanage de la production customs d'outre-Atlantique.
Néanmoins, certains détails de finition chagrinent sur une moto facturée 21 890 euros : la connectique et le passage des gaines vers les commodos devraient être plus soignés, Victory pouvant s'inspirer sur ce point de Harley-Davidson qui camoufle fils, câbles et durits à l'intérieur du guidon. Même constat face au fatras électrique autour de la sonde lambda située derrière le moteur, ainsi que pour les gaines posées un peu à la "va-comme-je-te-pousse" le long du radiateur d'huile...
Enfin, certaines lacunes d'équipements agacent au moment de prendre la route : une valve coudée à l'arrière faciliterait par exemple les vérifications de la pression du pneu. Et si chacun appréciera la présence d'une connexion filaire avec l'installation sono (dans la boîte à gants gauche), les "Androïds" regretteront qu'elle soit uniquement compatible avec un baladeur ou un téléphone Apple !
De même, l'absence d'une d'alarme ou même d'une clé codée n'est pas des plus rassurantes au regard de la convoitise qu'exerce fatalement ce type de moto très haut de gamme. Choisir un stationnement dans une zone "passante" est donc conseillé, tout comme il est impératif de se garer sur une surface plane d'où l'on peut ressortir à la seule force du moteur : malgré une masse qui dépasse les 400 kg avec les pleins, la Cross Country Tour n'est pas équipée de série d'une marche arrière !
Du coup, Madame est mise à contribution pour vous aider reculer la moto de votre voie de garage en légère pente, un effort dont elle se serait bien passée ! C'est décidé : lors de votre prochain passage chez le concessionnaire Victory, vous ferez installer la marche arrière optionnelle, quand bien même l'addition s'élève à 1800 euros pose comprise !
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CONDITIONS ET PARCOURS |
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POINTS FORTS VICTORY CROSS COUNTRY TOUR |
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POINTS FAIBLES VICTORY CROSS COUNTRY TOUR |
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