Essai Yamaha FJR1300 AS 2013 : lifting électronique

Les assistances électroniques comme le contrôle de traction, les cartographies d'injection et les suspensions paramétrables au guidon seraient-elles en passe de devenir pour les motos le pendant du Botox, à savoir un moyen de lisser les "rides" dynamiques et technologiques d'un modèle vieillissant sans intervention "chirurgico-mécanique" lourde et onéreuse ?

En contemplant la liste des évolutions apportées à la nouvelle Yamaha FJR1300 AS (embrayage robotisé), certains observateurs pourraient être tentés de le croire : un contrôle de motricité et deux cartographies d'injection par ci, un régulateur de vitesse et des suspensions à pilotage électronique par là, et voilà un nouveau modèle à moindre frais puisque techniquement très proche du précédent (lire notre Point technique détaillé en pages suivantes et notre Essai MNC du 4 décembre 2006).

Sauf qu'en réalité, le nouvel opus de cette emblématique et appréciée moto routière (17 000 FJR1300 immatriculées en France depuis 2001, dont 3500 pour les marchés administratifs) marque une sensible rupture avec sa devancière. Non seulement esthétiquement, grâce à de subtiles retouches stylistiques, mais aussi - et surtout ! - en termes d'efficacité dynamique et d'agrément de conduite.

Pourtant, vue de profil ou de l'arrière, rien ne ressemble plus à une FJR1300 2012 qu'une FJR1300... 2013 (lire notre Essai MNC de la FJR1300A 2013) ! Les différences les plus frappantes ne sont pas d'ordre visuel, même si un oeil averti remarquera immédiatement le nouveau design des carénages sur lesquels il est possible - comme en 2012 - de régler (sans outils) l'écartement des déflecteurs pour améliorer la protection.

Les formes plus incisives et sportives de ces panneaux latéraux sont mises en valeur par l'adoption d'inédits clignotants à diodes intégrés dans les hauts de carénage. Cette technologie a aussi été retenue sur le nouveau phare avant, dont les optiques étirées en amande sont surlignées d'une rampe de leds. En dessous, les entrées d'air sont redessinées, tant pour améliorer le refroidissement interne que pour moderniser la face avant.

Cette cure de jouvence stylistique très réussie renforce le côté statutaire et cossu de la moto, dont le coup de crayon originel a par ailleurs remarquablement bien vieilli. La qualité de réalisation est à la hauteur de ce tableau flatteur : en "bonne Yamaha", la FJR1300 2013 sort la tête haute d'un examen de détails, à l'exception peut-être des soudures du bâti arrière de son châssis en aluminium.

Au niveau du poste de pilotage, l'apparition d'une foultitude de boutons sur le commodo gauche et d'une nouvelle console de bord très qualitative (mi-analogique, mi-digitale) apporte un vent de modernisme bienvenu. Extrêmement fournie (voir toutes les infos dans notre Fiche technique en dernière page), cette instrumentation reste assez lisible et le défilement des informations se fait au guidon. Deux excellents points !

Cependant, la fonctionnalité n'est pas la qualité première de cet ordinateur de bord... L'écran de droite propose pas moins de quatre affichages différents, auxquels on accède via la touche "Menu" située sur la commodo gauche : le premier permet de faire défiler les infos usuelles (trips, consommations, températures moteur et air, etc.), le second sert à régler les poignées chauffantes, le troisième est réservé à la hauteur de bulle et le quatrième amène aux multiples combinaisons (84 !) proposées par la suspension électronique (lire notre Point technique).

S'ajoutent à cela une commande "Mode" située sur le commodo droit qui permet de choisir entre une cartographie d'injection sportive (S) ou plus progressive (T), les deux palettes servant à monter ou descendre les vitesses au guidon, un bouton pour activer ou désactiver le système de rétrogradage automatique de cette boîte à embrayage robotisé, un autre commandant l'inédit régulateur de vitesse et enfin un interrupteur au tableau de bord pour débrayer le contrôle de traction !

Le tout n'est pas vraiment intuitif, ni très pratique à l'usage : même le staff Yamaha France y a parfois perdu son "franco-japonais" lors d'une démonstration visant à nous familiariser avec toutes ces fonctionnalités...

Nul doute que l'installation de commandes directes vers certaines fonctions les plus couramment utilisées (bulle électrique, suspensions, poignées chauffantes) simplifierait énormément la prise en mains. Et cela éviterait de devoir baisser les yeux vers l'instrumentation pour s'assurer de ne pas être sur le point de toucher aux réglages des suspensions en cherchant à monter ou abaisser le pare-brise…