Michelin ne s'est pas dégonflé pour faire de son Anakee III le pneu préféré des motos de type maxi-trail : le nouveau pneumatique français a été profondément repensé en vue de devenir la référence du segment enduro-route ! Test.
Le succès grandissant des motos de type maxi-trail n'a évidemment pas échappé aux manufacturiers pneumatiques : la BMW R1200GS, référence du genre (lire notre Essai MNC du 24 janvier 2013), totalise à elle seule 30 000 immatriculations dans le monde en 2012. Et 30 000 motos, ça représente un volume logiquement deux fois plus élevé de pneumatiques !
Monte d'origine : une histoire à la gomme ? |
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Outre l'intérêt économique, la mutation des trails d'autrefois en véritables "routières sur échasses" a aussi provoqué une accélération vertigineuse des performances demandées à leurs pneus. Toujours plus puissantes et plus sophistiquées, ces motos requièrent des enveloppes dont le degré de polyvalence doit se montrer à la mesure de leur vaste programme. Ce défi ne pouvait qu'attirer Michelin, tant le manufacturier français place l'innovation et la technicité au coeur de sa stratégie (lire notamment notre Interview MNC d'Hubert Hannezo, DG moto chez Michelin).
Le pneumaticien clermontois s'est donc retroussé les manches et a décidé de faire progresser son vieillissant Anakee II en collaborant avec BMW, l'un des principaux acteurs de la scène maxi-trail avec son incontournable GS.
Débuté il y a trois ans et demi, ce "co-développement" nourrissait deux objectifs pour Michelin : concevoir le nouveau pneu de référence de la catégorie "enduro-route" et s'afficher sur les jantes de l'attendue nouvelle R1200GS 2013 (lire notre Essai MNC du 24 janvier 2013).
Pari gagné selon Michelin, qui annonce fièrement équiper "80%" des R1200GS en première monte et être devenu le "partenaire principal" de BMW sur son nouveau modèle... au nez et à la barbe de Metzeler (lire encadré ci-contre) ?
Une position importante en termes d'image, comme le souligne le Bibendum : "en étant sélectionné pour équiper majoritairement la moto faisant figure de mètre-étalon de la catégorie, Michelin réaffirme son leadership technologique et sa capacité à répondre aux attentes des utilisateurs les plus exigeants".
Anakee III : ce que Michelin promet
Homologué jusqu'à 240 km/h, l'Anakee III n'a plus grand-chose de commun avec son prédécesseur. Comme tous les pneus pour maxi-trails, ses sculptures délaissent le format "pavé" au profit de saignées au dessin assez proche d'un pneu 100% routier. Le taux d'entaillement passe ainsi "de 30 à 20%, explique Michelin.
Cette transformation n'a rien d'étonnant dans la mesure où les trails sont progressivement devenus des motos de route "hautes sur pattes". Les Auvergnats avouent d'ailleurs que l'Anakee III a été "conçu pour un usage routier à 90% et off-road à 10%". Et pour les motards à la recherche d'un pneu capable de sortir des sentiers battus, Michelin propose l'Anakee Wild, déclinaison "off-road" de l'Anakee III, dont le champ d'action couvre à parts égales un usage route et tout-terrain.
Comme sur les nouveaux Pilot Power 3 et Power SuperSport, la ceinture à 0° de l'Anakee 3 est désormais confectionnée en fibres d'aramide, un matériau cinq fois plus léger que l'acier précédemment utilisé pour une résistance équivalente. La carcasse fait appel à du polyester, ce qui lui permettrait d'offrir une rigidité et une force rupture élevée" et "une souplesse en compression pour des capacités d’absorption, sur les bosses comme au freinage", assure Michelin.
A noter que pour satisfaire tous les besoins, le pneumaticien utilise des "nappes carcasses" radiales pour les motos de grosses cylindrées et une structure diagonale pour les trails moins lourds et moins puissants. Toutes les dimensions listées ci-dessous sont disponibles avec ou sans chambre à air.
Grâce à ses nouvelles sculptures - des lamelles taillées en biseau - et à sa carcasse à la fois plus souple et plus rigide (!), Michelin assure que la surface au sol de l'Anakee III serait "10% supérieure au précédent Anakee II" lorsque la moto est inclinée de 30°. Une mise sur l'angle qui demanderait au passage nettement moins d'efforts, puisque la facilité de conduite de l'Anakee III serait supérieure "de 40%" à celle de l'Anakee II.
Enfin, en recourant largement à de la silice dans le mélange de sa gomme, le nouveau pneu clermontois serait largement supérieur à son prédécesseur sur le mouillé. Et surtout, cette nouvelle composition viendrait s'ajouter à ses autres évolutions technologiques pour améliorer une donnée essentielle pour les gros rouleurs : la résistance à l'usure.
Selon des tests commandités par Michelin, l'Anakee III arrière aurait "une longévité supérieure à 20% par rapport à son principal concurrent, le Tourance EXP que Metzeler a remplacé cette année par le Tourance Next (lire notre Essai MNC du 22 mars 2013).
Anakee III : ce que MNC a pu constater
Premier atelier proposé par Michelin à la presse pour montrer les progrès de son Anakee III par rapport à son prédécesseur : un exercice de maniabilité sur un petit circuit sinueux et détrempé, sur lequel la vitesse moyenne n'excède pas 30 km/h.
Chaque journaliste boucle quelques tours de piste avec une R1200GS 2012 (refroidie par air-huile, donc) chaussée en Anakee II, puis répète l'opération avec le même modèle équipé en Anakee III. Le constat est sans appel : alors que le précédent pneu demande de contrebraquer à basse vitesse pour lutter contre une tendance à "tomber", son successeur s'avère bien plus progressif et neutre à la mise sur l'angle.
La différence est telle que l'on pourrait presque croire que les dés sont pipés, comme si les pressions n'étaient pas identiques sur les deux motos... Mais MNC a pu le vérifier, manomètre à l'appui : les pressions étaient exactement les mêmes dans chaque pneu. Ce tour de force a donc été réalisé sans trucage, grâce à des modélisations informatiques et des tests sur le terrain.
Sur la route, l'Anakee III s'est montré à la hauteur des attentes : le pneu français entre rapidement dans sa plage de température optimale et offre un excellent retour d'informations. Déjà remarqué durant notre essai face à son concurrent direct, le Metzeler Tourance Next, son avant vif et précis sublime la maniabilité déjà diabolique de la plupart des gros trails.
L'avant se place facilement en courbe et reste rivé au sol, même lorsque le bitume se fripe : au niveau stabilité, l'Anakee III semble n'avoir de leçons à recevoir de personne ! Enfin, la motricité est au rendez-vous puisque les désormais "traditionnels" contrôles de traction qu'embarquent les maxi-trails ne sont pas mis en marche une seule fois pendant notre boucle d'une centaine de kilomètres.
L'exploit est particulièrement méritoire sur des motos aussi coupleuses qu'une R1200GS 2013 (refroidie par air et eau !), une Yamaha Super Ténéré ou une Triumph Explorer menées tambour battant sur des petites routes sinueuses ! D'autant que notre itinéraire empruntait des zones franchement défoncées et parfois recouvertes de tâches d'humidité -voire de boue - suite aux orages qui s'étaient abattus la veille de notre essai...
En revanche, faute d'avoir pu poser nos roues en dehors du bitume, MNC n'est pas en mesure d'apporter d'indications sur les capacités de l'Anakee III en tout-terrain.
Anakee III : tarifs et dimensions
L'Anakee III est d'ores et déjà disponible dans les points de ventes Michelin, tandis que sa déclinaison tout-terrain, l'Anakee Wild, devrait arrive "mi-2013". Chaque distributeur bénéficiant d'une sensible liberté tarifaire, le prix moyen d'un train ne nous pas été communiqué par Michelin.
Par rapport à l'ancien Anakee II, le prix de l'Anakee III serait toutefois plus cher "de quelques euros", nous a précisé le service marketing et communication du Bibendum.
Dimensions disponibles :
Avant
Arrière
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