Michelin tend un pont entre ses gammes racing et routière avec le nouveau Power SuperSport, un pneu moto qui se destine aux roadsters et aux sportives utilisés à part égale sur route et sur circuit. MNC l'a soumis à l'épreuve de la piste : verdict.
"50% route, 50% piste" : tel est le positionnement du nouveau pneu moto Michelin Power SuperSport, qui se place entre les Power Cup et Slick et le nouveau Pilot Power 3 (voir schéma ci-dessous).
Cette gamme connaît de profonds bouleversements en 2013 puisqu'elle accueille pas moins de six nouveautés : le Pilot Power 3 et le Power SuperSport pour un usage route et piste, l'Anakee III et sa version plus off-road, l'Anakee Wild, pour les maxi-trails, et les Pilot Street et Pilot Street Radial pour les motos de petites et moyennes cylindrées (lire notre Interview MNC d'Hubert Hannezo, DG moto chez Michelin).
Power SuperSport : ce que Michelin promet
Relativement proche techniquement du nouveau Pilot Power 3 (lire notre Essai MNC du 10 avril 2013), le Power SuperSport utilise une carcasse radiale en polyester. Désormais fabriquée en aramides, sa ceinture à 0° offrirait la même résistance que l'acier précédemment utilisé, mais son poids serait "cinq fois plus faible", annonce Michelin.
En raison de la vocation plus sportive du Power SuperSport, la rigidité de cette "ossature" est renforcée par rapport au Pilot Power 3. Logique, puisque les contraintes que peut - et doit ! - supporter ce pneu moto homologué jusqu'à une vitesse de 320 km/h sont nettement plus élevées à l'avant comme à l'arrière.
Grâce à cette rigidité générale supérieure, il est possible d'abaisser fortement la pression dans le cadre d'un usage piste : le Bibendum préconise 2,1 bars à l'avant et 1,7 bar à l'arrière (1,5 bar avec couverture chauffante) contre 2,5 / 2,9 sur route. Par ce biais, l'empreinte au sol du Power SuperSport augmenterait de "52%", selon le pneumaticien clermontois. Et qui dit plus de gomme en contact avec le bitume dit notamment meilleure motricité en sortie de courbes !
En parlant de gomme justement, ce nouveau pneu moto en utilise deux de dureté différentes à l'avant comme à l'arrière. Au centre, le mélange contient beaucoup de silice en vue de réduire le temps de chauffe et d'améliorer les performances sur route ou piste mouillées. Sur les épaules, le matériau majoritaire est le noir de carbone, qui offre un maximum d'adhérence sur le sec.
A l'instar du Pilot Power 3, le Power SuperSport étrenne un nouveau procédé à l'arrière : après le "Two Coumpound Technolgy" (2CT) étrenné par Michelin en GP500 en 1994, puis sur la route en 2005, place à la technologie bi-gomme "2CT+" !
Concrètement, cette solution consiste à introduire une couche de gomme plus dure en dessous de la gomme tendre placée sur les épaules du pneu arrière. Résultat : "un niveau de rigidité plus important en carrossage (sur l'angle, NDLR) et plus de stabilité sur l’angle, en particulier lors de fortes accélérations", assure Michelin.
Le Power SuperSport présente aussi un taux moyen d'entaillement inférieur à celui du Pilot Power 3 (7,5% contre 10%), mais ses rainurages sont "intelligemment" répartis sur toute sa surface : lorsque le pneu est incliné de 30°, le taux d'entaillement monte à 12%, ce qui permet au SuperSport d'évacuer suffisamment d'eau pour éviter de finir sur le béret dès les premières gouttes de pluie !
Cette nouveauté 2013 aux prétentions mi-route mi-piste adopte un profil plus pointu que son "cousin" Pilot Power 3 : à dimensions égales, deux millimètres séparent le point haut des deux pneumatiques (à l'avantage, naturellement, du Power SuperSport).
D'après Michelin, le Power SuperSport y gagnerait en maniabilité, mais surtout en grip sur l'angle puisqu'une plus grande quantité de gomme vient au contact du sol grâce à son format plus "triangulaire".
Enfin, Michelin promet que son Power SuperSport "assure aussi une excellente longévité kilométrique". Selon des tests réalisés par un "organisme indépendant" (Dekra), il serait supérieur à ses principaux rivaux dans ce domaine. Des résultats à prendre toutefois avec précautions, dans la mesure où ces tests sont commandités par... le constructeur lui-même !
Selon les développeurs Michelin interrogés par Moto-Net.Com, l'espérance de vie du Power SuperSport serait "de 10 à 15% inférieure à celle du Pilot Power 3.
Power SuperSport : ce que MNC a pu constater
Découvert aux commandes de la redoutable BMW S1000RR sur le non-moins redoutable circuit de Portimao (Portugal), le Michelin Power SuperSport s'est d'emblée révélé être un excellent compagnon de piste !
Dès les premiers tours du circuit portugais, la précision et l'adhérence offertes par l'avant mettent en confiance et permettent d'entrer en courbe avec beaucoup de vitesse. Neutre, le pneu ne tombe ni ne résiste à la mise sur l'angle : le train avant de la bombe allemande file vers le point de corde en toute sérénité.
Le rythme augmentant, les "lâchers de freins" deviennent plus tardifs et les efforts exercés sur le Power SuperSport s'intensifient, sans que cela ne le fasse broncher à basse et moyenne vitesses. A haute vitesse en revanche, quelques légers mouvements de carcasse commencent à se faire ressentir : rien d'alarmant, simplement un signe indiquant que les limites approchent...
Précisons aussi que l'on parle de très hautes vitesses ! A Portimao, la piste se termine par une énorme droit en descente dont l'on s'éjecte à près de 200 km/h vers la ligne droite des stands : une S1000RR de série accroche un "petit" 280 km/h, juste avant de sauter sur les freins et de plonger plein pot dans un gauche ! Forcément, les contraintes infligées aux pneus ne sont exactement les mêmes que sur le circuit Carole, par exemple.
A l'arrière, la motricité offerte est de taille à faire passer les 193 ch de la BMW au sol... à condition d'abaisser la pression à 1,5 bar ! Au-dessus, le Power SuperSport ne "s'écrase" pas assez en sortie de courbes, au détriment de l'adhérence : plusieurs petites glisses à pleine charge démontreront rapidement l'intérêt de dégonfler un p(n)eu !
Enfin, une ultime session avec l'exceptionnelle Aprilia RSV4 Factory nous permet de mettre en évidence une maniabilité en retrait par rapport à une monte plus racing. La diva italienne demande ainsi sensiblement plus d'efforts pour être basculée de droite à gauche qu'avec ses pneus d'origine, les quasi slicks Pirelli Diablo Supercorsa SP.
Mais cette caractéristique n'empêche pas Michelin d'être actuellement en tractations avec le blason de Noale pour équiper la RSV4 en première monte, ainsi qu'avec BMW pour sa S1000RR HP4 et avec Ducati pour sa 1199 Panigale.
C'est d'ailleurs dans cet objectif que le Bibendum décline son Power SuperSport jusqu'en 200 mm de large à l'arrière, car il s'agit de la dimension d'origine des trois actuelles références du segment des motos hypersportives.
Et sur route, que vaut le nouveau Power SuperSport ? Hélas, impossible pour MNC de répondre à cette question puisque Michelin n'avait pas prévu d'essai routier lors de cette prise de contact, malgré le positionnement 50% route / 50% piste de sa nouveauté. Un positionnement qui laisse d'ailleurs un brin perplexe, car quels sont les motards qui roulent réellement autant sur piste que sur route ?
Power SuperSport : tarifs et dimensions (disponibilité immédiate)
Toujours discret sur la question du prix, Michelin n'a pas souhaité nous communiquer les tarifs du Power SuperSport. Seule indication : selon les responsables interrogés par Moto-Net.Com, il serait "un peu plus cher" que le nouveau Pilot Power 3... dont le tarif n'a pas non plus été communiqué !
Dimensions disponibles :
Avant
Arrière
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