Le professeur Jean-Gustave Padioleau a vu ses crédits de recherche sur les radars automatiques suspendus pour absence d'impartialité, suite à une très intéressante tribune publiée dans Libération en début d'année...
Prof à Dauphine, chercheur à la Maison des sciences de l'homme et spécialiste du "contrôle social" développé par Michel Foucault, Jean-Gustave Padioleau s'intéressait depuis l'an dernier aux radars automatiques. Pas pour savoir s'ils prennent de l'arrière (lire Moto-Net du 14 janvier 2004) ni connaître leurs emplacements (lire Moto-Net du 24 octobre 2003). Mais plutôt pour évaluer leurs implications sociales et tenter de comprendre leur mode de gestion par l'appareil d'Etat.
"Dispositif de pouvoir, les radars représentent un cas d'école de reproduction de l'exception française dans la conduite des grands travaux. Sans enquête parlementaire ni audit, se met en place un complexe de radars au sens du complexe militaro-industriel ou nucléaire, regroupant plusieurs fonctionnaires parisiens-sarkoziens, des entreprises proches des milieux de la défense, des hygiénistes antilibéraux et des soutiens médiatiques quasi subventionnés", pouvait-on notamment lire dans sa tribune intitulée "Radars : la mauvaise solution" et publiée le 6 janvier dans Libération.
Une bouffée d'air frais qui, on s'en doute, n'a pas eu l'heur de plaire aux apôtres du contrôle sanction automatique, retranchés derrière un autoproclamé "consensus national" sur les radars et en l'occurrence bailleurs de fonds du chercheur... Le délégué interministériel à la sécurité routière a donc pris sa plus belle plume pour signifier au directeur de la Maison des sciences de l'homme, Maurice Aymard, la suspension des recherches : "cet article très polémique a détruit les liens de confiance avec les responsables administratifs des actions étudiées", écrit notamment Rémy Heitz, avant d'ajouter que "l'absence d'impartialité de ce texte, souvent peu compréhensible, me paraît interdire la poursuite de ce projet dans des conditions normales de sérénité"...
"Toute l'opération a été menée contre moi par le ministère de l'intérieur", estime le chercheur : "si on veut savoir comment fonctionnent les radars, il faut une commission d'enquête parlementaire sur la mission interministérielle de contrôle sanction automatique et sur le rôle du ministère de l'intérieur dans leur gestion"
En attendant les résultats de la médiation entreprise par la Maison des sciences de l'homme, qui soutient Padioleau, les crédits de recherche sont suspendus depuis 3 mois...
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