La Chambre syndicale internationale de l'automobile et du motocycle (CSIAM) publie les résultats du marché français des deux et trois roues motorisés de toutes cylindrées. Elle dresse le bilan de l'année 2012 et lance ses prévisions pour l'année à venir.
La troisième et dernière conférence "2012" de la CSIAM s'est tenu à Paris la semaine dernière (lire MNC du 13 septembre 2012 : les constructeurs de motocycles font le point avant la rentrée). Moto-Net.Com a assisté à cette nouvelle assemblée dont le but était de dresser le bilan de l'année récemment bouclée et d'émettre une prévision sur l'année 2013...
JCO, le boss |
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Après avoir rendu hommage à Jean-Claude Olivier (lire ci-contre), Thierry Archambault, président délégué de la CSIAM, énonce les résultats 2012 du marché des deux et trois roues - et quatre roues avec les quads ! - à moteur, toutes cylindrées confondues (pour une analyse axée plus précisément sur le marché moto et scooter de "125 cc et plus", voir nos Bilans marché Moto-Net.Com).
"Le marché des deux et trois roues à moteur (et quads, NDLR) a enregistré en 2012 un total de 293 967 immatriculations, en recul de -10,3% par rapport à 2011", observe la CSIAM en pointant à nouveau "des évolutions par segments de marché contrastées".
"Pour les cyclomoteurs de 50 cc, le marché du neuf termine avec un total de 127 243 unités, marquant une baisse de -13,1%", détaille la chambre syndicale. La dégradation est plus grande chez les cyclos à boîte (-20,9%) que chez les scooters qui représentent l'immense majorité des ventes (-12,1%).
Selon Bruno Muller (Peugeot), la baisse observée sur le marché des 50 s'explique - encore et toujours - par "le désintéressement des jeunes, aujourd'hui davantage tournés vers les nouvelles technologies, Internet, jeux vidéo et autres tablettes".
Les 50 cc au point mort
Eric de Seynes (Yamaha-MBK) constate le même phénomène mais tient à endosser sa part de responsabilité dans l'effritement régulier, depuis le milieu des années 90, des ventes de "mobs" : "il faut savoir balayer devant nos portes : Yamaha par exemple a abandonné le 50 à boîte". Pas étonnant dès lors que les ventes de ce segment dégringolent !
"Faute de volumes suffisants, nous ne pouvons renouveler les produits", analyse le chef des Bleus, "et les jeunes sont justement friands de nouveautés : on le voit bien lorsque Apple propose "le dernier" iPhone, qu'il passe du 4S au 5, ils sont comme des dingues !".
Ce renouvellement - même minime, esthétique - n'existe plus sur le segment. "Les ados ne risquent pas de fantasmer sur un 50 cc qui n'a pas bougé depuis 15 ans !", rappelle Eric de Seynes qui regrette de ne pas disposer "de moyens financiers pour soutenir le R&D des 50". Et le cercle vicieux de tourner de plus belle...
Comme Moto-Net.Com, la CSIAM constate que "le marché des 125 cc ne se remet toujours pas de l'imposition de la formation des 7 heures et baisse de -18,9 % après une baisse identique en 2011". La chambre syndicale souligne également "la résistance de l'usage fonctionnel du deux-roues".
2012 et 2011, même(s) combat(s)
"Les motos de 125 cc (- 24,6 %) souffrent plus que les scooters (- 16,9%)", illustre Thierry Archambault. Les superbes scores de la KTM 125 Duke prouvent heureusement que les Français n'ont pas fait une croix sur la 125 "de loisir". D'autres constructeurs prendront-ils l'aspi (inspi !) ?
Chez les gros cubes (cylindrées supérieures à 125 cc), "le marché frôle la stabilité avec une érosion limitée de 1,7 %", indique la CSIAM, soit un résultat lui aussi similaire à 2011. Mais l'année 2012 se démarque : "la moto baisse de 6,4% alors que le scooter progresse formidablement de 36,9 % !"
"Pour la première fois un scooter termine en tête des immatriculations tant en 125cc qu'en plus de 125cc", note parallèlement la CSIAM. La réussite et la progression des maxiscooters n'ont cependant pas grand-chose d'étonnant...
Tout d'abord, Yamaha renouvelait entièrement son bestseller, le Tmax. Ensuite, BMW lançait ses C600Sport et C650GT, tandis que le groupe Piaggio transférait son maxiscooter de l'équipe Gilera (GP800) à celle d'Aprilia (SRV850). Autant de nouveautés qui ont dopés les performances de ce segment. Et cela devrait continuer à l'avenir, cette fois grâce à l'instauration des nouveaux permis moto automatiques européens !
"Au global, on peut noter que la part des machines ayant une cylindrée comprise entre 125 et 750 cc progresse (+5 %), alors que les 750 cc et plus baissent de 8%", observe également la chambre. Le petit doigt de Moto-Net.Com chuchote toutefois à nos lecteurs que l'arrivée de la Kawasaki Z800 devrait freiner cette tendance l'an prochain...
"Enfin, le marché des tricycles (MP3/Quadro) baisse de 5,9 % quand le marché de l'occasion (125cc et plus) résiste bien avec 555 199 immatriculations, perdant seulement 3,4 % par rapport à 2011", ajoute Thierry Archambault.
Reprise en 2014 ? |
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"Au travers de ces chiffres annuels, on ne peut que constater l'impact météo défavorable durant toute l'année (par rapport à 2011), l'érosion du pouvoir d'achat général qui soutient l'activité VO au détriment du VN, la bonne résistance du scooter et de l'usage fonctionnel du deux-roues motorisé, synthétise le vice-président de la CSIAM.
"Confirmant ses précédentes analyses, la chambre syndicale prévoit une année 2013 encore tendue pour le secteur deux-roues à moteur, compte tenu de la faible croissance économique attendue et du fort recul du pouvoir d'achat des ménages", conclut la CSIAM.
Un rapide tour de table des responsables de filiales française en témoigne : Triumph s'attend à une baisse du marché des "+ de 125" comprise entre -5 et -10%, Kawasaki table sur -2 ou -3% et Piaggio sur du -3 à -5% sur l'ensemble des marchés "125 et plus".
Le directeur de Yamaha évoque la même tendance : "entre -2 et -5%, sachant qu'il existe une grosse incertitude en ce qui concerne le 125... Nous sommes habitués au phénomène de cycle : les ventes d'occasion étaient très actives mais ce marché aussi s'essouffle, car on trouve de moins en moins de bonnes affaires, de véhicules pas trop chers avec un faible kilométrage".
Après cinq années consécutives de baisse, le marché du neuf pourrait-il redémarrer ? "C'est loin d'être évident... Il y a eu une rupture dans le rythme avec des -20% successifs. Peut-être nous faudrait-il réfléchir à de nouvelles offres ?". Innover pour vendre ? Piaggio a démontré, via ses MP3 LT, que cela peut parfaitement fonctionner..
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