Cela fait moins d'un an que Norton a été racheté par un anglais et rapatrié près de Donington Park, et déjà la marque propose une nouvelle version de sa Commando et réinvestit le Tourist Trophy. Norton rêverait-il - secrètement - d'imiter Triumph ?!
Il y a 111 ans, James "Pa" Norton créait à Birmingham son atelier de fabrication de pièces détachées pour bicyclettes... Très vite - en 1902 -, il se met à assembler ses premières motos : il utilise au début des moteurs français ou suisses mais fabrique dès 1908 ses propres monocylindres.
Or un an plus tôt, la marque Norton s'illustre déjà en compétition : Rem Fowler remporte le prestigieux Tourist Trophy de l'Ile de Man en catégorie Twin aux commandes d'une Norton mue par un moteur Peugeot ! Une victoire qui sera la première d'une longue série.
Parmi les grandes réussites de Norton figure incontestablement la Manx : la marque obtient grâce à elle - et à son fameux cadre Featherbed, le "lit de plumes" parent du double berceau - le titre mondial des constructeurs en GP 500 en 1950 avant de rafler les deux années suivantes avec Geoff Duke pas moins de trois titres pilote : deux en 350 cc et un en 500 cc !
Une autre Norton marque également son temps : la Commando. Pour preuve irréfutable, sa présence - en version 850 cc - dans la BD culte Joe Bar Team. L'anglaise est au début des années 70 une sacrée référence, et ce malgré sa boite "doublement" inversée : sélecteur au pied droit, première en haut et le reste en bas... Sacrés anglais !
Mais à la même période débarquent dans nos rues des japonaises. Ces dernières mettent à mal les européennes, anglaises en tête... Malgré les efforts consentis outre-manche - le gouvernement fondera Norton Villiers Triumph en 1973 ! -, Norton disparait de la circulation en 1978.
La Commando 961 SE
Et voilà qu'en 2009, Norton tente un come-back via, justement, la fameuse Commando... Initié depuis une quinzaine d'années par l'américain Kenny Dreer et sa société Vintage Rebuilds basée dans l'Oregon, le retour du célèbre bicylindre parallèle monté sur le cadre Isolastic se précise...
L'an dernier, la marque Norton est rachetée par l'homme d'affaire anglais Stuart Garner - déjà à la tête de la section Racing de Norton -, ce qui permet son retour en Angleterre, du côté de Donington Park dans de nouveaux locaux de 1 400 m2.
Aussitôt, les anglais reprennent à leur compte le projet américain de Commando 961 et dévoilent en juin dernier leur Commando 961 SE - pour Special Edition of course - qui doit faire office de tremplin pour la marque...
"Lorsque nous aurons produit et vendu ces 200 motos, Norton produira un modèle standard de Commando", promettait, à l'occasion de la présentation de sa nouveauté, le directeur général de la marque 100% british.
Or aujourd'hui - alors que le début de la production des Commando "spéciales" "est prévu fin septembre", confirme le boss à Moto-Net.com -, les anglais ont bon espoir de lancer une Commando "de base" au printemps 2010 !
Pour appâter le chaland, la SE se pare donc de sérieux atouts : bicylindre en ligne à refroidissement à air de 961 cc développant - mine de rien - 80 chevaux à 6 500 tr/min et 90 Nm (1 300 tours plus tôt), cadre tubulaire en acier suspendu sur des éléments Öhlins, jantes BST en fibres de carbone, freins Brembo série Or...
Pour un frenchie, la facture devrait s'élever "à 14 999 €, plus les taxes et les frais d'envoi et de mise en route",nous avertit le constructeur.
Un joli pactole en somme, mais force est de constater que tout ces éléments s'assemblent à merveille. Le coloris noir et or de la bête accentue quant à lui son style épuré, caractéristique des Seventies.
On apprécie également la beauté des carters, la discrétion des pots - en photo du moins car "pour de vrai" moteur allumé ça reste à... entendre! - et la capitulation des britanniques en ce qui concerne les commandes aux pieds : le frein arrière est enfin à droite, le sélecteur à gauche !
Cette moto marquera-t-elle le début de la résurrection pour Norton ? Verra-t-on prochainement des Commando mais aussi des Manx, Atlas ou Dominator "version XXIème siècle" concurrencer les Bonneville, Speed ou Street Triple, Tiger ou Thunderbird de Triumph ?
Stuart Garner y croit fermement : "notre marque bénéficie d'une force et d'une valeur incroyables, nous allons affirmer notre statut de nouveaux propriétaires de cette marque mondialement connue et assurer à l'avenir un programme solide pour nos partenaires".
"Beaucoup de concessionnaires en France sont intéressés", signale d'ailleurs à Moto-Net.Com le DG de Norton, "et certains ont déjà versé des avances à l'usine pour distribuer la moto une fois que tout sera en place".
Malheureusement, il n'y en aura pas pour tout le monde : "produire 200 motos pour le marché mondial signifie que chaque pays bénéficiera d'un nombre très limité de motos", nous signale Stuart Garner, "pour vous donner une idée de la demande, nos concessionnaires américains auraient voulu importer les 200 pour eux-seuls !".
Parallèlement, Norton entend également capitaliser sur son image sportive et renoue déjà avec la compétition de haut niveau grâce à sa NRV588, digne héritière de la RCW588 des années 90...
Battre Honda au TT !
Conçue dès 2006 par Brian Crighton - "Lord Compétition" chez Norton - , la NRV dispose des mêmes technologies de pointe que ces concurrentes : injection électronique, choix de cartographies moteur, contrôle de la traction, ride-by-wire...
L'anglaise se différencie toutefois - ou naturellement - des autres pistardes par son moteur rotatif de 588 cc (et de 170 chevaux à 11 500 tr/min !) ainsi que par un système d'admission plus avancé encore que ceux présents sur les Yamaha ou MV Agusta, puisque la hauteur de cornets varie progressivement et sur une plus grande distance (pour les curieux, lire notamment sur le site officiel Norton l'essai d'Alan Cathcart).
Autant dire que la Norton NRV 588 pilotée par Michael Dunlop - le neuveu du regretté Joey - a fait crépiter les flashes des spectateurs à sa sortie des stands lors du tout dernier Tourist Trophy de l'Ile de Man ! La bombe anglaise en a profité pour dépasser les 250 km/h en ligne droite mais n'a malheureusement pas pu disputer la finale de la catégorie Senior...
"En raison de l'annulation de la dernière séance qualif', nous n'avons pas pu poster de chrono et l'organisation ne nous a pas laissé courir, ce qui est à la fois compréhensible et très frustrant", regrette la marque, de retour sur le TT après 16 ans d'absence.
Pour les responsables, cette aventure demeure satisfaisante : "nous avons beaucoup appris de cet événement, Norton a obtenu 19 victoires en Senior TT et Honda en compte autant avec leur victoire aujourd'hui ", notait soigneusement Norton... qui fera tout son possible pour décrocher une 20ème couronne avant le géant japonais !
"Pour la saison 2010 ? Norton courra aux NW200, au TT de l'Ile de Man et au Ulster GP avec Michael Dunlop", nous avertit Stuart Garner... To be continued !
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