Confirmant des rumeurs de plus en plus insistantes au fil des mois, l'organisateur du Salon de la moto et du scooter prévu à Paris en octobre 2009, vient d'annoncer officiellement son report sur fond de crise... Explications et réactions.
C'est désormais officiel : le Salon de la moto et du scooter est reporté à l'automne 2010.
Face à la morosité économique, mais aussi au désengagement de nombreux constructeurs, les organisateurs du Mondial - AMC Promotion et son nouveau partenaire PHA Claude Michy -, ont en effet été contraints de gagner du temps pour pouvoir "maintenir les standards de qualité", une décision inédite dans l'histoire du Mondial.
Aucune date précise n'est encore annoncée, mais selon toute vraisemblance, le Salon de la moto et du scooter pourrait avoir lieu en octobre 2010 dans le cadre du Mondial de l'automobile, également organisé tous les deux ans par AMC Promotion à la Porte de Versailles, ou être couplé au Salon du cycle, organisé tous les ans au même endroit et par la même entité.
Depuis cet hiver, la rumeur enflait progressivement : Honda, Yamaha, BMW et Harley-Davidson tardaient à remettre leur dossier d'inscription à l'organisateur et malgré tous les changements prévus pour cette édition 2009 - parfois à la demande de ces mêmes constructeurs - (lire Moto-Net.Com du 2 décembre 2008), le Mondial du deux-roues commençait à se dégonfler comme une baudruche...
Lundi dernier encore, une réunion a eu lieu entre les organisateurs, les deux chambres syndicales et "la plupart des constructeurs"... "On a tout essayé mais on n'a pas trouvé de solution pour maintenir le salon", explique ce matin Thierry Hesse, patron d'AMC Promotion. "On rebondit de manière volontaire et positive", prévient-il, reportant ainsi le salon de la moto à l'automne 2010 - les dates ne sont pas encore fixées - tandis que le Salon du Cycle lui, est maintenu en 2009 à son rythme annuel.
Chez les constructeurs, principaux exposants - et donc financeurs
- du Salon, deux clans se sont formés : d'un côté les inscrits, déçus de devoir remanier leurs plans presque au dernier moment (Peugeot, Suzuki, Triumph, Piaggio et ses cinq marques...), et de l'autre les non inscrits (Honda, Yamaha, BMW, Harley-Davidson) qui invoquent des difficultés économiques réelles pour justifier leurs décision, sans pour autant accepter de porter le chapeau de cette annulation inédite dans l'histoire du Mondial depuis qu'il existe sous cette forme.
Un point revient néanmoins fréquemment : le coût pour les exposants d'un salon national d'envergure internationale, qui serait trop élevé par rapport aux retombées qu'il entraîne. A tel point que selon Thierry Hesse, "Honda, Yamaha et Suzuki ne participeront pas à Milan"...
Frappé par la crise, Honda refuse de porter le chapeau...
Honda, notamment traînait - plus ou moins discrètement - à confirmer son inscription au Salon du deux-roues de Paris, prévu à la Porte de Versailles du 1er au 8 octobre 2009. Pour certains observateurs du milieu français de la moto, cette hésitation du premier constructeur mondial aurait même été à l'origine du sentiment d'incertitude qui entoure le salon depuis la fin 2008 : si Honda et d'autres grands acteurs du marché ne se donnent pas la peine de venir au Salon, quel est l'intérêt d'y participer pour des constructeurs plus modestes ?
En réalité, il semble que les plus petits constructeurs aient davantage à craindre d'un tel report : "certains d'entre eux comptaient véritablement sur le Salon pour booster leur chiffre d'affaires 2009", indique Thierry Hesse. Selon nos informations, Daniel Rivière, patron de Peugeot Motocycles et président de la Chambre syndicale nationale du motocycle (CSNM) - également membre du comité d'organisation du Mondial avec la Chambre syndicale internationale de l'automobile et du motocycle (CSIAM) présidée par Thierry Archambault et les constructeurs -, serait pour le moins déçu, pour ne pas dire dégoûté...
Pour autant, Honda refuse de porter la responsabilité de l'annulation du salon, affirmant que l'organisation et la qualité de "feu" le Mondial de Paris n'est pas à remettre en cause : il s'agit simplement d'une réaction logique suite à une situation économique très délicate. Dans le même temps, Honda France annonce que les recherches et les nouveaux modèles ne sont pas remisés aux placards et que la commercialisation de la Fury en Europe est souhaitée pour fin 2009. Surtout, Honda France nous a confirmé que la présentation du fameux V4 - équipant très probablement une nouvelle VFR - est prévue pour le premier trimestre 2010 !
"A l'origine, notre venue au Salon de la moto et du scooter était programmée et budgétée, et la décision finale de ne pas s'y rendre est entièrement imputable à la crise qui frappe le secteur de la moto, mais surtout de l'auto, depuis l'automne dernier", explique à Moto-Net.Com Sébastien Pernel, responsable presse de Honda France.
"Devant l'ampleur de la crise, les dirigeants au Japon ont tout simplement décidé de réduire les dépenses du groupe aux secteurs essentiels : ainsi, nous nous sommes retirés de la F1, certaines usines ont temporairement fermé leurs portes et des lancements presses et des événements (les Honda Days notamment, NDLR) ont été annulés. Mais Honda continue d'avancer et poursuit ses activités de recherche et développement. D'ailleurs, il était initialement prévu que la Fury soit présentée au Salon de Paris et il est très probable que notre futur V4 aurait été lui aussi dévoilé à cette occasion".
Déception chez Suzuki
Chez Suzuki, la déception de ne pas pouvoir présenter les nouveautés 2010 lors d'un événement aussi attendu que le Mondial est largement palpable. Inscrit officiellement parmi les participants, Suzuki - comme les autres constructeurs tenant à exposer cette année - s'est vu contraint d'y renoncer lorsqu'il est apparu, lors d'une réunion avec les organisateurs ce lundi, que plusieurs grandes marques ne viendraient pas au Mondial.
"Comment pouvait-on continuer à défendre le Salon, alors que deux des principaux constructeurs japonais, un important constructeur européen et un américain annoncent qu'ils ne seront pas de la partie ?", regrette Pierre-Laurent Feriti, responsable de la communication Suzuki France. "Dans ces conditions, il devenait impossible de justifier un billet d'entrée à 12 € aux visiteurs pour un "demi-salon". Mais il n'en reste pas moins que c'est fort dommage de rater cette occasion de présenter la moto en France sous son plus beau jour..."
Déçu, Suzuki s'avoue aussi inquiet quand à l'avenir du salon français, bien que la possibilité de réunir l'événement avec le salon de l'automobile soit envisagée : "ce n'est pour l'instant qu'une idée qui n'a pas encore reçu l'approbation de tous", tempère Pierre-Laurent Feriti.
Chez Kawasaki comme chez Yamaha, aucun commentaire particulier n'est à ce jour délivré : les deux nippons attendaient le message officiel délivré ce matin par la CSIAM (Chambre syndicale internationale de l'automobile et du motocycle) pour s'exprimer officiellement sur la question. Pour autant, si la marque aux trois diapasons faisait officieusement partie des constructeurs ne souhaitant pas se rendre au salon, Kawasaki était bel et bien inscrit sur les listes de l'organisateur...
Pas d'inquiétude chez Kawasaki
Or, vu le succès des Z750 et de la saga Er-6n en France, les Verts n'ont-ils pas également beaucoup à perdre si les futurs acquéreurs ne peuvent pas venir admirer les nouveautés 2010 ? "Je ne le pense pas", affirme Maurice de Rochefort pour Kawasaki France : "la plupart des nouveautés sont régulièrement dévoilées avant le Salon et même s'il est regrettable que nos clients ne puissent pas venir toucher et admirer nos motos de près, il n'est pas évident que l'absence de Salon génère de gros manques en termes de communication".
Kawasaki vient par ailleurs d'annoncer officiellement son absence au 41ème Tokyo Motor Show, le célèbre salon japonais. De quoi s'inquiéter sérieusement sur l'avenir de beaucoup de manifestations prévues cette année...
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