Depuis le milieu des années 90, Ducati Monster et Triumph Speed Triple marient avec brio une forte identité visuelle à un moteur gros comme ça ! Un essai comparatif entre le nouveau 1100 rital et le dernier millésime du 3-pattes anglais s'imposait...
La Speed Triple "victime" |
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A l'origine du gros roadster sportif en 1993, le Monster est l'oeuvre de Miguel Galluzzi : à l'époque, "il Mostro" fait rentrer au chausse-pied le moteur de la sportive 851 dans un cadre - treillis tubulaire bien sûr ! - chipé à la 900 SS. Rigide, épurée au maximum et demandant une sacrée poigne pour en tirer toute la quintessence, la plus célèbre des motos du constructeur de Borgo Panigale défriche alors une voie inconnue jusque-là.
La recette a naturellement suscité immédiatement de nombreux coups de coeur, soulignant avec maestria que l'essentiel de la moto peut se résumer en trois points fondamentaux : une gueule ravageuse, une partie cycle saine et joueuse et un moteur vivant pourvoyeur de - grosses - sensations !
Oubliez les aspects pratiques, les bonnes manières et le confort : le roadster Ducat' s'en balance depuis maintenant 16 ans et malgré une refonte totale en 2009 (lire Moto-Net.Com du 29 septembre 2008), la philosophie reste intacte et le mythe préservé...
Un patrimoine riche et parsemé de coups de pied au cul que la Rouge partage avec une autre européenne, elle aussi parmi les précurseurs du genre : la Triumph Speed Triple et son délectable trois-cylindres ! Colée à l'aspi de l'italienne depuis 1994, l'anglaise vise le même segment que sa rivale : le roadster sportif, sans compromis mais tellement jouissif !
Reprenant à l'époque le moteur de 885 cc, le châssis, les roues, la suspension et les freins de la Daytona 900, l'usine à sensations d'Hinckley ne donne pas dans la demi mesure ou le consensus mou : la bête est faite pour l'arsouille et n'a de cesse de se bonifier au fil des ans, tout en conservant sa ligne ravageuse et dépouillée. Essayée par nos soins lors de sa profonde refonte de 2005 (lire Moto-Net.Com du 21 avril 2005), la Speed Trip' semblait alors au sommet de son art et ne pêchait que par quelques détails, comme une place passager "spéciale divorce" et un total mépris pour le confort.
Réactifs, les ingénieurs anglais ont peaufiné leur bébé en 2008, mais le trois-pattes conserve bien entendu cet aspect compact et ramassé sur lui-même, largement mis en valeur par la magnifique teinte noire de notre moto d'essai ! Quelques menus changements esthétiques attirent l'attention, comme les écopes de radiateur et les jantes redessinées, le guidon en aluminium conique, les boucliers thermiques en inox poli recouvrant les nouveaux échappements à section ovale, le feu arrière et le support de plaque affinés, tout comme le nouveau dessin de la boucle arrière qui améliore - un peu - le sort du passager...
Côté moteur, Triumph a reconduit son fameux trois-cylindres en l'état : cubant 1050 cc, il développe 132 ch (106 en France) et 105 Nm de couple à 7 500 tr/mn. Rien de tel pour tracter avec conviction les 189 kg à sec de la moto ! Le cadre tubulaire en alu ultra rigide - allié à des suspensions Showa réglables - conserve les mêmes mensurations compactes (23,5° d'angle de chasse et 1429 mm d'empattement, soit des valeurs proches d'une sportive !), mais adopte désormais des étriers radiaux Brembo qui pincent des disques flottants de 320 mm. Bien finie, l'anglaise ne fait aucune faute de goût, hormis quelques soudures du cadre qui participent cependant à son aspect brut de fonderie !
A ses côtés, la Ducati 1100 Monster suit du coin de l'oeil cet examen minutieux avec une légère pointe d'angoisse... La Speed Triple place en effet la barre très haut en termes de finition, un aspect sur lequel l'italienne a souvent fait preuve de négligence... Colliers Rizlans fixant à même le cadre treillis des câbles moches, réseau électrique mal - voire pas du tout - camouflé : la saga Monster a fréquemment attiré les foudres des esthètes !
Conservant le célèbre bicylindre en L refroidi par air à quatre soupapes à commande Desmodromique, le 1100 Monster sort 95 ch et 103 Nm de couple à 6000 tr/mn. Son look s'inspire très largement du M 696 (lire notre Essai Moto-Net.Com du 14 novembre 2008) et le 1100 incarne désormais le sommet de la gamme Monster : les plus sportifs devront se tourner vers la bestiale Streetfighter qui remplace la série S4 (lire Moto-Net.Com du 6 novembre 2008) !
Les Italiens ont profité de la grosse mutation de leur best seller pour soigner les détails : très sexy dans sa robe grise que souligne - avec plus ou moins de bonheur selon les goûts - la teinte rouge vif du célèbre cadre en acier, la Ducat' fait tourner les têtes et affiche une très belle qualité de réalisation. Les jantes en alliage sont magnifiques à regarder, tout comme l'impressionnante fourche de 43 mm et les étriers Brembo à fixation radiale ! Seule une oxydation marquée de l'échappement et du ressort de frein arrière, ainsi que quelques inesthétiques fiches électriques apparentes, ont suscité notre courroux !
Comme sur la cadette 696, on retrouve un réservoir très fin à sa base - 15 litres seulement ! - et recouvert de deux parties en plastique : moins noble pour les puristes, cette composition permet cependant de limiter le prix de la casse et de personnaliser sa monture grâce à l'inédite campagne Monster Art et les treize choix de coloris proposés par le configurateur Colour Therapy sur www.monster.ducati.com !
Contrairement à la Speed Triple, la 1100 Monster se dote d'un court saut de vent qui abrite un compteur complet et entièrement digital : actionnable par le commodo gauche, il regroupe un trip total, l'heure, un ampèremètre, un compte-tours, la température moteur, la vitesse, un shift light et les témoins usuels.
Lisible bien que peu intuitive au début, la planche de bord italienne rivalise d'informations avec celle de la Speed Triple : inchangé par rapport au précédent modèle, le tableau de bord de la Triumph offre un magnifique compte-tours analogique et deux cadrans numériques. Si la vitesse - défilant sous le compte-tours - manque de lisibilité en roulant et que la manipulation des petits boutons n'est pas toujours des plus évidentes avec des gants, la quantité de fonctions délivrées par les cadrans donne le tournis !
On trouve ainsi pêle-mêle un totalisateur, un pratique trip journalier, un shift light (passant du vert au rouge lorsqu'on atteint le régime désiré), une jauge de température moteur, un trip de vitesse moyenne et maximum, la consommation moyenne et instantanée, le kilométrage avant le prochain plein d'essence et une horloge ! Largement de quoi s'occuper en patientant au feu rouge, tout en maugréant contre l'absence de warning, le rayon de braquage bien trop conséquent, la selle aussi haute (815 mm) que ferme et cette satanée béquille placée sous le sélecteur !
De son côté, la Ducati se marre en faisant profiter son pilote de son extrême finesse qui permet de poser aisément les deux pieds au sol, malgré une hauteur de selle de 810 mm ! Pourtant, en ville, la 1100 Monster n'a pas de quoi pavoiser : son embrayage hydraulique est un poil dur, les warnings sont aux abonnés absents et le béquillage est tout aussi délicat...
En outre, si son rayon de braquage est légèrement inférieur à celui de l'anglaise, les rétros chiadés de la Ducati raccrochent ceux des voitures, tandis que le bi renâcle en dessous de 3 000 tr/mn. Sans parler de l'ensemble Brembo qui manque de vous faire perdre l'avant au moindre freinage réflexe sur une surface un peu traître, tant son mordant se montre excessif en début de course !
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CONDITIONS ET PARCOURS | ||
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POINTS FORTS DUCATI 1100 MONSTER | ||
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POINTS FORTS TRIUMPH SPEED TRIPLE | ||
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POINTS FAIBLES DUCATI 1100 MONSTER | ||
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POINTS FAIBLES TRIUMPH SPEED TRIPLE | ||
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