Devenus motards chevronnés au guidon de leurs 125, nos deux p'tits jeunes partis à la découverte de l'Amérique latine alternent paysages paradisiaques, routes défoncées, chiens méchants et galères météo... 7ème épisode : du Far West à la Planète Mars !
Jeudi 26 février
La mythique route 40 s'offre à nous de bon matin... Nous sommes à 200 km au sud d'El Calafate, en Patagonie intérieure, tout au sud de l'Argentine... En deux mots, la Ruta Cuarenta longe la chaîne des Andes : appelée aussi la Panaméricaine, elle est au voyageur routard ce que Milan est à la mode ! Véritable sanctuaire, elle reste cependant assez difficile même si le pavimiento (revêtement) est de plus en plus présent sur certains tronçons.
On l'attendait depuis longtemps cette fameuse route, tant pour ses paysages que pour sa piste et son côté désertique ! On avale tranquillement les 100 km de pistes en travaillant notre équilibre sur nos motos, afin de gagner en vitesse et en sérénité.
On prend un malin plaisir à suivre les traces et un moyen plaisir à s'en créer dans les parties plus caillouteuses, où la roue arrière fait des va-et-vient tel un cheval non dompté rêvant de faire chuter son cavalier !
Nous arrivons finalement entiers à El Calafate, ville extrêmement touristique en raison de la proximité du glacier Perito Moreno, patrimoine de l'Unesco et mondialement connu pour sa démesure...
En tant que voyageurs à petit budget, nous demandons au propriétaire d'une estancia (ferme) s'il est possible de planter notre tente dans son champ : le brave homme n'y voit aucun problème et nous indique un endroit fort sympathique d'apparence, sauf qu'il a oublié d'en référer à ses chiens... De type très féroces et plutôt agressifs, ceux-ci nous valent une valeureuse course poursuite pour Hubert parti chercher de l'eau... et une nuit blanche pour tous les deux !
Les deux molosses grincent des dents toute la nuit, et nous on cherche désespérément le sommeil... De plus, nous devons dormir à la belle étoile sous une table, mais ne nous demandez pas pourquoi, c'est compliqué... Le réveil très matinal renforce l'agressivité des chiens, à tel point qu'on se retrouve sur la route vite fait bien fait, mais en sécurité !
Direction el Perito Moreno, gigantesque masse glacière de 14 km de long et 55 m de haut, l'un des glaciers les plus mobiles et les plus accessibles de la planète (son avancée peut aller jusqu'à 2 m par jour). Nous restons béats devant cette masse pendant deux heures en regardant la chute de morceaux de glace et ses bruits retentissants...
Vendredi 27 février
Le lendemain, on reprend notre chère Ruta 40 et ses caillasses désagréables pour les fesses, puis nous pénétrons dans une partie très désertique aux villes fantômes... Deux voitures croisées en une matinée, des pompes à essences rarissimes, quelques ravitaillements dans les peu d'estancias sur la route, mais un paysage incroyable avec à l'horizon les Andes et le désert à perte de vue !
A Ushuaia, Adams, un motard anglais en voyage depuis deux ans à travers le monde, nous avait conseillé une route valant le détour pour rejoindre le Chili et la Carretera austral. Ni une ni deux, on tourne à gauche sur la RN41, suivant ses indications : route étroite et sinueuse, à tel point qu'au début on se demande bien où on va...
Mais au bout de quelques kilomètres, ça devient magique : le paysage est fabuleux, on longe des lacs turquoises et on change constamment d'ambiance : du Far West on débarque sur la planète Mars en passant par la Corse et la Grèce... On a l'impression de tout visiter en une centaine de kilomètres mémorables, avec des petits arrêts pour un saut de chaîne (notre premier arrêt dit "mécanique" !)
Fin de cet instant de bonheur, moment "Nutella" comme diraient certains, et passage de la frontera chilienne à Chile Chico : on cherche à rejoindre la carretera... La route que nous empruntons, el Paso las LLaves (le passage des clés), est particulièrement impressionnante et assez effrayante : virages en épingle, graviers et précipices vertigineux... Un bon shoot d'adrénaline et une pause déjeuner paradisiaque sur une plage en graviers splendide : on passe en mode Seychelles...
Dimanche 1er mars
On est parti pour remonter la Carretera austral, l'une des plus belles routes du continent sur le papier et fruit de la volonté du dictateur Pinochet, qui voulait relier le sud de la Patagonie au reste du pays. Il fit donc construire une route de 1200 km longeant la cordillère, nécessitant dix ans de travaux selon le Lonely.
Très excitante sur le papier, la beauté de cette route est effectivement incroyable. Elle emprunte le parc national Queulat et on a l'impression d'être dans une forêt tropicale, du bonheur plein les yeux ! 600 km de pistes au programme et certains tronçons étant en travaux (le goudron arrive bientôt...), la conduite est d'autant plus sportive. Boue, pluie, poussière, cailloux, sable, nids de poules ou plutôt de dinosaures...
On a droit à tout, ce qui nous oblige à acquérir une peau de mouton pour calmer les douleurs de nos derrières et un apprentissage de la conduite enduro façon Dakar... La piste n'a plus de secret pour Bornes in America !
Mercredi 3 mars
Pluie battante pour notre dernier jour de Carretera austral... Mais en motards chevronnés que nous sommes quasiment devenus, ça ne nous effraie pas : une accalmie et c'est parti ! Trois heures plus tard, on arrive à notre étape complètement trempés de la tête aux pieds. Quant à nos valises, n'en parlons même pas : les huiles se sont répandues partout dans les top-cases... On est pas prêt de le refaire !
Encore merci à Adriana et Victor, deux chiliens qui nous ont accueilli chez eux. On a redécoré leur maison avec toutes nos affaires façon Tucano Urbano, et l'attention d'Adriana nous a rappelé nos chères mamans...
Direction maintenant Bariloche pour ses chocolats... et Mendoza pour ses vins ! A suivre dans le prochain épisode de Bornes in America... Restez connectés !
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