Suscitant curiosité et admiration, le projet de Jean-François Robert et de Yann Bakonyi est arrivé à son terme : concevoir de toutes pièces la moto la plus efficace et surtout la plus légère possible pour aller taquiner les gros bi en Top Twin !
A l'origine de ce défi un peu fou, l'expérience et le talent de Jean-François Robert, véritable sorcier de la mécanique moto, convaincu de la supériorité d'une moto légère et exploitable sur une grosse cylindrée certes plus puissante, mais aussi plus lourde et moins maniable...
Combien ça coûte de créer une moto ? |
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La chasse aux bourrelets superflus !
Passionné et persévérant, l'homme crée Tucson en 1994 et parvient - malgré des moyens limités - à concevoir et à faire rouler des motos aussi légères qu'audacieuses technologiquement comme la Véloce, un proto de 170 kg propulsé par un moteur de Suzuki SV !
Pour pousser sa démarche à son paroxysme, cet ancien ingénieur lance le projet Superleggera BT 5.50 au printemps dernier (lire Moto-Net.Com du 23 avril 2008) : une moto 100% originale élaborée autour du bicylindre en V à 77° de l’Aprilia 550 SXV (lire notre Essai Moto-Net.Com du 22 janvier 2008).
Véritable défi technologique et sportif, cette fine lame dessinée par Yann Bakonyi ne devra pas excéder le quintal et défendra le bien fondé de son concept à travers le championnat Top Twin, des courses réservées aux bicylindres pouvant cuber jusqu'à 1200 cc ! Tablant sur la vitesse de passage en courbe supérieures et la traînée aérodynamique moindre de sa création pour pallier une puissance plus de deux fois inférieure à des Ducati 1098, KTM RC 8 et autres Buell 1125 R (lire notre Essai Moto-Net.Com du 24 avril 2008), Jean-François Robert a su séduire des partenaires techniques de renom pour monter son projet (lire encadré) et débuter sa chasse aux grammes superflus...
Une fiche technique salivante
Côté moteur, Tucson s’avoue enchanté du soutien et de la réactivité d'Aprilia : "jamais nous n’avions eu une telle aide de la part d’un constructeur à ce jour !", concède Jean-François Robert au vu des performances et du poids mesuré du bi Aprilia. Pesant seulement 33,6 kg avec les corps d'injection, le bloc de 549 cc est ainsi arrivé muni d'arbres à cames VDB, d'un shifter, d'une ligne d'échappement titane, d'un embrayage à limiteur de couple STM et d'une batterie minimaliste de 2,3 Ah.
Comme sur la Véloce, la boîte à air est située juste au-dessus du moteur et se voit alimentée par une prise d'air dynamique directe, grâce à l'absence de colonne de direction. Un réservoir en aluminium autoporteur en position centrale fait office de support de selle, un choix technique qui permet "à la fois d’éliminer la boucle arrière du cadre et de mieux centrer les masses", explique le constructeur.
Un point fondamental dans la réalisation du concept : non seulement la moto doit être la plus légère possible, mais sa répartition des masses a fait l'objet de longues heures de réflexion pour octroyer à la BT 5.50 une facilité de pilotage et une efficacité optimum. Ainsi, l'axe de bras oscillant passe directement dans la fonderie du V2, comme sur les Ducati de MotoGP : un gain de poids certain, mais aussi un bon moyen d'allonger au maximum le bras oscillant - pour gagner en motricité - sans augmenter un empattement que Tucson annonce à 1300 mm seulement !
Réalisé par Technitubes, le châssis ne mesure que 22 cm dans sa partie haute et ne pèse que... 4,1 kg ! Son efficacité est secondée par des suspensions Paioli tout droit sorties des paddocks de Grands-Prix : la fourche est de type pressurisée et ne pèse que 5,3 kg sans les tés, des éléments que Tucson a fait usiner et annonce à 500 g pièce. L'amortisseur provient du même fournisseur et possède une plage de réglages étendue, mais surtout son corps en aluminium permet là encore de contenir sa masse en dessous des 3 kg !
L'habillage complet est signé Artytech et pèse moins de 3 kg sans l'imposante bulle qui promet une protection du haut du corps digne d'une machine de GP ! Une comparaison opportune, puisque la BT 5.50 ne pèserait que 96 à 97 kg (avec huile, eau et un peu d'essence) dont plus de 50% répartis sur l'avant : une mesure à confirmer "officiellement" mais que l'on peut d'ores et déjà rapprocher des 98 kg de l'Aprilia 250 officielle d'Alvaro Bautista !
Enfin, pour freiner les ardeurs de cette minuscule machine (Tucson précise que de nombreux motards l'ont comparée à une 50 cc !), le fabricant Beringer fournit un ensemble mono disque en fonte de dernière génération pincé par un étrier radial, dont le poids total (hors disque arrière, liquide de frein et durits) est de seulement 3,99 kg ! Un dispositif a priori suffisant pour stopper la BT 5.50, dont la vitesse de pointe est tout de même estimée à près de 250 km/h !
La moto étant désormais achevée, l'étape suivante consiste à rôder amoureusement le moteur Aprilia avant d'entamer les séances de roulage pour définir les premières bases de réglages. Quoiqu'il en soit, le travail et la ténacité de l'équipe forcent d'ores et déjà le respect et l'on se prend à rêver de voir cette Tucson tourner autour des gros twin la saison prochaine... Restez connectés !
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