Premier pilote à inscrire deux fois son nom au sommet de la hiérarchie mondiale Supersport, Sébastien Charpentier n'aura jamais été épargné par le destin... Mais le pilote est fort et l'homme est un têtu de première espèce... Portrait.
Sébastien Charpentier est le premier pilote à inscrire deux fois son nom au sommet de la hiérarchie mondiale Supersport. Deux titres consécutifs pour un garçon qui n'aura jamais été épargné par le destin. Mais le pilote est fort et l'homme est un têtu de la première espèce...
Double champion du monde Supersport, Sébastien Charpentier est devenu avec les années un véritable carnassier. Assoiffé de victoires et de titres, il ne laisse sa part à personne et sa confiance en ses capacités n'a d'égal que le professionnalisme dont il a su au fil des courses se doter.
Loin des tensions qui entourent le sport français, Charpentier s'est construit seul à la force du poignet. Et pour cela, il a dû s'expatrier : c'est auprès du team néerlandais Ten Kate qu'il trouve depuis deux ans la mesure de son talent et de ses exigences. Un team de pointe en Supersport qui a remporté avec Sébastien son cinquième titre mondial d'affilée en 2006. Une structure qui possède l'entier soutien de Honda Europe sur les terres du Supersport et du Superbike.
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Ce même championnat Superbike qui pourrait bien voir débarquer le français en 2008 sur la nouvelle CBR 1000 RR... Mais Sébastien n'est pas homme à griller les étapes et il se dessine devant lui une saison Supersport 2007 bien difficile...
En point de mire, un troisième titre mondial avec la toute nouvelle CBR 600 RR qu'il développe en compagnie de son coéquipier turc Kenan Sofuoglu. Un coéquipier en forme de menace, qui pourrait bien être le plus gros obstacle de Sébastien sur la route du titre en 2007...
Avant de coiffer sa première couronne mondiale en Supersport en 2005, Sébastien Charpentier n'avait gagné, à bien y réfléchir, qu'un seul championnat : la CB 500 Cup en 1996. Des débuts très prometteurs au coeur d'une catégorie âprement disputée, suivis d'une cascade de blessures et de désillusions...
La première partie de sa carrière est en forme de montagnes russes. Le pilote charentais se cherche, il a du mal à trouver la voie de la sérénité et de la stabilité. Son goût pour le quatre-temps, il le tient depuis ses débuts : CB 500 Cup bien sûr, mais aussi championnat d'Europe Supersport dans lequel il s'engage tête baissée en 1997.
Il débarque à Brands Hatch, l'un des plus beaux et des plus impressionnants temples anglais de la vitesse. Sur la grille de départ, il côtoie de jeunes loups aux dents acérées, comme le local de l'étape James Toseland (champion du monde Superbike en 2004), qui n'ont pas l'intention de laisser le petit "frenchie" piétiner leur jardin anglais...
Mais Sébastien Charpentier, sans complexe, s'impose sur ce circuit qu'il ne connaissait pas deux jours plus tôt : c'est la goutte d'eau qui met le feu aux poudres ! Sébastien est alors persuadé qu'il peut disputer les courses au plus haut niveau : "mon but, à ce moment-là, est d'atteindre les GP ou le Superbike".
Dès 1998, il s'engage avec le team Reflex pour sa première saison complète en Supersport. Le team n'a pas beaucoup de moyens, mais il se déchire pour révéler le talent du jeune français. En fin de saison, il est treizième au championnat. Mais l'argent manque et l'expérience ne peut se renouveler l'année d'après... Résultat, Sébastien se retrouve en championnat d'Espagne sur une machine qui ne lui convient pas. Il grignote sans appétit son pain noir, tout en ayant la ferme conviction qu'il perd son temps...
Et les coups du sort s'acharnent... Une mauvaise blessure à la jambe le tient éloigné des circuits plusieurs mois. Jusqu'au moment où il est repéré par Honda, qui l'engage comme pilote officiel d'endurance deux saisons durant (2000 et 2001). Au guidon de la fameuse VTR 1000, il va remporter les 24 Heures du Mans 2000 en faisant équipe avec un certain... William Costes.
Mais en 2001, alors qu'il s'apprête à rejoindre enfin le Championnat du monde Supersport, sur la route qui le conduit vers le premier rendez-vous de la saison, le team manager qui vient de l'engager quelques semaines plus tôt l'appelle au téléphone et lui annonce qu'il arrête tout ! C'est un véritable coup de massue... Une décision qui va faire vaciller le socle de sa motivation. Financièrement, Séb est à l'agonie. Sportivement, il est écoeuré.
Une année supplémentaire au purgatoire des pilotes avant de rejoindre le team Klaffi. Le patron de l'écurie autrichienne, Klaus Klaffenboch, est l'un des seuls à encore faire confiance à Sébastien. Et en 2003, le pilote français va se surpasser. C'est le déclic, même si en coulisses, il regrette encore aujourd'hui de n'avoir pu offrir à celui qui lui avait tendu la main la moindre victoire. "Ca s'est souvent joué à un cheveux", raconte Sébastien. Deux saisons durant lesquelles il s'apaise et apprend.
Puis vient 2005 : la première année Ten Kate, l'année de la consécration. Le team est sûr de lui, Sébastien se montre plus fort à chaque course. Rien ni personne ne lui résiste et il est couronné à Assen, deux courses avant la fin du championnat.
Souffrir et s'arracher...
Au sein de l'écurie néerlandaise, Sébastien Charpentier a trouvé une véritable seconde famille. Il est en parfaite osmose avec Ronald Ten Kate, le team manager, mais surtout avec son staff technique. Il partage avec eux son goût pour la perfection, sa soif de performance, sa faim de victoire.
Entouré par les siens - Cathy sa femme, Aurélien son cousin -, Sébastien Charpentier s'est construit un petit univers très serré que rien ne vient perturber. Très attentif à sa condition physique, véritable passionné de cyclisme, il s'entraîne dur, n'économise pas sa peine et souffre jusqu'à l'épuisement s'il le faut.
C'est d'ailleurs en 2006 que le véritable Sébastien Charpentier va se révéler. Car après avoir traversé une année 2005 aussi claire et limpide qu'un ciel sans nuages, Sébastien va être confronté à la souffrance physique en 2006. Certainement l'une des saisons les plus dures à encaisser pour le pilote Honda.
Hyper dominant sur la première moitié de la saison, Charpentier chute lourdement lors d'une séance privée à Brno, en République tchèque, au début du mois de juin 2006. "Kevin Curtain était présent dans le paddock. Avec sa femme, ils ont aidé Cathy à m'installer dans mon camping car. Je venais de passer plus d'une heure entre les mains d'un médecin incompétent qui n'a rien diagnostiqué", se souvient le général Séb...
L'épreuve marque cruellement Sébastien, qui rentre dès le lendemain en France où il est accueilli par son spécialiste : fracture de la clavicule, déplacement et fracture du bassin, la table d'opération l'attend avec à la clé des semaines de rééducation...
Charpentier connaît la rengaine et sait quelle torture morale et physique cela implique. "Tu es au sommet, et du jour au lendemain tu te retrouves à la cave. J'ai craqué à l'hôpital juste après l'opération. Cathy m'a toujours soutenu. Elle était là, dans la chambre, à dormir sur un lit de camp, à veiller sur moi".
Le couple rentre enfin chez eux et la rééducation débute. Rééducation physique, mais aussi rééducation morale. Pendant ce temps, la saison se poursuit et l'avance de Sébastien au championnat du monde Supersport fond comme neige au soleil... Moins de deux mois après son accident, Sébastien est de retour en piste. Il lui faudra pratiquement la seconde moitié de la saison pour recouvrer ses forces, son énergie et sa vitalité en course.
Et ce n'est que quelques jours avant la dernière épreuve à Magny-Cours que le déclic se fait dans sa tête. Alors qu'il a touché le fond quelques semaines plus tôt en Allemagne en craquant littéralement en course et en ajoutant à sa douleur une fracture bénigne à la main gauche, Charpentier renaît alors que le championnat semble définitivement perdu !
Curtain possède suffisamment d'avance pour se contenter d'assurer lors de la dernière course. Une course magistrale qui va enflammer le public acquis à la cause de l'un des meilleurs pilotes français de ces quinze dernières années. Séb met le feu à Magny-Cours pendant que Curtain s'emmêle les pinceaux à l'arrière et commet l'incroyable erreur de chuter... Charpentier est couronné et rentre dans l'Histoire du sport moto en devenant, à l'arraché, le premier pilote à remporter deux fois le titre Supersport. Deux fois de suite !
Demain, tout ira bien !
Aujourd'hui, Charpentier s'est remis de ses blessures de 2006. Il est remis aussi de l'agitation qui entoure un pilote lorsqu'il est couronné champion du monde. Il s'est affranchi de la pression et des critiques. Il revient en 2007 fort de sa domination dans la catégorie Supersport. Et il a deux objectifs : remporter le titre avec la nouvelle CBR 600 RR et attaquer le championnat du monde Superbike dès 2008 au guidon de la nouvelle CBR 1000 RR.
A 34 ans, Charpentier a encore un bel avenir de champion devant lui et Honda l'a parfaitement compris : il représente l'un des pilotes les plus sûrs et les plus expérimentés du moment. Un gars qui a bouffé de la vache enragée pour y arriver, à l'image d'un Bayliss champion du monde Superbike en 2006. D'ailleurs, ce n'est certainement pas un hasard si les deux hommes se connaissent et partagent la même passion du cyclisme, qui distille la souffrance et le dépassement de soi à chaque coup de pédale.
Alors, si Séb reconnaît que la quête d'un troisième titre mondial en Supersport risque d'être pavée de difficultés, il est prêt à tout endurer pour y arriver... Début des hostilités au Qatar le 24 février, à suivre naturellement sur Moto-Net.Com !
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