Selon des informations recueillies par Moto-Net.Com, la Belgique vient de promulguer un arrêté royal en faveur des deux-roues motorisés autorisant notamment le stationnement sur les trottoirs à partir du 1er mars 2007. Un exemple à suivre en France !
Selon nos informations, un arrêté royal promulgué le 28 décembre 2006 par Albert II himself, roi des Belges de son état mais également motard, prévoit plusieurs aménagements législatifs en faveur des deux-roues motorisés.
Une (r)évolution considérable qui entrera en vigueur dès le 1er mars 2007 et qui prend à contre-pied la vision rétrograde des autorités françaises, de Nicolas Sarkozy à Bertrand Delanoë en passant par Jacques Chirac, Jean-Claude Gayssot, Rémy Heitz, Gilles de Robien, Dominique Perben et bien d'autres...
Le roi des Belges étant lui même motard - même s'il a abandonné la pratique il y a quelques années, suite à un accident qui lui avait valu une cheville cassée au guidon de sa Honda Pan European -, le gouvernement belge semble en effet avoir une idée sur les deux-roues plus fidèle à la réalité que celle des autorités françaises.
"La Belgique va encore plus loin pour aider le quotidien des motards", résume Valéry Mathieu interrogé par Moto-Net.Com : responsable des deux-roues motorisés au ministère régional des transports après avoir longtemps oeuvré au sein de l'association francophone de défense des motards (Fedemot), ce "Monsieur Moto" de Wallonie qui roule en Yamaha Bulldog se félicite que "les modifications du code de la route" qu'il a "négociées pendant trois ans avec les parlementaires fédéraux belges soient enfin prises en compte".
Travail d'équipe
"En fait, c'est le travail des associations de motocyclistes qui a permis d'obtenir ces modifications", précise M. Mathieu. "C'est dans ce cadre que j'ai pu oeuvrer pour obtenir les changements aujourd'hui traduits en arrêté royal. Cela nous a pris trois ans de négociations et de rencontres avec des parlementaires".
Il s'agit donc d'un véritable "travail d'équipe entre toutes les associations de motocyclistes comme la Fedemot ou le Motorcycle Action Group (MAG), regroupées au sein du Motorcycle Council".
Car comme en Espagne (lire notamment Moto-Net du 20 juin 2003) et contrairement à la France, la Belgique peut compter sur une véritable implication de tous les acteurs du monde moto pour légiférer dans le bon sens : le Motorcycle Council (MC) regroupe les associations de constructeurs, de concessionnaires, des usagers, des adeptes de la moto verte et des motos anciennes, etc.
"C'est le dialogue que ces associations entretiennent avec les autorités depuis maintenant trois ou quatre ans qui nous a permis d'obtenir ces avancées", résume Valéry Mathieu.
Stationnement autorisé sur les trottoirs
Le nouvel article 23.4 du code de la route belge (arrêté royal du 1er décembre 1975 portant règlement général sur la police de la circulation routière et de l'usage de la voie publique) prévoit que "les motocyclettes peuvent être rangées hors de la chaussée et des zones de stationnement visées à l'article 75.2 de telle manière qu'elles ne gênent pas ou ne rendent pas dangereuse la circulation des autres usagers".
Ce qui signifie en clair que les deux-roues sont autorisés à se garer sur les trottoirs et les places piétonnes, à condition de laisser un passage libre d'au moins 1,50 m pour les piétons.
Une simple histoire de bon sens pourtant impossible à faire admettre au maire de Paris et à ses sinistres adjoints Verts, pas plus qu'à la préfecture de Police dépendant du non moins sinistre ministère de l'intérieur... Mais "les modifications du code sont plus importantes que la seule question du stationnement : il s'agit d'une véritable prise en compte de la moto comme un véhicule à part entière", estime Valéry Mathieu.
L'arrêté royal du 28 décembre 2006, qui entrera en vigueur en Belgique le 1er mars 2007, instaure en effet plusieurs changements bénéfiques aux utilisateurs de deux-roues.
Sur les chaussées divisées en plusieurs bandes de circulation, les motards belges n'étaient autorisés à circuler que sur le côté le plus à droite de leur voie. Cette obligation dangereuse est désormais oubliée et ils pourront utiliser toute la largeur de la voie sur laquelle ils circulent.
Les motards belges sont dorénavant autorisés à garer leur moto perpendiculairement au bord de la chaussée - ce qui n'était pas le cas avant - à condition que la moto ne dépasse pas le marquage des places de stationnement. Et lorsque le stationnement est payant, ils pourront se garer à plusieurs motos sur un emplacement voiture tout en ne payant qu'un ticket.
Un panneau signalant qu'un emplacement est réservé aux motos est créé, tandis que les interdictions de doubler (passage à niveau, carrefour à priorité à droite, sommet de côtes, virages, etc.) protégeront maintenant les motos. "Auparavant, nous pouvions être dépassés dans ces situations puisque l'interdiction n'était valable que pour le dépassement d'un véhicule attelé et d'un véhicule à plus de deux roues", précise M. Mathieu.
Les cyclomoteurs dans les pistes cyclables
En fonction de la vitesse maximale imposée sur une voie (plus de 50 km/h ou moins de 50 km/h), les cyclomoteurs belges ont soit le droit, soit l'obligation de circuler dans les pistes cyclables.
"Là où la vitesse est limitée à 50 km/h ou moins, les conducteurs de cyclomoteurs à deux roues de classe B peuvent emprunter, dans les mêmes circonstances, la piste cyclable indiquée par le signal D7 ou par les marques routières telles que visées à l'article 74, à condition de ne pas mettre en danger les autres usagers qui s'y trouvent, prévoit le nouvel arrêté royal : "lorsqu'une vitesse supérieure est en vigueur, les conducteurs de cyclomoteurs à deux roues de classe B doivent emprunter, dans les mêmes circonstances, la piste cyclable indiquée par le signal D7 ou par les marques routières telles que visées à l'article 74, lorsqu'elle est présente et praticable".
"Dans les zones où la limitation de vitesse est supérieure à 50 km/h, la différence de vitesse entre le conducteur d'un cyclomoteur de classe B et les autres usagers de la route est en effet trop importante et il est indiqué, dans l'intérêt de la sécurité du cyclomotoriste de classe B, de l'obliger à utiliser la piste cyclable", note le ministre belge des transports, M. Landuyt, dans son rapport au roi.
Cette mesure ne concerne pas les motos, mais le même raisonnement plaiderait largement en faveur de la circulation des deux-roues dans les voies de bus parisiennes, pour peu que l'on tienne compte de leur fragilité inhérente...
Statu quo pour la remontée de files
Le nouvel arrêté royal ne mentionne pas la remontée des files, "mais nous préférons conserver le statu quo actuel", explique encore Valéry Mathieu à Moto-Net.Com.
"Certaines associations ont demandé la légalisation de cette pratique très répandue, mais personnellement, en tant que motard comme en tant que "M. Moto", je préfère le statu quo actuel", nous confie Valéry Mathieu : "lorsque les voitures sont à l'arrêt, l'interdiction de dépasser par la droite ne s'applique pas car la notion de "dépassement" ne concerne que les véhicules en mouvement. A l'inverse, lorsque les voitures sont en mouvement, non seulement les automobilistes se serrent volontiers pour nous laisser passer, mais la tolérance s'applique si bien que la remontée de files n'est en pratique jamais sanctionnée, sauf cas extrême".
Enfin en cas d'accident, la jurisprudence belge prévoit que l'on recherche la position du motard par rapport aux bandes blanches au moment du choc : un dépassement par la droite est interdit, tandis qu'un dépassement par la gauche est autorisé.
Nouvelle équivalence 125
L'arrêté royal remet également en vigueur l'équivalence 125, abandonnée en 2002 par la Belgique : l'accès des titulaires du permis B aux motos de 125 cc maximum et d'une puissance maximale de 15 ch sera donc de nouveau possible après deux ans de conduite. "Seul bémol : l'obligation de suivre une petite formation n'a pas été retenue", regrette Valéry Mathieu (contrairement à la France, lire Moto-Net du 3 janvier 2007).
"Si seulement cela pouvait faire évoluer un peu la situation en France", nous souhaite pour finir M. Mathieu : "je vais très souvent rouler sur les routes de votre côté de la frontière, mais j'avoue que les motards belges sont de plus en plus réticents face à la situation que vous vivez".
Les abonnés à la newsletter de Moto-Net.Com étant particulièrement nombreux tant à la mairie de Paris qu'au ministère de l'intérieur, cet article parviendra-t-il à se frayer un chemin jusqu'à la boîte aux lettres électroniques d'un décideur un peu moins obtus que les autres ? A suivre de près, surtout en pleine campagne électorale...
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