Avec une moyenne d'une unité pour 1,8 habitant, Taiwan est le premier pays au monde en termes de deux-roues motorisés. A tel point que des experts japonais de la JAMA y ont mené une étude sur les problèmes de sécurité et de stationnement. Instructif !
Le parc total de deux-roues motorisés à Taiwan s'élève à 12,8 millions d'unités pour 22,7 millions d'habitants, soit un pour 1,8 habitant ! A titre de comparaison, ce rapport est de un pour 3,5 habitants en Malaysie, un pour 4,2 habitants en Thaïlande, un pour 5,9 habitants au Vietnam et un pour 9,7 habitants au Japon.
La Japan Automobile Manufacturers Association (JAMA, association des constructeurs automobiles japonais) a récemment envoyé une équipe d'experts à Taipei, la capitale du pays, pour étudier les solutions taiwanaises en termes de sécurité routière et de stationnement urbain.
L'importation de motos de plus de 150 cc ayant été interdite par les autorités en 2002, l'impressionnant parc taiwanais de deux-roues motorisés est "essentiellement composé de scooters de 90 à 125 cc", relève le rapport de la JAMA.
A Taipei, la capitale du pays qui compte 2,6 millions d'habitants et 1,02 millions de deux-roues motorisés (soit un deux-roues pour 2,6 habitants), l'engouement pour ce mode de déplacement "commuting" (trajet domicile/travail) entraîne de gigantesques nuées de scooters, mobylettes et petites motos aux heures de pointe, un peu à l'image de certaines grandes villes africaines (lire notamment Moto-Net au Burkina, Moto-Net au Nigeria ou Moto-Net en Côte d'Ivoire).
Séparer le flux des deux-roues de celui des automobiles
A tel point que les autorités ont dû "séparer le flux des deux-roues de celui des automobiles, améliorant ainsi la sécurité routière", note la JAMA. Des voies réservées aux deux-roues ont parfois même été créées sur les artères à fort trafic, comme à la sortie de ce pont à Taipei City (photo).
Une initiative particulièrement frappante, alors qu'en France le maire de Paris et ses sbires font toujours semblant de ne pas avoir compris que les deux-roues devaient circuler dans les voies de bus pour être davantage en sécurité...
Des "zones moto" à l'entrée des carrefours
"Une autre étape constructive a été la mise en place de "zones motos" à l'entrée des carrefours", relève la mission de la JAMA : en clair, il s'agit d'autoriser les deux-roues à passer devant les voitures au feu afin qu'ils puissent démarrer plus vite, ce qui permet de "scinder efficacement le trafic", note la JAMA.
Introduites en 1997, ces "zones d'arrêt moto" sont aujourd'hui présentes dans plusieurs milliers d'intersections. "Leur objectif est de sécuriser et de fluidifier le trafic", ajoute la JAMA qui précise que "selon les autorités de Taipei, ces zones ont permis de réduire de 40% le nombre d'accidents de motos aux carrefours".
Pour éviter les accidents entre les motos tournant à gauche et les véhicules arrivant en face, des zones de "tourne à gauche" ont également été mises en place par la ville de Taipei : "avec ce système, les motos ne tournent plus à gauche depuis le centre du carrefour mais s'engagent dans une zone réservée aux deux-roues qui tournent à gauche et attendent que leur feu passe au vert", explique la JAMA.
Inaugurées en 2001 et aujourd'hui en vigueur dans une centaine de carrefours, ces zones auraient permis de réduire "considérablement" le nombre d'accidents en situation de "tourne à gauche".
Emplacements spécifiques
Si le code de la route taiwanais comporte bien des dispositions sur le stationnement des automobiles, "l'application des règles concernant les deux-roues est assez flexible en pratique", note la JAMA. Les autorités régionales ont donc toute latitude pour édicter leurs propres règles en réponse à la situation locale.
Ainsi à Taipei City, le stationnement des deux-roues sur les trottoirs est théoriquement interdit, mais en pratique la répression est quasi inexistante. Un peu comme à Paris dans le bon vieux temps, à cette époque lointaine (circulaire de 1994) où l'on considérait encore les citoyens comme des adultes...
Les experts de la JAMA notent toutefois depuis 2000 la volonté de Taipei d'encourager le stationnement des deux-roues en dehors des trottoirs, avec la création de zones de stationnement spécifiques.
12 000 places (gratuites) exclusivement réservées au stationnement des deux-roues ont donc été créées sur les trottoirs ou sur la chaussée avec des lignes blanches délimitant la place de chaque moto.
Et malgré une offre de stationnement très nettement inférieure au parc de deux-roues, "les autorités de Taipei estiment que ces places ont permis de réduire le considérablement nombre de motos garées sur les passages cloutés, sur les trottoirs ou d'autres endroits indésirables", précise la JAMA.
Enfin, les experts japonais notent que la ville de Taipei continue à oeuvrer pour l'augmentation de ses capacités de stationnement des deux-roues "dans les gares, les immeubles de bureaux, les zones de loisirs et autres lieux publics".
Bertrand Delanoë ne pourrait-il pas demander à sa direction un stage à Taipei au titre de la formation continue, par exemple de 2008 à 2014 ?
.
.
.
Commentaires
Pages
Ajouter un commentaire
Identifiez-vous pour publier un commentaire.