Rares sont les motos qui peuvent se targuer de gagner 22 ch tout en perdant 15 kg lors d'une nouvelle évolution... C'est pourtant ce que revendique le dernier né de la fameuse série R de BMW, le roadster R 1200 R. Et ça cause !
Remplaçante de la sage R 1150 R, la nouvelle R 1200 R hérite des améliorations moteur et châssis inaugurées dès 2004 sur le trail R 1200 GS (lire Essai Moto-Net du 19 mai 2004) et déclinées par la suite sur les routières ST et RT ainsi que sur la sportive S (lire Test Moto-Net du 13 avril 2006).
Esthétiquement, le nouveau roadster se contente d'évoluer en douceur : il arbore des lignes un peu plus fluides et tendues qui le rendent plus agressif. Impossible de rater le gros flat-twin boxer, avec ses cylindres qui dépassent allègrement de chaque coté : certains adorent tandis que d'autres détestent, mais force est de reconnaître qu'il constitue l'identité visuelle de cette moto !
La grosse nouveauté de cette BMW réside dans son moteur que l'on retrouve transfiguré. Tout d'abord, le Boxer n'est pas réellement passé de 1150 à 1200 cm3 mais de 1130 à 1170. Et malgré cette modeste augmentation de cylindrée de 40 cm3, le flat-twin se trouve véritablement métamorphosé.
Oubliés les 85 percherons de la R 1150 R : la 1200 revendique maintenant 107 purs-sangs et gagne au passage 11 Nm de couple ! Ce qui se traduit au guidon par beaucoup plus de puissance, plus de souplesse mais aussi plus d'allonge !
Pour autant, ce moteur n'est pas non plus un monstre de caractère et de sensations : il se contente d'être d'une efficacité redoutable et sans fioritures. La sonorité de l'échappement, assez fade et étouffée, peut décevoir mais résonne tout de même mieux que le bruit de 2 CV de la R 1200 GS !
Le flat se rebiffe, la partie-cycle s'affûte
La partie cycle n'est pas en reste : les ingénieurs de BMW l'ont également peaufinée aux petits oignons. La R 1200 R perd donc 15 kg par rapport à son aînée - passant même sous la barre des 200 kg à sec - mais progresse surtout en rigidité... et donc en efficacité !
Quand on sait que les R 1200 GS et R 1200 RT, pourtant beaucoup plus lourdes, sont déjà encensées pour leur facilité et leur tenue de route, il y a fort à parier qu'il y a du "fun" en perspective avec cette nouvelle R1200R, sans compter un empattement raccourci de 60 mm qui devrait apporter un gain substantiel en vivacité... Mais pas d'inquiétude : un amortisseur de direction monté sur le Telelever veille au grain !
La bavaroise est accueillante
On est immédiatement chez soi sur cette BMW : la position est très naturelle et la hauteur de selle de 800 mm conviendra à la majorité des motards. Le roadster est toutefois disponible avec une selle basse (770 mm) ou haute (830 mm) en option gratuite.
Les jambes ne sont pas trop repliées et le guidon tombe parfaitement sous la main. On lui reprochera juste d'être un peu trop haut et large en conduite sportive. Les commandes sont particulièrement douces, grâce notamment à l'embrayage hydraulique.
Seul point noir dans ce tableau : ces sacro-saints commodos chers à la marque allemande ! Antinaturels et anti-ergonomiques pour le novice, ils sont déjà compliqués à utiliser en conduite normale mais s'avèrent franchement délicats à actionner en situation d'urgence... Klaxonner ou faire un appel de phare très vite pour sauver sa vie réclame une grande habitude !
Enfin, comme toujours avec les motos BMW, les béquilles centrales et latérales sont bien conçues et très faciles à utiliser.
Suréquipée… d'options !
Bardées de ses options aussi nombreuses qu'onéreuses, la R 1200 R propose un agrément de conduite hors du commun. Et heureusement, vu son prix !
Le nouveau roadster de BMW est en effet proposé à un tarif de base de 12 000 euros : un prix déjà élevé qui l'oppose, de fait, à la fine fleur des roadsters high-tech… Mais notre modèle d'essai "tout équipé" (avec pas moins de neuf options !) s'affiche au tarif vertigineux de - vous êtes assis ? - 14 720 euros...
Pour ce petit pécule, vous profitez donc l'ABS, des suspensions pilotées électroniquement (ESA), d'un ordinateur de bord, des poignées chauffantes, d'un saute-vent, d'une alarme, d'une béquille centrale, d'un échappement chromé et des clignotants blancs !
Certes, toutes ces options ne sont pas nécessaires mais il reste difficile, pour peu que l'on tienne à l'ABS (affiché à 1 080 €), de ne pas s'en tirer à moins de 13 500 € environ...
Luxe, confort et volupté
Ainsi équipée, la R 1200 R offre un vrai plaisir de conduite, même en cette saison où bon nombre de motards ont déjà rangé leurs machines au garage pour quelques mois. On se sent bien et en sécurité.
L'ABS rassure sur les feuilles mortes et les pavés mouillés. Les poignées chauffantes permettent de rallonger les temps de roulage et le saute-vent, modeste en apparence, protège très honnêtement le pilote. L'ordinateur de bord, complet et facile à utiliser grâce à un bouton "INFO" au commodo gauche, renseigne notamment sur le rapport engagé, la température extérieure, la consommation moyenne, l'autonomie restante, etc.
Seules les suspensions pilotées électroniquement ESA – vendues 680 € - ne nous ont pas parus indispensables, mais nous y reviendrons.
Reconnaissable entre mille
Pour qui n'a jamais roulé sur une moto équipée du flat-twin et des fameuses suspensions Telelever/Paralever chers à BMW, il est possible d'être quelque peu décontenancé lors des premiers mètres.
Au premier abord, on peut en effet être surpris par les coups de boutoir qu'assène latéralement le moteur lorsqu'on accélère à basse vitesse : la course des cylindres étant perpendiculaire à l'axe de circulation, on les ressent très nettement.
Chaque coup de gaz donné à l'arrêt vous fera faire une petite embardée sur la gauche. C'est insolite et exotique, mais en aucun cas désagréable ou dangereux et on s'y habitue très vite.
La suspension avant équipée du Telelever demande aussi un petit round d'observation : elle engage un peu à très basse vitesse et surtout, elle ne plonge pas au freinage ! Si la première caractéristique est un peu déroutante, la deuxième met immédiatement le pilote en confiance en évitant les gros transferts de masses.
En route
Centre de gravité bas + guidon haut et large = maniabilité de vélo ! Que ce soit lors des manœuvres moteur coupé ou lors d'évolutions au pas entre les voitures, la R 1200 R est un vrai vélo !
L'équilibre général de la partie cycle est bluffant et le moteur est également un allié précieux en ville. Il se montre d'une souplesse et d'une douceur rares pour un bicylindre, acceptant de reprendre sans cogner dès les 1300 tr/mn.
La boîte de vitesses et la transmission par cardan sont exempts de tout reproche et se font totalement oublier. Les grosses gamelles qui dépassent de chaque côté n'entravent en rien la capacité de la R 1200 R à se faufiler dans des trous de souris. C'est simple : il suffit de se dire que si le guidon passe, le moteur passera !
De la place pour le flat
Cette nouvelle mouture du flat-twin s'accommode de toutes les utilisations, des plus sages aux plus délurées... Et quand l'horizon se dégage, la R 1200 R fait parler la poudre ! Elle n'a désormais plus rien à envier, en accélérations comme en reprises, aux meilleurs roadsters japonais et italiens !
Quand on le sollicite, le bicylindre vous arrache littéralement les bras de 1 500 à plus de 8 000 tr/mn dans une poussée certes linéaire mais très plaisante. Convenablement protégé par le saute-vent, il est possible de tenir une vitesse de croisière aussi intéressante qu'illicite !
Quant aux cylindres, ils protègent honorablement les jambes du pilote du vent... et du bitume en cas de chute !
Facile et sûre pour l'arsouille
Une telle facilité de conduite conjuguée à un moteur aussi plaisant : forcément, ça titille ! Et la R 1200 R ne déçoit pas non plus dans le registre de l'arsouille. Le roadster BMW a un réel potentiel sportif et ses suspensions font merveille en se montrant efficaces, sécurisantes et confortables... Le top !
La suspension pilotée permet de choisir entre trois positions - confort, normal ou sport - mais son intérêt ne nous a pas semblé flagrant : la moto reste très confortable en mode sport et tout aussi efficace en mode confort. Très bien, ça fera toujours une économie de 680 € !
Le freinage est également d'une efficacité redoutable. Si en plus il est secondé par l'ABS, il permet de taxer au freinage absolument tout ce qui roule. On reprochera juste au système électronique de se déclencher un peu trop vite sur la roue arrière.
Le système anti-plongée du Telelever renforce lui aussi la sensation de sécurité. Du coup, on en vient à regretter que la moto ne soit pas livrée avec une monte plus sportive que les sages Michelin Pilot Road. Nul doute qu'une R 1200 R simplement chaussée de pneus bien tendres et confiée à un pilote de talent serait très, très surprenante sur le Moto Tour...
Polyvalente mais pas pratique !
Dommage qu'une moto qui s'acquitte avec un tel brio de toutes sortes d'utilisations manque aussi cruellement d'aspects pratiques...
Premièrement, compte tenu de sa douceur et de son confort général, la R 1200 R offre de bonnes conditions pour transporter un passager. Malheureusement, elle n'est pas dotée de poignées à l'arrière !
De plus, elle ne permet pas d'emporter un quelconque antivol, la place sous la selle étant dévolue à l'électronique et au boîtier d'alarme... Enfin, il est peu aisé d'arrimer un sac à l'arrière car les points d'ancrages sont rares.
Le prix de l'excellence
La nouvelle R 1200 R cumule donc un grand nombre de qualités qui lui confèrent une polyvalence et une homogénéité rares. Elle vous emmènera paisiblement au boulot tous les jours, vous fera traverser la France avec passagère, valises et top case dans un confort de pacha et une fois, sur place, vous taxerez quasiment tous ce qui roule dans le sinueux !
Le seul véritable problème, c'est que la BMW fait payer très cher ses indéniables qualités. Mais comme disent les Tontons Flingueurs : "le prix s'oublie, la qualité reste"...
.
.
.
PARCOURS |
||
|
||
POINTS FORTS |
||
|
||
POINTS FAIBLES |
||
|
||
Commentaires
Pages
Ajouter un commentaire
Identifiez-vous pour publier un commentaire.