Présentée au Mondial de Paris, la nouvelle Yamaha FZ6 Fazer 600 doit relever un lourd défi après le succès de son aînée. Pour le meilleur ou pour le pire ? Essai sans concession entre Issoire et Villefranche-sur-Saône sur la route du Moto Tour 2003.
Découverte au Mondial de Paris quelques jours plus tôt (lire Moto-Net du 26 septembre 2003, la nouvelle Yamaha FZ6 Fazer 2004, dans sa livrée grise, attend au parc fermé du Moto Tour à Issoire. Direction Villefranche-sur-Saône en compagnie d’Hubert Rigal, double vainqueur de l’épreuve en 1975 et 1976.
Mis à part le tête de fourche d’inspiration R6 monté sur un cadre alu rappelant celui de la TDM et le réservoir au curieux look de bossu, l'ensemble est plutôt attrayant. L’arrière, avec les pots sous la selle, est particulièrement réussi et donne à la nouvelle FZ6 plus de caractère que l’ancienne, dont l’esthétique n’était vraiment pas le point fort.
En enfourchant la moto, on se sent tout de suite à l’aise. Les fesses bien calées entre le réservoir et l’assise relevée du passager, le guidon assez haut et les jambes pas trop repliées vers l’arrière donnent une position agréable, presque comparable à celle d’un trail, qui ne gênera pas les grands gabarits.
La béquille est à portée de pied, les rétros sont efficaces et la prise en mains paraît encore plus évidente que sur l’ancienne. Le tableau de bord digital, très inspiré de celui de la Kawa Z1000, pourra toutefois en dérouter plus d'un : les bargraphs et les chiffres de l’afficheur central sont trop petits et le compte-tours digital en noir sur noir est carrément illisible en cas de faible luminosité. Dommage, car les indications sont très complètes : horloge, 2 trips et jauge à essence.
Dépouillée pour l'occasion de sa béquille centrale et de ses repose-pieds passager, visserie freinée conformément au règlement FFM, la belle n'est visiblement pas là pour une simple promenade de santé... On va voir ce qu'elle a vraiment dans le ventre !
Dernières recommandations d’Hubert Rigal, qui ouvrira la route sur son Fazer 1000, et c’est parti ! Le 4-cylindres, doux et facile dans les bas régimes, rend la moto très maniable en circulation urbaine. La boîte claque et l’embrayage est très sec - c’est bien une Yamaha ! - mais au bout de quelques kilomètres ça ne pose plus de problème.
Le moteur, moins linéaire qu’avant, paraît plus creux que sur l'ancienne : pour suivre sa grande soeur de 1000 cc, je suis obligé de rétrograder afin de rester au dessus de 4-5000 tours. Le frein avant a perdu ses fameux étriers monoblocs de R1. Moins mordant, plus progressif, il est certainement mieux adapté au motard lambda, surtout sur route mouillée. Et dès le premier freinage les appréhensions disparaissent : les freins sont toujours aussi puissants !
Après la première spéciale, la route presque sèche forme des enfilades de grands virages qui n’en finissent pas à travers la forêt. Hubert a nettement haussé le rythme, ce qui me permet de tester le comportement de la moto en appui sur l’angle. Pas de doute, elle est nettement plus rigide et rigoureuse que l’ancienne. Elle ne bouge absolument pas de la trajectoire choisie, un vrai rail ! Ce qui se paye bien sûr par un confort un peu en retrait, car les réactions de la suspension sont plus sèches. On est en contact direct avec la route et c’est nettement plus sport !
Les pots relevés et la nouvelle position du moteur plus incliné ont nettement amélioré la garde au sol : rien ne frotte, malgré des prises d’angle plutôt respectables ! Régulièrement, nous rencontrons des coulées de boue qui traversent la route ou des gravillons et je peux apprécier la qualité des freins : puissants et progressifs, ils sont vraiment top. Quant à la position très naturelle, guidon plutôt haut, elle permet d’anticiper en cas d’imprévu.
En arrivant sur la deuxième spéciale, nous apprenons qu’elle est annulée... Après un bref instant de flottement, nous nous élançons sur les 4 km de route fermée à la circulation : l’occasion rêvée de mettre du gros gaz ! A peine partis, nous sommes rattrapé par un groupe de fous furieux : Sarron, Bonhuil, Delaval, Gouzot et les autres se tirent la bourre ! Rigal accroche leur roue... et je tente de suivre (lire L'arsouille de ma vie, Moto-Net du 8 octobre 2003).
C’est le moment ou jamais de pousser cette nouvelle Fazer dans ses derniers retranchements ! Je fais hurler le moteur dans les tours : ça pousse très très fort ! Arrivé à une épingle, je saute sur les freins et balance la moto : cette fois ça frotte de partout, mais la FZ6 reste franche dans ses réactions. Même en arrivant trop fort dans un virage et en massacrant les freins, elle pardonne beaucoup ! J'arrive un peu derrière les autres - mais quels autres ! - et ce n’est sûrement pas la faute de la moto, qui est au contraire bluffante d'efficacité et de facilité. En tant que motard moyen, sur un parcours aussi tortueux et bosselé, je n'aurais certainement pas pu rouler aussi vite sur une sportive intransigeante.
Maintenant qu’on est bien chaud, on poursuit à un rythme vraiment élevé jusqu'aux abords de Villefranche-sur-Saône, où nous reprenons une allure plus tranquille. C’est alors qu’avec le relâchement, je ressens une vive douleur en provenance de mes fesses... J’essaie de changer de position mais rien à faire : après un usage intensif, la selle paraît dure comme du bois et ne laisse aucun répit ! C’est avec soulagement que je vois Hubert s’arrêter à la pompe pour faire le plein : Un rapide calcul m’indique une consommation entre 6 et 7 litres au 100 km, ce qui reste dans la norme.
Sur autoroute, la protection de la bulle s'avère surprenante d'efficacité, bien meilleure que sur l’ancien modèle. En ville, les pots chauffent sérieusement la selle passager, ce qui n’est pas le cas à allure plus soutenue. Et sous la selle, il n’y a plus de place pour ranger quoi que ce soit : que faire du U et de la combinaison de pluie du motard lambda ? C'est finalement avec regret que je rends les clés à Hubert...
Sur le plan dynamique, avec ses réelles aptitudes sportives, elle n’est pas loin du sans faute. En plus elle est jolie, même si ça se paye en confort et en aspects pratiques. Espérons que les futurs acheteurs ne lui en tiendront pas rigueur, car c’est justement cette synthèse entre sport et utilitaire qui avait fait le succès de la génération précédente...
Caractéristiques techniques (données constructeur) |
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Moteur | |
Type | Quatre temps, quatre cylindres en ligne, à refroidissement liquide, double arbre à cames en tête, 16 soupapes |
Cylindrée | 600 cm3 |
Alésage / Course | 65,5 x 44,5 mm |
Taux de compression | 12,2 : 1 |
Alimentation | Injection électronique |
Allumage | TCI |
Démarrage | Electrique |
Transmission | |
Finale | Chaîne |
Embrayage | Humide, multi-disques |
Boîte de vitesse | 6 |
Partie cycle | |
Cadre | Aluminium |
Angle de chasse | 25° |
Roue AV | 17xMT3,50 |
Roue AR | 17xMT5,50 |
Pneu AV | 120/70 ZR17 M/C (58 W) |
Pneu AR | 180/55 ZR17 M/C (73 W) |
Suspension AV | Fourche télescopique, Ø 43 mm |
Suspension AR | Bras oscillant à mono-amortisseur |
Freins AV | Double disque, Ø 298 mm |
Freins AR | Simple disque, Ø 245 mm |
Dimensions | |
Longueur | 2 095 mm |
Largeur au guidon | 750 mm |
Hauteur | 1 215 mm |
Hauteur de selle | 795 mm |
Empattement | 1 438 mm |
Chasse | 97,5 mm |
Garde au sol mini | 130 mm |
Poids à sec | 187 kg |
Réservoir | 19 litres (réserve 3,5l) |
Performances | |
Puissance maxi | 72 kW (98 ch) à 12 000 tr/min |
Couple maxi | 63.1 Nm (6,4 kg-m) à 10 000 tr/min |
Informations commerciales | |
Coloris | Gris - Bleu foncé métallisé - Gris-bleu métallisé |
Prix | 7 451 € |
Disponibilité | Immédiate |
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PARCOURS |
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POINTS FORTS |
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POINTS FAIBLES |
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