Autant prévenir tout de suite : la CBF600 se veut évidente à conduire, pratique et docile. Que les amateurs de sensations fortes passent leur chemin, cette nouvelle Honda s'adresse d'abord aux débutants et aux motards qui roulent tranquille... Test !
Dévoilée lors du Mondial du deux-roues à Paris, la CBF600 a déjà livré bon nombre de ses secrets : moteur de la dernière Hornet (donc de la CBR600RR 2007), cadre mono-backbone fabriqué désormais en aluminium, système de freinage combiné ABS-CBS, ajout d'une jauge d'essence, etc. (lire Moto-Net.Com du 28 septembre 2007).
S'ajoutent à ces principales infos une selle plus étroite, un réservoir de 20 litres (au lieu de 19 auparavant), une boucle arrière "renforcée pour le montage de sacoches et d'un top case" et de nouveaux leviers de frein et d'embrayage. Dans sa version "S", la CBF600 reçoit également un nouveau demi carénage et une bulle réglable en deux positions.
Pour 2008, les évolutions de la petite 600 ailée sont donc notables et s'accompagnent même d'une heureuse baisse de prix (lire encadré). Mais qu'en est-il sur route ? C'est ce que Honda nous a proposé de découvrir sous le soleil barcelonais...
Sur le plan du design, force est de constater que la CBF600S ne tranche pas avec le modèle précédent. Les possesseurs de ce dernier noteront tout de même le carénage avant "relifté", les nouveaux flancs en plastique imitant les longerons d'un cadre périphérique et la selle redessinée.
Plus remarquable, l'installation du bloc moteur de la Hornet 2007 allège la moto par son format naturellement, mais aussi grâce à son coloris gris. La CBF600S conserve donc son côté passe-partout, sage et distingué. Et dans sa robe rouge, elle gagne en dynamisme par rapport au "Dolphin Grey" mis à disposition pour cette prise de contact.
Look de CBF
Le look de cette 600 se rapproche de celui de sa grande soeur, la CBF1000, dont Moto-Net.Com observait justement qu'elle était finalement "moins sage que son image" (lire Essai Moto-Net.Com du 3 mars 2006)... Alors en selle, et vérifions si le "ramage" de la 600 correspond à son plumage !
La CBF600S se veut accessible à tous et à toutes. Ainsi, la hauteur standard de la selle (785 mm) permet à l'immense majorité des utilisateurs de poser sereinement leurs deux pieds par terre. Pour les plus petits ou les moins confiants, cette hauteur peut être diminuée de 15 mm mais l'inverse est également envisageable, permettant aux plus grands de déplier un peu leurs échasses.
Mais cette opération nécessite près de 10 minutes et sera le plus souvent réalisée une bonne fois pour toutes par le concessionnaire ou le propriétaire. Ceux qui espéraient pouvoir partager cette moto malgré des différences importantes de gabarit (papa, maman et les enfants ?) seront déçus.
Même remarque au sujet du réglage de la bulle, qui demande lui aussi un tournevis et quelques minutes pour être rehaussée de 50 mm. Quant aux rétroviseurs fixés sur le carénage, ils offrent une bonne vue qui ne se détériore pas avec la vitesse.
Derrière la bulle se cache un nouveau tableau de bord complet - enfin ! - et sans fioritures, qui inclut de nouveaux témoins, nouveautés 2008 obligent : le témoin du système d'anti-démarrage Honda HISS, celui de l'injection PGM-FI - finis les carbus ! - et celui du système ABS-CBS, la version S n'étant plus livrée sans cet équipement en France. On note surtout l'ajout d'une jauge d'essence, ce qui n'était pas du luxe sur une petite routière !
Moins chère qu'en 2004 ! |
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La position de conduite est des plus rassurantes : solidement campé sur ses talons, le pilote est assis sur une selle encore mieux dessinée que celle du premier modèle de 2004 (lire Essai Moto-Net.Com du 3 mars 2004). Le guidon se trouve à bonne hauteur, les bras sont droits et ne souffrent d'aucune contrainte.
Une légère impulsion suffit à faire descendre la moto de sa béquille centrale, qui a elle aussi été modifiée afin d'en faciliter le béquillage. Mis à part le fait que la poignée passager soit relativement reculée, il faut avouer que béquiller la CBF600 est un jeu d'enfant, le long ergot de la béquille offrant un excellent levier.
Vient alors le moment tant attendu de réveiller le 4-cylindres issu de la Supersport... La sonorité du pot est sans doute moins "sportive", mais les montées en régime restent vives et ardentes : les nouveaux permis qui roulaient jusque-là en 125 cc apprécieront !
Le levier d'embrayage coudé est saisi sans problème même par les petites mains, mais les fignoleurs regretteront de ne pas pouvoir régler son écartement exactement comme ils le souhaiteraient, ce que propose le levier de frein...
Easy rideuse
D'abord un peu haut (presque 2000 tr/mn), le ralenti se stabilise rapidement à ses 1300 tours "normaux" et l'on peut rouler au pas sans avoir à jouer de l'embrayage - au demeurant progressif et doux. Les passages de vitesses s'exécutent sans heurts et la CBF600S donne très vite l'impression de l'avoir conduite depuis des lustres !
Une sensation que l'on doit également à la facilité de la mener à faible allure, voire lors des manoeuvres à l'arrêt. Cette facilité d'exploitation se fait alors directement l'écho du discours tenu la veille de l'essai par les responsables de Honda, dans lequel le maître mot était "easy"...
Une petite escapade au pied d'un champ d'éoliennes permet de rendre compte de l'agilité de la CBF600S, même sur un terrain hostile qui aurait mieux correspondu à la Transalp. L'occasion de vérifier une nouvelle fois l'efficacité du système ABS-CBS, qui saura se rendre utile sur les pavés parisiens, ruelles glissantes et petites routes de campagnes piégeuses !
Le moteur est particulièrement linéaire et Teishiro Goto, leader du projet CBF600, s'en explique à Moto-Net.Com : "nous souhaitions que la CBF600 soit facile à conduire, sans surprise. Après tout, il existe dans notre gamme d'autres motos bien plus performantes et au caractère plus trempé pour ceux qui le désirent".
La CBF600S accepte de reprendre sans esbroufes ni secousses dès 2000 tr/mn, offrant une montée en puissance régulière et facilement maîtrisable car prévisible. Un régal pour les motards qui souhaitent apprendre, petit à petit, à gérer l'accélération d'une moto, bien supérieure à celles d'une voiture ou d'un scooter. À noter qu'un kit de bridage 34 chevaux sera disponible en juin 2008.
Moteur sans surprise
À partir de 4500 tours, la CBF600S offre des reprises intéressantes qui permettent de sortir efficacement d'une courbe, de doubler des voitures ou de se confronter aux maxiscooters ou moyennes cylindrées. Pour ceux qui en souhaiteraient davantage, passé 8000 tr/mn le moteur continue de pousser et offre à la partie cycle mais aussi au pilote de quoi s'amuser.
C'est finalement à 10500 tours que les 77 chevaux maxi sont atteints. Une valeur absolue relativement faible - inchangée par rapport à 2004 - au vu des performances des 600 actuels, mais que la plupart des utilisateurs n'atteindront que rarement avant d'enclencher le rapport supérieur !
Sans brusquer le petit 4-cylindres, on atteint très rapidement les limites de vitesse autorisées et encore plus vite le dernier rapport, sur lequel la CBF600 engrange environ 22 km/h aux 1000 tours. Sur petites routes, la souplesse du moteur permet d'ailleurs de flâner tranquillement en 6ème...
Mais si l'on enclenche rapidement le 6ème rapport, on en descend tout aussi prestement ! Aux sorties des petites bourgades, il est nécessaire de tomber deux vitesses afin de se relancer efficacement à l'assaut des virages.
Ceux-ci sont d'ailleurs abordés sans appréhension au guidon d'une moto qui possède une partie cycle homogène : fourche de 41 mm, amortisseur arrière monoshock (donc dépourvu de biellettes et renvois) et pneus Michelin Pilot Road montés sur des jantes de 120 mm à l'avant et 160 à l'arrière.
Au final, dans les belles courbes espagnoles, on peut filer bon train même s'il est essentiel de garder à l'esprit que ce n'est pas la vocation première de cette moto. Sinon, elle vous le rappellera, lorsqu'un virage se referme par exemple...
Ainsi le freinage sur l'angle n'est pas son fort : la fourche a tendance à se verrouiller et le pilote doit promptement contrer cette réaction pour conserver sa trajectoire. Les motards avertis s'en accommoderont parfaitement, mais les débutants devront en revanche y aller plus progressivement et éviter de rouler au-dessus de leurs bottes !
Ce n'est pas une Hornet !
Le train arrière reste collé à la route et le Pilot Road encaisse sans souci les poussées du moteur. Il est à noter que sur l'ensemble de l'itinéraire emprunté lors de ce test, les routes étaient d'une qualité remarquable : plates, bien entretenues et pas aussi glissantes qu'il n'y paraît. L'occasion de vérifier que les ergots de repose-pieds peuvent racler !
Quelques passages dans des zones ombragées - donc humides - ont de nouveau permis de mettre en évidence l'efficacité de l'ABS équipant automatiquement les CBF600 carénées de France. L'intervention du système est quasi imperceptible et à condition de conserver la roue avant dans l'axe, il évitera la chute.
Seule retenue que l'on peut émettre à ce sujet : le possesseur de CBF600S devra faire attention lorsqu'il empruntera ou achètera un véhicule dépourvu de ce système d'aide au freinage. Car si avec l'ABS-CBS on peut se permettre d'écraser la pédale de frein ou de saisir à pleine main le levier sans aucune arrière-pensée - "conduire sans réfléchir", critiqueront certains -, rappelons que ce n'est pas le cas avec une moto dépourvue d'aide au freinage !
Autre point que ce test laisse en suspens : le comportement de la moto sur route dégradée, que certains n'hésitent pas à emprunter pour s'évader du bitume morose de la ville ou des autoroutes...
C'est d'ailleurs sur autoroute que le principal défaut de la CBF600S est décelé : si l'on excuse bien volontiers son comportement approximatif en mode "attaque", on lui pardonne beaucoup moins les "bad vibrations" qui la parcourent aux alentours de 130 km/h...
Bad vibrations...
C'est au niveau de la selle et à moindre mesure sur les repose-pieds que la CBF600S chatouille désagréablement son pilote. Lors des accélérations, les vibrations sont mesurées et on ne les remarque pas outre mesure, puisqu'on souhaite que la moto "bouge". Mais à régime constant entre 6000 et 7000 tr/mn, elles deviennent gênantes.
Or sur le 6ème rapport, la Honda accroche à ces régimes la vitesse de croisière sur autoroute des motards sages, qui constituent l'immense majorité de la clientèle de cette moto.
À ce défaut s'ajoute un léger inconfort dû à la selle réglée en position haute. Remontant plus sur sa partie avant que l'ancien modèle, la selle s'éloigne du réservoir d'un bon centimètre et peut incommoder le pilote au dessous de l'aine (oui, Moto-Net.Com aime chipoter). D'un point de vue finition toutefois, on apprécie que Honda ait installé un joint pour occulter le jour entre la selle et le réservoir.
Dommage qu'elle vibre, car la CBF600S possède de bons atouts pour séduire les gros rouleurs... À commencer par les protections de son carénage et de sa bulle - surtout en position haute -, qui s'avèrent très efficaces et ne laissent passer que quelques filets d'air sur le haut du casque.
D'autre part, la petite routière dispose d'ergots pour arrimer paquets et sacs - ou passager réticent ! -, ce dernier pouvant toutefois se tenir fermement aux proéminentes poignées arrières. Attention d'ailleurs à bien enjamber ces poignées en montant sur la moto, leur forme originale pouvant vite piéger un tibia trop inattentif !
On note aussi la nouvelle possibilité de régler en précharge la fourche avant et le monoamortisseur arrière (sur 7 positions), selon que l'on roule en solo, en duo ou à pleine charge (195 kg maxi).
Enfin, le catalogue Honda propose des valises et un top case qui transforment le roadster semi caréné en vraie petite routière. La place sous la selle, qualifiée de "rikiki" en 2004, passe désormais pour un espace relativement grand, permettant de loger un U de taille moyenne, une vraie trousse à outils et éventuellement un pantalon de pluie.
Pour conclure, force est de constater que dans l'ensemble, la CBF 600 S répondra parfaitement aux exigences de ses clients. Facile, légère et un brin plus sportive, la petite Honda permettra aux nouveaux permis, à ceux qui souhaitent reprendre le guidon ou aux motards avertis cherchant une compagne fidèle de tracer la route ou la ville sans encombre. Seuls les longs parcours sur autoroutes pourront s'avérer fatigants.
Le comportement de la CBF600S correspond donc bel et bien à son look : aucune tromperie sur la marchandise !
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