Esthétiquement inchangé, le nouveau Bandit 1250 N subit pourtant une refonte totale : une révolution liée à son moteur - inédit à 100% - qui adopte désormais une injection électronique et, surtout, le refroidissement liquide. Essai !
Dévoilé en 1995, le Suzuki 1200 Bandit a fait l'effet d'une bombe sur le marché moto en inaugurant un nouveau créneau : celui des roadsters sportifs de grosse cylindrée.
Avec son quatre-cylindres SACS de GSX-R 1100 à peine dégonflé, elle s'est imposée comme la terreur des routes avec son couple de camion et son caractère moteur très viril. Elle a régné sans partage sur cette catégorie jusqu'au début de ce 3ème millénaire, grâce à sa polyvalence empreinte de sportivité mais surtout grâce à son rapport prix/cylindrée assez incroyable.
Depuis cet âge d'or, les normes anti-pollution n'ont cessé d'étouffer ce moteur très attachant mais à la conception assez ancienne (refroidissement air/huile, alimentation par carburateurs, etc.). Et dans le même temps, la concurrence lançait des machines toujours plus légères et plus puissantes comme les Honda 900 Hornet, Kawasaki Z 1000 et consoeurs. Il était donc largement temps pour Suzuki de réagir et de faire évoluer son best-seller : c'est désormais chose faite !
Nouveau quatre pattes
Suzuki a donc profité de la nécessaire mise en conformité à la norme Euro3 de son gros Bandit pour concevoir un moteur inédit à 100 %. En évoluant du modèle 1200 au 1250, le Bandit ne gagne pas 50 cc comme on pourrait le croire, mais passe en réalité de 1157 à 1256 cc, soit 99 cc supplémentaires.
Surtout, le quatre-cylindres est désormais refroidi par eau et alimenté par une injection électronique. Si la puissance maxi reste inchangée à 98 ch, elle est en revanche disponible 1 000 tours plus tôt à 7 500 tr/mn.
Mais le gros atout de la nouvelle mouture du roadster Suzuki vient de son couple qui fait un véritable bond de gentleman cambrioleur en passant de 9,5 mkg à 6 500 tr/mn à 11 mkg à 3 700 tr/mn ! Soit un gain de 1,5 mkg disponible 2 800 tours plus tôt !
Le Bandit 1250 abandonne également la boîte à cinq vitesses des anciens modèles pour une nouvelle dotée de six rapports.
Même avec une ancienne robe...
Pour contenir le prix extraordinaire de son gros roadster, Suzuki n'a pas fait évoluer son Bandit, ni esthétiquement, ni en partie cycle. Le roadster avait néanmoins subi de nombreuses évolutions deux ans auparavant.
On regrettera que Suzuki n'ait pas profité du changement de motorisation pour proposer un nouveau design, afin de marquer une rupture définitive avec l'ancien modèle. D'un autre côté, il faut reconnaître que la ligne du Bandit traverse les années sans trop se démoder, alors que certains roadsters aux lignes plus acérées vieillissent beaucoup plus vite. C'est un parti pris qui répond sans doute bien aux attentes de la clientèle du 12 B.
... un Bandit reste un Bandit !
Position naturelle, selle confortable et réglable en hauteur, rétros bien positionnés, ergonomie soignée : on est très vite chez soi sur un Bandit et ce nouveau 1250 N ne fait pas exception à la règle.
On retrouve malheureusement aussi les petits défauts du roadster Suzuki, à commencer par un centre de gravité qui demeure assez haut. Ajouté au fait que le B 12 a pris un dizaine de kilos lors de son changement de mécanique (226 kg à sec avec ABS), il faudra rester vigilant lors des manoeuvres moteur coupé ou à très basse vitesse. Rien de grave pour autant, car l'équilibre général de la partie cycle et le bon rayon de braquage sont de bons atouts lors de ces phases délicates. Le nouveau modèle conserve le tableau de bord joli et lisible du précédent millésime, tout juste agrémenté d'un voyant d'injection Fi.
Plus ou moins pratique
Avec les années, l'espace dévolu aux antivols sous la selle du Bandit s'amenuise de plus en plus... Si l'on conserve la trousse à outils (particulièrement complète, soit dit en passant), on ne peut quasiment rien emporter de plus qu'un bloque disque. Dommage !
Deux diabolos de part et d'autre de la poignée passager permettent d'arrimer un sac. Mais comme autre point d'ancrage, il faudra avoir recours aux repose-pieds passager, avec le risque de rayer la peinture de la coque arrière avec les tendeurs.
Par ailleurs, certains détails de finition rappellent que l'on est bien en présence d'une reine du rapport cylindrée/prix. On relève par exemple de nombreux fils électriques apparents sur le côté gauche du moteur.
Facilité et humilité
La nouvelle 1250 Bandit N se montre donc extrêmement accueillante dès les premiers tours de roue et la douceur des commandes y est pour beaucoup. Avant de s'échapper vers de jolies routes où le quatre-cylindres pourra prendre des tours, la sortie de la région parisienne se négocie sans difficulté.
Dans les petits recoins et entre les files de voitures, la Suzuki fait oublier son poids tout de même conséquent (autour des 250 kg tous pleins faits) et aucune vibration ne vient gêner le pilote. La nouvelle boîte de vitesses, comme souvent sur les machines du constructeur d'Hamamatsu, se montre douce, précise et rapide.
L'injection électronique se fait à peu près oublier et ne génère que de très légers à-coups à la coupure et à la remise des gaz. Quant à la mécanique, elle parvient à concilier douceur et force, le tout dans une sonorité un peu trop étouffée par l'énorme échappement.
Le moteur, très souple, accepte sans broncher de repartir à moins de 1 500 tr/mn avec une force peu commune : on ressent immédiatement les 11 mkg à 3 700 tr/mn, un couple bien présent qui satellise littéralement la moto et son équipage d'une légère rotation du poignet ! A tel point que la circonspection est de mise, y compris pour les pilotes confirmés, lors des évolutions en ville ou sur sols gras...
Performante et rassurante
Dès que l'horizon se dégage un tant soit peu, le Bandit se montre un allié zélé et conciliant en toute situation. Les suspensions offrent un compromis quasi idéal entre confort et tenue de route.
Dans les grandes courbes rapides, la machine se montre imperturbable sur l'angle - c'était notamment un des gros défauts des anciens modèles d'il y a cinq ans et plus.
Dans le serré, le B 12 offre aussi de belles aptitudes à l'attaque. Bien sûr, les nouveaux gros roadsters sportifs de type Yamaha FZ1 et Kawasaki Z1000, plus légers, plus rigides et plus puissants, feront mieux partout. Mais il n'y a vraiment que sur mauvais revêtement qu'il faudra rendre la main pour ne pas se laisser emporter par le poids et le couple de la machine.
Plus un seul cheval au box !
Heureusement, le freinage puissant et mordant veille, parfaitement secondé par un ABS (en option à 500 €). Le moteur peut donc s'exprimer pleinement. Rempli à tous les régimes, il tracte avec une puissance incroyable jusqu'à plus de 9 500 tr/mn.
Et si le nouveau bloc ne revendique "que" 98 ch face à une concurrence bridée qui en propose parfois 60 de plus, l'homogénéité de la moto permet de ne pas en laisser un seul roupiller dans son box ! Ce qui à l'usage est particulièrement agréable et procure un réel agrément de conduite.
En revanche, le quatre-cylindres gagne en couple ce qu'il a un peu perdu en caractère et les montées en régime sont un peu trop linéaires : on aimerait un peu plus de rage dans la deuxième partie du compte-tours !
Bonne à rouler !
Le 12 Bandit continue donc à se plier de bonne grâce à tous types d'utilisation : de la balade sportive au moto-boulot-dodo, la Suzuki peut même s'attaquer au voyage ou à l'autoroute. Dans cet exercice, son moteur fait merveille, mais son manque total de protection imposera l'adoption d'un saute-vent adaptable.
Nul besoin d'investir dans une selle confort, celle d'origine procure un confort correct. En revanche, il peut être opportun de prendre des actions chez un pétrolier... Le 1250 Bandit est en effet plutôt glouton, avec une consommation moyenne de 7,7 l aux 100 km qui peut même monter à un bon 9 litres si l'on joue trop avec la poignée de droite... Du coup, malgré un réservoir de 19 litres (un litre de moins que sur l'ancien modèle), l'autonomie avant le passage en réserve est plutôt limitée (aux alentours des 160 km).
Bonnie and Clyde...
Autre aspect de sa polyvalence, le Bandit offre aussi de bonnes aptitudes au duo. La selle passager est large, moelleuse et bien dessinée. Les repose-pieds passager ne sont pas trop hauts et ne replient pas trop les jambes.
L'unique poignée de maintien est un peu petite pour des mains gantées, mais elle est bien placée pour permettre de résister efficacement aux accélérations et aux freinages.
En outre la douceur du moteur, de la transmission et des suspensions finit d'assurer un confort tout à fait respectable au passager... pour un roadster !
L'affaire du siècle ?
La nouvelle Suzuki 1250 Bandit N est donc parfaitement équipée pour reprendre le flambeau de ses ancêtres : sans réel défaut, il y a fort à parier qu'elle saura séduire de nombreux motards.
Affiché à 7 499 € (+ 500 € pour l'ABS) soit à peine plus cher que les derniers roadsters 600 sportifs, le nouveau "12,5 B " réussit le prodige de se moderniser tout en restant aussi bon marché !
Et tout ça sans négliger le moins du monde le plaisir de conduite, la polyvalence, le confort et la sécurité : chapeau bas, Mister Bandit !
.
.
.
PARCOURS |
||
|
||
POINTS FORTS |
||
|
||
POINTS FAIBLES |
||
|
||
Commentaires
Ajouter un commentaire
Identifiez-vous pour publier un commentaire.