C’est finalement en bon dernier, des années après la Hornet et la Fazer, que Suzuki rejoint le club des roadsters 600 sportifs de (environ) 100 cv. Le constructeur a-t-il mis ce temps à contribution pour proposer le roadster idéal ? Essai.
Malgré ses récents re-stylings et réalésage à 650 cc, la Bandit commence à accuser le poids des années et à voir ses ventes s’essouffler après une brillante carrière (lire Essai Moto-Net du 2 mars 2005.
Suzuki, las de voir les Z 750 et autres Fazer caracoler en tête des ventes, se devait de réagir.
Il aura donc fallu attendre le salon de Paris en septembre 2005 pour découvrir la GSR 600.
Ce petit roadster sportif au coeur de GSX-R 600 n’a pas pour ambition de révolutionner la catégorie, comme a pu le faire en son temps son illustre aïeule, la Bandit.
La GSR se contente de reprendre des solutions techniques éprouvées et largement diffusées à l’heure actuelle : cadre en alu coulé sous pression, 4 cylindres à refroidissement liquide, injection, etc.
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Paris, 29/08/2006 - Le nouveau roadster 600 de Suzuki : petit mais costaud ! Vidéo Moto-Net.Com. |
Seule particularité que ne possèdent pas ses concurrents directs : le nouveau roadster Suzuki arbore un magnifique bras oscillant renforcé en alu, jusque-là réservé aux sportives et à quelques roadsters de grosses cylindrées.
Manque d’audace ?
Esthétiquement, la déception fut au rendez-vous pour ceux qui attendaient une B-King en 600 cc (lire Moto-Net du 22 octobre 2001 et Moto-Net du 30 septembre 2005).
Car si l’on retrouve bien les lignes générales du fameux concept bike sur base d’Hayabusa, force est de constater que le résultat est assez fade...
C’est surtout vrai pour l’avant de la moto, qui perd cet alléchant coté trapu et fait très "plastoc" avec ses clignotants intégrés dans le réservoir. Quant au phare, il est loin d’être aussi acéré que celui de la FZ6 par exemple.
Heureusement, l’arrière est plus harmonieux avec sa double sortie d’échappement sous la selle qui encadre deux feus ronds à diodes. La GSR n’est pas "ratée" esthétiquement : elle a juste contre elle le fait d’être arrivée après les autres...
Ergonomique et confortable
L’accueil du pilote a été particulièrement soigné sur la GSR avec une position de conduite agréable et naturelle qui fait que l’on est très peu en appui sur les poignets et une hauteur de selle très raisonnable de 785 mm qui rassurera les plus petits gabarits.
En plus d’être jolie, la selle offre un confort remarquable et il faudra vraiment rouler très longtemps pour commencer à en souffrir. Ce qui évitera aux gros rouleurs d’investir dans une selle perso plus confortable, nécessaire sur beaucoup d’autres roadsters ! Quant aux commandes, elles sont douces et tombent naturellement sous les mains.
Seul point négatif à déplorer dans ce tableau idyllique : le réservoir est un peu trop large et a tendance à trop écarter les cuisses du pilote. Si ce n’est pas particulièrement dérangeant au quotidien, ça le devient en conduite sportive en empêchant de bien faire corps avec la moto.
Equipement : du beau et de l’agaçant !
La nouvelle petite Suzuki GSR est globalement bien équipée mais agace par certains détails. Tout d’abord, la moto est un peu trop droite une fois posée sur sa béquille latérale. Il faudra donc se méfier de la moindre pente, sous peine de retrouver la belle par terre !
Le rayon de braquage n’est pas non plus extraordinaire et peut se montrer franchement pénalisant au moment de se faufiler dans la circulation. Les rétroviseurs quant à eux semblent avoir été mis uniquement pour répondre à la législation : ils vibrent énormément quel que soit le régime moteur et se montrent parfaitement illisibles...
Au chapitre des aspects pratiques, la GSR se contente du minimum syndical. A cause de la double sortie d’échappement placée sous la selle, elle propose juste un emplacement pour loger un U de taille standard. Rien d’autre ne rentrera !
Pour ce qui est du transport d’un sac, pas de point d’ancrage : il faudra utiliser les quatre boucles en Cordura rétractables disposées sous la selle passager.
La GSR se contente d’un modeste réservoir d’essence de 16,5 litres. Toutefois, l’autonomie n’est pas ridicule car la moto, même menée à un bon rythme, consomme relativement peu avec une moyenne de 6,2 l/100 km au cours de notre essai. Ce qui permettra de faire environ 200 km avant le passage en réserve.
Mais la Suzuki GSR possède aussi de très bons côtés. Tout d’abord, elle est équipée en série d’un anti-démarrage à clé codée tout à fait pratique et rassurant.
Et elle arbore en outre un bloc compteur aussi lisible et complet qu’agréable à regarder. De jour comme de nuit, son apparence est plaisante et participe vraiment au plaisir de conduite, avec notamment son indicateur de rapport engagé.
Facile et accessible
Si la GSR 600 n’est donc pas la star des terrasses de café, c’est sans doute qu’elle réserve sa démonstration pour la route... A peine en selle, le pilote - quel que soit son niveau - se sent déjà chez lui, avec l’impression de retrouver une vieille complice.
La position naturelle, la hauteur de selle convenable et le poids raisonnable de 183 kg participent à cet accueil chaleureux. Une petite pression sur le démarreur et le 4-cylindres à refroidissement liquide s’ébroue dans un bruit feutré.
Point de starter, le ralenti est géré par l’injection électronique. Petit coup de gaz : le bloc Suzuki se précipite instantanément dans les tours, sans aucune inertie et en dégageant une sonorité rageuse…
L’ensemble embrayage/boîte de vitesses contribue aussi grandement au plaisir de conduite. Les rapports passent avec douceur et précision, ce qui est particulièrement important sur un petit 4-cylindres sportif car on a tendance à beaucoup tricoter de la boîte.
Impériale en ville
Malgré quelques petits défauts - comme son rayon de braquage un peu juste - qu’elle sait très vite faire oublier, la GSR 600 est un outil facile et efficace en ville. Dès les premiers tours de roues, on se sent donc en confiance.
Le frein avant offre un mordant tout à fait rassurant sans être brutal, ce qui est un gage de sécurité sur le mouillé pour les pilotes les moins expérimentés. Le frein arrière est un peu plus discret mais remplit honnêtement son office. Enfin, les suspensions gomment parfaitement pavés, trous et autres dos d’ânes en assurant une tenue de cap parfaitement saine !
De son côté, le moteur surprend par sa souplesse et son couple à bas régime… pour un 600 cc 4-cylindres s’entend ! Dès 3 500/4 000 tr/mn, il offre des reprises très convaincantes et largement suffisantes pour rouler dans la circulation.
Là où d’autres roadsters 600 exigent de tomber un, voire deux rapports pour repartir décemment, la GSR se contentera de relancer vaillamment dans un bruit feutré. Mais attention, la petite Suzuki sait aussi jouer les teignes ! Nul besoin de la titiller longtemps pour qu’elle s’énerve. Et là, on retrouve bien un moteur de GSX-R 600…
La reine de l’attaque !
Passés 8 000 tr/mn, les purs-sangs débarquent accompagnés du grondement rauque de la boîte à air et du hurlement des échappements. Dr Jeckyll se transforme alors en Mister Hyde et vous arrache les bras et les cervicales… Jusqu’à plus de 14 000 tr/mn, régime auquel intervient le rupteur...
Quel que soit le rapport engagé, les vitesses atteintes sont alors inavouables mais la moto reste parfaitement homogène et seul le manque de protection incite juste à baisser un peu la tête.
On sent la moto parfaitement rivée au sol, aidée en cela par les excellents Bridgestone BT 14. Ces pneus sont montés d’origine sur la GSR, preuve supplémentaire des prétentions - et des aptitudes ! - sportives du nouveau roadster Suzuki. Un net avantage par rapport aux montes d’origine de ses concurrentes, souvent indignes des performances des motos qu’elles équipent.
La stabilité de la moto, sur bon comme sur mauvais revêtement, est particulièrement difficile à prendre en défaut. Sur l’angle, la GSR inspire tellement confiance que l’on se surprend à remettre les gaz à certains endroits où l’on est habitué à les couper en temps normal !
A tel point que même les bretelles d’accès aux autoroutes, où l’on reste longtemps sur l’angle, sont sources de grands plaisirs motocyclistes… A cet égard, la GSR en deviendrait presque dangereuse tellement elle inspire confiance à son pilote... Si celui-ci a peu d’expérience et ne garde pas la tête froide, il risque d'atteindre ses limites un peu brutalement…
Nul n’est parfait...
Les plus sportifs pourront reprocher à la GSR son train avant un peu lourd manquant de vivacité en ville et dans les pif-paf pris à bonne allure. Mais la GSR reste un petit roadster 600 cc globalement facile et léger à emmener.
L’injection électronique génère quant à elle quelques à-coups à la coupure et à la remise des gaz. Un mal qui semble malheureusement inévitable - normes antipollution obligent - tant il touche la plupart des motos récentes : rares sont les constructeurs qui proposent des injections parfaitement maîtrisées.
Mais la GSR s’en sort honorablement car elle compense ces à-coups par une douceur générale de fonctionnement (embrayage, boîte de vitesse, transmission finale) au-dessus de la moyenne.
Dernière fausse note dans la douce mélodie entonnée par la Suzuki, son moteur engendre quelques vibrations dans les cale-pieds et le guidon à mi et haut régimes. Mais il faudra rallonger énormément les étapes pour commencer à en souffrir réellement.
Un choix judicieux
Sur le marché ultra concurrentiel des roadsters sportifs, Suzuki aura donc pris son temps pour rendre sa copie. Mais le résultat lui donne raison : la GSR est d’une homogénéité sans faille ! Elle parvient à concilier confort, facilité et efficacité sportive sans se trouver pénalisée par un grave défaut... Sauf peut-être son esthétique tristounette. Mais ça, c’est à vous de voir !
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