Musclor Junior

Le motard habitué aux grosses cylindrées ne perçoit généralement le scooter que comme un objet de la vie quotidienne, sans intérêt particulier : pratique et pas trop cher, certes, comme peuvent l'être une brosse à dents ou une cafetière, mais sans ce sex appeal ni ce supplément d'âme propres à la moto...

C'est donc avec une certaine circonspection que nous découvrons la version "musclée" du nouveau scooter Peugeot Satelis 125 équipée d'un compresseur : le Peugeot Satelis Compressor... Un scooter 125, passe encore, mais avec un compresseur, pour quoi faire ? Direction la splendide vallée du Douro, au Portugal, où Peugeot a choisi de présenter son nouveau petit musclé à la presse européenne...

Surfant sur le succès commercial de son nouveau scooter Satelis 125 (lire Moto-Net du 9 juin 2006), Peugeot propose en effet une version plus musclée équipée d'un compresseur, revu et corrigé par rapport à celui qui équipait le Jet Force.

Deux versions plus exactement, car le Satelis 125 Compresseur, qui devrait être disponible en concession à la rentrée, est décliné en 15 chevaux (K15, accessible aux automobilistes avec l'équivalence permis B) ou en 20 chevaux (K20, réservé aux permis A).

15 ou 20 chevaux

"Le compresseur suralimente le moteur en air et en essence", rappelle le technicien de Peugeot Motocycles : "la pression de l'air à l'entrée du moteur passe ainsi de 0,9 à 1,9 bar, mais l'air passe d'abord dans le radiateur pour être rafraîchi. En étant lié au vilebrequin, le compresseur tourne exactement comme le moteur et son taux de compression est fonction du régime moteur : à l'accélération, on augmente la vitesse d'entrée d'air dans le circuit pour augmenter la pression de remplissage et à la décélération, une vanne permet de décharger l'air".

D'où cet agréable petit sifflement, style turbine d'avion de chasse, qui se superpose au bruit du moteur en roulant.

Le Satelis K15 développe 15 chevaux (11 kW), soit exactement la même puissance que le Satelis 125 standard (lire Test Moto-Net du 23 mars 2006) mais à plus bas régime : la puissance maxi apparaît dès 7 700 tours pour la version Compressor, alors qu'il faut attendre le régime maxi théorique (9 750 tours) sur la version Standard.

Quant au Satelis K20, il développe 20 ch (15 kW) à 8 500 tours et dépasse donc la limite maximale de puissance pour l'équivalence permis B (15 ch).

Visuellement, les deux versions du Satelis Compressor (K15 et K20) tranchent d'emblée par rapport à leur homonyme de base, grâce à la présence de deux entrées d'air massives sur les flancs arrière. Esprit "racing" oblige !

Plus de coffre pour moins de coffre...

Tout le reste est identique, hormis la distribution (deux soupapes sur le Compressor contre quatre sur la version standard) et le logement sous la selle qui se trouve réduit sur la version Compressor en raison du filtre à air : la capacité de rangement passe de deux casques intégraux sur la version de base à un seul sur le Compressor.

Comme sur la version standard (lire Test Moto-Net du 23 mars 2006), la qualité de certaines pièces laisse à désirer : le vide-poche guidon, notamment, est un peu cheap et s'est même ouvert en roulant au cours de notre essai. Mais "plusieurs pièces vont être changées sur les futurs modèles", promet Frédéric Bart, responsable des relations publiques chez Peugeot Motocycles : les trappes d'accès aux bougies, les vide-poches guidon et latéral devraient être renforcés au moyen de plastiques plus épais.

Pour des raisons évidentes de coûts de production, "le cadre, l'ergonomie et l'architecture globale ont été calculés à la fois pour le 125, le 250 et le 500 ", précise Peugeot : "le diamètre de la fourche sur le Compressor est identique à celui du Satelis standard (37 mm), mais l'accord suspension avant et arrière a été modifié sur les versions K15 et K20 par rapport au modèle de base et nous avons renforcé la suspension AR (amortisseur Païoli) avec une biellette".

Côté électronique, logée sous la selle du conducteur, "toute la cartographie a été modifiée sur la version Compressor car elle gère également l'alimentation du compresseur". Un capteur de la température de l'air à l'entrée du moteur a également été ajoutée.

Entre les versions K15 et K20, seuls la cartographie et le faisceau électrique diffèrent mais il sera "trop galère de switcher tout seul les versions", précise Peugeot, car "ce serait trop dangereux par rapport à la réglementation".

En selle

Une fois assis, le conducteur trouve instantanément sa place sur la large selle confortable. Petit problème en revanche pour le novice qui ne sait où placer ses pieds sur le plancher : à l'avant, à l'arrière ou au milieu ? Va pour le milieu, on s'adaptera par la suite...

Le débéquillage central ne pose aucun problème et les 172,5 kilos de la bête atterrissent mollement sur le sol. Le béquillage et le débéquillage latéral demanderont en revanche un peu plus d'expérience, tant le rappel de béquille est rapide. Comme sur son cousin standard, la béquille latérale du Satelis Compressor est dépourvue de contacteur, prévu en revanche sur le 250 et le 500.

En route

Pour de mystérieuses raisons de sécurité, le démarrage requiert l'action du frein. Le frein est donc actionné, une pression sur le démarreur, le moteur s'élance, légère rotation de la poignée de gaz et... rien ! Une rotation plus franche et le Satelis consent finalement à parcourir ses premiers mètres, non sans convoquer instantanément en mémoire de vieux souvenirs de mobs d'adolescent, poussives à souhait mais ô combien synonymes de liberté ! Sauf que le Satelis, loin d'être aussi poussif que les 103 SP d'antan, atteint sans problème en quelques dizaines de mètres sa vitesse de croisière (110/120 km/h).

Toujours pour des raisons de sécurité mais cette fois nettement plus compréhensibles, la mise en marche des clignotants déclenche une série de bips sonores : une idée astucieuse et très efficace pour ne pas oublier de les éteindre une fois la manoeuvre terminée... Même si en pratique, en observant la plupart des scooters dans la circulation parisienne, il serait peut-être préférable que les clignotants émettent un bip avant la manoeuvre, de façon à rappeler au conducteur qu'il doit actionner son clignotant avant de tourner...

Plus de pêche

Le K15 offre un peu plus de pêche au démarrage que la version standard. Une fois lancé, il permet également des reprises plus franches, lors d'un dépassement par exemple. Pas de quoi se faire arracher les bras - on reste sur des puissances de moteurs 125 ! -, mais largement de quoi s'amuser à son guidon, que ce soit dans les embouteillages urbains ou sur les routes de campagne, voire de moyenne montagne.

La protection est très convenable, d'autant que la vitesse reste modérée par rapport à de plus grosses cylindrées. On se surprend ainsi à éprouver un réel plaisir à sillonner la splendide vallée du Douro, au Portugal, à l'est de Porto.

Pieds en avant

Les pieds bien calés vers l'avant en position "cruiser", le Satelis avale tranquillement les grandes courbes rapides qui dominent les vignes de la région de Porto et les longs méandres du Douro. Puis, une fois les pieds ramenés vers l'arrière et le buste tendu un peu plus vers l'avant, virevolte joyeusement sur les petites routes défoncées par les orages et les coulées de boues.

Le freinage sur la version Compressor s'avère diablement efficace, même - et surtout ? - dépourvu de l'ABS. En comparaison, le freinage ABS de la version standard paraît bien plus mou et ne semble guère convaincant.

La tenue de route est très correcte, y compris sur de petits chemins tortueux. Même s'il a parfois tendance à se tortiller légèrement dans les courbes serrées, le Satelis Compressor compense largement par sa maniabilité et son agilité. Et dans les grandes courbes rapides, son bon comportement routier en fait un moyen de transport particulièrement agréable et confortable.

C'est sans surprise le K20 qui remporte la palme de l'agrément avec ses reprises plus franches à partir de 70 km/h, là où le modèle standard et le K15 plafonnent et perdent en plaisir de conduite. Mais cette version étant réservée aux permis A qui ont accès aux cylindrées supérieures, on peut se demander s'ils n'auront pas intérêt à attendre la version 250 du Satelis, dont le lancement est prévu à la rentrée, ou carrément le 500 l'année prochaine...

Il ne fait en effet guère de doute que le K15, directement accessible aux automobilistes grâce à l'équivalence permis B, prendra la part du Lion par rapport à son grand frère de 20 chevaux. "Pour l'instant, il nous est difficile de fixer des objectifs entre le K15 et le K20", explique Claude Alembert, directeur commercial de Peugeot Motocycles.

Difficile également d'estimer la proportion d'automobilistes qui se laisseront tenter par cette version musclée du Satelis plutôt que par la version standard, moins fun mais plus pratique grâce à son coffre plus grand, moins chère et plus économique en carburant avec une consommation moyenne estimée par Peugeot à 4,5 l/100 pour le Compressor contre 3,6 litres pour la version standard... A suivre !

Toujours est-il que le scooter Satelis, dont le lancement début mars est déjà un succès (lire Moto-Net du 9 juin 2006), est une véritable opération survie de la part de Peugeot Motocycles, qui entend bien en finir avec ses périodes de vaches maigres face à la concurrence italienne.

"Une cadence infernale a été imposée à l'usine de Mandeure (25), entièrement modernisée en 2001, pour accueillir un projet industriel d'une telle ampleur", explique ainsi Peugeot Motocycles qui s'apprête à décliner chacune des trois cylindrées du Satelis (125, 250 et 500, lire Moto-Net du 4 octobre 2005) en trois versions : Premium, City et Exécutive.

• Satelis K15 Premium : 4 499 € (Premium Standard : 3 799 €)
• Satelis K15 City (antivol intégré) : 4 659 € (City Standard : 3 959 €)
• Satelis K15 Executive (antivol intégré + ABS) : 5 099 € (Executive Standard : 4 409 €)

Lire aussi :

• Test Moto-Net Peugeot Satelis 125 Standard : Paré au décollage
• Tableau comparatif des Peugeot Satelis 125, K15, 250 et 500

Le prix des accessoires