Tout vient à point à qui sait attendre... Alors que la circulation interfiles existe de facto depuis que les deux-roues circulent en ville, et que la sécurité routière planche sur le sujet depuis plusieurs années à la demande des associations de motards, le Conseil national de sécurité routière (CNSR) réuni ce matin…
Tout vient à point à qui sait attendre... Alors que la circulation interfiles existe de facto depuis que les deux-roues circulent en ville, et que la sécurité routière planche sur le sujet depuis plusieurs années à la demande des associations de motards, le Conseil national de sécurité routière (CNSR) réuni ce matin à Paris vient enfin de recommander une "expérimentation" de cette pratique !
Après débat et vote, le CNSR recommande en effet au ministre de l'Intérieur de "lancer une expérimentation sur certaines voies rapides urbaines, permettant aux deux-roues motorisés, lorsque le trafic est congestionné, de circuler entre les deux voies les plus à gauche, moyennant une limitation de leur vitesse à 50 km/h".
Les lecteurs de Moto-Net.Com - qui, comme chacun sait, ont un peu plus de chance que les autres - auront reconnu sans difficulté les critères définis par la Délégation à la sécurité et à la circulation routières (DSCR) en collaboration avec les principaux acteurs du secteur (lire MNC du 6 juin 2012 : les discussions progressent sur la circulation interfile).
Selon la recommandation du CNSR, cette expérimentation devrait être menée pendant deux ans sur le périphérique à Paris et sur les voies rapides de Lyon, Marseille et Besançon.
Les premières réactions
"Cette reconnaissance d'une pratique spécifique aux deux-roues motorisés est une grande avancée dans la prise en compte d'un mode de déplacement en fort développement", indique la Fédération française des motards en colère (FFMC).
"C'est une mesure de bon sens, puisque reconnaître la circulation inter-file, c'est permettre de l'encadrer pour un partage de la route davantage sécurisé", estime de son côté Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes.
L'Automobile club des avocats (ACDA) salue également la proposition du CNSR d'expérimenter la circulation interfiles et espère qu'il s'agit "d'un premier pas vers la reconnaissance juridique de cette pratique, aujourd'hui ni autorisée, ni interdite !"
"Alors qu'elle est tolérée la plupart du temps, elle est parfois verbalisée par les forces de l'ordre", constate l'ACDA. "Or, faute d'être définie dans le code de la route, la constatation de la remontée interfiles donne lieu à la rédaction de plusieurs procès-verbaux pour caractériser le fait reproché : dépassement par la droite (amende de 135 euros et retrait de 3 points), non-respect des distances de sécurité (amende de 135 euros et retrait de 3 points), dépassement sans se porter suffisamment à gauche du véhicule dépassé (amende de 135 euros + retrait de 3 points), changement de file sans motif (amende de 35 euros), et parfois vitesse excessive (amende de 135 euros)".
"A quoi bon expérimenter ce qui se pratique chaque jour depuis des années ?"
"La reconnaissance la circulation interfiles permettrait l'enseignement de cette pratique", poursuivent les avocats en soulignant qu'elle "permettrait aussi l'indemnisation par l'assureur du conducteur de deux-roues impliqué dans un accident alors qu'il pratiquait la circulation interfiles".
L'ACDA déplore cependant que seule une phase d'expérimentation soit décidée : "à quoi bon expérimenter ce qui se pratique chaque jour depuis des années ? De même, l'ACDA s'interroge sur la pertinence de limiter la phase expérimentale aux autoroutes, alors que la circulation interfiles prend son sens dans toutes les situations d'arrêt des files de véhicules, ou de circulation au pas, quelle que soit la voie. Dans un bouchon, un motard devrait pousser sa moto à la main ! Enfin, prenant acte de la limitation à 50 km/h de la remontée de files, l'ACDA relève enfin la difficulté de flasher un deux roues remontant deux files de véhicules"...
"Des avancées intéressantes"
Enfin pour la Fédération française de motocyclisme (FFM), il s'agit "d'avancées intéressantes pour la moto". L'instance fédérale note aussi "avec soulagement que le CNSR n’a pas validé la recommandation des experts de ramener la vitesse de 90 à 80km/h sur les routes départementales".
Cette recommandation faite au ministre de l'Intérieur doit maintenant être examinée par le Comité interministériel de la sécurité routière (CISR), dont la date de la prochaine réunion n'est pas encore fixée. A suivre sur MNC : restez connectés !
Journée des victimes, collecte des données et éthylotest anti-démarrage
Le CNSR du 29 novembre 2013 a également formulé trois autres recommandations :
Instaurer une journée nationale des victimes de la route le 22 février, pour en faire "un jour de commémoration des personnes et des familles dont le destin a, un jour, sur une route, brutalement basculé dans le drame. Cette journée permettra également de lancer des travaux pour faire progresser la prise en charge des victimes et de leurs familles".
(Notons que le 22 février était déjà depuis 1990 la "Journée européenne des victimes" (pas seulement de la route) et depuis 1926 (!) la "Journée mondiale du scoutisme" (World Thinking Day), en hommage à la date de naissance du fondateur des scouts, Robert Baden-Powell, le 22 février 1857)...
Organiser la récupération des données, d'ores et déjà présentes dans les systèmes de pilotage des véhicules, afin de reconstituer la genèse des accidents. "Cette solution, sans surcoût, basée sur l'enregistrement sans son ni image du mouvement du véhicule, nécessite néanmoins qu'une standardisation du format des données soit opérée au niveau européen pour les futurs véhicules".
Et enfin développer l'usage de l'éthylotest anti-démarrage auprès de conducteurs présentant un problème avec l'alcool, assorti d'un suivi et de soins.
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