Après ma semaine épique sans freins jusqu'à Sorata (lire MNC du 8 février 2012 : Amérique latine à moto - Episode 7, la (difficile) ruée vers l'or ), je suis allé faire bricoler le frein avant de ma Versys. Je trouve un mécano voiture plutôt cool, qui avec l'aide de son voisin me répare le garde-boue avant et bricole la durite…
Après ma semaine épique sans freins jusqu'à Sorata (lire MNC du 8 février 2012 : Amérique latine à moto - Episode 7, la (difficile) ruée vers l'or), je suis allé faire bricoler le frein avant de ma Versys. Je trouve un mécano voiture plutôt cool, qui avec l'aide de son voisin me répare le garde-boue avant et bricole la durite pour que ça freine au moins sur le disque droit...
Le problème, c'est qu'il n'y a plus du tout de liquide de frein dans le bocal, que je n'en ai pas avec moi et lui non plus... Je lui propose alors de se servir dans le bocal de frein arrière. C'est bon, je peux repartir, mais gaffe quand même : je dois bien pomper 5 fois avant que ça commence à ralentir, un peu comme un tambour qui a pris l'eau...
Qu'importe, je roule cool direction La Paz mais ça ne m'enchante pas vraiment d'y retourner. Alors je m'arrête faire le plein. Comme d'hab', je demande à un mec d'aller m'acheter de l'essence(lire MNC du 8 février 2012 : Amérique latine à moto - Episode 7, la (difficile) ruée vers l'or) et c'est l'occasion de papoter.
Il m'indique un petit village à 20 minutes de là. Me voici donc en fin d'après-midi à Penas, à 50 km de La Paz. Le paysage est magnifique et je rencontre rapidement André, un Argentin qui voyage depuis 6 ans à vélo. Puis arrivent trois Belges qui reviennent d'une session d'escalade... dont Joël qui vient du village de mes grands-parents et connaît ma famille ! Enorme, tout ça au beau milieu de la Bolivie... Finalement je reste pour la nuit et je suis invité à dormir dans le dortoir de la paroisse.
Tout se trouve et tout se répare
Je serai bien resté plus longtemps mais six mois de voyage c'est court, on ne voit pas le temps passer ! Alors après un petit tour au marché, je fonce dans l'Alto, le quartier pauvre de La Paz, où tout se trouve et tout se répare.
Je vois un mec bricoler quelques motocross, je m'arrête et lui demande s'il a de la durite de frein... Après 20 bonnes minutes de recherche dans son bordel, il me sort l'objet tant désiré.
Une vieille fiole rouillée à moitié remplie de DOT4
Mais il n'a pas de liquide de frein DOT4 et je n'ose pas mettre autre chose de peur d'abîmer tout le système... Je vais voir chez son voisin qui n'en a pas non plus. Puis il réfléchit, repart et revient avec une vieille fiole rouillée à moitié remplie de DOT4. Alléluia ! Ni une ni deux, la moto est réparée et freine de nouveau bien !
Je décide d'aller dans le Parc de Sajama, à 4 heures de route... sauf que je vais tenter d'y aller par les pistes ! Je passe le village de Corocoro et traverse de grands plateaux désertiques. C'est magnifique, ça me rappelle mon voyage en Mongolie.
Sauf qu'ici, je rencontre régulièrement du monde pour m'indiquer le bon chemin ! La journée a bien avancé lorsque j'arrive à une rivière à traverser. Un bus y est ensablé depuis 6 heures et les passagers s'efforcent de le sortir... J'hésite un bon moment avant de passer, mais l'eau est peu profonde et au pire si je m'ensable, 17 personnes espèrent pouvoir m'aider contre un petit pécule...
Je démarre et j'en vois déjà qui sourient. Je rentre à vive allure dans l'eau et passe finalement sans soucis. 2 minutes plus tard, le bus sort à son tour mais en marche arrière. Bravo à eux !
6 heures de piste et carnaval à Corocoro
Le temps se gâte, j'aurai juste le temps de trouver refuge dans le village d'après, où les habitants m'ouvrent l'école pour m'abriter. J'ai eu chaud ! Sajama n'est plus qu'à 6 heures de piste, mais celle-ci est souvent inondée et me conduit tout droit vers une grosse rivière... Là c'est clair, je ne le tente pas : le problème n'est pas la profondeur, mais le sol sablonneux.
Me voilà obligé de faire demi-tour et de retraverser la fameuse rivière où le bus est resté bloqué... Pour gagner du temps je prends un raccourci mais cette fois je reste bloqué et je passe près d'une demi-heure à sortir la moto.
Je repasse par Corocoro où je tombe sur un carnaval en plein après-midi ! Les gens sont délurés, boivent, mangent et dansent. Une véritable ambiance de féria ! Puis je rejoins le goudron afin de récupérer le pont qui me permet de traverser la rivière.
Deux jours de trajet au lieu de 4 heures
Sajama est encore à 100 km et il est déjà 20h, alors je décide de camper devant le restau routier où j'ai mangé. J'aurai donc mis deux jours au lieu de 4 heures pour aller à Sajama, mais c'était top !
Le lendemain, quel bonheur d'arriver au petit village de Sajama situé à 4200 m d'altitude. Je laisse mes affaires chez Dona Theodora - que je conseille vivement - et pars en montagne. Il est 17h et je me dirige vers le volcan Sajama qui culmine à 6540 m. L'idée est de me rendre au camp Alto.
Parti à 17h, je marche deux heures et campe à environ 4400 m d'altitude. Le lendemain, je me fais ma petite balade en haute montagne. La progression est difficile à cause de l'altitude, mais un tel point de vue vaut bien un petit effort !
Camping sauvage sur le volcan Parinacota
Je passe au bout de quelques heures le camp Alto et poursuis jusqu'à 5100 m, là où la neige fait son apparition et où il faut du matos. Je redescends à Sajama pour une bonne nuit de sommeil. Le lendemain, je me réveille avec une idée qui m'a trotté toute la nuit dans la tête : j'irais bien camper sur le volcan Parinacota, voire tenter le sommet si le temps et ma condition physique le permettent...
En fin de matinée je pars louer des chaussures, des crampons et un piolet et j'achète un peu de nourriture. Le ciel est dégagé, c'est rare en cette saison, alors c'est parti !
"Je charge la Versys, direction la lune"...
Je charge la Versys, direction la lune... La piste en sable est vraiment difficile et je dois rester dans les tours pour passer les bancs de sable volcanique. Je laisse la moto au camp de base à 4700 m d'altitude et poursuis à pied jusqu'au camp Alto à 5100 m où je plante la tente.
A 20h, je dors comme un bébé. Mais la nuit est courte : debout à minuit et demi et une heure plus tard j'entame l'ascension. Il fait froid, très froid... Progresser en montagne dans le noir et sans personne pour me motiver, c'est vraiment difficile... Mais j'avance doucement, la température continue de baisser au fur et à mesure que la nuit avance.
Entre 4 et 6h du matin, j'ai failli abandonner 100 fois à cause du froid. Puis le soleil se lève enfin et me réchauffe rapidement. Je découvre l'endroit où je déambule depuis 5 heures : c'est splendide ! J'ai une belle vue sur le Chili de l'autre côté de la montagne, puis sur le volcan Pomerape qui culmine à plus de 6000 m lui aussi.
Plus que 300 mètres de dénivelé... Il est maintenant 8h et je fais face à un mur de neige. Au début j'essaye en zigzaguant, mais rien n'y fait : je suis essoufflé et à bout de force au bout de quelques pas. En revanche je n'ai ni mal à la tête ni au ventre, alors je décide de continuer autant que je peux. Qu'importe si je n'atteins pas le sommet, la vue ici est déjà magnifique.
"Après 10 heures d'efforts, je suis à 6340 m !"
Je change de stratégie : j'attaque la montagne de face par session de dix pas avant de faire une pause. L'épreuve va durer 4 heures et à midi je suis au sommet ! Des nuages blancs m'empêchent de voir quoi que ce soit, mais j'y suis ! Après 10 heures d'efforts, je suis à 6340 m.
Mais 10 minutes plus tard, il faut déjà redescendre : le ciel se couvre et ce n'est pas le moment de flâner ! 3 heures plus tard je suis en bas après avoir descendu ce satané volcan sur les pieds, les fesses, le ventre, les dents !
Je fais un petit somme dans la tente à 16h, je plie bagage, je retrouve la moto à 17h et à 18h je suis à Sajama. Après une telle journée, j'ai bien mérité une bière !
Je profite quelques instants du carnaval à la manière d'un zombie et je vais rapidement retrouver les bras de Morphée pour une longue nuit. Encore une semaine intense : promis, la semaine prochaine je lève le pied !
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