Moto-Net.Com a recueilli les réactions des principaux acteurs du monde de la moto à propos de la suppression de la loi des 100 chevaux annoncée pour 2016, qui a déjà suscité de nombreux commentaires chez nos lecteurs (lire notamment MNC du 20 novembre 2012 : fin de la loi des 100 chevaux en 2016 ).
Moto-Net.Com a recueilli les réactions des principaux acteurs du monde de la moto à propos de la suppression de la loi des 100 chevaux annoncée pour 2016, qui a déjà suscité de nombreux commentaires chez nos lecteurs (lire notamment MNC du 20 novembre 2012 : fin de la loi des 100 chevaux en 2016).
La fin de cette "loi des 100 chevaux" signifie que les constructeurs n'auront plus à brider leurs motos pour le marché français. Par conséquent les motards français pourront désormais rouler avec des motos en configuration "d'origine", avec un moteur tel que prévu au départ par les ingénieurs.
"Une spécificité française qui servait simplement à créer des coûts additionnels"
"Je ne peux que saluer cette décision même si 2016 est un peu tardif", déclare à Moto-Net.Com Reinhold Zens, le jeune président de KTM France. "La limitation à 100 ch - et c'est plus que prouvé ! - ne servait à rien du tout. C'était juste encore une fois une spécificité française qui servait simplement à créer des coûts additionnels pour les constructeurs et des règles inutile pour les motards en France. On a un marché européen de la moto qui est en forte baisse et qui doit être plus que jamais unifié".
"La puissance d'une moto n'est pas une cause d'accident"
"Dans le cadre de l'harmonisation européenne des deux-roues à moteur, nous nous félicitons que la limitation à 100 ch soit supprimée et qu'il soit ainsi établi que la puissance d'une moto n'est pas une cause d'accident. Il est important de le reconnaître !", se réjouit de son côté Marcel Driessen, directeur général de BMW Motorrad France.
"Grâce à cette décision du Parlement, les clients français pourront ainsi enfin "goûter" à 100% de la technologie BMW, particulièrement sur un modèle iconique comme la S1000RR et sa version HP 4 !", poursuit M. Driessen, ajoutant que "la sécurité a toujours été pour BMW Motorrad une priorité de première importance. C'est ainsi que BMW, dans le cadre de sa stratégie Sécurité 360, offre dès maintenant l'ABS de série sur l'ensemble de sa gamme, bien avant l'obligation faite sur ce point en 2016. Il faut mentionner également que nous proposons d'autre systèmes améliorant la sécurité comme l'ESA, l'anti patinage, des éclairages adaptatifs ou le contrôle permanent de la pression des pneus, entre autres".
"Les demandes formulées par les constructeurs, les utilisateurs et les associations ont été prises en compte"
"Comme probablement la majorité de ses clients, Kawasaki se réjouit de cette décision tant attendue", nous confie également Patrick Marchal, directeur commercial de Kawasaki France. "Les demandes formulées depuis plusieurs années par les constructeurs, les utilisateurs et les associations ont été prises en compte", se réjouit-il en précisant que "l'évolution annoncée de la réglementation va permettre dans un premier temps de simplifier et d'uniformiser les conditions d'homologation des véhicules et mettra l'ensemble des constructeurs sur un pied d'égalité commerciale, ce qui profitera au final à l'ensemble des consommateurs français".
"Nous sommes heureux de la clarification que cela apportera à tous, usagers et professionnels, dans la vie quotidienne, et même si nous devons attendre janvier 2016 nous nous réjouissons de la fin désormais programmée de cette période d'incertitude", concluent les Verts.
"Personne en France ne veut prendre cette décision courageuse politiquement"
Chez Suzuki François Etterlé, directeur commercial jusqu'à fin décembre avant de passer le relais à Guillaume Vuillardot et de devenir "conseiller senior", rappelle lui aussi que "cette mesure franco-française de limitation à 100 cv était inappropriée pour améliorer la sécurité pour laquelle nous recherchons tous des solutions".
"Bien que la preuve de l'inutilité de cette mesure, par absence de lien de causalité entre la forte puissance et l'accidentologie, ait été rapportée notamment par l'étude MAID, personne n'a eu le courage au gouvernement de l'abolir pour la remplacer par une ou d'autres mesures plus appropriées", regrette M. Etterlé : "sachant que personne en France ne veut prendre cette décision courageuse politiquement, les autorités s'en remettront aux décisions européennes et indiqueront en leur temps, c'est-à-dire 2016, date limite, que ce n'est plus de leur responsabilité mais de celle de l'Europe".
"Pour essayer d'obtenir une abolition anticipée, il faudrait que cela fasse partie d'un échange de bons procédés entre la France et l'Europe et on peut penser à la mise en place d'un contrôle technique obligatoire, par exemple", poursuit-il. "Aujourd'hui, les statistiques permettent d'identifier quelles sont les catégories les plus accidentogènes, les dernières publicités de la sécurité routières le prouvent. Dès lors, il est dommage que les autorités françaises ne prennent pas de meilleures mesures mieux adaptées à la situation et n'aient pas le courage d'abandonner celles qui ne le sont pas... Cette attitude renforcerait la crédibilité des autorités auprès du monde motard et permettrait de bien meilleurs résultats".
"Notre rôle consistera à éclairer les autorités autant que faire se peut, en espérant contribuer avec obstination à l'amélioration de la sécurité", conclut M. Etterlé.
La distribution de versions unique en Europe va par contre faciliter le développement des marchés parallèles d'importation sur le sol français"
Pour Christophe Decultot, directeur général auto et moto chez Honda France, "il est évident que pour nous il s'agit d'une bonne nouvelle car la législation spécifique française des 100 ch impose actuellement une organisation de production spéciale qui est plus coûteuse, plus longue et retarde la mise sur le marché des versions française (les types F sont produits chronologiquement après les types Européens). Seul regret : un abandon de la règle franco française qui aurait du intervenir bien plus tôt".
"La mise en oeuvre de version type F ajoute un coût supplémentaire dès la phase de développement pour les machines soumises à cette réglementation. Sans parler de la notion de coût de stockage des pièces spécifiques en après vente", poursuit-il, ajoutant que "la politique de développement à ce jour de nos modèles sportifs destinés à l'utilisation routière est basée sur le concept de "Control Total" et la puissance maximale n'est pas le facteur principal. L'équilibre général, la facilité de conduite, l'efficacité sont des notions plus importantes".
"Le consommateur français est donc lésé par rapport à tous ces confrères européens" alors qu'"avec la nouvelle loi, tout le monde sera sur un même pied d'égalité", estime M. Decultot même si du coup, "la distribution de ces versions unique en Europe va par contre faciliter le développement des marchés parallèles d'importation sur le sol français qui, jusqu'alors ne touchait que les machines non homologuées".
"Cette liberté retrouvée ne doit pas transformer la route en circuit"
Pour Laurent Vidémont, responsable service marketing et développement réseau du groupe Piaggio France (Aprilia, Moto Guzzi, Piaggio et Vespa), "c'est une bonne décision à partir du moment où le lien puissance accidentologie n'a pas été démontré. Cela permet aux motards français de se retrouver au même niveau que leurs confrères européens", mais "il nous faudra continuer à éduquer les motards aux règles de sécurité afin que cette liberté retrouvée ne transforme pas la route en circuit", prévient-il. "L'Europe a du bon, mais nous attendons néanmoins de voir les modalités d'application car il reste des points à éclaircir".
"Travailler avec le gouvernement pour être sûr que la rétroactivité sera possible"
Enfin pour Eric de Seynes, directeur général de Yamaha Moto France, il s'agit "plutôt d'une bonne nouvelle parce que depuis le temps on sait très bien que l'accidentologie n'avait jamais démontré la valeur des 100 chevaux".
"On va plutôt vers plus de fluidité, plus d'harmonisation européenne et pour nous ca va être plutôt plus simple", poursuit le numéro un en France qui "pense notamment aux disponibilités en termes de transferts : si on a un marché qui "tire", ça nous permet plus facilement de se dépanner sur des références auprès d'autres pays européens".
"Ca va aussi nécessairement amener une circulation plus libre des motos en Europe", prévoit-il, mais "il faut maintenant qu'on travaille avec le gouvernement pour être sûr que la rétroactivité sera possible et que nos clients qui auront acheté une moto bridée à 100 ch en 2015 pourront en toute légalité la transformer en homologation européenne full power une fois passé le mois de janvier 2016. Ca va être ça l'enjeu, qui est toujours important dans ce genre de changement de réglementation afin que nos clients ne soient pas pénalisés par une moto qu'ils auraient achetée précédemment. Il faut aussi maintenir une valeur réelle du marché de l'occasion, c'est important à faire de manière responsable par rapport à nos clients".
"Je regrette que l’abandon de ce particularisme n’ait pas été envisagé plus tôt"
Côté institutionnel, on se réjouit également de cette suppression annoncée, même si l'on regrette qu'elle ne soit pas intervenue plus tôt. "Le vote du Parlement européen sur la future règlementation technique permettra de parvenir à une harmonisation des règles d’homologation des motos en Europe à partir de janvier 2016, si d'ici là les autorités françaises ne renoncent pas à une exception dont la pertinence n’a jamais été prouvée", note Jacques Compagne, secrétaire généréla de l'ACEM à Bruxelles, en regrettant que "l’abandon de ce particularisme n’ait pas été envisagé plus tôt et qu’il faille attendre une décision européenne pour y parvenir".
"Nos technocrates tentent régulièrement d'imposer contre l'avis des spécialistes des restrictions sans aucun fondement"
Même son de cloche du côté de la Fédération française de moto (FFM), où l'on fustige "l'amateurisme de nos technocrates".
"Cette mesure, dont le moins que l'on puisse dire est qu'elle n'avait en rien démontré son utilité en plus de 25 ans d'existence, va être enfin abolie", se réjouit Jacques Bolle, mais "cela démontre une fois de plus, en matière de motocyclisme, l'amateurisme de nos technocrates", poursuit le président en constatant que "malheureusement, ceux-ci tentent régulièrement d'imposer contre l'avis des spécialistes des restrictions sans aucun fondement. Espérons qu'une telle décision du parlement Européen les incitera à plus de mesure en la matière à l'avenir".
.
.
.
Commentaires
Ajouter un commentaire
Identifiez-vous pour publier un commentaire.