Encore 350 km avant la Mongolie ! Je ne traine pas car même si la route est nickel, le risque de verglas et les contrôles routiers incessants m'incitent à rouler doucement. De toute façon je veux profiter du paysage montagneux, c'est vraiment beau. L'altitude grimpe, c'est de plus en plus blanc. A 14h, je ne suis plus qu'à 50km de Tashanta, la frontière…
Encore 350 km avant la Mongolie ! Je ne traine pas car même si la route est nickel, le risque de verglas et les contrôles routiers incessants m'incitent à rouler doucement. De toute façon je veux profiter du paysage montagneux, c'est vraiment beau. L'altitude grimpe, c'est de plus en plus blanc. A 14h, je ne suis plus qu'à 50km de Tashanta, la frontière !
Je m'arrête pour manger en vitesse, puis je reprends la route car 50 km ça peut prendre une heure comme trois heures s'il y a de la neige. Mais ça va j'ai du bol, la route a été dégagée. Je passe la frontière en 30 min... mais là, les choses se corsent : entre la frontière russe et mongole, il y a un no man's land de 30 km où la neige est bien présente sur la route ! Je mettrai 2 heures pour parcourir ces 30 km au milieu des plaques de verglas et des plaque de neige... Vive la motoneige !
No man's land
Bref, j'arrive à 18h30 à la frontière mongole qui ferme à 18h... Mais ils m'ouvrent quand même ! Le prochain village est à 30 km, alors l'un des douaniers m'invite chez lui : trop sympa !
Le lendemain, je me mets en route pour Olgy. Il a cessé de neiger, tout est blanc, c'est splendide. Après 30 minutes, un cycliste sort de nulle part : il revient de quatre ans de voyage et apprécie de pouvoir enfin repartir après avoir été bloqué plusieurs jours par la neige.
Le problème, c'est que la trace faite par les 4x4 est verglacée. A moto c'est impossible, donc je roule sur le côté de la piste et je fais ma trace dans 10-15 cm de neige. J'arrive à rouler entre 15 et 20 km/h tranquillement en première. Qu'importe, le paysage est à couper le souffle !
Ici, tout se joue au mental...
La piste monte tout doucement jusqu'à un peu plus de 2300 m d'altitude. Je dois être hyper attentif aux réactions de la moto pour éviter de tomber, mais j'avance. Sincèrement, en temps normal je ne me serai jamais engagé sur cette piste car c'est vraiment dur, mais c'est la seule piste existante et je dois passer ces montagnes pour rejoindre Olgy.
Sauf que le plus dur reste à venir, car ensuite la piste passe de 2300 m à plus de 2600 m en quelques kilomètres, avec entre 30 et 40 cm de neige par endroits... Ici, tout se joue au mental : chaque mètre parcouru me rapproche d'Olgy... Mais qu'importe, c'est trop beau et je ne peux retenir un fou rire au moment où une marmotte me dépasse !
Je suis maintenant obligé de rouler dans les traces des 4x4 car la neige est trop profonde. Heureusement, le soleil fait fondre le verglas et je reprends ma progression. J'avance par palier de 300-400 m dans le meilleur des cas, parfois après 50 m je suis stoppé car la roue est sortie de l'ornière ou parce que mon pneu arrière n'adhère plus du tout.
Dans ce cas, je laisse la moto patiner jusqu'à ce qu'un peu de terre apparaisse. Je me fais ainsi une piste d'élan d'environ un mètre, je redémarre sur un filet de gaz et j'avance pas à pas au sens propre du terme. Dans ce genre d'effort, ce qui est primordial pour le corps est de chercher à se fatiguer le moins possible afin de repousser le moment où on puise dans les dernières réserves et ne pas hésiter à se reposer.
Des pâtes et des fruits secs
Au bout d'une heure j'ai peut être fait 2 km, je me sens bien faible, il est 16h et j'ai fait 60 km en 6 heures... Une pause s'impose ! Je sors le réchaud, des pâtes et de la viande. Je fais fondre de la neige pour faire cuire les pâtes et économiser mon eau.
Une autre moto arrive, le pauvre homme n'en peux plus, me demande si il y a encore beaucoup de neige. En effet, il n'est pas sorti de l'auberge. Il me dit que dans 3 km c'est dégagé pour moi, j'ai donc passé le plus dur, ouf ! Je lui donne à boire et m'enfile ma plâtrée de pâtes.
Au moment de partir, un 4x4 klaxonne derrière. Je lui fais signe de passer, mais en fait le mec m'encourage... J'insiste car je veux être tranquille pour terminer la montée, il prend son élan, le 4X4 patine mais continue sa course. A mon tour. Je démarre, le compteur indique rapidement 24 km/h mais je n'avance pas d'un poil... Je recule, pousse de toutes mes forces avec mes pieds et je reprends ma lente progression. Après 500 m je suis au sommet. Le 4x4 m'y attendait, guettant mon arrivée. Le mec descend et me sert la main.
J'ai la banane ! Il est 17h30,je suis à 2640 m, j'ai franchi l'Altaï sous la neige en bécane et rien que pour ça, ça valait le coup de se taper 15000 km. Olgy n'est plus qu'à 40 km, plus que 2 km de descente enneigée. Les paysages sont merveilleux. Puis la neige disparaît complètement de la route et là c'est gaz en grand jusqu'à Olgy, que j'atteins à 19h. Hourra !!!
Le reste de la semaine je me suis lancé dans une boucle qui me tenait à coeur : 3 jours et 450 km tout seul et en autonomie totale (essence, eau et nourriture) dans l'Altaï mongol. J'ai dû d'abord obtenir une autorisation à Olgy pour traverser ce territoire qui est sous surveillance militaire, car il est à l'extrême ouest de la Mongolie, à proximité de la Chine.
Un tel périple se prépare avec sérieux, car la saison touristique est finie et il n'y a quasi personne là haut. La nuit, la température descend jusqu'à -20°C. Donc le moindre pépin peut être fatal ! Pour ma part, le GPS est essentiel car les pistes ne sont pas référencées sur la carte, donc il faut souvent naviguer au cap.
Je suis donc parti sans avoir la certitude de pouvoir faire la boucle, car elle commençait par deux cols à 2600 m toujours enneigés. Mais le soleil a bien fait son travail et seulement 2 km étaient enneigés.
J'ai ensuite rencontré mes premiers nomades, puis je suis allé à la découverte de cette région frontalière de la Mongolie réputée pour ses lacs et ses paysages splendides. Enfin, se dire que derrière ces montagnes c'est la Chine, puis camper par -20°C, c'est le grand frisson !
Je ne compte plus le nombre de rivières traversées, ni tous les merveilleux paysages que j'ai traversés. C'était incroyable. Mais ces trois jours n'ont pas été faciles. Je n'ai jamais relâché ma concentration, car comme je l'ai dit plus haut, le moindre problème et c'est peut être la fin. De même durant les nuits, lorsque la température était trop froide pour dormir (entre 3 et 6 h du matin), je n'ai cessé de m'alimenter en fruits secs afin d'avoir des calories à brûler. Boire est aussi primordial, c'est pourquoi il faut toujours veiller à ce que l'eau ne gèle pas : glisser une bouteille au fond du sac de couchage est essentiel ! Enfin, il ne faut pas oublier de garder le moral, toujours voir le verre à moitié plein !
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