Initialement prévue l'automne dernier , l'expérimentation de la circulation interfiles des motos et scooters sur les voies rapides d'Ile-de-France, des Bouches-du-Rhône, de Gironde et du Rhône a finalement débuté le 1er février . Plusieurs associations d'automobilistes se positionnent en faveur de cette pratique couramment pratiquée par les motards…
Initialement prévue l'automne dernier, l'expérimentation de la circulation interfiles des motos et scooters sur les voies rapides d'Ile-de-France, des Bouches-du-Rhône, de Gironde et du Rhône a finalement débuté le 1er février. Plusieurs associations d'automobilistes se positionnent en faveur de cette pratique couramment pratiquée par les motards et les scootéristes depuis plus de 30 ans.
Gare aux rétros, gare aux motos... ou gare aux bobos !
C'est le cas notamment de l'Automobile Club Association (ACA) qui évoque "une bonne mesure permettant de tester et d'encadrer une pratique déjà courante supposant pour être efficace une information large, précise et claire de tous les usagers".
Forte de plus de 830 000 membres en France, l'ACA en profite pour mettre en avant sa campagne de sensibilisation en faveur des deux-roues : "Pensez vélos, pensez motos, pensez rétros !"
"Ne pas ou mal regarder son rétro, ne pas vérifier son angle mort avant de changer de direction par exemple, c'est risquer un choc aux conséquences souvent lourdes pour le deux-roues et pour le conducteur !", rappelle avec justesse Didier Bollecker, président de l'ACA, en pointant l'un des aspects essentiels à une remontée de files "sécurisée" : l'attention au volant et au guidon !
"Encadrer la pratique permettra de la sécuriser"
Même approche positive de la circulation interfiles pour l’association 40 millions d’automobilistes, qui se dit "favorable à l’expérimentation car le fait d’encadrer la pratique permettra de la sécuriser". L'analyse s'avère doublement pertinente puisque le décret n°2015-1750 relatif à cette expérimentation prévoit justement d'enseigner la circulation interfiles dans les motos-écoles.
Expérimentation de la circulation interfiles : les points clés |
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Rappelons que remonter les files de voitures à moto ne constitue pas formellement une infraction au yeux de la loi, puisque rien ne l'interdit explicitement dans le code de la route.
Pourtant cette pratique quasi obligatoire en ville pouvait - et peut encore en dehors de cette expérimentation - entraîner une verbalisation pour "dépassement par la droite" (3 points de permis + 135 euros), "non-respect de la distance de sécurité" (même sanctions), "changement de file non justifié" (pas de point, 35 euros) ou, mieux encore, "dépassement sans se porter suffisamment à gauche du véhicule" (pas de points, 35 €).
Plusieurs "souricières" ont déjà été mises en place par les forces de l'ordre, essentiellement sur le périphérique parisien, afin d'appliquer ces sanctions auprès de malheureux motards ou scootéristes. Quiconque ayant un jour subi les embouteillages parisiens saisira toute l'absurdité de ce genre de "rafles" !
"A quoi bon expérimenter ce qui se pratique chaque jour depuis des années ?"
"Le rapport Guyot, remis au ministre de l’intérieur en novembre 2012, préconisait de reconnaître la circulation interfiles, en raison de sa faible dangerosité (aucun mort depuis 2006 sur le boulevard périphérique selon le rapport), pour lui donner un cadre réglementaire et l’enseigner. Il faut espérer qu’il s’agit d’un premier pas vers la reconnaissance juridique de cette pratique", rappelle l'avocat, par ailleurs co-auteur du livre "Le droit des Motards" (en 2010) avec son confrère Rémy Josseaume.
"La décision d’expérimenter semble même trop prudente : à quoi bon expérimenter ce qui se pratique chaque jour depuis des années ? Par ailleurs, on peut s’interroger sur la pertinence de limiter la phase expérimentale aux autoroutes et aux routes à deux chaussées séparées par un terre-plein central et dotées d’au moins deux voies chacune, où la vitesse maximale autorisée est supérieure ou égale à 70 km/h : est ainsi permise sa pratique sur le boulevard périphérique parisien, mais est exclue la circulation urbaine, où la vitesse est limitée à 50 km/h".
Tout le monde est content ? Pas tout à fait...
La plupart des associations d'automobilistes voient donc dans cette expérimentation une mesure de bon sens, quand elles n'appellent pas l'Etat à aller plus loin dans sa démarche. Comme quoi, "caisseux" et "tarmos" ne sont pas condamnés à s'opposer en s'accusant respectivement de tous les maux de la planète (quoiqu'en matière de pollution, les logiciels truqueurs... m'enfin !).
Sans surprise cependant, une voix s'élève contre ce consensus : celle - toujours irritée et souvent irritante - de la Ligue contre la violence routière, qui estime que légaliser la pratique "va entraîner un transfert de responsabilités face aux assureurs, puisqu’en cas de collision le deux-roues sera désormais en situation d’usage légal de la chaussée".
Sa présidente, Chantal Perrichon, ajoute même que "faute de boîtes noires, les automobilistes ne pourront pas prouver que le motard ne tenait pas ses distances : ce sera tout bénéfice pour les assurances des motards". Oui, vous avez bien lu : une "boîte noire" ! Et pourquoi pas une puce dans le fondement ?
Opposée à toute forme d'autorisation de remonter les files, la Ligue contre la violence routière conclut en assurant que sa légalisation n’entraînera pas sa "sécurisation" mais au contraire "un sentiment de toute puissance" des usagers deux-roues. Une analyse qui démontre la profonde méconnaissance du sujet : à l'exception de quelques "casques brûlés" (peu nombreux mais si commodes à stigmatiser...), rares sont ceux qui se sentent "puissants" en s'aventurant au guidon d'un deux-roues sur le périph' aux heures de pointe !
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