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Paris, le 5 février 2016

Les automobilistes favorables à la circulation interfiles des motos

Les automobilistes favorables à la circulation interfiles des motos

Initialement prévue l'automne dernier , l'expérimentation de la circulation interfiles des motos et scooters sur les voies rapides d'Ile-de-France, des Bouches-du-Rhône, de Gironde et du Rhône a finalement débuté le 1er février . Plusieurs associations d'automobilistes se positionnent en faveur de cette pratique couramment pratiquée par les motards…

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Initialement prévue l'automne dernier, l'expérimentation de la circulation interfiles des motos et scooters sur les voies rapides d'Ile-de-France, des Bouches-du-Rhône, de Gironde et du Rhône a finalement débuté le 1er février. Plusieurs associations d'automobilistes se positionnent en faveur de cette pratique couramment pratiquée par les motards et les scootéristes depuis plus de 30 ans.

Gare aux rétros, gare aux motos... ou gare aux bobos !

C'est le cas notamment de l'Automobile Club Association (ACA) qui évoque "une bonne mesure permettant de tester et d'encadrer une pratique déjà courante supposant pour être efficace une information large, précise et claire de tous les usagers". 

Forte de plus de 830 000 membres en France, l'ACA en profite pour mettre en avant sa campagne de sensibilisation en faveur des deux-roues : "Pensez vélos, pensez motos, pensez rétros !"

"Ne pas ou mal regarder son rétro, ne pas vérifier son angle mort avant de changer de direction par exemple, c'est risquer un choc aux conséquences souvent lourdes pour le deux-roues et pour le conducteur !", rappelle avec justesse Didier Bollecker, président de l'ACA, en pointant l'un des aspects essentiels à une remontée de files "sécurisée" : l'attention au volant et au guidon !

"Encadrer la pratique permettra de la sécuriser"

Même approche positive de la circulation interfiles pour l’association 40 millions d’automobilistes, qui se dit "favorable à l’expérimentation car le fait d’encadrer la pratique permettra de la sécuriser". L'analyse s'avère doublement pertinente puisque le décret n°2015-1750 relatif à cette expérimentation prévoit justement d'enseigner la circulation interfiles dans les motos-écoles.

Expérimentation de la circulation interfiles : les points clés

  • Le décret décret n°2015-1750 autorise la circulation inter-files de certains véhicules à deux ou trois roues motorisés d'une largeur d'un mètre maximum. Sa mise en place officielle a débuté le 1er février... avec quelques mois de retard !
  • La circulation inter-files est autorisée lorsque la circulation s'est, en raison de sa densité, établie en file ininterrompue sur toutes les voies, jusqu'à une vitesse maximale de 50 km/h.
  • Un conducteur est en inter-files lorsqu'il circule entre les deux files de véhicules situées sur les deux voies de circulation les plus à gauche d'une chaussée.
  • Elle ne peut être exécutée que sur les autoroutes et les routes, dont la vitesse maximale autorisée est supérieure ou égale à 70 km/h, à deux chaussées séparées par un terre-plein central et dotées d'au moins deux voies chacune, des départements des Bouches-du-Rhône, de la Gironde, du Rhône et de ceux de la région Ile-de-France, notamment le boulevard périphérique parisien.
  • Dans ces conditions et sur ces voies précises, cette circulation n'est pas considérée comme un dépassement. Mais pas ailleurs, et pas à plus de 50 km/h : inutile d'essayer de bourrer le mou à Cruchot après voir remonté les Grands Boulevards à 70 km/h en wheeling !
  • Pour diffuser la connaissance de l'encadrement de cette pratique, les règles régissant la circulation inter-files seront intégrées à l'enseignement de la conduite de tout véhicule admis à circuler sur la voie publique. Une vraie mesure de bon sens !

Rappelons que remonter les files de voitures à moto ne constitue pas formellement une infraction au yeux de la loi, puisque rien ne l'interdit explicitement dans le code de la route.

Pourtant cette pratique quasi obligatoire en ville pouvait - et peut encore en dehors de cette expérimentation - entraîner une verbalisation pour "dépassement par la droite" (3 points de permis + 135 euros), "non-respect de la distance de sécurité" (même sanctions), "changement de file non justifié" (pas de point, 35 euros) ou, mieux encore, "dépassement sans se porter suffisamment à gauche du véhicule" (pas de points, 35 €). 

Plusieurs "souricières" ont déjà été mises en place par les forces de l'ordre, essentiellement sur le périphérique parisien, afin d'appliquer ces sanctions auprès de malheureux motards ou scootéristes. Quiconque ayant un jour subi les embouteillages parisiens saisira toute l'absurdité de ce genre de "rafles" !

"A quoi bon expérimenter ce qui se pratique chaque jour depuis des années ?"

Matthieu Lesage, avocat au barreau de Paris, vice-président et cofondateur de l'Automobile Club des Avocats (ACDA), estime pour sa part que "la décision d'expérimenter la circulation interfiles est une bonne chose" et regrette même la frilosité de l'Etat à l'élargissement de sa pratique.

"Le rapport Guyot, remis au ministre de l’intérieur en novembre 2012, préconisait de reconnaître la circulation interfiles, en raison de sa faible dangerosité (aucun mort depuis 2006 sur le boulevard périphérique selon le rapport), pour lui donner un cadre réglementaire et l’enseigner. Il faut espérer qu’il s’agit d’un premier pas vers la reconnaissance juridique de cette pratique", rappelle l'avocat, par ailleurs co-auteur du livre "Le droit des Motards" (en 2010) avec son confrère Rémy Josseaume.

"La décision d’expérimenter semble même trop prudente : à quoi bon expérimenter ce qui se pratique chaque jour depuis des années ? Par ailleurs, on peut s’interroger sur la pertinence de limiter la phase expérimentale aux autoroutes et aux routes à deux chaussées séparées par un terre-plein central et dotées d’au moins deux voies chacune, où la vitesse maximale autorisée est supérieure ou égale à 70 km/h : est ainsi permise sa pratique sur le boulevard périphérique parisien, mais est exclue la circulation urbaine, où la vitesse est limitée à 50 km/h".

"Pourtant, la circulation interfiles prend son sens dans toutes les situations d’arrêt des files de véhicules, ou de circulation au pas, quelle que soit la voie". Un cas de figure courant en ville où les principales artères sont fréquemment aussi bouchées que celle d'un obèse nourri à la junk food...

Tout le monde est content ? Pas tout à fait...

La plupart des associations d'automobilistes voient donc dans cette expérimentation une mesure de bon sens, quand elles n'appellent pas l'Etat à aller plus loin dans sa démarche. Comme quoi, "caisseux" et "tarmos" ne sont pas condamnés à s'opposer en s'accusant respectivement de tous les maux de la planète (quoiqu'en matière de pollution, les logiciels truqueurs... m'enfin !).

Sans surprise cependant, une voix s'élève contre ce consensus : celle - toujours irritée et souvent irritante - de la Ligue contre la violence routière, qui estime que légaliser la pratique "va entraîner un transfert de responsabilités face aux assureurs, puisqu’en cas de collision le deux-roues sera désormais en situation d’usage légal de la chaussée".

Sa présidente, Chantal Perrichon, ajoute même que "faute de boîtes noires, les automobilistes ne pourront pas prouver que le motard ne tenait pas ses distances : ce sera tout bénéfice pour les assurances des motards". Oui, vous avez bien lu : une "boîte noire" ! Et pourquoi pas une puce dans le fondement ?

Opposée à toute forme d'autorisation de remonter les files, la Ligue contre la violence routière conclut en assurant que sa légalisation n’entraînera pas sa "sécurisation" mais au contraire "un sentiment de toute puissance" des usagers deux-roues. Une analyse qui démontre la profonde méconnaissance du sujet : à l'exception de quelques "casques brûlés" (peu nombreux mais si commodes à stigmatiser...), rares sont ceux qui se sentent "puissants" en s'aventurant au guidon d'un deux-roues sur le périph' aux heures de pointe ! 

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Commentaires

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Ouais Fred, m'enfin, tu connais l'histoire du petit Helmut... Passé l'âge de la maternelle, le petit Helmut ne parle toujours pas. Ses parents commencent à s'inquiéter... Le temps passe, et à près de 10 ans, le petit Helmut reste muet. Puis un soir, autour du repas, soudain : "Cette soupe manque de sel !". C'est le petit Helmut qui a parlé ! Ses parents sont abasourdis : "Mais comment... tu sais parler ! Pourquoi n'as-tu-rien dit jusqu'à maintenant ?"... "Parce que jusqu'à maintenant, tout allait bien !" répond le petit Helmut. Sur les forums, les gens viennent le plus souvent pour râler, et nous-mêmes n'échappons pas à la règle. Donc, on y lira beaucoup plus les gens hostiles à l'interfile que le contraire. Mais ils ne sont pas représentatifs de l'ensemble des conducteurs.

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