Le bilan provisoire de l'accidentalité routière pour 2015 fait état d'une augmentation de 2,4% de la mortalité. Une situation tragique mais inévitable suite à la hausse quasi continue constatée chaque mois (+7,7% en décembre). Et de manière tout aussi prévisible, le gouvernement refuse de reconnaitre l'échec de sa politique…
Le bilan provisoire de l'accidentalité routière pour 2015 fait état d'une augmentation de 2,4% de la mortalité. Une situation tragique mais inévitable suite à la hausse quasi continue constatée chaque mois (+7,7% en décembre). Et de manière tout aussi prévisible, le gouvernement refuse de reconnaitre l'échec de sa politique uniquement répressive.
Plus d'accidents mortels ? Vite, de nouveaux radars !
Sans surprise - hélas... - le nombre de personnes décédées dans un accident de la route croît de 2,4% en 2015, le total provisoire atteignant 3464 morts. Une hausse brutale dont une grande partie trouve sa source dans le meurtrier accident de Puisseguin : sur les 80 morts supplémentaires en 2015, 43 étaient passagers du bus.
Accidentalité routière : les chiffres provisoires 2015 |
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Loin des ambitieux objectifs du gouvernement de 2000 morts à l'horizon 2020, cette nouvelle hausse marque surtout la deuxième année consécutive d'augmentation de la mortalité routière en France, ce qui n'était pas arrivé depuis... 35 ans (lire notre encadré ci-contre).
Là où ce triste constat met en évidence l'échec cuisant de la politique uniquement répressive en matière de sécurité rentière routière, l'Etat se déresponsabilise au contraire en accusant les conducteurs de relâchement (on se demande comment, au regard de la prolifération des radars). Ce relâchement jugé "inacceptable et irresponsable" par le ministre de l'intérieur se traduirait par une hausse des vitesses moyennes de 1 à 4 km/h...
"Il y a donc moins d’accidents (-3,6%; NDLR) mais plus de morts", poursuit Bernard Cazeneuve. "Cela veut dire qu’il y a moins de sens des responsabilités des automobilistes. Aussi la responsabilité collective devrait nous inciter, tous d’une même voix, à dire : l’Etat prend des précautions, il multiplie les contrôles, mais rien ne peut se substituer à la responsabilité individuelle".
Mortalité routière 2015 : la réaction de la FFMC |
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Étonnamment, le fait que les accidents mortels liés à une consommation d'alcool ou de drogues soient en augmentation (respectivement de +2% et de +3 %) est en revanche nettement moins commenté...
A l'inverse de sa lutte acharnée contre la vitesse, l'Etat ne prévoit aucune mesure radicale contre la conduite avec alcoolémie ou sous l'emprise de stupéfiants, malgré leur poids dans les accidents mortels (respectivement 30% et 25% en 2015).
Quiconque emprunte régulièrement les routes françaises peut s'en apercevoir : les contrôles de vitesse sont nettement plus fréquents que ceux visant à détecter une consommation non tolérée d'alcool, de drogues ou de médicaments. Et lorsqu'ils sont menés, ces contrôles sont presque toujours concentrés autour des lieux de rassemblements de jeunes (boîtes de nuit, festivals, etc.).
Les conducteurs plus âgés peuvent en revanche tranquillement rentrer chez eux après avoir sifflé une demi-bouteille de Bordeaux lors du traditionnel "gigot-haricots" dominical chez belle-maman, tout comme les cadres dynamiques qui sont raremment inquiétés à propos du petit "remontant" sniffé avant de grimper dans leur berline de fonction !
"Sans amende, il y a moins de fermeté et les excès de vitesse augmenteront"
Interrogé par Le Parisien, Bernard Cazeneuve a par ailleurs réaffirmé son net désaccord avec le projet de suppression des amendes pour les excès de vitesse inférieurs à 10 km/h, jugeant que "sans amendes, il y a moins de fermeté, et les excès de vitesse augmenteront". Et il enrage littéralement lorsqu'est évoquée la question de la gestion des colossales recettes des radars (658 millions d'euros en 2015), dont seulement "30%" seraient alloués à l'entretien des routes selon un rapport de 40 millions d'automobilistes.
Assurant que ces recettes représenteraient une "somme dérisoire" par rapport au coût de l'insécurité routière, le ministre assure que "les accidents de la route coûtent chaque année 50 milliards d'euros à la société française. Les salaires et l'équipement des forces en vue de la sécurité routière s'élèvent à 3,5 milliards : il s'agit d'un faux raisonnement", conclut-il.
"Il faut en finir avec cet argument qui ne sert qu'à justifier ceux qui veulent continuer à être seuls sur la route, sans prendre en compte ceux qu'ils croisent", tempête Bernard Cazeneuve dans un élan d'accusation digne de Chantal Périchon, la présidente de la Ligue contre la violence routière !
Ce "faux raisonnement" en cache un autre, concret et observable par tous : c'est l'Etat lui-même qui place toujours plus de policiers et de gendarmes au bord des routes, faisant de cette façon exploser ses besoins en financement. Cette politique du "1 flic ou un radar par conducteur" est désormais telle qu'il est prévu de confier à des "prestataires agréés, sous étroit contrôle de l'État" des voitures banalisées équipées de radars embarqués (environ 260 actuellement en France).
Triste ironie : les forces de l'ordre ne sont plus en nombre suffisant pour traquer les méchants chauffards, donc le gouvernement - dit de gauche - doit sous-traiter à des boîtes privées ! Et la colère de gronder en pensant aux inévitables répercussions de ce (sur)déploiement autour des routes en matière de sécurité des citoyens dans la rue, domaine pour le moins sensible après les terribles attentats du 13 novembre...
La mortalité des motards en baisse de 1% en 2015
Bonne nouvelle pour les motards : il s'agit d'une des rares catégories d'usagers de la route à voir son taux d'accidents mortels légèrement baisser (-1% par rapport à 2014 et même -2% Vs 2013) avec 619 décès enregistrés. A comparer avec l'augmentation de 8% de la mortalité des automobilistes (+12% par rapport à 2013) dont le total atteint 1789 morts avec ces 135 décès supplémentaires.
Hélas ces données pourtant réjouissantes n'impactent absolument pas positivement la politique du gouvernement concernant les motards et les scootéristes. Au contraire !
Non seulement le rétrofit sur les motos non Euro4 n'est toujours pas accordé, mais un décret en cours de validation imposera très bientôt le passage du permis A2 à tous les candidats au permis moto, quel que soit leur âge (lire MNC du 5 janvier : gilet jaune, permis A2 et rétrofit en suspens : les motards trinquent en 2016 !)... A suivre de près sur MNC : restez connectés !
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