Avec ses 137 km d’autonomie sur voie rapide et environ 3 heures nécessaires à la recharge, la DSR-X est loin d’être une grande voyageuse. Mais pour un usage quotidien, le maxitrail de Zero Motorcycles pourrait bien donner du fil - électrique ! - à retordre à ses rivaux thermiques. Présentation et vidéo.
Le Journal moto du Net veut bien l’accorder à Zero Motorcycles : sa nouvelle moto DSR/X est "le trail électrique le plus performant au monde" et sans aucun doute le plus intriguant pour les possesseurs de maxitrails actuels. Est-il en mesure concurrencer les Multistrada V4, Africa Twin et R1250GS... Cela dépend.
"Nos propriétaires et nos partisans réclamaient depuis des années une moto trail de taille normale de la part de Zero", expose Abe Azkenazi, directeur technique de la firme de Santa Cruz (California, USA) dont l’équipe aurait œuvré "plus de 100 000 heures" pour concevoir cette importante nouveauté.
Pour mémoire, la marque américaine qui avait débuté en 2006 avec une frêle moto de tout-terrain déclinée ensuite en supermotard, s’est lancé en 2019 dans les grosses cylindrées hautes capacités avec un roadster puis une routière. En 2023, Zero débarque - enfin ? - sur le segment des "vrais gros trails"...
Pour Umberto Uccelli, vice-président et directeur général de Zero Motorcycles Europe, Moyen-Orient et Afrique, la demande pour une telle machine émane essentiellement du vieux continent : cette "moto bi-sport (...) répond aux exigences du motard dans le segment de moto le plus important d'Europe". Ou y répond partiellement, non ?
Les motards adeptes de long périples passeront vite leur chemin : avec une autonomie restreinte à 137 km en circulant à 113 km/h (70 mph sur "highway" alors qu’elle peut monter à 180 km/h amxi), la DSR-X n’impressionnera guère les gros rouleurs. Même en alternant avec des allures plus modérées (ville), les 185 km d’autonomie ne peuvent concurrencer les 630 km théoriquement abattus par une GS Adventure, référence en la matière.
Idem pour le plein de carburant batterie qui exige un arrêt d’au moins une heure pour bénéficier de 95% du potentiel de la machine... à condition de disposer d’une part du "Rapid Charger 6kW" qui seconde le chargeur de 6,6 kW installé d’origine, et de l’autre d’une source d’électricité qui "watte" !
"Avec un réseau français en pleine expansion de près de 70 000 bornes publiques, recharger votre Zero Motorcycles n’aura jamais été aussi évident", précise Zero Motorcycles France sur les réseaux sociaux. "On peut aussi charger la DSR/X à partir d'une prise domestique 110V dans le garage en 10h environ", concède la marque sur son site officiel français, dont les serveurs ne tournent pas au 220 ?!
Quoiqu’il en soit, la DSR/X est encore très loin des 5 minutes de pause suffisantes pour abreuver le réservoir d’une moto conventionnelle. En ces termes donc, le trail électrique de Zero Motorcycle conserve un gros fil électrique à la patte. Mais il faut reconnaître qu’en parallèle - en série, en dérivation ? -, la DSR/X oppose des arguments pertinents face aux machines "thermiques"...
C’est d’actualité et la marque américaine a parfaitement su en jouer : ses motos à piles profitent toujours du stationnement gratuit dans Paris et devraient conserver cet avantage encore longtemps, dans toutes les grandes villes françaises. De même, elles ne sont pas - pour l’instant - concernées par les interdictions de circuler entre certaines heures, certains jours, etc.
Or une frange non négligeable d’utilisateurs de maxitrails - ces formidables motos capables de tout faire à la perfection, selon leurs constructeurs ! - sera certainement sensible au maintien de cette liberté de rouler au quotidien, pour aller bosser, se rendre au sport, au musée ou au resto, effectuer une petite course, etc.
Silencieuse, exempte de vibrations et ne rejetant aucun gaz d’échappement au nez des piétons - MNC n’a pas dit qu’elle ne polluait pas, attention ! -, la DSR-X parait même mieux armée pour le moto-boulot-dodo que les maxitrails conventionnels, aux motorisations souvent ronflantes pour ne pas dire parfois carrément gonflantes...
Et même pour une petite virée tranquille, la DSR/X joue placée face aux références du marché grâce à de solides périphériques : suspensions Showa à grands débattement, freins J-Juan - la marque espagnole achetée en 2021 par Brembo, SVP - et pneus Pirelli Scorpion Trail II blindent la fiche technique de cette nouvelle moto (voir en fin d’article).
La DSR/X profite également d’une électronique de pointe, indispensable notamment pour museler les 225 newtons-mètres de couple (puissance maxi de 100 chevaux) fournis par la toute dernière version du moteur maison, le Z-Force 75-10X. Ce dernier n’aura aucun mal à catapulter les 247 kg de la machine et 252 kg de charge utile, via la courroie de transmission finale sans entretien, comme un cardan !
Pour rappel et à titre de comparaison, le "Flotte-Twin" BMW met à disposition de son pilote 143 Nm et 136 ch, pour un poids tous pleins faits estimés à 268 kg en ce qui concerne la prestigieuse et appréciées GS Adventure qui accepte de supporter 217 kg de charge utile. Sur ces points donc, la DSR/X se défend très bien.
En termes de gabarit, la nouvelle Zero en impose plus que ses frangines DS, DSR ou FX. Elle reprend le cadre tubulaire des SR et leur double disque avant, se pare d’une tête de fourche haute et volumineuse renfermant des petits phares à LED carrés - à la Ioniq 5 ou mieux, à la Delorean ! -, d’une selle à double étage postée à 828 mm pour le pilote (options haute ou basse), etc.
La nouveauté 2023 de Zero Motorcycles profite naturellement des "16 années et 265 millions kilomètres d'expérience" de la marque, compilés "au cœur du système d'exploitation Cypher III+". Elle profite par exemple d’un "mode Park, une fonction de marche arrière et de reptation à vitesse lente, utile pour manœuvrer dans des espaces étroits ou escarpés".
À l’instar des maxitrails maxi-sophistiqués, la DSR/X propose des "modes de conduite préprogrammés, dont les modes Sport, Street, Eco, Rain et Canyon, sont accessibles en temps réel via l'interface du tableau de bord de la Zero et personnalisables grâce à l'application de nouvelle génération disponible pour iOS et Android". On n’en attendait pas moins de sa part !
"Chaque mode présente un profil de performance différent dans des domaines clés tels que la vitesse de pointe, le couple, le freinage et la régénération de la batterie, ainsi que des contrôles de motricité et même des changements de couleurs et de graphiques", s’emballe le constructeur de motos électr-on-iques ! Le pilote peut bien évidemment créer ses propres modes.
La DSR/X embarque aussi le système de contrôle de stabilité Bosch (MSC) et sa centrale inertielle (IMU) qui "assiste le pilote en l'aidant lors de l'accélération, du freinage, dans les virages ou en ligne droite, quels que soient le terrain et les conditions".
"Le système Bosch Off-road comprend le système de freinage intégré (Linked Braking) pour une meilleure modulation du freinage et le système de maintien du véhicule (Vehicle Hold) qui procure confiance et stabilité même sur les pentes les plus raides", assure Zero tracas, zéro blabla Motos.
Quelques impasses sont toutefois faites, pour le moment ? Ainsi les suspensions sont conventionnelles : la précharge n’est pas automatique, l’hydraulique n’est pas régulée électroniquement. MNC note aussi l’absence de radars, le dernier argument "choc" et antichoc en matière de sécurité à bord.
Les responsables de la marque ont ainsi évité que la facture s’alourdisse de trop : disponible dès maintenant en concession dans deux coloris Vert ou Gris, la DSR/X s’affiche à 26 775 euros, auxquels il faut ajouter un câble pour prise 230 V à 525 euros et/ou un autre de type EVSE à 300 euros. Soit le prix d’une R1250 GS Adventure en cochant la plupart des options BMW.
Zero Motorcycles a bien entendu développé tout un arsenal d’accessoires afin de parfaire "sa" monture : "parmi les accessoires optionnels typés aventure, citons les sacoches de selle, les plaques de protection, les pare-brise, les housses, les coffres supérieurs et latéraux, et bien plus encore", allèche Zero qui livre sa moto avec poignées chauffantes et pare-mains de série.
La DSR/X peut - doit ? - sacrifier une partie de ses ingénieux compartiments de stockage pour accueillir le module de charge supplémentaire ou un "Power Tank" (disponible en quantité limitée, à partir de début 2023) qui portera la capacité de la batterie à près de 21 kWh et améliorera légèrement l’autonomie... Toujours pas assez pour - vraiment - partir à l’aventure.
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