Le premier podium de la saison 2020 de World Superbike a été gravi par les pilotes de trois différentes motos qu'ils pilotaient pour la première fois en course : Razgatlioglu sur Yamaha, Lowes sur Kawasaki et Redding sur Ducati ! Le champion Jonathan Rea est sous pression... et notre Loris Baz est dans le coup !
Certes, Jonathan Rea a été bousculé au début de la course d'ouverture du WSBK 2020 par son meilleur ennemi Tom Sykes, auteur d'une nouvelle Superpole record aux commandes de sa BMW et d'un bon départ. Les fans du "Number One" de Kawasaki peuvent crier au scandale : "c'est la course", comme on dit...
Mister "Super" Sykes avoue s'être emballé dans le premier tour face à Rea : "dans le virage 3 je me suis presque sorti. Je n'ai pas retenu la leçon car je me suis fait surprendre par son entrée un peu lente dans Lukey Heights. Je n'ai pas pu relever la moto et il y a eu contact. Je suis vraiment navré", déclare le n°66 BMW, extrêmement rapide sur quelques tours mais pas encore assez endurant.
Après un passage dans le bac à graviers où il a pu démontrer ses talents de crossman, Rea a rejoint la piste en dernière position. Alors qu'il tentait de piquer à Rinaldi sa 14ème place, le Ninja nord-irlandais est malheureusement tombé : "j'ai élargi et me suis retrouvé hors trajectoires sur des bosses, j'ai perdu l'avant et l'arrière simultanément".
Pour la première fois de sa carrière, "Johnny" a dû regarder la fin de la première représentation du World Superbike comme simple spectateur. Vainqueur de la course Superpole dimanche matin et deuxième de la seconde manche l'après-midi, il repart de Phillip Island avec 32 points (voir le classement en bas d'article), soit 19 de moins que le leader... son coéquipier Alex Lowes !
Bien involontairement débarrassés du quintuple champion du monde, quatre hommes se sont battus jusque dans les derniers mètres pour monter sur le premier podium du WSBK 2020. Et le jeu des aspirations a voulu que Michael van der Mark soit finalement écarté du Top 3 final pour moins d'un centième de seconde !
Le "rookie" Scott Redding a en effet hissé sa Panigale V4R sur la troisième marche du podium. Un bel exploit de la part du champion de British Superbike en titre qui découvre la Ducati dans sa configuration World Superbike, avec tout son arsenal électronique (pas de traction-control, d'antiwheeling ou autres assistances en BSB).
"J'étais un peu tendu car je ne savais pas à quel point ces gars seraient agressifs or ils l'ont été, comme prévu. La course a donc été phénoménale. C'était super d'y prendre part, je n'en revenais pas donc pour les spectateurs, ça a dû être génial", se félicite le n°45 Ducati qui a également terminé troisième des deux épreuves courues dimanche, à un souffle toujours d'un premier succès en WSBK.
34 millièmes de seconde devant le remplaçant d'Alvaro Bautista chez les Rouges de Bologne, Alex Lowes a lui aussi brillé aux commandes de sa nouvelle moto : au guidon de la ZX-10RR d'usine, cinq fois championne du monde avec Rea, le n°22 a terminé à côté du vainqueur !
Le transfuge de Yamaha a d'ailleurs remporté sa première victoire dès son premier week-end : Alex a réussi à battre son coéquipier Jonathan en deuxième manche. "J'ai du faire preuve de patience car qu'ils étaient nombreux à me chahuter : Baz m'a touché plusieurs fois, puis Toprak, puis Michael. C'était amusant, mais difficile de trouver un rythme", illustre l'excellente recrue de Kawasaki qui s'installe à la première place du championnat.
Troisième du classement provisoire avec 34 points, Toprak Razgatlioglu aurait toutefois pu conserver la tête du championnat qu'il occupait samedi soir après avoir remporté sa toute première course au guidon de la R1 officielle - que pilotait l'an dernier Alex Lowes. Mais le pilote turc a joué de malchance...
Dans la dernière accélération de la course Superpole, un pneu arrière trop fatigué a contraint le pilote turc à s'incliner face à Rea. Cette usure est-elle due au style trop flamboyant de Toprak ? Peut-être. En seconde manche en revanche, son abandon sur panne sèche à deux tours et demi (!) du drapeau à damier ne peut lui être reproché. Mais il aura certainement l'occasion de se refaire !
La première manche s'est achevée sur le deuxième plus faible écart constaté sur un podium de World Superbike : 41 millièmes de seconde séparaient Razgatlioglu de Redding. Le podium le plus serré de l'histoire sera dur à battre : à Monza en 1997, John Kocinsky s'était imposé avec 0,005 sec d'avance sur Aaron Slight et 0,008 sec sur Carl Fogarty !
Moto-Net.Com souligne par ailleurs que la première course de 2020 en Australie a vu un quatrième constructeur monter dans le Top 5 avec une toute nouvelle moto : Leon Haslam a rassuré les hauts responsables de Tokyo en plaçant la CBR1000RR-R en cinquième position à quatre petites secondes du vainqueur.
"J'ai pu rester dans le groupe de tête jusqu'à environ cinq tours de la fin, après quoi un manque de grip m'a empêché de suivre", regrette le n°91 anglais, toutefois très satisfait dans l'ensemble des performances de sa Fireblade. "Nous avons juste besoin d'une distribution plus douce de la puissance dans les courbées les plus rapides".
En ligne droite en revanche, Haslam ne peut se plaindre de la Honda : son coéquipier et vice-champion du monde WSBK 2019 (sur Ducati) a poussé la meilleure pointe de vitesse de la première manche à 327,3 km/h. Pour cela, Alvaro Bautista a un peu été aidé par Loris Baz !
Débordé dans la dernière ligne droite par Alvaro Baustista sur la seconde moto du HRC, notre immense compatriote - par la taille comme par le talent ! - a dû se contenter de la septième place samedi. Le n°76 Yamaha a tout de même accédé au parc fermé en tant que meilleur pilote indépendant...
Ce joli succès, l'unique pilote du team Yamaha Ten Kate l'a reproduit dimanche matin et aurait même pu l'améliorer dimanche après-midi s'il n'avait pas été gêné par le malchanceux Razgatlioglu (lire la déclaration de Baz ci-dessous). Ses trois tours en tête de la seconde course - autant que Lowes ! - laissent néanmoins présager de très beaux résultats lors des prochaines courses.
La suite du championnat est malheureusement en suspens : comme les stars du MotoGP, les vedettes du World Superbike pourraient bien être privées de compétition dans les semaines à venir en raison des mesures de précaution liées à l'épidémie de coronavirus "Covid-19" !
Une annulation ou un report de l'épreuve du WorldSBK au Qatar programmée dans deux semaines pourraient toutefois arranger trois pilotes qui ont été contraints au repos forcé dimanche à Phillip Island : Leon Camier, Garrett Gerloff et Eugene Laverty qui ont changé de moto cet hiver... comme Razgatlioglu, Lowes et Redding mais avec moins de succès !
L'expérimenté mais esquinté Camier, qui découvre la Ducati chez Barni, souffre de l'épaule gauche depuis sa chute aux tests d'Aragon. Le "rookie" américain Garrett Gerloff, qui découvre la Yamaha au GRT Junior Team, s'est relevé blessé de son accrochage avec Sandro Cortese en première manche. Et le malchanceux irlandais Laverty, qui découvre la BMW du team officiel, a été un peu trop secoué par sa chute lors du warm-up.
"Ce fut une belle journée, mais nous avons été très mal récompensés. Durant la Course Superpole, nous nous sommes battus pour la victoire. Après quelques contacts, je termine finalement septième, mais je me suis fait vraiment très plaisir. La deuxième manche, en revanche, a été folle ! Johnny Rea entretenait un rythme plutôt lent en tête, et je me sentais à l’aise. J’étais cinquième ou sixième, je suis remonté et j’ai même mené la course à plusieurs reprises. Je dois dire que je me suis régalé ! Cela faisait un moment que ça n’était pas arrivé, c’était vraiment génial. Malheureusement, je me suis fait une belle frayeur lorsque Toprak a souffert d’un problème mécanique. Il a relevé la moto dans l’un des virages les plus rapides du circuit et j’ai dû tirer tout droit pour l’éviter. J’ai réussi à reprendre la piste, mais il était déjà trop tard. J’avais perdu le contact alors que j’occupais la troisième place. Je pense que j’étais vraiment en mesure de me battre pour la victoire jusqu’au dernier tour. Je suis bien sûr très déçu, mais je suis malgré tout satisfait de la semaine que nous avons accomplie. Nous avons régulièrement figuré aux avant-postes… j’ai encore réalisé le meilleur temps du warm-up ce matin. Il y a plein de belles choses, mais notre travail n’a pas été récompensé. Nous disposerons du moteur 2020 qu’à partir de Jerez, mais nous sommes là et nous nous sommes battus comme des lions. Ce n’est que partie remise, j’en suis persuadé !"
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