La troisième épreuve du WorldSBK 2019 s'est disputée ce week-end à Aragon ! Moto-Net.Com a établi le classement global de ce rendez-vous espagnol et livre son analyse : le rookie Alvaro Bautista domine toujours, le champion Jonathan Rea se démène et le vice-champion Chaz Davies est de retour. Débriefing.
Cette année, les pilotes du World Superbike disputent trois courses par épreuve ! Une première manche le samedi, la nouvelle course "Superpole" de 10 tours le dimanche matin, suivie l'après-midi de la traditionnelle seconde manche. Beaucoup d'action donc, beaucoup de points distribués (62 maxi)... Mais au final, qui a gagné ?
Afin d'établir le classement de chacune des treize épreuves du championnat WSBK 2019, Moto-Net.Com additionne les scores de chaque pilote. Ce week-end à Aragon (Espagne), Alvaro Bautista a régné en maitre absolu sur ses terres !
Tout roule parfaitement pour Bautista ! Le nouveau venu en World Superbike a profité de la première halte du World Superbike 2019 en Europe, chez lui en Espagne, pour réalisé un troisième triplé ! Neuf victoires consécutives en début de saison, on avait vu cela qu'une seule fois en World Superbike. C'était en 2003, deux ans avant que MNC commence à suivre le championnat...
Cette année là, on s'en souvient Neil Hodgson avait débuté sa saison sur les chapeaux de roues et quatre doublés ! Après un neuvième succès à Oschersleben, l'impressionnante série du pilote Ducati s'était interrompue à cause d'un accrochage avec James Toseland. Hodgson avait tout de même terminé deuxième de cette seconde manche et remporté les deux suivantes...
Hier après-midi, Bautista est donc parvenu à égaler le meilleur début de saison de la catégorie. Égaler vraiment ? En termes de succès, oui. Mais "aux" points, Alvaro est encore loin du compte, dans la mesure où les victoires en course "sprint" ne valent que 12 points.
En 2003 donc, le compteur de Neil Hodgson indiquait 225 points après ses neufs manches remportées (9x25 pts). Celui d'Alvaro Bautista est légèrement moins fourni avec 186 points inscrits (6x25 + 3x12). Pour dépasser le score record du champion WSBK 2003, le rookie espagnol doit donc enchainer trois nouvelles victoires...
Alvaro Bautista se hisse déjà au niveau de Sylvain Guintoli en nombre de victoires. Les supporters de notre champion WSBK 2014 pourront toujours considérer que le pilote Ducati n°19 n'a jusqu'à présent remporté "que" 7,5 courses (six manches "normales" et trois "sprints"), MNC voit mal comment "Guinters" pourrait rester - longtemps - devant Alvaro dans ce classement dominé par Jonathan Rea et ses 71 succès.
"En première manche, (Bautista) a réalisé un exploit unique dans l'histoire du championnat : il est le seul pilote à avoir remporté quatre courses avec une avance d’au moins 10 secondes", révèlent les organisateurs. En seconde manche, il ne possédait "que" 6,8 secondes d'avance sur Rea... mais le pilote Ducati a rendu les gaz pour saluer son équipe sur la ligne dérivée. Un tour plus tôt, il devançait Davies de 9,5 secondes !
Autre statistique particulièrement impressionnante relevée par Moto-Net.Com cette fois : le "rookie" et leader du championnat du monde 2019 a bouclé 112 tours en tête, et même 122 si l'on comptabilise la première course "Superpole" en Australie, curieusement écartée des comptes.
Jonathan Rea est le seul pilote à avoir tenu tête à Alvaro Bautista en ce début de saison... Pour mémoire, le quadruple champion du monde avait bouclé les huit premiers tours de la première manche thaïlandaise devant son nouveau redoutable rival. Ce week-end à Aragon, il n'a même pas pu lui montrer le bout de son carénage...
Bautista est impérial, infernal, intraitable mais certainement pas insupportable ! Premier pilote espagnol à s'imposer devant son public depuis Ruben Xaus à Valence (c'était en 2007, et cette fois le Journal moto du Net était sur le coup !), Bautista n'oubliait pas de remercier son public, qu'il espère voir de plus en plus nombreux dans les gradins... parfois désespérément clairsemés.
Habitué aux foules qu'ameutent les Grand Prix moto sur les circuits de Jerez, Barcelone ou Valence - et du Mans, cocorico ! - , le natif de Talavera de la Reina (ville du centre de l'Espagne) a l'intention de devenir l'ambassadeur de sa nouvelle discipline, bien moins suivie que le MotoGP par ses compatriotes.
Si sa domination accable actuellement ses concurrents - pour majorité britanniques -, elle pourrait effectivement inciter les fans de sports mécaniques espagnols - mais pas uniquement ! - à suivre de plus près le championnat du monde Superbike...
D'autant qu'à l'instar du dernier GP d'Argentine très facilement remporté par Marc Marquez, la bataille pour les deux autres marches du podium en WorldSBK s'avère de plus en plus captivante. èA suivre les retransmissions télévisées, on en oublie presqu'un espagnol tourne seul en tête. Au grand dam de son léquipe officielle et de ses sponsors sans doute !
Celui qui se contente de jeter un furtif coup d'oeil aux feuilles de résultats du World Superbike passe à côté d'un sacré spectacle. Certes, Bautista gagne toutes les courses et Rea collectionne les 2ème places loin derrière lui. Mais les pilotes derrière sont de plus en plus pressants !
Contrairement aux apparences, l'ordre d'arrivée en Espagne n'était pas préétabli, bien au contraire ! Le quadruple "Number One" du championnat a du sortir la très grosse attaque pour marquer le plus de points possibles. Ses dépassements "éclair" entre les virage n°3 et 4 étaient de toute beauté...
"JR" a beau être moins impitoyable qu'autrefois, il n'en demeure pas moins impressionnant sur la piste, et continue de battre des records : dimanche après-midi, le nord-irlandais est monté sur son 143ème podium en WSBK, son 101ème en compagnie de Kawasaki.
Rea dépasse ainsi la marque instaurée par Carl Fogarty, auteur de 100 podiums avec Ducati. Il se rapproche également du record absolu que détient son ancien coéquipier Tom Sykes : le champion du monde Superbike 2013 a gravi 107 podiums avec la firme d'Akashi.
Le même Tom Sykes a franchi un grand cap samedi en se qualifiant de nouveau en première ligne aux commandes de la toute nouvelle S1000RR. Comme avec la ZX-10R au début des années 10 (2010...), "Super" Sykes commence par se montrer très rapide, seul en piste et sur un unique tour. Avant de battre ses adversaires sur une vingtaine de boucles ?
Malheureusement pour BMW, son pilote officiel n°66 n'est pas parvenu à transformer ses excellents essais en une course gagnante. Patience... Les accélérations et la vitesse de pointe de la "Zouperbaïke" allemande sont encore insuffisantes : c'était cruellement flagrant dans la longue ligne droite d'Aragon.
D'après les feuilles de résultat, le compteur de la BMW de "Major Tom" est resté bloqué sous les 315 km/h lors des trois manches, soit une dizaine de km/h de moins que ses principaux rivaux en piste : 324 km/h pour Chaz Davies et Eugene Laverty sur la redoutable Panigale V4, 322km/h pour Leon Haslam sur sa ZX-10RR.
Malgré ce handicap, Tom Sykes a réussi à décrocher deux Top 5 en première manche et en Course Superpole. En seconde manche, un mauvais pneumatique - un mauvais exemplaire, pas un mauvis choix ! - l'a fait échoué à la 12ème position.
À titre de comparaison, Loris Baz sur son ancienne S1000RR privée - du soutien officiel de l'usine munichoise - avait du se contenter des 11ème et 15ème places l'an dernier. En 2017, Jordi Torres avait signé de belles 6ème et 7ème places à domicile.
Chaz Davies roulait lui aussi quasiment "chez lui" ce week-end : le "Dragon Gallois" a remporté sept courses à Aragon. Depuis quatre saisons d'ailleurs, le pilote Ducati n°7 s'était toujours imposé en seconde manche. Ce dimanche à cause de son nouveau coéquipier Bautista, il ne pouvait viser que la deuxième place. Or il l'a loupée !
Les fans du triple "vice-champion" du monde retiendront toutefois que leur pilote favori a parfaitement profité de la venue du World Superbike sur "son" circuit - et de deux jours de tests en amont - pour démarrer sa saison 2019 et se joindre aux bagarres du second plan, souvent joyeuses, parfois malheureuses...
En première manche par exemple, Eugene Laverty a vu ses espoirs de podium - et son aileron gauche ! - voler en éclat pour avoir suivi "Chazie" de trop près... À l'instar de son beau-frère (la frangine de Chaz est mariée à Michael Laverty !), "Youdjine" avait à coeur d'effacer sa déconvenue thaïlandaise : zéro points inscrits, 3 pour Davies.
Alex Lowes au contraire, continue sur son excellente lancée : depuis l'ouverture du championnat en Australie, le pilote Yamaha n°22 (premier des Bleus au provisoire) n'est jamais sorti du Top 5. Il est même monté à quatre reprises sur le podium, contrairement à son coéquipier Michael van der Mark, malchanceux ce week-end...
Leon Haslam a suivi une encourageante courbe ascendante à Aragon : 9ème, 7ème et 4ème... Le n°91 aurait sans doute aimé qu'une quatrième, voire une cinquième course (!) se déroule ce lundi afin de déloger enfin son coéquipier de "sa" deuxième place.
Certes, Rea, Lowes et Haslam ont été de nouveau humiliés par Bautista ce week-end. Mais leurs compatriotes Davies et Laverty, qui roulent eux mêmes sur la toute nouvelle Ducati, n'ont pas réussi à se débarrasser d'eux... La moto ne ferait donc pas tout ?
"Alvaro et sa V4R (pas une autre, NDLR) ont remporté aujourd'hui la 350ème victoire pour Ducati en SBK, se réjouissait dimanche soir le grand patron de Ducati, Claudio Domenicali. "Après la course, il m'a dit que le feeling "MotoGP" de sa V4R correspondait parfaitement à son style de pilotage et qu'il pouvait profiter pleinement de sa puissance et de son aérodynamisme".
Après cinq années passées sur le "Twin" Ducati, Chaz Davies a visiblement besoin de temps pour s'adapter à sa nouvelle monture. Idem pour Eugene Laverty qui a été pilote - d'anciennes générations - de Desmosedici en Grand Prix mais vient de passer deux saisons sur une RSV4 vieillissante et conçue comme une Superbike, pas un proto de Grand Prix.
Un problème se profile donc pour les organisateurs du championnat WSBK : leur règlement censé équilibrer les forces - des motos - en présence ne peuvent rien contre un pilote archi- dominateur. Après les quatre ans de règne de Rea, combien de mois ou de saisons va durer l'ère Bautista ?
La consolation pour les spectateurs, et elle est de taille, réside dans le fait que le niveau des pilotes et des machines s'est considérablement resserré cet hiver. L'époque où "Johnny" s'échappait en solo, puis gérait son avance sur un peloton éparpillé semble révolue !
En première manche, la Kawasaki n°1, la Ducati n°7, la Yamaha n°22 et la BMW n°66 ont assuré un magnifique spectacle en se disputant longuement leurs places au sen du Top 5... Rea, Davies, Lowes et Sykes sont restés longtemps ensemble à se battre... et pas uniquement au début à cause d'une obscure grille inversée, ou à la toute fin après une course à l'économie de bout de chandelles pneus !
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