Le jeune constructeur italien Vins Motors exposait à l'EICMA de Milan 2017 deux très prometteuses motos conçues autour d'un châssis carbone et d'un bicylindre à injection directe : la Duecinquanta homologuée route de 249 cc et sa déclinaison pour circuit uniquement, la Duecinquanta Competizione de 288 cc.
Le projet de Vins Motors relève du défi impossible : cette équipe d'artisans passionnés basés à Marenallo (nord de l'Italie) concentre en une seule moto un panel de solutions technologiques extrêmement complexes à maîtriser, et encore plus à homologuer en série ! Citons pêle-mêle la motorisation deux-temps, le cadre monocoque autoporteur ou encore les suspensions avant et arrière non conventionnelles...
Ajoutez à cela la volonté farouche de contenir le poids sous la barre des 100 kg et d'atteindre des performances élevées, et vous obtenez une moto enthousiasmante sur le papier mais dont l'aboutissement industriel paraît tenir du rêve éveillé. Et pourtant, cette bombinette digne d'un prototype de l'ère deux-temps des Grands Prix existe bel et bien : Vins Motors a dévoilé à l'EICMA 2017 les versions finalisées de ses deux Duecinquanta.
Ces Duecinquanta se déclinent dans une version homologuée route et une autre "Racing", exclusivement réservée à un usage sur circuit : la Duecinquanta Competizione. Chacune est propulsée par un V-twin deux-temps ouvert à 90° et refroidi par eau, de 249cc de cylindrée sur la Duecinquanta standard et de 288cc sur la "Competizione" via une augmentation de l'alésage (58 x 54,5 mm contre 54 x 54,5 mm).
Grâce à un système d'injection directe, la moto serait à la fois performante et raisonnablement sobre en carburant et en émissions polluantes : la Duecinquanta de route répondrait ainsi favorablement aux normes Euro4 ! Cette prouesse renvoie aux nouvelles KTM tout-terrain 2-temps injectées, une technologie maîtrisée depuis plusieurs années dans le milieu marin et qui permet notamment de se passer du traditionnel mélange essence-huile .
Si les performances du modèle homologué ne sont pas communiquées, Vins Motors annonce en revanche que la Competizione développerait "plus de 80 ch" et taperait les 240 km/h ! Dans ces conditions, tabler sur une puissance comprise entre 50 et 60 ch pour la Duecinquanta équipée de phares et autres équipements "street legal" paraît raisonnable.
Ça ne vous paraît pas très impressionnant comme cavalerie? Dans l'absolu, c'est vrai... sauf que les italiennes sont des poids plume : "moins de 95 kg" pour la Duecinquanta de route (aussi appelée "Sport") et encore dix de moins pour la Competizione ! 80 ch pour 85 kg : en voila un rapport poids/puissance qui donne envie, d'autant que la mécanique 2-temps est normalement bien plus réactive - dans les tours - qu'un équivalent 4-temps !
Fervents adeptes de Colin Chapman, l'ingénieur automobile anglais fondateur de Lotus et à l'origine de la célèbre maxime "Light is right", les membres de Vins Motors sont par conséquent convaincus que le poids est l'ennemi du bien, surtout sur une moto. D'où leur quête obsessionnelle du moindre gramme superflu, qui se traduit tout d'abord par l'élaboration d'un cadre monocoque avec partie arrière autoporteuse en carbone.
Ce châssis unique est recouvert d'un habillage lui-aussi "carbonisé", laissé à l'état brut sur la Duecinquanta Competizione pour profiter des reflets de la lumière sur la fibre : splendide ! Autre particularité de ses motos italiennes : leur amortissement assuré par des systèmes non conventionnels, à l'avant comme à l'arrière.
La fourche prend la forme d'un double bras en carbone au sommet duquel un ressort assure les fonctions d'amortissement. Question rigidité, la Duecinquanta doit se poser là ! La suspension arrière n'est pas en reste avec son ressort placé en position transversale (perpendiculaire à la jante Dymag), un système dérivé de la Formule 1 qui favoriserait le travail de l'amortisseur sur l'angle, assure l'enseigne italienne.
Les branches du bras oscillant sont elles-aussi tissées en fibres de carbone, tandis que les mensurations générales achèvent de convaincre de l'agilité diabolique de cette moto d'exception : empattement inférieur à 1400 mm, angle de chasse "fermé" (24°) et pneus Pirelli de 17 pouces très étroits (110 mm et 150 mm). La transalpine ne doit guère résister au déclenchement en courbes !
Pour stopper cette moto récompensée en Allemagne par le prix du design 2016, un simple disque de 300 mm est installé à l'avant. Ce rotor est pincé par un étrier radial 4-pistons de chez le manufacturier espagnol J. Juan, sans surprise commandé par une durit renforcée (étrier 2-pistons et disque de 200 mm à l'arrière).
Parmi les autres subtilités de ces Duecinquanta, citons aussi leur boîte extractible à six rapports, leur valve électronique à l'échappement qui assure une meilleure régulation des gaz (aspect très important sur un 2-temps) ou encore la multitude de configurations proposées aux futurs acquéreurs (coloris, équipements, périphériques, etc.).
Car, oui, les Duecinquanta standard et Competizione seront bel et bien commercialisées dans un avenir proche ! Le constructeur de Maranello table sur un lancement en Europe "pour le printemps 2018". Le prix ? La fourchette varierait entre 40 000 € et 50 000 €... Oui, ça pique ! Mais au regard de la technologie (voir la vidéo puis la galerie photo ci-dessous), qui ira crier au vol ?
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