Sharni Pinfold raccroche les gants à seulement 25 ans, après avoir quitté son Australie natale en 2018 pour réaliser son rêve de devenir pilote professionnelle. Ses raisons ? La jeune femme est fatiguée du traitement méprisant et misogyne de ses rivaux masculins...
En 2018, tandis que la talentueuse Ana Carrasco devenait la première femme championne du monde du monde de moto (hors side-car), une jeune australienne se lançait à coeur perdu dans la même quête de succès. Trois ans plus tard, contrat en poche pour courir en championnat Supersport allemand, Sharni Pinfold met fin à sa carrière en réaction au machisme...
"Tout au long de mon parcours dans les sports mécaniques, j'ai vécu et été confrontée à de nombreux défis, certains dont j'ai même du mal à parler : la plupart de ces défis sont dus au manque de respect et au traitement désobligeant envers les femmes", dénonce-t-elle. "Des choses que je sais que je n'aurais jamais eu à vivre si j'avais été un homme".
"Mon père est décédé juste avant que je ne commence à courir : cela signifie que tout ce que j’ai fait a été uniquement par moi-même, sans conseils ni soutien", explique la compatriote de Casey Stoner, Chris Vermeulen, Troy Bayliss ou encore Mick Doohan. Que des cracks. Et que des hommes, aussi...
La native de Perth avait tout plaqué pour rouler en Europe, d'abord en championnat Moto3 anglais puis en European Womens Cup avec quelques entrées dans le Top 10. Remarquée par Kawasaki, Sharni s'est vue offrir une pige en championnat du monde Supersport 300 lors de la course de Magny-Cours.
Aligné par le team Smrz Racing, la pilote est malheureusement partie à la faute sur une piste froide et humide : fracture de la clavicule. Galères et blessures se moquent bien du sexe du pilote, à l'inverse de certains ses concurrents dont l'attitude l'a blessée plus durement qu'un high side...
"Il arrive un moment où vous en avez assez et j’ai l’impression d’avoir atteint ce point", déplore-t-elle alors que tout était en place pour démarrer le mois prochain sa saison en championnat allemand : moto, sponsors et équipe.
"Je ne veux plus être exposée à ce comportement méprisant. Cela m’attriste profondément (...) d'admettre que les femmes qui consacrent leur vie à la poursuite de leurs rêves y sont exposées et traitées de cette manière. Cela a été le principal facteur qui a contribué à ma décision de prendre ma retraite".
"Je suis très fière de ce que j’ai accompli dans ce sport et je trouve dommage de ne pas avoir encore pu exprimer mon plein potentiel", termine tristement Sharni Pinfold, énième victime du machisme dans un univers encore trop souvent considéré comme "un monde d'hommes".
Et pourtant, comme le chante si justement James Brown, ce "monde d'hommes ne serait rien sans une femme"... Plus de 50 ans après la sortie du bouleversant "Its a man's man's man's world" en 1966, certains n'ont toujours pas entendu le message !
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