Une étude de la Sécurité routière montre que les motos freinent moins fort que les voitures

Dans son dernier spot vidéo de sensibilisation aux risques de la route, la Sécurité routière met l'accent sur la moto - comme chaque année au retour des beaux jours - en insistant sur l'excès de confiance à deux-roues, notamment au freinage. Pour appuyer son propos, l'organisme gouvernemental dévoile une étude intitulée "Freinage d'urgence : motos Vs voitures particulières" selon laquelle une moto mettrait 3 mètres de plus à s'arrêter qu'une voiture à 50 km/h.

Malgré sa surface pneumatique en contact avec le sol inférieure à celle d'une voiture (quatre roues contre deux, le calcul est rapide !), une moto freine court, bien aidée par son poids contenu et son équipement puissant, voire surcalibré pour les motos haut de gamme ou sportives : disques de grand diamètre, étriers 4-pistons à fixation radiale, maître-cyclindre et durites de qualité. Sans oublier l'ABS combiné, de plus en plus léger et performant.

Pour autant, contrairement à une idée communément admise, la distance nécessaire pour s'arrêter aux vitesses légales serait supérieure au guidon d'un deux-roues qu'au volant d'une voiture : c'est ce que conclut la Sécurité routière après une batterie de tests de freinages d'urgence menés par le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (CEREMA) et l'Union technique de l'automobile, du motocycle et du cycle (UTAC-CERAM).

La Yamaha MT-07 taxée au freinage par une Renault Clio

Selon cette étude, réalisée par beau temps sur la ligne droite du circuit de Montlhéry (91), une Yamaha MT-07 mettrait en moyenne "3 mètres" de plus qu'une Renault Clio pour s'arrêter à 50 km/h (20 mètres contre 16,7). Cet écart déjà important - à la louche, cela signifie qu'en ville le motard s'arrête derrière un passage piétons alors que la voiture stoppe avant - monterait "a minima à 7,5 mètres" à la vitesse de 90 km/h : 43,4 m pour la Clio, 51,1 m pour la MT-07 (voir tableau ci-dessous).

"Pour être représentatif de l’usage et des ventes actuelles, nous avons retenu les deux modèles classés en premier respectivement pour la voiture (Clio IV) et la moto (Yamaha MT-07). Concernant la Clio IV, il a été fait le choix d’une motorisation et d’une finition plutôt basiques" tandis que "pour la moto, l’option ABS a été impérative", explique le CEREMA.

Ces séquences de freinages - "une centaine au total" - ont été mesurées "scientifiquement" via une batterie de capteurs fixés sur les deux véhicules, affirme la Sécurité routière en précisant que ce sont des "professionnels de la conduite moto" qui pilotaient la MT-07 prêtée par Yamaha Motor France, chaussée de Michelin Pilot Road3 et affichant 182 kg sur la balance avec le matériel de mesures (sans pilote). Ces testeurs sont également passés derrière le volant de la Clio (louée neuve) pour que les "comparaisons de données soient des plus rigoureuses".

L'étude montre par ailleurs que le temps de perception-réaction est identique entre le motard et le conducteur de la voiture ("en moyenne 0,45 seconde"), ce qui n'a rien d'étonnant dans la mesure où l'on ne voit pas bien pour quelles raisons l'inverse se produirait.

D'autant qu'amorcer un freinage suprise en voiture exige de lever la pointe du pied droit de l'accélérateur pour actionner la pédale centrale, alors que réaliser la même opération à moto ne demande qu'allonger deux ou trois doigts sur le levier droit, puis de le serrer.

Freiner les idées reçues...

Grâce à cette étude, qui viendrait combler une "absence de documentation précise sur les performances de freinage des deux types de véhicules", la Sécurité routière entend battre en brêche ce qu'elle considère être une "idée reçue, fréquemment répandue" parmi les motards.

L'organisme gouvernemental espère ainsi apporter aux motards "une meilleure évaluation des distances de freinage pour leur sécurité et celle des autres usagers, à moto comme à scooter". Reste à souligner que la MT-07 n'a pas de freinage combiné, ce qui la pénalise d'emblée face à la Clio.