Le circuit Motorland d'Aragon (nord de l'Espagne) accueille ce week-end le Grand Prix d'Aragon, 14ème épreuve du calendrier MotoGP 2016. Le leader du championnat Marc Marquez, battu par Dani Pedrosa, Valentino Rossi et Jorge Lorenzo à San Marin, tentera de renouer avec une victoire qui lui échappe depuis déjà deux mois. Présentation et enjeux.
Depuis l'avènement de l'ère MotoGP 4-temps, jamais la catégorie reine n'avait connu pareille situation : huit vainqueurs différents en huit courses, qui plus est de manière successive ! Lorenzo a démarré la série au Mugello, suivi par Rossi en Catalogne, Miller à Assen, Marquez au Sachsenring, Iannone en Autriche, Crutchlow à Brno, Viñales à Silverstone et Pedrosa à San Marin (relire nos comptes rendus des courses MotoGP 2016). Il faut remonter à 2000, à l'époque de la 500 cc 2-temps, pour retrouver une saison avec autant de vainqueurs ! Le record pourrait donc tomber ce week-end en Aragon, si par exemple un outsider comme Andrea Dovizioso (Ducati) parvenait à décrocher la timbale, signant par là-même sa deuxième victoire en MotoGP avec celle enregistrée sous la pluie à Donington en 2009.
Mais ces victoires pas forcément attendues ont une contrepartie : les habituels "cracks" montent moins souvent sur la plus haute marche du podium, à l'image du leader du championnat, Marc Marquez, qui ne s'est pas imposé depuis le GP d'Allemagne... Soit déjà deux mois sans victoire ! Et pourtant, l'espagnol mène confortablement les débats, à l'abri grâce aux gros points engrangés aux moments opportuns sur des rivaux eux aussi en manque de régularité : 43 points d'avance sur Rossi, 61 sur Lorenzo et 78 sur Pedrosa. Car Marquez est loin d'être le seul en difficulté pour rester au premier rang : Jorge Lorenzo, le champion du monde en titre, n'a pas remporté de course depuis le GP d'Italie fin mai, soit quatre (4 !) mois sans victoire... C'est à peine mieux pour Rossi, absent de la plus haute marche du podium depuis le GP de Catalogne début juin et par ailleurs le seul du trio de tête à ne compter que deux victoires (contre trois pour Lorenzo et Marquez). Certes, les rebondissement nés des courses sous la pluie, de la découverte des pneus et de l'électronique changent considérablement la donne cette année, mais tout de même...
Reste que lors des quatre dernières courses, Marc Marquez n’a pas fait mieux que troisième, ce qui ne s’était encore jamais produit depuis son arrivée en MotoGP en 2013 ! Même si ses adversaires connaissent eux aussi une saison chaotique, Marquez doit redresser la barre, si possible dimanche en Aragon. D'autant que ce circuit près d'Alcaniz est plutôt à son avantage : son tracé tourne dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, comme trois autres circuits sur lesquels il excelle (Austin, Phillip Island et le Sachsenring). La vitesse affichée par l'espagnol à domicile valide son aisance : Marc Marquez a signé toutes les pole positions en Aragon depuis son arrivée 2013 et possède le record absolu de cette piste large et vallonnée en 1'46.635 depuis 2015. Alors, grandissime favori, Marquez ? Pas vraiment : depuis sa victoire en 2013, l'espagnol n'a jamais terminé un GP d'Aragon dans les points à cause de chutes (13ème en 2014, abandon en 2015) !
Son coéquipier Dani Pedrosa, qui a décroché sa première victoire en 2016 à San Marin, pourrait transformer cet attendu retour aux avant-postes en signant un doublé. Le n°26 en a indubitablement le talent, mais les conditions se montreront-elles aussi favorables ? Rappelons en effet que Dani s'est imposé à Misano en grande partie grâce à un audacieux choix pneumatique, plus tendre à l'avant que ses rivaux. Or, ce choix n'a été rendu possible que par la combinaison de trois facteurs : la légèreté du pilote espagnol, son refus d'utiliser la RCV équipée d'ailerons (qui créent une pression supplémentaire sur l'avant, donc de l'usure) et le nouveau composé apporté par Michelin à Misano. Mais pas de bol pour "Pedro" : le Bibendum a d'ores et déjà prévenu que ce mélange inédit serait laissé de côté, la plupart des pilotes ne l'appréciant guère...
Voila qui ne va pas faire les affaires du n°26, en difficulté avec les pneus français mais aussi avec le nouveau moteur de la RC213V à vilebrequin contrarotatif. A ce sujet, les deux pilotes HRC ont essayé la version 2017 du V4 lors de tests menés juste après le GP de San Marin et le testeront de nouveau lundi en Aragon. Yamaha devait initialement y participer, mais le constructeur a finalement préféré reporter cette séance privée destinée à défricher la saison 2017. Plusieurs thèses sont avancées pour expliquer ce report : le développement du prototype de la M1 2017 aurait pris du retard, ou le fait que Yamaha préfère temporiser pour le peaufiner en fonction des nouveaux pneus proposés par Michelin. Le Bibendum changeant en effet régulièrement la rigidité et les composés de ses gommes, les constructeurs prennent des précautions : pas question de développer une MotoGP avec trop d'avance, au risque qu'elle se montre incompatible avec les pneus de la saison à venir !
Enfin, soulignons le possible retour aux affaires ce week-end de l'unique français engagé en MotoGP : Loris Baz va tenter de reprendre le guidon de sa Ducati GP14.2 dans son team Avintia, malgré un pied encore très douloureux suite à sa grosse chute entraînant un accrochage avec Espargaro à Silverstone. Le n°76, déjà lourdement blessé au pied droit suite à sa chute en Italie causée par Bautista, souffre depuis de fractures au tibia et à l'astragale qui sont encore douloureuses. Selon l'avis de ses médecins, Loris devrait néanmoins pouvoir courir en Aragon, sans doute diminué sur le plan physique. Rappelons que le haut-savoyard a déjà manqué trois Grands Prix en raison sur blessures et que Xavier Fores l'a remplacé lors de la dernière course à San Marin.
Andrea Iannone tentera lui aussi de reprendre le guidon en Aragon, même si sa fracture contractée à une vertèbre dorsale pendant les essais du GP de San Marin semble beaucoup trop récente pour laisser espérer un retour possible sur sa Ducati officielle. Mais le tenace italien y croit ! L'occasion aussi pour lui de voir comment se comporte sa future moto, la Suzuki GSX-RR, qui pourrait de nouveau réaliser des étincelles sur un tracé rapide comme Aragon aux mains du très doué Maverick Viñales : depuis sa victoire à Silvertsone, le jeune espagnol de 21 ans ne rêve que d'accrocher un second succès à son palmarès !
Autant de questions à suivre tout le week-end en direct sur MNC : restez connectés !
Marc Marquez, Honda-Repsol : "Nous arrivons en Aragón, une piste proche de la maison et l'une de mes préférées, sur laquelle nous essayerons de faire un bon week-end. Mais après, cap sur la tounée asiatique où tout peut arriver car les conditions sont imprévisibles et parfois extrêmes : la pluie en Malaisie, le vent à Phillip Island, la pluie au Motegi... Si je perds le titre, cela ne sera pas la fin du monde. Chaque année, l'objectif est de gagner. Chaque année, il y a une pression, vous essayez de disputer la saison avec cette mentalité et si vous ne gagnez pas, c’est un échec. Jusqu’ici j’ai été le plus constant. Peut-être pas le plus rapide, mais j’ai été le plus fort sur l’ensemble parce que je n’ai fait qu’une erreur, au Mans. Mais même là-bas, j’avais pris trois points et ils compteront à la fin du championnat. Maintenant, quand vous voyez que le titre est proche et que vous échouez, c’est clair que ça fait mal. Mais pour l'instant je ne pense pas à ça parce que je dois juste penser à gagner et me préparer à aborder chaque course avec les bonnes priorités".
"Je ne cours jamais uniquement pour moi, je cours aussi pour le spectacle, parce que j’aime voir les gens en profiter. Mais au final, il y a une priorité et c’est le championnat. Et pour le remporter, il faut savoir aborder certaines courses d’une autre façon. Peu avant le Grand Prix de Misano, Shuhei Nakamoto m’a dit : "S’il te plaît, termine la course", une phrase que mon équipe m’avait également répétée une quarantaine de fois le matin même ! Et ils devraient me le dire plus souvent car à Silverstone, c’est une consigne que j’avais totalement oubliée ! Résultat, "l’ancien Marc" a fait son retour dans les derniers tours et j’ai terminé quatrième. Certaines personnes m’ont dit "Mais pourquoi as-tu pris tous ces risques ? Tu as perdu des points alors que tu étais devant Valentino". Mais dans cette situation, si j’avais terminé deuxième on aurait dit : "Marc a su prendre des risques pour inscrire un maximum de points".
Valentino Rossi, Yamaha-Movistar : "Même si j'aurais vraiment voulu gagner à Misano, on peut dire que ce fut une bonne course. Durant les prochaines courses, nous ferons de notre mieux pour obtenir le meilleur résultat, comme nous l'avons fait à San Marin. La seule chose qui m'intéresse maintenant est de faire de bonnes courses. En Aragon (l'un des rares circuit où il ne n'est jamais imposé, NDLR), nous devrons bien travailler dès le premier jour, comme nous l'avons fait toute cette saison. Ce circuit réunit des virages rapides et de gros freinages, donc il est important d'avoir une bonne moto, parfaitement réglée. J'aime beaucoup cette piste, même si elle ne fait pas partie de mes favorites (faudrait savoir, NDLR !), et nous allons essayer de faire notre mieux".
Jorge Lorenzo, Yamaha-Movistar : "Malgré le fait que les attentes étaient plus élevées à Misano, nous avons enfin pu revenir sur le podium après quelques mauvaises courses (17ème à Brno et 8ème à Silverstone, sans parler de sa 15ème place en Allemagne avant la trêve estivale, NDLR). A Misano, nous avions vraiment travaillé tout le week-end mais finalement Dani et Vale étaient plus rapides plus nous. Le côté positif est que nous collectons un nouveau podium et que nous avons trouvé une bonne ligne de conduite concernant les réglages de la moto. Désormais nous allons en Aragon, une piste qui ne convient généralement pas parfaitement à notre moto. Mais au cours de ces dernières années, nous avons été en mesure d'y gagner plusieurs fois (en 2014 et 2015, NDLR), de sorte que vous ne savez jamais vraiment avant de prendre la piste. Surtout cette année avec les nouveaux pneus, car tout est remis en cause et cela rend les choses délicates. Je suis impatient de me battre à domicile et je vais essayer de gagner de nouveau".
Dani Pedrosa, Honda-Repsol : "Evidemment, j'arrive en Aragon dans un excellent état d'esprit car certaines choses qui avaient déjà commencé à s'améliorer se sont parfaitement concrétisées à Misano et nous avons pu obtenir un très bon résultat. Mais il convient de garder les pieds sur terre en termes d'objectif, car les courses sont très serrées et disputées cette année. Nous devons rester concentrés sur notre travail et nos objectifs, qui sont de poursuivre la mise au point d'une configuration de base sur laquelle nous avons travaillé ces derniers temps et de trouver le rythme pour rester devant. Mon fan club sera présent dans les tribunes, donc je vais essayer de faire de mon mieux pour leur offrir un bon spectacle.
Maverick Viñales,Suzuki-Ecstar : "Le circuit d'Aragon est très intéressant, il est varié et exigeant mais amusant. Nous arrivons ici avec un feeling positif car la victoire à Silverstone a renforcé notre confiance et que nous avons ensuite obtenu le meilleur résultat possible à Misano compte tenu des conditions (les Suzuki ont réduit leurs difficultés sur les pistes chaudes comme à San Marin, NDLR). Aragon est une piste délicate à cause de la météo : il peut faire froid ou au contraire très chaud, mais désormais nous sommes plus confiants quant à nos capacités d'être compétitifs avec des températures élevées".
Andrea Iannone, Ducati : "La douleur est persistante, j’ai fait quelques tests et les médecins ont confirmé que j’avais juste besoin de temps, rien d'autre. La douleur est omniprésente, elle ne disparaît jamais complètement. Si je reste debout ou que je marche, je la sens un peu moins, mais dès que je tente de faire quelque chose, elle devient plus intense. Je suis incapable de m’entraîner, de faire ne serait-ce qu’un peu de vélo stationnaire, même brièvement. Le côté positif est que la vertèbre fracturée se guérit normalement. La fracture n’inquiète pas les médecins, et d'ici 20 à 25 jours maximum l'os sera ressoudé. Je vais aller en Aragon, je vais essayer de m’assoir sur la Ducati et c’est à ce moment-là que je saurai quelle est ma condition et si je peux essayer de courir. Mais jusqu'à ce que je sois sur la moto, je ne peux pas dire ce qui se passera. J'ai juste besoin de patience".
Jack Miller, Honda Marc VDS (remplacé par Nicky Hayden en Aragon) : "Ma main est le principal problème pour le moment, mais j’ai aussi trois vertèbres de cassées dans le dos... Je ne peux pas piloter à 100% à cause de ces blessures et je ne voulais pas prendre de risques inutilement. Nous ne nous battons pas pour le championnat. Nous luttons pour avoir notre place devant et lorsque vous n’êtes pas à 100% de vos moyens, le danger est encore plus présent. Nous avons donc décidé de manquer le Grand Prix d’Aragón pour préparer au mieux ma course de Phillip Island. C’est l'un de mes tracés préférés et je pense que nous pouvons vraiment être bons là-bas. Je pense que les gens comprennent désormais que ma méthode de travail est la même que les autres, que nous travaillons autant et que nous méritons notre place en MotoGP. Ce n’est pas seulement parce que j’ai de la chance".
Loris Baz, Ducati-Avintia : "Je ne suis pas au maximum de ma forme, mon pied est toujours douloureux, mais je pense être en mesure de piloter. Les docteurs et mon kinésithérapeute sont du même avis. J’aurai un examen jeudi au circuit pour savoir si je suis apte à courir et si j’ai leur feu vert, je verrai comment je me sens sur la moto vendredi. Depuis ma chute, j’ai travaillé sans relâche avec mon kiné et j’ai fait des séances en piscine pour retrouver la pleine mobilité de mon pied. Le feeling s’est progressivement amélioré, mais je dois voir comment je me sens sur la moto. Je suis vraiment impatient de me rendre à Aragón pour essayer d’engranger quelques points si c’est possible. Mais mon objectif est avant tout de reprendre mes marques et d’être préparé au mieux pour la tournée Asie-Pacifique".
Piero Taramasso, manager deux-roues du département Sport Michelin : "C’est la première fois que Michelin va courir en MotoGP à Aragón, c’est donc un nouveau challenge pour nous. On a testé ici l’an passé avec les pilotes de MotoGP et on sait à quoi s’en tenir. Mais les pneus ont bien changé depuis, alors c’est un peu comme si on repartait de zéro. D’après nos informations, les conditions météo peuvent être imprévisibles et aisément varier du froid au chaud. A cette époque de l’année, les températures peuvent être très douces en Espagne, mais en raison de la situation géographique d’Aragón, on peut s’attendre à des matinées plus fraîches que prévu. Les pneus doivent donc avoir une bonne mise en régime et restés performants quand les températures s’élèvent. Il y a des courbes rapides, une longue ligne droite et des zones de freinages appuyés. Il faut donc une gamme de pneus capables de supporter toutes ces situations. C’est un circuit assez exigeant, mais nous sommes prêts à relever le challenge et à poursuivre sur notre lancée de Misano. On espère avoir une nouvelle course passionnante !"
Vendredi 23 septembre
Samedi 24 septembre
Dimanche 25 septembre
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2024
10 mars : GP du Qatar
24 mars : GP du Portugal
07 avril : GP d'Argentine (annulé)
14 avril : GP des Amériques
28 avril : GP d'Espagne
12 mai : GP de France
26 mai : GP de Catalogne
02 juin : GP d'Italie
16 juin : GP du Kazakhstan (reporté)
30 juin : GP des Pays-Bas
07 juillet : GP d'Allemagne
04 août : GP de Grande-Bretagne
18 août : GP d'Autriche
01 septembre : GP d'Aragon
08 septembre : GP de San-Marin
22 septembre : GP d'Inde (annulé)
22 septembre : GP Kazakhstan (annulé !)
22 septembre : GP d'Emilie-Romagne
29 septembre : GP d'Indonésie
06 octobre : GP du Japon
20 octobre : GP d'Australie
27 octobre : GP de Thaïlande
03 novembre : GP de Malaisie
17 novembre : GP de la "Solidarité"
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