L'application Ma route en deux-roues motorisé (MR2RM) est désormais disponible dans toute la France : les motards, regroupés au sein d'une structure ou une association, peuvent signaler aux responsables de voirie les endroits dangereux et suivre l'évolution des travaux d'amélioration. "Un dialogue inédit entre les acteurs de la moto et la puissance publique", assure son responsable. Présentation.
Qui, au guidon de sa moto, n'a jamais pesté contre une infrastructure inadaptée ou dangereuse ? Et si au lieu de râler tout seul dans son casque, on pouvait signaler ces différents points noirs aux responsables de voirie ? Et pourquoi pas suivre l'avancée des travaux de réaménagement ?
C'est le défi relevé en 2018 par la préfecture du Calvados, mandatée par la Sécurité routière en collaboration avec l'Institut national de l'information géographique et forestière (IGN), qui a réalisé une application collaborative destinée à mettre en lien les motards et les responsables de voirie.
Aujourd'hui disponible dans 28 départements, l'application "est présente dans l'App Store et le Play Store sous le nom d'Espace collaboratif IGN, une application d'accueil qui a été adaptée pour déployer Ma route en deux-roues motorisé", nous explique Yannick Dépret de la Direction départementale du Calvados, référent de l'application au niveau national.
Concrètement, il faut d'abord installer l'application Espace collaboratif IGN, créer un compte puis se connecter à MR2RM via un login et un mot de passe. Mais attention : "il s'agit d'une application collaborative accessible aux partenaires de chaque application MR2RM locale", précise M. Dépret. En clair : on ne peut pas l'utiliser en tant que "simple motard" particulier, mais uniquement par le biais d'une structure (association).
Le signalement (émanant d'une structure) circule au sein des partenaires (personnes morales) afin d'identifier, géolocaliser et décrire (selon les standards métier) les éléments d'infrastructures pouvant aggraver ou favoriser la survenue d'accidents chez les usagers de deux-roues motorisés.
Lors d'un signalement, le motard se géolocalise pour pouvoir lancer une alerte au nom de sa structure. L'alerte est alors envoyée à un opérateur local (modérateur) qui la valide (toujours pour éviter les signalements abusifs) et la transmet au gestionnaire de voirie concerné, qui peut répondre directement dans l'application : la personne à l'origine du signalement peut voir la réponse du gestionnaire et suivre le traitement du signalement.
"C'est un cercle vertueux dans lequel tout le monde est satisfait grâce à la qualité des signalements", résumait ainsi M. Dépret lors d'une journée de témoignages organisée fin 2019 : "avant de pouvoir signaler un problème il faut suivre une formation, donc c'est engageant et ça limite les signalements abusifs".
Interrogé par le Journal moto du Net sur ces limitations - et sur la question de savoir s'il n'aurait pas été préférable de l'ouvrir à tous les motards, sur inscription avec identifiant et mot de passe -, le référent national de l'application explique qu'il ne s'agit "pas uniquement de limiter les signalements abusifs, même si nous y veillons. Il s'agit surtout d'être efficient en faisant en sorte que chaque signalement saisi par un "motard de vigie" soit traité par le gestionnaire de voirie concerné".
"L'efficience est là car l'Etat est légitime sur ce sujet pour coordonner l'action des acteurs sur les territoires concernés", poursuit Yannick Dépret : "c'est bien souvent un dialogue inédit qui s'installe entre acteurs de la moto et puissance publique, car lorsque le préfet invite les partenaires à se retrouver autour d'une table pour discuter des signalements, en général les associations, acteurs économiques, gestionnaires et services de l'Etat répondent présents".
L'adhésion sans faille des gestionnaires de voirie conditionnait également le succès de ectte initiative : "il est important pour eux de pouvoir traiter ses signalements en totale confiance, comme s'ils émanaient de leur service", souligne M. Dépret. "Techniquement, la nomenclature utilisée pour décrire le signalement est déduite des guides du CEREMA (qui fait référence en la matière), autre gage de qualité. Nous avons aussi mis en place des formations spécifiques pour chaque structure motard de vigie. Nous avons ainsi réparti sur les départements des motocyclistes formés et agissant au nom de leur structure, ce qui est responsabilisant pour eux et engageant pour leur structure".
Quant aux motards "lambda" (simples particuliers), ils sont également de façon indirecte utilisateurs de l'application : "si par exemple au sein d'une association partenaires de MR2RM il n'y a que deux motards de vigie, rien ne les empêche de solliciter l'ensemble des adhérents de l'association et leur demander de remonter des signalements, qu'ils iront ensuite saisir dans l'application. Le "collaboratif fermé" s'ouvre indirectement et participe à l'animation de l'association", détaille le référent national.
D'autre part, "l'application fonctionne car elle ne phagocyte par les initiatives privées qui sont bien souvent grand public", poursuit-il : "elle est complémentaire en amont et en aval du processus de signalement. En amont car une structure qui dispose d'un outil interne de collecte de signalement, peut identifier les plus pertinents et les remonter dans MR2RM, ce qui en général les assure qu'ils soient traités. En aval, car la structure peut toujours agir de son chef et par d'autres moyens auprès des gestionnaires pour faire remarquer que tel signalement n'a toujours pas reçu de réponse".
Pour l'instant, l'enquête de satisfaction est "très positive, à la fois chez les gestionnaires de voirie car la géolocalisation des signalements est complémentaire à leurs outils de terrain et chez les utilisateurs car ils peuvent suivre les traitements effectifs de leurs signalements", se réjouit Yannick Dépret.
Prochaine étape : poursuivre le déploiement dans toute la France au sein de chaque préfecture et pourquoi pas "étendre les données aux applications comme Waze, puis adapter le système aux associations de cyclistes en intégrant les infrastructures cyclables".
Qui est le pilote de l’application ?
Comment activer l’application dans mon département ?
Les autres départements peuvent-ils faire des signalements dans mon département ?
Qui peut devenir "motard de vigie" (MdV) ?
Quel est le rôle des gestionnaires de voirie ?
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